Point de vue de Louis.
Les enfants ne vont pas tarder à arriver, et j'avoue que c'est un peu la panique. Quelle idée d'inviter douze gamins de moins de dix ans à la maison ? Ca ne m'a jamais dérangé d'avoir les copains de nos enfants à la maison... mais à chaque anniversaire c'est l'angoisse. Ça fait trop. Trop d'enfants, trop de bêtises, trop de... trop.
- On peut encore annuler ? je demande en levant les yeux vers mon mari.
- Non, je pense qu'il est trop tard... Eden est là.
Je regarde par la fenêtre de la cuisine et en effet, notre aîné est en train de se garer devant la maison. Mon angoisse monte d'un coup, appréhendant un peu à l'idée de revoir mon fils. On ne l'a pas vu depuis qu'on l'a ramené à Manchester. C'est la première fois qu'on passe autant de temps sans se voir... et c'est dur. Il nous en veut, on lui en veut... l'ambiance n'est pas géniale.
On s'est quand même parlé ces derniers mois, mais juste ce qu'il faut. Il nous tient au courant de l'état de Lana, du bébé, de la façon dont ils gèrent l'annonce de cette grossesse qui a fuité... Sans oublier les petits pics sur le fait qu'il préférerait se concentrer sur sa reprise d'entraînement plutôt que sur "tout ce bordel".
- Il a promis de ne pas faire d'histoire pour l'anniversaire de Léo, me chuchote Harry. Tu feras aussi un effort ?
Je sens ma gorge se nouer alors que j'acquiesce lentement.
- Comment on a pu en arriver là ? je murmure. Angoisser à l'idée de voir notre fils, avoir peur que...
Je souffle profondément en passant ma main dans mes cheveux. Mon mari m'enlace en douceur et embrasse ma joue.
- Ça va aller, il me chuchote. Il a peur... il a besoin de temps, mais...
- Combien de temps ? je le coupe en me tournant pour lui faire face. Lana est à plus de 5 mois de grossesse, ils vont...
Je me tais en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Je ravale mes larmes, mon angoisse, ma colère... j'enferme tout à double tours pour le reste du week-end. Harry caresse brièvement ma joue avant d'effleurer mes lèvres.
- C'est nous, lance Eden.
Nous. Déjà, il est venu avec Lana. Il avait plutôt intérêt d'ailleurs.
Je laisse mon mari pour saluer les enfants. Lana semble épuisée, mais elle me sourit aussitôt et me laisse l'enlacer. Je fais bien attention à son petit ventre mais la serre quand même contre moi avec douceur.
- Comment tu vas ? je chuchote en la relâchant doucement.
- Ça va, elle sourit, mais ça semble forcé.
Je presse légèrement son épaule en lui souriant, essayant de la rassurer avant de me tourner vers Eden.
- Salut, papa.
- Eden.
Il n'ose pas faire un pas vers moi, et je n'ose pas non plus. Harry s'approche, et lui arrive à l'enlacer. Eden ne le repousse pas, répondant à son étreinte. C'est quand même un peu distant, ça n'a rien à voir avec les câlins qu'ils se faisaient avant.
Mon coeur se serre douloureusement... J'ai vraiment peur d'avoir perdu mon fils.
* * *
- Doucement, les enfants, je ris lorsqu'ils se jettent sur les bonbons. Je vous ramène du jus de fruit.
Je récupère les bouteilles vides et retourne à l'intérieur de la maison. Mon regard est attiré vers ma belle-fille qui est installée dans le canapé, caressant doucement son ventre.
- Lana ? je demande doucement. Est-ce que ça va ?
Elle lève les yeux vers moi et acquiesce doucement. Son regard se remplit de larmes alors qu'elle le baisse sur son ventre.
- Hé, hé, je souffle en m'approchant.
J'abandonne les bouteilles vides sur la table basse et m'assois près d'elle sur le canapé. Lana pleure en se redressant un peu lorsque je pose ma main sur son dos pour essayer de la réconforter un peu.
- Pardon... je suis désolée...
Sa voix tremble, je comprends à peine ce qu'elle dit. Je passe mon bras autour de ses épaules et l'attire contre moi. Elle se laisse faire, et ouvre complètement les vannes. Je pense qu'elle est à bout. Toute cette situation est pesante pour tout le monde, mais doit l'être encore plus pour elle... les hormones ne doivent pas aider non plus.
- Pourquoi tu t'excuses ?
- Parce que je gâche tout. J'ai tout gâché. La vie d'Eden, mon couple, votre relation...
- Tu ne gâches rien.
Elle pleure davantage contre mon épaule et ça me serre le cœur de la voir si mal.
- Je pense qu'il va me quitter une fois que je serai capable de m'occuper de moi et du bébé seule... Il est toujours aussi distant, il m'en veut, il... il me pardonnera jamais d'avoir voulu garder le bébé... il... S'il veut partir, je comprendrai, mais...
Sa voix s'étrangle dans sa gorge et elle n'arrive pas à terminer sa phase. Je la serre un peu plus fort en faisant attention au bébé entre nous. Je ne peux pas vraiment la rassurer sur ce sujet... Eden nous a clairement dit il y a quelques semaines qu'ils ne dormaient pas ensemble, qu'ils avaient plus une relation de colocataires que de couple. Il y a mieux comme ambiance pour préparer l'arrivée d'un bébé...
- Si il prend cette idiote décision, tu sais qu'on sera toujours là pour toi. On ne vous laissera pas tomber, même si Eden préfère sortir de vos vies.
- Harry et toi... vous êtes adorables, mais je... j'aime Eden, je veux qu'on reste ensemble et je ne sais pas quoi faire. Il... il ne voulait pas de bébé... j'aurai dû penser à lui et mettre fin à cette grossesse, comme il le voulait ...
Mon regard est attiré par du mouvement près de la baie vitrée. Eden est là, il nous observe en silence mais se détourne bien vite pour retourner à l'extérieur. Mais c'est pas possible... qu'est-ce qu'il a dans le crâne ?!
J'ai une brusque envie d'aller le secouer un bon coup, de lui faire réaliser l'énorme connerie qu'il est en train de faire... mais Lana s'accroche à moi, et je sens qu'elle a besoin de réconfort. Je ne vais pas la laisser tomber.
Point de vue de Harry.
Nous sommes tous installés autour de la table de la terrasse depuis une quinzaine de minutes lorsque Lana se joint à nous pour le petit déjeuner ce matin. Elle nous salue poliment, un peu gênée d'être la dernière à se lever et s'installe près de Romy, une main protectrice sur son ventre.
-Tu veux boire quoi, Lana ? Je souris.
-Je vais juste prendre de l'eau, elle souffle en me lançant un petit sourire désolé. J'ai un peu la nausée ce matin.
J'acquiesce et me lève pour partir en cuisine lui chercher un grand verre d'eau que je pose devant elle en revenant sur la terrasse. Elle me remercie timidement et boit quelques gorgées tout en se concentrant sur Léo qui nous raconte sa merveilleuse après-midi d'anniversaire de la veille.
Il est vraiment ravi d'avoir passé ce moment avec ses copains et copines et rayonne de bonheur en nous racontant toutes les choses auxquelles nous avons évidemment assisté, mais nous le laissons parler en le voyant si heureux et épanoui.
Ça fait plaisir de voir que nous avons réussi à faire de cet après-midi un très beau souvenir pour lui. J'espère qu'il gardera ces moments gravés dans son cœur et dans sa tête.
Tout le monde l'écoute attentivement autour de la table et je souris tendrement de le voir si heureux de bon matin.
Je coupe une petite part de brioche que je pose sur une serviette que je fais glisser vers ma belle fille qui relève les yeux vers moi, un petit sourire aux lèvres. Elle me remercie doucement et coupe des petits morceaux qu'elle avale lentement.
Elle semble encore plus épuisée qu'hier soir. Son visage est pâle, sa peau vraiment blanche et ses yeux soulignés d'épaisses cernes.
Est-ce qu'elle a mal dormi ? Est-ce que le lit n'était pas assez confortable ?
-A quelle heure vous repartez ? Demande Romy en se tournant vers son frère qui boit quelques gorgées de sa tasse de café avant de s'appuyer dans le fond de sa chaise.
-En début d'après-midi, je dois être en forme à l'entraînement demain matin.
Romy acquiesce et détourne ses yeux de son frère pour sourire à Lana qui lui sourit doucement en retour.
Finalement, notre petit dernier est le premier à quitter la table du petit déjeuner pour remonter dans sa chambre jouer avec ses nouveaux cadeaux reçus hier.
Nous le suivons tous du regard alors qu'il disparaît dans la cuisine et je me reconcentre sur Romy lorsqu'elle nous explique que Junior vient la chercher dans l'après-midi et qu'ils ont prévu d'aller se promener un peu en ville tous les deux.
-Ça va, Lana ? Je m'inquiète lorsque mon regard se pose à nouveau sur la jeune femme.
Son teint est dix fois plus pâle que quelques minutes plus tôt et son front est couvert de goutelettes de transpiration alors qu'elle relève ses yeux un peu vitreux vers moi.
-Oui, je... désolé... j'ai besoin de...
Sa voix est pâteuse alors qu'elle se redresse pour se lever. Elle s'appuie contre le rebord de la table une fois debout et prend une longue inspiration en fermant les yeux... avant de s'effondrer subitement, son corps s'écrasant lourdement sur le sol de la terrasse.
J'écarquille les yeux en me relevant brusquement pour m'approcher. Louis se lève tout aussi vite et m'aide à dégager les chaises qui nous gênent l'accès à la jeune femme toujours évanouie au sol.
-Eden ! S'exclame Louis.
Notre fils ne réagit pas, ses yeux écarquillés toujours figés à l'endroit où était sa petite amie juste avant de s'écrouler. Il est sous le choc, complètement figé sur sa chaise.
-Elle saigne ! Je réalise alors que mon regard se pose sur le pantalon taché de notre belle fille. Appelle les pompiers, chéri !
Mes mots semblent enfin faire réagir Eden qui se lève brusquement, les yeux écarquillés. Romy est plus réactive que son frère et attrape son téléphone pour composer le numéro des pompiers, tendant son téléphone à Louis qui s'occupe d'expliquer la situation alors que je m'occupe de Lana, la stimulant doucement pour tenter de la faire revenir avec nous.
-Lana !
Eden tombe à genoux près de moi et prend le visage de sa petite amie évanouie entre ses mains. Ses joues sont couvertes de larmes et sa respiration déjà saccadée ne s'arrange pas lorsque son regard se pose sur le pantalon taché de rouge de sa petite-amie et que ses sourcils se froncent.
-Putain Lana, il s'exclame en la secouant un peu, effrayé.
-Eden, je tente de ré attirer son attention pour qu'il garde son calme. Va chercher une serviette humide, s'il te plaît.
Il plonge son regard dans le mien avant de regarder à nouveau sa petite amie, hésitant.
-Je m'occupe d'elle, va me chercher ça, s'il te plaît.
Mon fils acquiesce vivement en essuyant ses joues et se relève rapidement pour rejoindre la maison.
-Eden...
Lana papillonne un peu des yeux, revenant doucement à elle alors que son regard vitreux et paniqué cherche son petit ami.
-Il arrive, je la rassure en attrapant doucement sa main. Il revient, reste calme.
-Qu'est-ce que... elle panique en tentant de se redresser un peu.
-Lana, reste allongée, s'il te plaît.
Je la force à rester allongée au sol et souffle de soulagement lorsque Eden réapparaît, une serviette humide dans les mains.
Il se laisse retomber à genoux près de Lana et reprend son visage entre ses mains alors que je pose la serviette humide dans son cou que je tamponne doucement pour l'aider à revenir un peu à elle.
-Je suis là, murmure mon fils en caressant les joues de sa petite amie toujours aussi pale. Je suis là, mon amour.
Lana le fixe en retour de longues secondes, incapable de prononcer le moindre mot. Son visage est toujours couvert de transpiration et ses yeux se révulsent à nouveau alors qu'elle perd connaissance une seconde fois.
Point de vue de Eden.
Assis sur ce siège inconfortable, mon regard est rivé sur ce moniteur qui surveille le rythme cardiaque de mon bébé. Lana est encore profondément endormie. Depuis qu'on est arrivés à l'hôpital, elle n'arrête pas de s'endormir et se réveiller. Son corps est à bout, elle est entrain de craquer... et je sais que c'est de ma faute. C'est moi qui lui ai imposé tout ce stress, cette pression, cette tension chez nous ces derniers mois.
Je souffle en passant ma main dans mes cheveux. J'aurais pu perdre Lana. On aurait pu perdre notre bébé... et contrairement à ce que je pensais encore ce matin, ce n'est absolument pas ce que je veux.
Lana ne voulant pas avorter, j'ai passé des mois à me dire que si il arrivait quelque chose au bébé, tout serait réglé. Je reprendrais le cours de ma vie, de ma carrière... Mais à la seconde où j'ai vu Lana s'effondrer, j'ai compris que j'avais tout faux. J'ai réalisé que ce n'était pas la solution, et que... malgré tout, malgré mes réticences, malgré mes peurs... je me suis attaché à ce bébé moi aussi.
Mon bébé.
J'ai cru que j'allais tout perdre.
Si on avait perdu le bébé, Lana m'aurait quitté. Je sais qu'elle m'en veut, qu'elle est déçue... si il était arrivé quelque chose au bébé, elle ne se serait plus sentie obligée de rester avec moi.
Mon portable vibre dans la poche de mon jogging.
Je le sors aussitôt et ouvre le message de mon père.
« As-tu des nouvelles ? »
C'est vrai qu'ils attendent de savoir. Je n'ai pas réussi à quitter Lana depuis qu'on est arrivés à l'hôpital. Il faut que j'aille leur expliquer ce qu'il se passe.
Je me lève et effleure doucement le bras de ma petite-amie.
- Lana, mon cœur...
Elle ouvre doucement les yeux et son regard se plonge dans le mien alors que sa main caresse aussitôt son ventre, un geste automatique et protecteur.
- Je reviens, je vais juste prévenir mes pères.
- Tu ne leur a rien dit ? elle demande en fronçant les sourcils.
- Non, je... je ne voulais pas vous laisser.
Son regard ne me quitte pas alors que je m'assois au bord de son lit.
- Je ne sais pas...
J'inspire profondément, essayant de mettre un peu d'ordre dans ma tête, dans ces mots que j'aimerai lui dire... que j'ai besoin de lui dire. Les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse le contrôler.
- Tu devrais aller les voir, elle murmure. Va les rassurer.
- Rassurer ? je m'étrangle presque. Lana...
Elle pose sa main sur mon bras pour capter mon attention avant que je ne parte en vrille.
- Ça va aller, elle chuchote en reposant sa main sur son ventre.
J'avale difficilement ma salive en suivant le mouvement lent et tendre de ses doigts autour de son nombril.
- Je suis désolé, je murmure. Pour tout ce que j'ai dit, fait... ou pas fait. J'ai tout foiré, je me suis vraiment comporté comme un vrai con... avec toi, avec mes pères... et surtout avec notre bébé.
Lana m'écoute avec attention, les larmes aux yeux.
- Eden...
- Je ne peux pas te demander de me pardonner, je sais que je suis allé beaucoup trop loin, mais... Je veux me rattraper. Je ferais tout pour.
Elle pleure, laissant couler ses larmes. J'ai envie de la prendre dans mes bras... ce que je n'ai pas fait depuis des mois.
- Eden... J'ai quand même besoin que tu sois sûr de toi. T'es chamboulé à cause de ce qu'il s'est passé... mais si tu rechanges d'avis... ça sera terminé. Je ne te laisserai plus revenir. Tu n'auras aucun lien avec le bébé, ni avec moi. Tu comprends ? Si tu ne veux pas de ce bébé, je peux le comprendre et l'accepter... mais moi je l'aime et je dois le protéger.
J'acquiesce, le cœur battant bien trop fort. Sa main se glisse dans la mienne, elle entrelace nos doigts et m'incite à me rapprocher de son ventre. J'hésite un peu et résiste.
- Ça ne lui fera pas mal ?
Elle esquisse un sourire et secoue légèrement la tête. Tout en douceur, elle pose ma main à plat sur son ventre. Une sensation très étrange s'empare de moi. Mon cœur se gonfle d'un amour incroyable pour ce petit-être que je n'ai encore jamais vu.
- Il bouge, sourit Lana.
- Ah bon ? Je sens rien.
Comme un réflexe incontrôlable, je pose mon autre main sur son ventre. Lana sursaute un peu à ce contact.
- Pardon, pardon, je souffle en retirant mes mains.
- Ça va, elle me rassure aussitôt en reprenant mes doigts. C'est juste... tu m'as surprise.
Elle repose mes mains sur son ventre et me guide un peu. Je l'observe fermer les yeux, se concentrant sur les sensations qu'elle doit ressentir à l'intérieur de son ventre si notre bébé bouge.
Je l'observe avec attention, détaillant son visage d'ange. Je savoure la sensation de ses doigts contre les miens.
C'est fou comme toute la négativité que j'ai ressentis pendant ces derniers mois s'est subitement envolé. Je ressens toujours de la culpabilité, et évidemment de l'inquiétude pour l'état de Lana et de notre bébé.... mais cette colère, cette impression qu'on me vole ma vie... Tout ça a disparu. Et bordel ça fait du bien.
Et je le sens, ce très, très léger flottement proche de ma main. Je ne suis même pas sûr que ça soit vraiment le bébé... mais au sourire de Lana, je comprends que c'est bien ce que je pense.
Je me laisse submerger par l'émotion, les larmes reviennent et je les laisse couler.
- Je suis vraiment trop con, je souffle.
Lana glisse sa main sur ma joue, la caressant délicatement alors que son regard se plonge dans le mien.
- Je t'en veux tellement Eden, mais en même temps...
Elle soupire et laisse retomber sa main, mais je la retiens pour garder sa paume si douce contre mon visage.
- Tu ne veux pas d'enfant. C'est normal que ce soit difficile à encaisser pour toi...
Je grimace, mais acquiesce.
- Je vais me rattraper. Je vais prendre soin de vous deux maintenant.
On frappe à la porte. Je sursaute un peu et me redresse avant de dire à notre visiteur d'entrer, ma main toujours posée sur le ventre de ma petite-amie. La porte s'ouvre doucement, laissant apparaître mes papas et je culpabilise un peu plus en me rappelant qu'ils attendaient toujours de nos nouvelles.
- Désolé... on a demandé où ils t'avaient installée... on ne pouvait plus attendre.
Mon regard croise celui de mon père Louis. Son attention alterne entre ma main, mon visage, celui de Lana... mais il ne fait aucun commentaire.
- Vous préférez qu'on repasse plus tard ? demande mon autre père.
Son regard dévie sur le monitor, puis sur le ventre de ma petite-amie.
- Non, ça va. On voulait vous prévenir, mais on... discutait.
- T'inquiète pas... alors, comment tu te sens, Lana ?
Ils ferment la porte et s'approchent un peu du lit.
- Fatiguée...
Elle me regarde, me demandant silencieusement d'expliquer le reste. Je me racle la gorge et me redresse un peu.
- Le bébé va bien... mais il y a un léger décollement du placenta. Lana va devoir rester alitée jusqu'à l'accouchement. Il faut qu'elle évite tout effort, tout stress...
Mon père Louis souffle en croisant ses bras sur son torse. Un bref son qui me crispe aussitôt. Lana effleure ma main pour essayer de me rassurer.
- Alors... Vous avez eu le temps de discuter de ce que vous comptez faire ? demande mon autre père.
- Non, pas encore, je réponds en me redressant un peu.
- Les médecins veulent me garder quelques jours en surveillance pour voir si le décollement ne s'aggrave pas, explique ma petite-amie avant de me regarder. Mais tu as ton entraînement demain matin, il va falloir que tu...
- Non, je la coupe aussitôt. Je vais appeler Erik pour lui expliquer la situation et le prévenir que je ne viendrais pas au stade cette semaine. Il comprendra.
- J'espère qu'ils ont des lits confortables ici, marmonne mon père, toujours un peu en retrait.
Je comprends aussitôt le sous-entendu... Il ne veut pas que je vienne à la maison. Papa Harry se tourne aussitôt vers lui et essaye de lui effleurer le bras mais il secoue la tête en se décalant. Je sens que si Lana a été plutôt conciliante, je sais que ça ne sera pas la même chose avec mon père. Je lui en ai aussi bien fait baver ces derniers mois...
- On va te laisser te reposer, conclut mon père Harry en s'approchant du lit pour prendre très brièvement Lana dans ses bras, sans trop la bouger. Vous reposez, il se corrige en jetant un regard tendre vers son ventre.
Puis il reporte son attention sur moi et semble hésiter.
- Si tu as besoin de quelque chose, ou qu'on vienne te chercher... tu nous appelles, d'accord ?
- D'accord... merci.
Papa Louis s'approche de Lana pour l'enlacer aussi, il lui chuchote quelque chose et elle acquiesce aussitôt en souriant. Ils sortent rapidement, sans que mon père ne m'adresser un mot de plus. Je souffle lorsque la porte se referme, sentant la pression s'envoler d'un coup.
- Je crois qu'il va falloir que je me trouve un hôtel si les infirmières ne me laissent pas dormir ici.
- Tu devrais lui parler. Je pense qu'il en a autant besoin que toi.
Lana glisse délicatement ses doigts dans mes cheveux, puis sur ma nuque, et elle m'attire vers elle, son regard plongé dans le mien.
- Je t'autorise à sourire aux infirmières si ça peut les amadouer et te laisser dormir avec moi.
Je ris doucement et résiste difficilement à l'envie d'embrasser ma petite-amie. Ses doigts glissent délicatement sur ma joue, mon menton... Elle caresse pendant un petit moment mon visage avec une douceur qui me noue l'estomac. Je l'aime, bon sang.
Comment j'ai pu tenir ces derniers mois sans la toucher ? Comment j'ai pu lui en vouloir d'être tombée enceinte ?
- Tu m'as manqué, elle murmure, les larmes aux yeux.
Je me rapproche un peu et colle mon front contre le sien. Elle craque, laissant à nouveau couler ses larmes. Cette fois je n'hésite pas, je retire ma main de son ventre pour prendre Lana dans mes bras. Tant pis si elle me repousse, je prends le risque.
- Attends, elle souffle en se tenant le ventre pour se redresser.
- Excuse-moi, je voulais...
- Tu veux bien... te mettre ici ?
Elle désigne la tête du lit qui est remontée et j'acquiesce aussitôt. Je m'allonge près d'elle, tout au bord pour ne pas la gêner et les battements de mon cœur s'accélèrent lorsque ma petite-amie se cale contre moi. Elle pose sa joue sur mon épaule, tenant toujours son ventre. Je la laisse s'installer, et dès qu'elle semble avoir fini, ma main retrouve la sienne près de son nombril.
Malgré le fait que je m'inquiète de son état, de la santé de notre bébé... ça fait du bien d'être aussi apaisé, détendu.
Hello,
Le 48eme chapitre du tome 2 de Lucarne est désormais en ligne en nous espérons qu'il vous a plu.
Cette situation avait besoin d'un événement, d'un électrochoc pour débloquer tout ça... le voilà, même s'il a été un peu violent pour tout le monde.
Eden a pris conscience qu'il n'avait pas envie de perdre ce bébé lui non plus.
On se retrouve rapidement pour la suite,
Axelle et Lynn ❤️