Point de vue de Louis.
Le cœur battant bien trop vite, j'entre dans la salle d'examen et retiens mes larmes en tombant sur mon bébé qui discute avec une infirmière.
- Papa, il sourit en tournant la tête vers moi.
- Mon petit coeur, je souffle en m'approchant pour examiner les dégâts. Tu as mal ?
- Non, ça va.
La directrice de l'école m'a appelé il y a une demi-heure pour me prévenir que Léo était tombé d'une structure de jeu pendant la récréation. Par précaution, les pompiers préféraient ne pas attendre et l'ont directement emmené à l'hôpital.
- Sa tête a visiblement bien cogné, m'explique l'infirmière en dégageant ses bouclettes pour me montrer la plaie et la bosse sur son front. On va lui faire passer un scanner pour vérifier qu'il n'y a pas de traumatisme crânien avant de le recoudre.
J'avale difficilement ma salive et le prends dans mes bras lorsqu'il tend les siens vers moi. Mon cœur s'apaise un peu en sentant son petit corps se blottir contre le mien.
-Les pompiers ils ont été trop gentils, ils m'ont donné leur crayon parce qu'ils ont dit que j'ai été fort, j'ai pas pleuré.
Il me sort fièrement le stylo de sa poche pour me le montrer.
-Mais il est trop beau, je vais te le piquer ! je ris en embrassant sa joue. Dans combien de temps il pourra passer au scanner ? je demande à l'infirmière.
-Ça ne devrait plus être très long, je vais revenir vous chercher.
Elle fait un joli sourire à Léo et nous laisse tout seuls. Je m'assois sur la table d'examen pour le câliner un peu et essayer de me rassurer surtout.
J'ai hésité à appeler Harry en venant à l'hôpital, mais je me suis dit qu'il valait mieux éviter de le déranger et le faire paniquer pour rien tant que je n'avais pas plus d'infos.
- Si tu veux devenir cascadeur, on va avoir un problème. Comment tu t'es débrouillé ?
- J'ai glissé en jouant avec Antoine, il chuchote. Mais je te jure que ça faisait pas mal, j'ai rien senti.
- Et c'est censé me rassurer ? je grimace.
- Bah oui, vu que tu t'inquiètes tout le temps si j'ai mal. Mais là j'avais pas mal.
Je retiens un rire et le serre un peu plus contre moi en faisant attention à sa tête.
L'infirmière revient nous chercher pour nous emmener au scanner. Je garde Léo dans mes bras en faisant attention à ne pas trop le bercer car il serait parfaitement capable de s'endormir.
Malheureusement je ne peux pas rester avec lui durant l'examen, mais je suis juste derrière la porte. Je reçois un message de mon mari, me demandant comment ça va. Je pourrais me demander si ce n'est pas son sixième sens de papa, mais il m'envoie souvent ce genre de message depuis qu'il est partit. Il s'inquiète beaucoup trop... bon, là c'est pas pour rien, mais il n'est pas censé être au courant que Léo est à l'hôpital... normalement. Non, la directrice n'a prévenu que moi, elle sait qu'il n'est pas en Angleterre donc il ne pourrait pas faire grand chose. J'hésite, mais remet mon portable dans ma poche. Je vais attendre d'en savoir un peu plus avant de lui dire. Il faut qu'il reste concentré sur ses séances...
Il va m'en vouloir. Mon mari va me détester de lui avoir caché ce séjour à l'hôpital... mais je sais aussi qu'il aurait fait exactement la même chose si nos places étaient inversées. Il ne m'aurait prévenu que si c'était vraiment grave, ou attendrait comme moi que Léo soit soigné.
* * *
- On peut appeler papa ? demande Léo en changeant son crayon de couleur.
Il n'a heureusement pas de trauma crânien mais les médecins veulent le garder en observation quelques heures. Il faut donc l'occuper pour l'empêcher de s'endormir et heureusement que la boutique de l'hôpital est assez fournie.
- Papa travaille pour l'instant...
- Mais il a dit que je pouvais l'appeler même s'il travaillait.
- On l'appellera quand on rentrera à la maison. D'accord ?
Léo abandonne son crayon sur la petite table et remonte le drap au-dessus de sa tête.
- Tu boudes ? je demande en lui frottant le dos par-dessus la couverture.
- Je veux que papa rentre à la maison... C'est trop long là.
Mon coeur se serre douloureusement. Je sais que Léo a besoin de son papa et que ça n'a rien à voir avec ce que je fais ou non. Malgré tous mes efforts, je ne peux pas remplacer Harry, comme lui ne peut pas me remplacer lorsque je suis absent.
Je pose mon crayon de couleur et m'allonge tout près de mon bébé. Il reste caché sous la couverture et ses petits sanglots à peine audibles me brisent un peu plus le cœur. Je tire sur la couverture, juste assez pour dégager son visage d'ange et essuyer ses joues humides.
- On va bientôt aller voir papa. Très bientôt, je te le promets mon cœur.
- Dans combien de dodo ?
- Dans six dodos, je réponds en levant mes deux mains pour qu'il voit mes doigts. On mettra l'étiquette sur ton calendrier en rentrant.
Je n'aime pas du tout voir cette petite bouille si triste et contrariée. Je sais qu'il est fatigué et devoir l'empêcher de dormir n'aide pas mais pour le moment on n'a pas le choix. Je glisse mes doigts dans ses cheveux et essaie de le distraire un peu.
- Qu'est-ce que tu veux manger ce soir ? Tu veux que je cuisine quelque chose ? Ou on passe prendre le dîner quelque part en rentrant à la maison. C'est comme tu veux, tu décides. Ne touche pas au pansement, chéri, je chuchote en repoussant sa petite main qui recommence à tirer sur le pansement Spider-man.
- Mais ça me tire, il se plaint.
- Je sais, je te promets que ça ira un peu mieux quand tu auras dormi. Tu veux qu'on fasse un autre jeu en attendant ? Y en a plus pour très longtemps, le médecin ne devrait pas tarder.
Léo soupire et se redresse avec un air bien trop sérieux.
- C'est long quand même.
- Je sais, mon coeur.
Il soupire d'un air bien dramatique et revient s'allonger contre moi. Harry est quand même bien plus doué que moi pour réconforter nos bébés. J'hésite à l'appeler, mais en jetant un coup d'œil à l'heure sur mon portable je sais qu'il est en séance avec les joueurs... donc on va attendre encore un peu.
Point de vue de Harry.
A table avec le reste de mes collègues, j'écoute du mieux que je le peux les discussions, les anecdotes de tout le monde. Nous sommes tous ensemble depuis deux semaines désormais mais nous apprenons toujours plein de choses les uns sur les autres. Ça me fait drôle de voir tous ces kinés et ces médecins autour d'une même table, partageant leurs repas en se racontant des anecdotes. Certains sont jeunes, d'autres plus âgés... nous sommes vraiment différents et pourtant, nous sommes tous ici pour la même chose, la même envie de soutenir notre équipe à soulever la coupe.
Nous sommes arrivés au Portugal hier matin pour la compétition. Depuis, nous prenons nos marques dans l'hôtel réservé pour nous, le camp de base de l'Angleterre. Nous avons de belles et grandes chambres, des installations très fonctionnelles, une salle de sport, un spa... nous pouvons prendre soin de nos joueurs de la meilleure des façons afin qu'ils débutent cette compétition en grande forme.
Je ne vais pas mentir, ça a été terriblement difficile de monter dans l'avion hier matin, de quitter le pays. C'est la première fois que je me retrouve aussi loin de ma famille pendant aussi longtemps, de mes enfants et de mon mari et j'ai bien cru faire demi tour juste avant de monter dans l'avion...
La boule qui a gonflé dans ma gorge a quelques minutes du décollage était si intense que j'ai dû respirer profondément durant de longues minutes pour ne pas laisser la panique monter en moi.
J'ai finalement réussi à me calmer un peu pendant le vol, relativisant grâce à mes collègues. Le Portugal n'est pas si loin de l'Angleterre.
La journée que nous avons ensuite passé à s'installer ici, dans notre hôtel a finalement réussi à me calmer et adoucir mes angoisses et le long appel vidéo que j'ai partagé avec Louis, Romy et Léo avant de me coucher hier soir m'a permit de dormir plus tranquillement.
Sauf que ce soir, j'ai à nouveau énormément de mal à me concentrer sur mes collègues, sur mon assiette encore pleine. J'ai envoyé plusieurs messages à Louis dans l'après-midi restés sans réponse pour la plupart d'entre eux. Les seuls messages qu'il m'a envoyé semblaient froids et concis et j'avoue commencer à réellement m'inquiéter de son comportement. Est-ce qu'il va bien ? Est-ce qu'il y a un problème à la maison, avec les enfants ?
C'est ce que je lui ai demandé dans mon dernier message, inquiet, et je saute presque sur mon téléphone lorsqu'enfin il vibre sur la table près de mon assiette.
« Est-ce que tu es disponible pour que je t'appelle maintenant ? »
Ma gorge se serre à la lecture des quelques mots et mon cœur s'emballe brusquement alors qu'un million de scénarios se bousculent dans ma tête.
J'hésite de longues secondes à quitter la table maintenant ou à attendre la fin du repas, mais l'inquiétude est beaucoup trop grande pour que je reste assis là.
-Je suis désolé, je dois répondre à un appel, j'informe mes collègues en me levant pour débarrasser mes affaires.
Je reçois quelques regards curieux du staff et des joueurs mais n'y prête pas plus attention. Je m'excuse à nouveau auprès de tout le monde et rejoint le couloir qui mène à ma chambre. Je n'attends pas d'y être pour lancer un appel vidéo vers le téléphone de mon mari et je suis seulement à quelques mètres de ma chambre lorsqu'il y répond, son visage apparaissant à l'écran.
Il semble épuisé, ses traits sont tirés de fatigue et je fronce les sourcils en le voyant ainsi. Il allait pourtant si bien lorsque nous nous sommes appelés ce matin.
-Ça va, mon amour ? Je m'inquiète aussitôt.
Les yeux de Louis me fixent à travers l'écran et il hoche doucement la tête en passant une main dans ses cheveux.
-Ça va, il confirme. Et toi ? Comment tu te sens ? Tout se passe bien ?
-Louis, je le coupe immédiatement.
Je sais qu'il y a quelque chose, je le connais par cœur, ce regard, ces petits mimiques de stress qu'il ne réussit pas à cacher.
-Dit moi ce qu'il se passe.
Mon mari me fixe de longues secondes avant de soupirer, un petit sourire amusé au coin des lèvres.
-Tu me connais définitivement trop bien.
-Tu n'as pas répondu à mes messages de tout l'après-midi et tu sembles inquiet et épuisé, c'est plutôt flagrant qu'il s'est passé quelque chose.
Mon mari hoche positivement la tête et reste silencieux quelques secondes avant de relever ses yeux vers l'écran.
-Tu promets de ne pas paniquer ?
Mon cœur s'emballe à ses mots alors que mes sourcils se froncent. D'accord, je panique carrément maintenant.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-On... on vient de sortir de l'hôpital avec Léo.
Mon souffle se coupe violemment alors que mon cœur manque un battement dans ma poitrine. Quoi?!
-Il va bien, chéri, il va bien, tente immédiatement de me rassurer Louis.
Ça ne suffit pas, je n'arrive pas à calmer les battements soudainement très rapides de mon cœur alors que les mots de Louis tournent en boucle dans ma tête.
-Qu'est-ce qu'il a ? Je demande immédiatement, la voix coincée dans la gorge.
-Il est tombé du toboggan à la récréation, les pompiers sont venus le chercher car il a cogné sa tête et...
-Il s'est cogné la tête ? Je panique subitement un peu plus.
-Oui, mais les médecins lui ont fait passer un scanner et l'ont gardé en observation toute l'après-midi, il va bien.
Je passe une main tremblante sur mon visage en entendant toutes ces informations. Comment ça, toute l'après-midi ?
-C'est arrivé en milieu de journée et tu ne m'as rien dit ? Je réalise en écarquillant les yeux. Pourquoi tu ne m'as pas appelé tout de suite ?
Tout en parlant, je pose mon téléphone sur la table de chevet et attrape ma valise dans laquelle je commence à jeter mes affaires.
-Justement pour éviter que tu paniques comme tu es en train de le faire et que tu sautes dans le premier avion, il réplique aussitôt, sa voix remplie de tendresse. Chéri, range cette valise et écoute moi.
Je pose une main tremblante sur mon cœur qui ne cesse de battre la chamade avant de récupérer mon téléphone, m'asseyant sur le bord du lit.
-Léo est à la maison, il va bien. Il a mangé en rentrant et a pris un bain, il se sent bien. Il est un peu fatigué mais c'est normal après la chute qu'il a fait.
-Mais...
-Il va bien, il répète à nouveau en me fixant calmement à travers l'écran. Il a une bosse, une jolie cicatrice sur le front et quelques égratignures, mais il va bien, c'est promis. Si ce n'était pas le cas, je n'aurais pas hésité une seule seconde à t'appeler pour que tu rentres à la maison.
Ses mots réussissent à me rassurer et à calmer un peu les battements de mon cœur. Mon corps se relâche et je passe une main sur mon visage en fermant quelques secondes les yeux pour me calmer en plein.
-La directrice de l'école m'a appelé à la fin de la pause du midi pour me prévenir, je n'ai pas eu le temps de t'appeler tout de suite car je devais le rejoindre au plus vite à l'hôpital et j'ai pris la décision de ne rien te dire en arrivant, quand j'ai vu qu'il allait bien. Je ne voulais pas te déranger et te déconcentrer dans ton travail. Je préférais attendre les résultats du scanner. Ensuite, le médecin est revenu nous voir pour nous expliquer que tout semblait normal et une infirmière est venue recoudre le front de Léo. Ils nous ont installés dans une chambre pour le surveiller quelques heures et qu'il puisse se reposer, je savais que tu avais tes séances avec les joueurs, alors j'ai préféré attendre d'être à la maison pour t'appeler et t'expliquer tout ça au calme.
J'écoute attentivement les mots de mon mari et toutes les informations qu'il me donne sur l'état de notre fils et la manière dont s'est déroulé l'après-midi. Mes yeux se bordent de larmes alors que je réalise que j'aurai du être là aussi pour Léo et pas dans un autre pays... mais Louis le voit aussitôt et me rassure à nouveau.
-Tout va bien, chéri. C'est promis. Dans quelques jours, ça sera oublié. Pour l'instant, il est plutôt fier de son joli pansement sur le front même si ça fait un peu mal. Il a hâte de le montrer à ses copains d'école.
Je souris aux mots de mon mari, attendri. Je frotte un peu mes yeux pour essuyer mes larmes et fixe de longues secondes Louis, ses beaux yeux bleus terminant de me détendre et m'apaiser.
-Est-ce qu'il dort ?
-Il est couché dans notre lit, je vais aller voir s'il s'est endormi.
Louis se lève et monte les escaliers avant d'ouvrir doucement la porte de notre chambre.
-Mon bébé, c'est papa au téléphone.
Je comprends à ses mots que Léo ne dort pas et sent mon cœur se gonfler un peu d'amour lorsqu'il allume la lampe de chevet et s'installe au bord du lit, près de Léo qui se repose, la tête posée contre mon oreiller.
-Mon amour... je murmure, les yeux brillants de larmes.
Mon regard se pose sur son petit front couvert d'un gros pansement Spiderman et mon cœur s'emballe à nouveau en le voyant comme ça, si fragile et épuisé.
-Comment tu te sens ? Je murmure presque, ma voix la plus douce possible.
-J'ai un peu mal, mais le docteur il a dit que c'était normal et que ça irait mieux à la fin de la semaine.
Je souris tendrement à ses mots et sent mon cœur manquer un nouveau battement lorsqu'il se redresse en position assise pour se blottir dans les bras de son père qui l'entoure délicatement de ses bras et que je réalise qu'il est emmitouflé confortablement dans un pull à moi qui lui couvre le corps entier.
-Tu me manques mon bébé, fort fort fort...
-Toi aussi papa, tu me manques fort fort fort.
Mon regard croise celui de Louis qui sourit tendrement en me fixant à travers l'écran. Il a été un papa incroyable aujourd'hui, comme chaque jour depuis la naissance de nos enfants.
-Je vous aime si fort, je murmure.
-Nous aussi on t'aime, mon cœur.
-Romy dort ? Je demande en observant Léo tomber de fatigue contre Louis.
-Pas encore, elle est dans sa chambre.
-D'accord, je vais l'appeler sur son téléphone. Junior est là ?
-Non, elle est seule, tu peux y aller.
Je souris en hochant doucement la tête et observe quelques secondes Léo à travers l'écran.
-Bonne nuit, mon bébé, je murmure lorsque Louis rallonge son petit corps endormi contre mon oreiller.
Bonsoir,
Chapitre un peu tardif mais nous espérons qu'il vous a plu. Notre bébé Léo a fait une belle frayeur à ses papas dans ce chapitre... heureusement, plus de peur que de mal.
Nous vous souhaitons une bonne soirée,
Lynn et Axelle ❤️