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Autorstwa haevav

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De toute sa vie Jungkook, un jeune pianiste, n'a connu qu'un amour : un violoniste du nom de Choi Minjun, trรจ... Wiฤ™cej

Note de l'auteure
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
interlude I
Interlude II
Chapitre 26

Chapitre 22

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Autorstwa haevav

La maison se dressait devant moi, haute et somptueuse. J'étais venu ici des centaines de fois mais aujourd'hui, j'avais l'impression qu'il s'agissait de la toute première.
Ma gorge était sèche et mon coeur palpitait dans ma poitrine. La poignée de ma valise me glissait d'entre les doigts à cause de la sueur qui s'en échappait.

Après deux semaines, je retournais enfin à ce que j'aurais dû considérer comme chez moi.

Cette maison renfermait tant de souvenirs, de bons comme de mauvais, de rires et de larmes, mais aussi de secrets qui n'en étaient jamais sortis.

À travers la fenêtre je parvenais à nous revoir rire dans le salon, nous embrasser assis sur le piano et jouer des heures durant jusque tard le soir. Ces souvenirs me serrèrent la gorge et le coeur, parce qu'il semblaient si loin à présent, appartenant à un passé révolu, où Minjun m'aurait ris au nez si je le lui avais rappelé.

Les cris et les larmes avaient remplacés la douceur des débuts et désormais, je croyais que nous n'étions plus fait que pour ça. Que l'amour n'avait plus de place dans notre couple que pour effacer les crimes, la violence et les erreurs. Je ne nous reconnaissais plus, ni lui, ni moi, ni ensemble et je craignais qu'il n'y ait plus rien à sauver dans notre relation.

J'étais parvenu à négocier avec Kim Taehyung mon retour ici, juste avant le départ pour l'Europe. Notre discussion avait été longue et laborieuse, mais nous étions parvenus à trouver un accord. Il m'attendrait dans sa voiture en bas de la rue, le temps que je récupère mes affaires et que je dise ce qu'il me restait à dire à Minjun - bien qu'il ne savait toujours pas qu'il s'agissait de lui.

J'avais longuement réfléchis à ce que j'allais lui partager. J'avais élaboré un plan, planifié des phrases toutes faites sans jamais être satisfait. Je devais lui annoncer mon départ, c'était la seule certitude que j'avais. Pour le reste, je n'étais trop sûr de rien, pas même de l'aimer encore. Mais je m'étais promis une chose : s'il levait la main sur moi aujourd'hui, je partirai définitivement, et sur le champ.

Parce que si je ne le faisais pas cette fois, je ne le ferais jamais.

Je me retournai une dernière fois, jetant un dernier coup d'oeil au SUV du violoniste aux phares allumés en bas de la rue. Savoir qu'il était là et qu'il m'attendait faisait monter en moi une sensation de chaleur et un courage surdimensionnés. Avec lui à mes côtés, j'avais la sensation que plus rien ne pouvait me faire peur, pas même Minjun.

Je me dirigeai vers la porte et pour ne pas risquer qu'il sorte et soit visible par Kim Taehyung, je rentrai dans la maison sans sonner. Par chance, elle n'était pas fermée, comme s'il attendait mon retour à tout moment.
J'avançai lentement dans le presque noir, la peur m'envahissant de nouveau maintenant que le violoniste était un peu plus loin. Au bout du couloir, j'arrêtai ma valise et la posai dans un coin.

Dans l'air flottait encore un parfum de femme, toujours le même, sucré et fleurit.

- Jungkook ?

Je tournai la tête, sentant mon coeur faire un bond dans ma poitrine.

Il cligna des yeux comme s'il avait vu un fantôme, l'air de se demander si j'étais bien réel.

- Tu es enfin rentré ? questionna t-il sans reproche visible dans la voix.

Il s'approcha de moi rapidement et je reculai, sentant mon coeur accélérer d'un coup dans ma poitrine. Je fermai les yeux d'appréhension de ce qu'il s'apprêtait à me faire subir mais le seul contact que je sentis fut celui de ses lèvres sur les miennes. Sa main serra ma taille pour me rapprocher de lui, et de légers frissons démarrèrent à cet endroit. Je me sentis coupable de ressentir encore du désir pour lui.

Ses lèvres quittèrent les miennes mais son corps resta proche du mien, m'enveloppant toujours.

- Et bien, c'est pas trop tôt. dit-il avec un petit sourire avant de m'embrasser de nouveau.

Cette phrase le retourna l'estomac.
Il me prenait pour acquis et ne s'en cachait même pas.

Mes yeux longèrent son corps, ou du moins la partie que j'étais en capacité de voir et je réalisai alors qu'il était en peignoir, comme s'il sortait de la douche. Il remarqua mon regard puisqu'il se décolla de moi.

- Ne bouge pas, je reviens tout de suite. me dit-il l'air aussi excité de me voir que paniqué à l'idée que je parte.

Il se précipita vers la chambre et je le laissai filer, me remettant à peine du baiser. Les papillons étaient encore là, mais ils étaient à l'agonie.

Je me dirigeai vers le piano et passai mes doigts sur les touches blanches. Plusieurs mois que je ne les avais pas touchées, mais qu'une autre le faisait à ma place. Sur le piano, le cadre était toujours retourné, face contre bois vernis. Minjun n'y avait pas touché depuis que nous étions venus ici il y a plusieurs mois de cela. Peut-être n'avait-il même pas remarqué que la photo était renversée.

Je le pris entre mes doigts avant de le regarder. Figé dans du papier glacé, subsistait l'image d'Epinal de nos premiers mois passées ensembles. Un temps qui avait été aussi magnifique que court.

Je soufflai sur le cadre pour éliminer la poussière et les couleurs se ravivèrent sous mes yeux. Son regard et le mien se cherchaient, se trouvaient et s'embrassaient; nos sourires aussi. Jamais je ne pourrais dire qu'il ne m'avait jamais au moins apprécié, cette photo en était la preuve. Je pourrai en revanche regretter que ces temps furent si courts.

Je glissai le cadre sous mon manteau en me disant que, de toute façon, cette photo ne devrait pas bien lui manquer. Il ne remarquerait sûrement même pas sa disparition. Ce fut le seul objet que j'emportais de chez lui ce soir-là.

Il réapparut quelques secondes plus tard, cette fois vêtu d'une chemise noire à manches longues et d'un autre parfum plus masculin aux arômes citronnés. Il désigna la chaise autour de la table à manger pour m'inviter à m'y asseoir, ce qu'il fit aussi, juste en face de moi.

- J'ai fini par croire que tu en rentrerais jamais.

- Oh et bien... commençai-je.

Mais il ne me laissa pas finir ma phrase.

- Je sais que j'ai dépassé les bornes la dernière fois. Je suis désolé. Ca n'arrivera plus.

Oui, mais combien de fois m'avait-il promis cela auparavant ? Combien de fois avais-je entendu que ça n'arriverait plus jamais et que c'était pourtant arrivé de nouveau ? Je l'avais cru bêtement, j'étais tombé dans le panneau mais ce soir, j'étais convaincu que ça arriverait de nouveau. Peut-être pas tout de suite, mais dans une semaine, un mois, un an peut-être. Parce que dès qu'une personne se montre violente une première fois, elle recommencera. Il n'y a rien à faire si ce n'est partir.

Il sembla attendre ma réponse. Peut-être voulait-il que je le pardonne, que je lui dise que ce n'était pas grave et que j'avais passé l'éponge. Comme si c'était à lui d'être rassuré.

-  Jungkook, écoute-moi. Je sais que j'ai vraiment déconné et j'en suis désolé, d'accord ? Mais est-ce que ça valait la peine de m'éviter durant deux semaines ?

J'écarquillai les yeux, refusant de croire à une telle indélicatesse.

- Tu as failli me tuer. dis-je d'une voix tremblante.

Il roula des yeux.

- Tu exagères franchement.

Mes poings se serrèrent sur mes genoux mais je ne fis pas plus de commentaires. L'heure n'était pas au débat, il n'y avait de toute façon rien à discuter. J'avais fini à l'hôpital, les faits étaient là.

Comme il semblait voir que ses propos me blessaient, il se radoucit et prit une voix plus aigue, comme s'il s'adressait à un enfant.

- Je vais me racheter, d'accord ? C'est promis.

Je ne répondis toujours rien, refusant de croire à cette phrase qu'il m'avait déjà servie plusieurs fois auparavant. Je ne croyais plus aux promesses qu'il me vendait, parce qu'elles ne se réalisaient jamais.

Un bruit lourd d'objet qui s'écrase sur le sol nous fit sursauter tous les deux et je vis ses yeux se diriger derrière moi.

- Tu as ramené une valise ?

Mon coeur accéléra dans ma poitrine. C'était le moment.

- C'est ce dont je voulais te parler...

J'hésitai, ne sachant plus comment arranger les mots pour qu'ils s'imbriquent ensemble. Puis je me repris, parce qu'il fallait le faire.
Peu importait la formulation, tant que l'idée était là.

- Je m'envole pour l'Europe ce soir.

Il y eut un silence où ses traits se décomposèrent pour laisser place à de la confusion.

- Quoi ?

- La tournée de Kim Taehyung se poursuit en Europe, ça durera deux semaines seulement.

Son visage se transforma en une fraction de seconde, passant d'un air mielleux à un air sombre, colérique. J'étais peiné de me rendre compte que je le reconnaissais désormais davantage ainsi que lorsqu'il avait l'air aimant.

- C'est hors de question.

Je serrai le poing sous la table. Il fallait que j'en ai le courage, maintenant. Parce que c'était soit aujourd'hui, soit jamais; et qu'il était hors de question que je reste ici, coincé entre ces murs toute ma vie avec le regret de ne jamais être parti.

- Non.

Mes mains tremblaient sur mes genoux et ma voix était saccadée. Mais ce petit mot représentait une telle victoire en lui-même, que désormais, plus rien ne me paraissait impossible.

- Quoi ? demanda t-il avec véhémence, comme s'il me défiait de le redire.

Et alors je le fis.

- Non.

- Non quoi ?

Ses sourcils étaient froncés sur ses yeux noir. je vis naître en eux une sorte de peur. La peur de ne plus avoir le plein pouvoir sur moi, sur mes gestes, et mes choix.

- Tu ne comprends pas Minjun. Je m'en vais. affirmai-je avec conviction malgré ma voix chevrotante. Je pars, que tu sois d'accord ou pas.

Je gardai mes yeux bien ancrés dans les siens malgré l'irrésistible envie de les baisser. Aujourd'hui n'était pas à la servitude.

L'homme devant moi était interdit, comme s'il avait perdu tout son pouvoir suite à une simple phrase, et peut-être étais-ce le cas. Il me regarda longuement puis finalement, comme pour cacher le fait qu'il était déstabilisé, il se mit à rire.

Son rire était froid, méchant. C'était celui qu'il avait juste avant de me mettre plus bas que terre.

- Depuis quand tu te révoltes ? Tu n'es pas sensé être un putain de faible ?

Mais je l'entendais dans sa voix, la vraie faiblesse, la peur d'être quitté.

- Je m'en vais Minjun. Pendant deux semaines. répétai-je en l'ignorant, signe qu'il ne m'atteignait plus.

- Tu es rentré pour me dire ça ?

- Non.

- Qu'est-ce que tu es venu foutre ici alors ? cracha t-il avec véhémence.

J'inspirai lourdement.

- Je voulais te voir une dernière fois avant de partir, pour m'assurer que j'avais encore des sentiments pour toi.

Il eut un petit rire qui se voulait amer et méchant. Je le trouvai plus blessé qu'autre chose.

- Tu attends de moi que je te demande si c'est le cas ?

- Non. Tu connais la réponse.

- Oui, je présume. supposa t-il avec un petit sourire.

J'hochai la tête. Douloureusement. Parce qu'il était devenu plus difficile de l'aimer que de ne pas le faire.

- Je me donne deux semaines pour réfléchir.

Il fronça les sourcils.

- A propos de quoi ?

- De nous.

- Et qu'est-ce qu'il y a a réfléchir à propos de nous, hein ?

Il posa ses mains à plat sur la table, la frappant de plein fouet. Je fermai les yeux, laissant passer la vague de peur qui me submergeait pour revenir à la raison. Je me figurai à l'esprit la voiture du violoniste qui m'attendait au coin de la rue, son visage réconfortant et je me sentis suffisamment apaisé pour avoir la force de les rouvrir.

- Je ne suis plus sûr de vouloir continuer à être quoi que ce soit pour toi.

Il encaissa le coup dignement, tellement que si je n'avais pas fait attention, je serais passé à côté de la petite étincelle qui pétilla dans ses yeux lorsque mes mots lui parvinrent.

- Tu essaies de me quitter, là ?

- Non. Je te demande juste du temps pour faire mon choix.

Mais au fond, mon choix était déjà fait, il m'avait perdu dès la première gifle. Il laissa un silence s'installer où il ferma les yeux, inspirant bruyamment. Lorsqu'il les rouvrit, il avait un regard encore différent.

- Très bien, je te laisserai tout le temps qu'il te faudra.

Il se leva en renversant la table au passage et se dirigea vers ma valise avant de l'empoigner et de la jeter à travers la pièce. Je l'évitai, puis mon corps se figea sur place, revivant toutes ces fois où il m'avait frappé comme s'ils étaient entrain de se produire. J'aurais pu partir au courant, me jeter par terre ou même hurler si aujourd'hui, je n'avais pas eu à me comporter en adulte et assumer mes choix.

- Vas-y, barre-toi. Tu as déjà fait ton choix de toute façon.

Ses pupilles me renvoyaient le feu, le brasier qui brûle en chacun de nous mais qui ne se dévoile que dans ces moments où l'on se sent dépossédé. Je ne l'avais jamais vu chez lui. Pour la toute première fois j'eus comme l'impression d'apercevoir l'homme sous le masque, avec ses faiblesses, ses cicatrices et ses blessures encore ouvertes. Je le voyais enfin tel qu'il était. Un homme vulnérable. Malgré toute sa volonté de se cacher, de durcir son coeur, d'en interdire l'accès à quiconque voulait le percer. Il avait des failles, et si l'on visait bien, si l'on trouvait les bons mots, on pouvait atterrir en son centre, en l'endroit le plus vulnérable mais aussi le plus beau.

- Allez ! Dégage ! Hurla t-il encore, voyant que je n'avais pas bougé d'un centimètre.

Il s'approcha et brandit son poing en l'air, menaçant de me l'envoyer à la figure si je ne décampais pas. Je reculai et mon cœur se serra, mais pas uniquement de peur. Je me sentais peiné. Peiné qu'il ne sache pas quoi faire face à ses sentiments, qu'il pense que le seul moyen de se protéger de la douleur était d'en provoquer chez les autres.

- Dégage d'ici avant que je te cogne. menaça t-il en remuant le poing.

Il avait un visage sérieux, plus que jamais. Pourtant, quelque chose me disait qu'aujoud'hui, il ne le ferait pas.

Je levai alors le bras, pris d'un courage absurde et qui ne me ressemblait pas, et attrapai le sien pour le baisser. Et alors qu'il aurait dû riposter, se dégager ou m'en coller une, il se laissa faire et son poing rejoignit bientôt le long de son corps.

- Je ne te fais pas mes adieu Minjun, je te dis juste au revoir. Ne me donne pas plus de raison de ne jamais revenir.

Son menton tremblait et les veines de son cou ressortaient, comme s'il convertissait toute sa douleur sous forme de colère. Minjun était bien plus vulnérable qu'il l'imaginait. Simplement, il l'exprimait d'une toute autre façon.

Je le regardai une dernière fois des pieds à la tête, m'imprègnant des traits de son visage en me demandant si ceux-ci me manqueraient lorsque je serais à plus de mille kilomètre, sous le ciel européen. Ou si l'amour que j'avais pour lui s'était désagrégé proportionnellement à la violence dont il avait usé sur moi. Puis enfin, lorsque j'eus fini, je tournai les talons, ramassai ma valise et quittai la maison.

En traversant le couloir qui menait à la sortie, j'entendis des objets se briser sur le sol et à chaque bruit je sursautai un peu plus tandis que la pression s'évacuait de mon corps sous forme de larmes inarrêtables.
Mais ce n'était plus seulement de la tristesse, c'était un soulagement incommensurable qui agitait mon corps de soubresaut.

Le plus dur était fait. Le meilleur restait à venir si je faisais les bons choix. J'avais deux semaines pour décider quel tournant ma vie allait prendre. Deux semaines pour choisir pour la toute première fois ce que j'avais envie de faire de ma vie.

Je rejoignis la voiture du violoniste, montai à l'arrière et lorsque celui-ci me vit, les yeux mouillés, il ne perdit pas de temps avant de me prendre dans ses bras. Il ne demanda rien, ne posa aucune question, et c'était probablement la meilleure chose qu'il aurait pu faire. Quelque seconde plus tard, la voiture démarra en direction de l'aéroport d'Incheon.

𝄞

Il était midi lorsque l'équipe du violoniste et moi-même posâmes le pied sur le sol belge. L'air de la ville de Bruxelles sentait le béton mouillé et le carburant. Le trajet avait été long et épuisant, plus de douze heures de vol en tout. Je sentais déjà le décalage horaire faire vriller mes neurones.

Nous parcourûmes la ville en taxi pour nous rendre à l'hôtel et à peine fus-je arrivé dans ma chambre que je m'endormis comme une masse. Lorsque je rouvris les yeux, il faisait noir dehors et par la fenêtre, je pouvais voir briller les milles lumières de la ville qui vivait encore malgré l'obscurité. De ce point de vue, elle ressemblait en tout point à Séoul. Agitée et lumineuse, la nuit ne lui permettait aucune originalité vue de ma fenêtre.

En allumant mon téléphone je constatai qu'il était vingt deux heures passées et que je ne pourrais jamais me rendormir. Nous serions ici pour deux jours et après, nous prendrions la direction de Berlin. Au total nous avions neuf dates, de quoi nous épuiser. Mais l'excitation primait sur la fatigue, et je savais que chaque concert serait un plaisir.

Je tentai tout de même de retrouver le sommeil mais en fut incapable et deux heures plus tard, je déambulai dans les rues belges. Il n'y avait plus âme qui vive dehors malgré que les devantures soient toujours éclairées. La fraîcheur vespérale avait repris ses droits et le ciel se déversait sur les routes pavées du centre.

Mes pas me menèrent d'eux-même au théâtre de la Monnaie, un bâtiment magnifique où dès le lendemain nous nous produirions avec le violoniste. Je m'approchai de celui-ci et en fit le tour, caressant ses parois de pierre qui malgré le temps, n'avaient pas pris un éclat.

Je finis par atterrir devant une porte dérobée, à l'arrière, juste à côté des poubelles. De la lumière s'en échappait et d'un geste qui ne me montrait pas sous mon jour le plus malin, je la poussai. Elle s'ouvrit sur les coulisses du théâtre, vides à cette heure.

Je restai dehors, tenant simplement la porte ouverte pour observer le couloir en face de moi, lorsqu'une mélodie résonna dans l'air. Un air de piano était joué, et se réverbérait dans l'enceinte de l'opéra. Trop curieux pour rester sur place mais tout de même conscient de l'illégalité de mon geste, je pénétrai doucement dans le bâtiment, tâchant de refermer discrètement la lourde porte derrière moi.

À mesure que je me rapprochai de la scène, la mélodie devint plus forte et intense. Nocturne de Chopin s'élevait dans l'air d'une justesse impressionnante, digne d'un professionnel - et le pianiste devait probablement l'être, au vue du lieu.

J'avançai parmi le labyrinthe de couloirs et finalement, j'aperçus une vive lumière au bout d'un couloir qui m'indiqua l'accès aux sièges du public. J'avançai discrètement et bientôt la mélodie ne fut plus du tout étouffée par les murs des coulisses.

Je parvins au bout du couloir et collai le mur pour ne pas me faire repérer depuis la scène. Je passai ma tête le plus discrètement possible pour voir qui jouait si tardivement dans un opéra normalement fermé. Mon souffle se coupa lorsqu'au milieu de la scène ce ne fut pas un pianiste que j'aperçus mais un violoniste.

Les doigts de Kim Taehyung couraient sur l'immense piano à queue qui trônait seul au centre de la scène. Un seul lustre juste au dessus de sa tête l'éclairait et ainsi il jouait, les yeux fermés, sans partition aucune, cette entêtante mélodie de Chopin. Il mettait dans son jeu toute l'émotion qu'il m'avait autrefois reproché de ne pas assez incorporer, et c'est le voyant ainsi, assis derrière cet immense instrument que ses paroles du passé prirent un tout nouveau sens. En toute une carrière je n'avais jamais mis autant d'émotions que lui en un seul morceau.

Ne me sentant plus inquiet à l'idée d'être vu, je pris la liberté de m'asseoir sur un des sièges du premier rang. Il ne me remarqua pas, et fit durer la mélodie.

Le théâtre était magnifique, teinté de couleurs rouges, cuivrées et dorées. L'espèce était vaste et somptueux, majestueux, mais depuis l'instant où je l'avais aperçus, mes yeux n'avaient plus regardé que lui.
Comme si plus rien au monde n'existait, je le regardais.  J'avais l'impression de tomber et que la chute était sans fin. Combien de secrets Kim Taehyung cachait-il encore au monde ?

Et comme le morceau n'était pas infini, il prit fin, au bout de quelques minutes. Ce fut plus fort que moi; je me levai et l'applaudis. Il sursauta si fortement qu'il en tomba du tabouret du piano, posant une main sur son coeur.

Loin d'être inquiet, je me précipitai vers la scène en continuant mon ovation. Il respirait fort et avait les yeux fermés, l'air de se remettre lentement du choc que ma présence avait provoqué en lui.

- Pourquoi vous ne m'avez jamais dit que vous jouez du piano ?

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda t-il sans répondre à ma question avant de rouvrir les yeux.

Je me pinçai les lèvres, reprenant brutalement conscience que je n'avais rien à faire là. 

- Et bien... j'ai vu que le couloir était éclairé alors...

Il passa une main sur son front, toujours assis par terre et soupira.

- Je savais que j'aurais dû éteindre les lumières.

Je continuai à me triturer la lèvre inférieur, gêné, mais je vis qu'au fond, ma présence ne le dérangeait pas tant que ça. Voyant qu'il ne bougeait pas et n'était pas décidé à le faire, je m'assis à côté de lui, sur la scène, faisant face à la salle vide en l'imaginant déjà noire de monde, le lendemain. Le stress n'égalait pas l'excitation. Il n'y avait pas pareil sentiment.

Le poids d'un regard sur moi me poussa à me retourner vers la scène et quelle ne fut pas ma surprise que de m'apercevoir que non seulement le violoniste avait les yeux rivés sur moi, mais qu'en plus de cela, il souriait.

Cela arrivait tellement rarement que j'en étais venu à me demander si l'épuisement émotionnel ne conduisait pas à une incapacité à sourire. Mais j'avais sous mes yeux la preuve qu'il en était encore capable, et me dire que c'était peut-être grâce à moi me tordit le bas du ventre.

- Pourquoi vous souriez ? demandai-je.

- Ça me rappelle quand tu me suivais, au café. Et à peu près partout où j'allais.

Mon propre sourire s'effaça et mon visage se mit à brûler. Je me mis à fixer le parquet, trop honteux de me rappeler ces moments.

- Tu regrettes d'avoir fait ça ?

- Bien sûr, Tout ça, c'était stupide.

Et par tout ça, j'entendais tout ce que Minjun avait pu me demander de faire qui avait de près ou de loin un lien avec le violoniste. Mais ça, il ne pouvait pas le deviner.

- Moi je ne regrette pas.

Mon sourire me revint.

Je compris ce qu'il sous-entendait, et j'aimais qu'il ne le dise pas, qu'il laisse son charme au silence. J'aimais qu'il laisse mon imagination prendre le relais et s'inventer une suite peut-être même plus belle que ce qu'il aurait pu dire si les mots avaient continué de consolider son ébauche de déclaration.

- Pourquoi vous êtes venus ici si tard ? demandai-je pour que le silence agréable qui s'était installé ne devienne pas gênant.

- Je n'arrivais pas à dormir. Et toi ?

- Moi non plus. A cause de l'excitation ou du stress ? enchaînai-je.

- Un peu des deux.

Il souleva le menton vers moi et j'hochai la tête.

- Moi aussi.

Puis le silence reprit ses droits, agréablement. Il n'était plus chargé de mystères et de non-dits. Désormais, nous avions atteint une sorte d'apaisement, et si j'avais pu dire au Jungkook de quelques mois auparavant que les choses se dérouleraient ainsi, il n'y aurait jamais cru.

Restait l'après, le retour, les révélations. Lorsque Minjun se déciderait à faire sauter ma couverture. En attendant je détaillais chaque trait du violoniste et je m'en délectais. Profitant de chaque instant à ses côtés comme s'il s'agissait des derniers. Et peut-être qu'il s'agissait réellement des derniers. Je ne préférais pas y penser.

- Puisqu'on a toute la nuit, on pourrait répéter, non ?

Le violoniste s'étira, bailla tout en me lançant un regard de coin.

- Je suis un peu fatigué.

Déçu, j'hochai simplement la tête.

- Mais tu peux tout de même t'entrainer, toi. finit-il avec un sourire en coin, presque joueur.

Et je compris qu'il n'était pas fatigué du tout, mais qu'encore une fois, il avait décidé de laisser la magie du silence opérer.

À travers ce nouveau sens caché, j'entendis "joue pour moi".

Et c'est sans hésitation que je m'assis sur le tabouret du piano, qu'il partit s'asseoir dans le public et que jusqu'au levé du jour, je lui interprétai les morceaux que nous jouerions le lendemain.

𝄞

Le premier concert s'était déroulé à merveille.

J'avais été impressionné de voir qu'ici aussi, à l'autre bout de monde, on acclamait et admirait le violoniste. Il n'avait pas volé son titre de meilleur violoniste, même avec toute la mauvaise foi du monde, c'était indéniable. Les roses avaient plu sur scène, nous nous étions poliment courbés devant les spectateur et ç'en fut tout du concert.

Puis les premières dates s'enchainèrent ainsi. Nous parcourûmes l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne, à quelques jours d'intervales.

Et à chaque destination, nous accomplissions le même rituel : nous nous rendions dans le théâtre de la ville, tard le soir, puisque le violoniste disposait des clefs de celui-ci. Et systématiquement, il me demandait de jouer pour lui. Il s'asseyait dans le public et me regardait. Puis lorsque j'avais terminé et que nous nous sentions trop épuisés pour répéter, nous nous allongions au milieu de la scène et parlions de tout et de rien. Refaisant le monde en fixant le plafond - parfois peint de doré - de l'opéra qui nous accueillait gracieusement.

Puis nous rentrions à l'hôtel et regagnions nos chambre respectives jusqu'à ce que le temps presse et qu'il faille répéter.

Aujourd'hui, nous venions de poser le pied en France, à Paris, et si les autres villes m'avaient charmé, celle-ci me coupa le souffle malgré la nuit qui s'était déjà bien installé.

Toute l'équipe partit se coucher rapidement et le rituel reprit son court, nous parcourûmes les rues avec empressement, comme des voleurs, pour nous diriger vers l'opéra Garnier. Une fois le bout du couloir atteint, nous dûmes faire une pause pour nous remettre de la beauté du lieu.

Un nombre incalculable de dorures jonchaient les murs, les objets et le plafond, nous faisant sentir minuscule et comme des imposteurs dans un endroit si luxueux. Ou peut-être que j'étais le seul à ressentir ça et que le violoniste se sentait parfaitement à l'aise.
Tous les opéras se ressemblaient au fond, mais les quelques points qui les distinguaient faisaient toute la différence et nous bénissait du plaisir de la découverte, du voyage, du dépaysement.

Mon premier réflexe fut de vouloir appeler Jimin, puis je me rappelai notre dernière conversation. Je parvenais à l'imaginer sans effort, au milieu de cette scène devant un public qui l'acclamait. Je le voyais parfaitement à l'aise, livrer une performance digne des plus grands qui avaient foulé le sol de cet endroit. Dans mes rêves, il marchait doucement mais sûrement dans leurs pas.

- Qu'est-ce que tu me joues aujourd'hui ? lança le violoniste plus gaiment que d'ordinaire.

Je lui jetai un regard qui en disait long sur mon épuisement.

- Et si c'était plutôt vous, qui jouiez seul aujourd'hui ?

Il me toisa quelques instants, avant d'hocher la tête de se diriger vers son violon. Mécontent, je l'arrêtai en route.

- Je ne parlais pas de violon.

- Quoi d'autre alors ? demanda t-il, l'air sincèrement surpris comme s'il avait effacé de sa mémoire cet instant où je l'avais surpris, assis au grand piano du théâtre de la Monnaie.

Je pointai du doigt le piano à queue, juste à côté de lui.

- Je parlais de ça.

Son visage se ferma, et je regrettai ma proposition.

- Non. Chacun son rôle. Toi c'est le piano, moi le violon.

- Mais vous êtes si doué ! insistai-je en ressentant que j'allais trop loin.

Il me dévisagea de ses yeux noirs, sombres, inquisiteurs. Je me sentis fondre ainsi exposé sous son regard, mais le désir de le voir de nouveau jouer cet air de Chopin était fort, aussi intense que le regard qu'il portait sur moi.

Il me tourna le dos, se pencha vers le violon qu'il saisit d'une main, l'archet dans l'autre. Et durant une fraction de secondes je crus qu'il venait de m'ignorer ou de refuser silencieusement ma requête. Jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi, l'instrument dans sa main tendu vers moi.

- D'accord, dans ce cas, tiens. Je jouerai du piano si tu me joues un morceau de violon.

Les bras le long du corps, immobile et hébété, je cherchai dans son regard la moindre once de plaisanterie sans parvenir à en trouver. Il était parfaitement sérieux, me défiant ouvertement.

- C'est ridicule... Je ne connais même pas de morceau-

- J'ai des partitions, et il me semble qu'on t'a enseigné le solfège pour que tu puisses les lire, non ? me contra t-il, un ton amer et une ironique perçant sa voix.

Mes yeux balancèrent entre son visage et l'instrument qu'il me tendait, tandis que les siens étaient toujours ancrés dans les miens, et semblaient me crier que je ne le ferais pas. Je ne répondis rien, abasourdi par ce changement d'attitude.

Il finit par baisser le violon mais ses traits conservèrent leur dureté.

- Tu vois comme c'est absurde ? Et bien ça l'est autant que toi me demandant de jouer du piano.

Il se tourna, s'apprêtant à reposer l'instrument mais ma voix tremblante l'arrêta.

- Je vais le faire.

Il resta en suspend, penché en avant, l'instrument dans les mains. Puis il se retourna, sûrement pour chercher à savoir si j'étais sérieux.

Et je l'étais parfaitement.

- Donnez-moi la partition, un pupitre et la scène, et je jouerai pour vous.

Il sembla surpris par mon courage qui s'apparentait davantage à un mauvais culot, mais il ne dit rien. Un fin sourire étira ses lèvres, presque imperceptiblement. Il alla chercher un pupitre dans les coulisses, disposa les partitions qu'il avait sorti de son sac sur celui-ci puis m'apporta le violon et l'archet que je réceptionnai maladroitement.

- J'ai hâte de voir ça. me souffla t-il à l'oreille juste avant de quitter la scène.

Il se jeta dans la partie destinée à recevoir les régisseurs puis sauta de nouveau par dessus les sièges pour atterrir dans le public. Je fus impressionné par son agilité, mais revins rapidement à la réalité en constatant que j'avais maintenant un instrument que je ne savais pas pratiquer entrd les mains et un morceau à jouer avec celui-ci.

Je me positionnai devant la partition, le menton haut, avant de positionner l'instrument sur mon épaule.

- C'est dans l'autre sens. me héla le violoniste, ses mains formant un amplificateur autour de sa bouche.

Rouge de honte de commencer aussi mal, je changeai le violon d'épaule en vitesse.

Pour imiter les violonistes professionnels, je glissai l'archet sur les cordes pour vérifier si l'instrument était accordé. N'en ressortit qu'un crissement hautement désagréable à l'oreille qui en plus d'être démoniaque, ne m'aida pas à en savoir plus sur l'accordage de l'instrument.

J'en parvins à la conclusion que comme il appartenait à Kim Taehyung, le violon devait bien être accordé au moins cinq fois par jour. Je posai alors mes yeux sur la partition et même si celle-ci me sembla assez simple et claire, elle ne m'indiqua pas où il fallait que je pose mes doigts pour obtenir un do ou un la majeur.

Je fermai les yeux, essayant de me remémorer toutes ces fois où j'avais observé Minjun jouer, le placement de ses mains, sa façon de bouger frénétiquement son poignet pour faire vibrer les cordes sous l'archet. Ce qui me vint en mémoire me donna quelques pistes, et comprenant que je ne pourrai pas faire mieux, je me lançai avec l'impression de me jeter dans le vide.

La première note fut désastreuse. La seconde encore plus. Le violon crissait affreusement entre mes doigts et rien ne semblait pouvoir arranger ça. si je n'avais pas eu le nom de Bach sous les yeux, je n'aurais jamais pu savoir que le morceau que je détruisais venait de lui. C'est lorsque le rythme se mit à accélérer franchement que je me mis à regretter d'avoir accepter.

Mais je ne me résignais pas, et jusqu'à la dernière seconde, la dernière note inscrite sur la partition, je jouai avec acharnement.

Je glissai une dernière fois l'archet sur la table d'harmonie en murmurant des excuses silencieuses pour ce compositeur qui avait autrefois durement travaillé pour que ses morceaux soient repris et insultés par l'imbécile que j'étais.

L'épuisement que je ressentis en m'arrêtant ne m'était encore jamais arrivé. J'avais tout donné, peut-être qu'au fond, j'avais essayé de l'impressionner. Ou de m'impressionner moi-même.

Il quitta les sièges, et disparu après avoir longé le mur. Je le cherchais des yeux avant de sursauter en entendant du bruit derrière moi. Je me retournai et réalisai qu'il était passé par les coulisses pour rejoindre la scène.

- Alors ? lui lançai-je, spontanément, ne sachant trop à quoi m'attendre.

- Je pense que c'est mon tour de remplir ma part du contrat.

Il se dirigea vers le piano, l'air à la fois fier et dépité, et j'espérai qu'il le soit pour moi, que ce soit la fierté ou la déception d'être poussé à jouer.

Il s'assit à bonne distance, posant ses pieds bien à plat devant les pédales, le dos droit et la tête haute, comme un professionnel. Il posa sa main gracieusement sur les touches, comme pour les apprivoiser et je trouvai ce geste magnifique.

Je m'assis sur le sol, non loin de lui, parce que je voulais pouvoir distinguer chacune de ses expressions faciales et m'en imprégner. Il commença à jouer, et j'eus la confirmation qu'il n'avait pas simplement appris un morceau par coeur lorsqu'il en joua un autre pour une des premières fois peut-être. Je le regardai autant que je l'écoutai, m'émerveillant de son aisance à faire courir ses doigts sur les touches, à sa posture maintenue droite, à sa facilité à jouer les yeux fermé, comme s'il laissait échapper ses émotions dans la mélodie.

Kim Taehyung était plein de surprise, et s'il me laissait faire, j'étais prêt à toutes les découvrir unes à unes. Pour qu'il se sente rien qu'un peu plus léger, j'étais prêt à partager tous ses secrets. Il y avait quelque chose chez lui, des attitudes, des expressions, qui faisaient brûler quelque chose en moi. D'impatience, de curiosité.

D'envie.

Lorsqu'il s'arrêta à son tour, je me sentis envahi par des émotions qui se chevauchaient et se bousculaient pour prendre la place au premier rang.

- Content ? dit-il simplement, comme s'il ne venait pas de me servir la plus belle performance que j'avais entendu depuis un long moment.

- Vous auriez fait un merveilleux pianiste. dis-je sans exagération.

Un petit sourire étira ses lèvres.

- Tu insinues que je suis meilleur au piano qu'au violon ?

Je lui répondis par un sourire joueur.

Tous deux fatigués, nous finîmes par tamiser les lumières pour nous allonger à même le sol, retrouvant une ambiance intimiste, celle que j'aimais que nous partagions. Le silence régna longtemps et je le sentis s'assoupir. Autant dans une tentative de le tenir éveillé que de le questionner réellement, je lançai :

- Vous croyez que si on s'était connus plus tôt, tout ça aurait pu être évité ? demandais-je en fixant la salle presque éteinte à ma droite.

J'entendis du bruit, alors je me retournai. Ainsi, je vis qu'il me faisait face et me regardait, ses yeux brillant dans le noir. Je n'eus pas besoin de préciser ce qu'était "tout ça", il l'avait parfaitement compris.

- Peut-être, qui sait... On peut refaire le monde avec des si.

- Les "si", c'est ce qui permet d'avoir de l'espoir. précisai-je.

- Et des regrets.

J'ouvris la bouche mais la refermai, lui accordant ce point. Dehors l'air semblait froid et paisible, étrangement peu agité par le blizzard ou la pluie.

- Vous en avez beaucoup, des regrets ?

Il laissa planer un silence, semblant hésiter.

- Je ne sais pas. Si j'avais changé mon passé, mon présent serait différent aussi. Je ne sais pas si je serais parvenu à trouver ce sentiment d'apaisement si j'avais fait les choses différemment.

Je trouvai sa position intéressante bien que je ne la partageais pas entièrement. Si j'étais resté à Busan, si je n'avais jamais rencontré Minjun, j'étais persuadé que toute cette douleur émotionnelle ne serait jamais arrivé, d'une quelconque manière. je me serais évité bien des peines, certes, mais d'un autre côté, j'aurais aussi manqué un tas de belles choses. J'aurais manqué Jimin, le plaisir de vivre de ma passion, Sohee, Taehyung.

Des regrets, j'en avais à la pelle. Mais le sentiment d'apprendre après chaque échec me grisait et me rendait impatient pour le futur. Encore fallait-il que les erreurs ne se répètent plus. Allongé dans le lit à ses côtés, j'avais envie de croire en un futur, quelqu'il soit. Je voulais fonder ou poursuivre quelque chose à ses côtés, découvrir de nouvelles choses et rendre excitant l'ordinaire. J'avais l'impression que sa simple présence pourrait rendre possible les idées les plus délirantes, les projets le plus abstraits, mes rêves les plus enfouis.

- Et si j'avais changé ma vie, j'aurais pris le risque de ne jamais te rencontrer.

Mon coeur se serra dans ma poitrine, alors qu'un sourire s'inscrivit sur mes lèvres.

Il ferma les yeux, plongeant bientôt dans un sommeil profond et apaisé.

Je jetai un dernier coup d'oeil au violoniste avant de fermer les yeux à mon tour, épuisé, et de m'endormir à même le sol en parquet de l'opéra.

♪ ♪ ♪

NDA : Comme vous avez trop bien accueilli le dernier chapitre et que j'en ai pleins d'autres en stock je vous publie celui-ci en avance (je suis trop pressé, je vous jure !!!)

Les deux mois sans updates ont été hyper productifs vous n'imaginez pas !

Il y a un chapitre que j'ai dû couper en deux parce qu'il faisait + de 11 000 mots sans être fini, je suis un peu deg je vous avoue.

Bref je raconte ma vie mais je suis beaucoup trop heureuse de vous publier ce chap, j'espère que vous l'aurez aimé !

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