Luaine avait finalement abandonné ses amis pour se rendre dans la cour pour prendre l'air frais. En fermant les yeux, elle ne pouvait s'empêcher de repenser aux corps de toutes ces personnes. Celui de Lavande qui avait péri sous les crocs de Fenrir Greyback, de Colin Crivey qui ne pourrait plus jamais voir sa famille comme la violette le lui avait promis quelques heures plus tôt.
– Luaine.
Derrière elle se tenait son ami à lunettes qui retira la cape après l'avoir interpellé.
– Toi tu comptais partir sans un mot.
Ses paroles semblaient tranchantes mais les yeux de Luaine lui suppliaient de ne pas faire de bêtises. De bien réfléchir à son choix.
– Je dois le faire Luaine...
La violette se rapprocha de son ami. Certes qu'elle avait jamais apprécié son côté à toujours refuser l'aide de ses amis mais à ce moment précis... Elle comptait bien lui montrer qu'elle sera là. Malgré les obstacles.
– Je tenais à m'excuser pour...
– Ce n'est pas toi qui les a tués Harry. Luaine lui prit ses mains entre les siennes. Je refuse que tu prennes la responsabilités de chaque mort alors que c'est la faute de Voldemort.
– Luaine...
Sans d'autres paroles, elle se laissa entraîner par Harry vers la forêt. Le noiraud savait le tempérament de la violette, qu'elle n'allait pas le laisser partir seul. Malgré les souvenirs qu'il avait vu grâce à Rogue, la présence de Luaine lui faisait du bien.
Une fois dans ces bois, Harry s'arrêta pour sortir un petit objet métallique de sa poche. Un vif d'or. Il pressa le métal d'or à ses lèvres et chuchota :
– Je suis sur le point de mourir.
La coquille en métal s'ouvrit. Il abaissa sa main, souleva sa baguette magique et murmura :
– Lumos.
La pierre noire avec sa fente déchiquetée était déposée dans les deux moitiés du vif d'or. La pierre de résurrection, le triangle et le cercle, représentant le manteau et la pierre, étaient encore perceptibles.
Luaine pouvait simplement observer le noiraud fermer les yeux et faire tourner la pierre dans sa main trois fois. Bouche-bée, Luaine put voir apparaître progressivement des silhouettes dont elle connaissait l'identité pour la plupart.
Elle vit Sirius en premier. Il était grand et beau, et de loin bien plus jeune que Luaine avait pu le connaître dans sa vie. Il sautillait avec grâce, ses mains dans ses poches et une grimace sur son visage.
Lupin était plus jeune aussi, et beaucoup moins minable et moins marqué par le temps, et ses cheveux étaient plus épais et plus foncés. Il semblait heureux d'être de retour dans cet endroit familier, rêve de beaucoup d'adolescents.
Les deux autres personnes ressemblaient beaucoup trop à son ami pour qu'elle ne fasse pas le rapprochement.
James était exactement de la même taille que Harry. Il portait les vêtements dans lesquels il était mort, et ses cheveux étaient désordonnés et hérissés, et ses verres étaient peu déformés.
Le sourire de Lily était le plus large de tous. Elle poussa ses longs cheveux dans son dos pendant qu'elle venait près d'Harry, et ses yeux verts, semblable à ceux de son ami.
– Tu as été brave. fit-elle en premier.
–Tu y es presque, dit James. Très étroitement. Nous sommes... si fiers de toi.
– Il est blessé ?
La question enfantine était tombée des lèvres de Harry avant qu'il ne puisse l'arrêter.
– Mourant ? Pas du tout, dit Sirius. Plus rapide et plus facile que la chute endormie.
– Et lui voudrait être rapide. Il le veut plus, dit Lupin.
Le regard de James s'attarda ensuite sur Luaine qui était restée en retrait, ne voulant pas briser ce moment qui était probablement le dernier de son ami.
– Tu peux être fière de toi aussi Luaine, fit-il en lui souriant. Merci d'avoir aidé notre fils quand il en avait besoin.
– Finn et Thomas sont désolés de devoir te laisser, ajouta Remus en lui adressant un regard encourageant. Ils veulent que tu saches qu'ils seront toujours à tes côtés.
Luaine se mordit la lèvres inférieure, acquiesçant silencieusement. Harry lui prit une de ses mains qu'il serra pour lui montrer sa présence. C'était étrange, de parler avec des morts. Mais c'était également rassurant, pouvoir dire des choses pour partir l'esprit plus tranquille.
Harry adressa un regard à Lupin, le sollicitant.
– Après avoir eu votre fils... Remus, je suis désolé que-
- Je suis désolé aussi, dit Lupin. Désolé que je ne le connaîtrai jamais... mais il saura pourquoi je suis mort et j'espère qu'il comprendra. J'essayais de faire un monde dans lequel il pourrait vivre une vie plus heureuse.
La brise fraîche qui semblait émaner du cœur de la forêt souleva les cheveux du front de Harry.
– Vous resterez avec moi ?
– Jusqu'à la fin, dit James.
– Ils ne pourront pas vous voir ? demanda Harry.
– Nous faisons partie de toi, dit Sirius. Invisible à n'importe qui autrement.
- Restez près de moi... rajouta Harry en fixant cette fois-ci Lily.
Harry reprit sa marche, toujours en tenant la main de Luaine qui le suivait sans un mot. Derrière eux, se tenait la troupe d'amis qui était une présence rassurante pour le duo.
Dans les pensées de Luaine, elle se rappelait son ancien elle qui lui avait dit la mort de son meilleur ami. Pouvait-elle réellement empêcher ceci ?
– Harry... Tu es sûr de toi ? lui demanda-t-elle pendant que ce dernier les enfermait sous la cape.
Il faisait bien plus froid qu'au début, beaucoup des détraqueurs s'étaient regroupés autour d'eux sans pour autant les attaquer, comme si elles les escortaient.
– Quand je sortirai de sous la cape... Profites-en pour t'en aller.
– Quoi ? Hors de question !
– Luaine s'il te plait.
La violette s'était tut. C'était pénible pour eux deux de devoir se séparer ici. Harry ne voulait pas mourir et Luaine refusait que cet événement arrive. Elle ne voulait pas juste repartir comme si de rien n'était, comme si elle l'avait livrée elle-même.
Il y eut un son et un chuchotement. Une autre créature vivante avait remué très près, Harry et Luaine sous le manteau, s'arrêtèrent en scrutant les alentours.
– Quelqu'un est là. fit Lily en s'arrêtant près de son fils.
– Il a une cape d'invisibilité. Est-ce lui ?
Deux figures émergèrent par derrière un arbre voisin. Leurs baguettes magiques bien en avant et Luaine pu voir Yaxley et Dolohov qui scrutaient dans l'obscurité, directement à l'endroit où le petit groupe se tenaient. Apparemment ils ne voyaient rien.
– J'étais certain d'avoir entendu quelque chose, dit Yaxley. Un animal peut être ?
– Dans ce cas c'est normal, ce Hagrid gardait un groupe entier d'animaux ici, dit Dolohov, jetant un coup d'œil au-dessus de son épaule.
Yaxley regarda vers le bas de sa montre.
– Temps écoulé. Potter a eu son heure. Il ne vient pas. Et lui qui était sûr qu'il viendrait ! Il ne sera pas heureux.
– Bon retournons là bas, dit Dolohov, découvrons ce qu'est le plan maintenant.
Lui et Dolohov se tournèrent et marchèrent plus profondément dans la forêt. Harry et Luaine les suivirent, sachant qu'ils les mèneraient exactement où ils voulaient aller. Ils avaient marché quelques minutes, Luaine vit Yaxley et Dolohov s'écarter et elle put constater d'immenses toiles présentes partout autour d'eux. Elle avait put aisément deviner qu'il s'agissait de la demeure du groupe d'araignées.
Un feu brûlait au milieu du dégagement, et sa lumière éclairait une foule des Mangemorts complètement silencieux et attentifs. Certains d'entre eux étaient toujours masqués avec leurs capuchons; d'autres montraient leurs visages. Deux géants se reposaient sur les périphéries du groupe, moulant les ombres massives au-dessus de la scène, leurs visages cruels, durs comme de la roche.
Chaque œil était fixé sur Voldemort, qui se tenait avec sa tête cintrée, et ses mains blanches repliées sur la baguette magique de l'aîné. Derrière les deux amis, tourbillonnant toujours, le grand serpent Nagini flottait dans sa sphère magique scintillante, comme un halo monstrueux.
Quand Dolohov et Yaxley rejoignirent le cercle, Voldemort attendit.
– Aucun signe de lui, mon seigneur, indiqua Dolohov.
L'expression de Voldemort n'avait pas changé. Les yeux rouges semblaient brûler dans la lumière du feu. Lentement il leva la baguette magique entre ses longs doigts.
- Mon seigneur, Bellatrix avait parlé.
Elle s'était assise le plus près de Voldemort, désinvolte, son visage saignant mais autrement indemne. Voldemort souleva sa main pour la faire taire, et elle ne dit pas un autre mot, mais l'observait avec fascination.
– J'avais pensé qu'il viendrait, dit Voldemort dans sa voix élevée et claire, ses yeux sur les flammes jaillissantes. Je m'étais attendu à ce qu'il vienne.
Personne ne parla. Ils semblaient tous plus que effrayés comme Harry et Luaine, dont le cœur cognait comme s'il était déterminé à s'échapper de leurs corps. Le noiraud lança un dernier sourire à Luaine avant de sortir discrètement de sous la cape. Il lâcha sa main et par la même occasion la pierre laissant partir ses parents, Remus et Sirius. Il ne restait que Luaine à ses côtés.
– J'étais, il me semble...m'être trompé, dit Voldemort.
– Vous vous trompez. Dit Harry aussi fort qu'il le pouvait, avec toute la force qu'il pouvait rassembler.
Tout s'enchaîna devant Luaine qui assistait impuissante à tout ça. Tous ces cris de joie, ces rires et les hurlements des géants. Puis le hurlement déchirant de Hagrid que Luaine n'avait pas remarqué.
– NON ! NON ! HARRY, QU'EST-CE QUE TU FAIS?
– TAIS TOI, ou on te fait taire ! cria un mangemort que Luaine n'arrivait pas à distinguer.
Luaine pouvait seulement regarder à présent bien que la baguette présente dans sa poche avant ne demandait qu'à être utilisée. Voldemort et Harry se regardaient mutuellement, et maintenant le mage noir inclinait sa tête d'un côté, regardant le garçon qui se tenait devant lui, et un sourire singulièrement sinistre courba sa bouche.
– Harry Potter, dit-il très doucement, sa voix pouvant avoir fait partie du feu. Le garçon qui a survécu.