Point de vue de Junior.
« Tu viens plus ? »
Je souffle en verrouillant mon portable, à deux doigts de l'éteindre. C'est le sixième message de ce genre que je reçois depuis que la soirée d'Adam a commencé.
J'avais prévu d'y aller, tanné par mes potes... mais entre-temps j'ai perdu la motivation, l'envie... Je préfère traîner sous ma couette, m'éviter l'épreuve de faire semblant devant les autres.
J'hausse le son de ma télé et remonte les jambes contre mon torse, essayant de me concentrer sur ma série. C'est difficile... mes pensées divergent à chaque fois vers Romy. Je me demande si elle va mieux, si elle a parlé à ses parents de ce qu'il s'est passé à la soirée du match caritatif... Ça tourne en boucle dans ma tête depuis des semaines. Je revois cette tête de con la suivre, la toucher, la regarder... J'ai envie de vomir.
Je ne vois pas comment les gens peuvent penser que je suis comme lui. Notre relation n'a... n'avait rien à voir.
J'ai encore du mal à m'y faire, à réaliser que la relation qu'on a patiemment tissée est terminée.
Mon portable sonne sur la couette. Je souffle, un peu soulé. Ils n'ont pas compris mon silence ?
J'ignore le message et tente de reprendre le fil de ma série. Mais ça sonne à nouveau et longtemps. Un appel. Si c'est Adam il peut aller se faire foutre.
Je laisse sonner... mais craque et récupère mon portable pour voir au moins qui c'est. Les battements de mon cœur se stoppent brutalement en voyant le nom de Romy. J'hésite trop longtemps, l'appel se coupe.
-Merde, merde, merde, je souffle en passant ma main dans mes cheveux.
Est-ce que je dois la rappeler ? Je devrais peut-être voir si...
Elle rappelle. Ok, là c'est bizarre.
Je décroche et active le haut parleur. La première chose que j'entends c'est la musique en fond et la seconde d'après... sa respiration saccadée et ses sanglots. Ma poitrine se comprime aussitôt et j'avale difficilement ma salive.
-Romy ?
Elle pleure encore mais ne parle pas.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Parle-moi...
-Je... je pensais que tu serais là, elle murmure entre deux sanglots.
-Quoi ? Où... où est-ce que tu es ? je demande en me levant.
Je ne sais pas où elle est allée se fourrer mais il faut à tout prix que j'aille la chercher.
Je pose mon portable sur la table de nuit pour enfiler une paire de baskets qui traîne. Alors que j'allais reprendre mon portable, un message d'Adam s'affiche en haut de l'écran.
« Viens chercher ta meuf, elle s'est enfermée dans les toilettes. »
Merde. C'est la bas qu'elle est.
-J'arrive.
Je sors de ma chambre, espérant ne pas croiser mon père car il poserait trop de questions et me retarderait.
-Non, non...
-Romy, je viens te chercher, j'insiste en récupérant mes clés sur le meuble de l'entrée le plus silencieusement possible. Ne raccroche pas, reste avec moi.
Je sors discrètement de la maison et monte directement dans ma voiture. Romy ne coupe pas l'appel, même si elle pleure encore, elle est toujours en ligne.
-Quelqu'un t'as fait du mal ? je demande tout bas en démarrant et quittant l'allée.
J'ai peur d'entendre sa réponse. Tout comme moi, elle ne va pas bien depuis qu'on s'est séparés. Mais en plus de sa douleur, elle gère difficilement la colère et la rancœur qu'elle a contre moi.
Elle teste ses limites et celles de ses parents depuis quelques semaines. Des sorties sans leur autorisation à répétition, de nouveaux amis plus âgés, un nouveau style plus provocateur, de nouveaux réseaux sociaux où elle s'expose un peu plus...
-Romy ? j'insiste un peu.
La maison de mon coéquipier n'est qu'à 5 kilomètres mais le trajet me paraît interminable. J'ai l'impression d'avoir tous les feux rouges ou de me retrouver coincé derrière des chauffeurs trop lents.
-Ma Romy...
Elle pleure plus fort et j'entends un gros bruit, son portable doit être tombé car ses sanglots me paraissent plus lointains.
J'avale difficilement ma salive et remarque que mes mains tremblent de manière incontrôlable autour du volant.
Je prends sur moi, même si c'est difficile je continue de lui parler pour garder son attention. Je lui parle de tout, de rien. De mon entraînement d'hier, de la pression de mon père, de la série que je regardais... j'essaye de trouver n'importe quoi à lui dire jusqu'à ce que je me gare enfin devant la maison de mon pote. Il y a bien plus de voitures garées dans l'allée et la musique provenant de la maison est bien trop forte. Je plains les voisins...
Je coupe le haut parleur en descendant de ma voiture et m'avance directement vers la maison.
-Junior ? chuchote Romy.
-Oui ?
Je ralentis inconsciemment, surpris qu'elle me parle enfin.
-T'arrives bientôt ?
Sa voix est si basse que j'ai peur de ne pas avoir bien compris, mais ça n'empêche pas mon cœur de s'emballer.
-Oui, je suis juste devant la maison.
J'entre sans frapper est esquive un mec ivre. Adam me fait signe en haut de l'escalier, il n'a pas l'air très frais mais ça me rassure qu'il reste à proximité des toilettes. On n'est pas hyper proches mais je le connais assez pour savoir qu'il ne lui aurait rien fait et serait intervenu si quelqu'un l'emmerdait.
-Ça fait un moment qu'elle est là-dedans... je crois qu'elle a pas mal picolé.
-T'as prévenu le coach ?
-Non. Je préférais te prévenir toi... s' il sait que sa fille est venue picoler chez moi et que je l'ai laissée faire...
-Pourquoi tu l'as laissée faire d'ailleurs ?
-Hé, je savais pas moi qu'elle était là ! Je t'aurais appelé plus tôt sinon.
Je frappe à la porte des toilettes et me concentre sur les sanglots que j'entends difficilement.
-Romy, je suis là...
Ses sanglots s'arrêtent brusquement et je coupe l'appel lorsque j'entends le verrou tourner.
-Je peux entrer ?
J'entends un faible « oui », suivi d'un gros sanglot. J'ouvre doucement la porte et mon cœur se serre en la trouvant assise par terre, ses jambes remontées contre son buste et son visage caché dans ses bras croisées sur ses genoux. Elle porte une robe très courte et ses belles et longues boucles semblent un peu emmêlées. Je glisse mon portable dans la poche de mon jogging et m'accroupis devant elle.
-Romy ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
J'ai la gorge nouée. Ça me fait si mal de la voir dans cet état... Il faut que je sache si quelqu'un lui a fait du mal et si je peux l'aider. J'appréhende autant que j'ai envie qu'elle relève la tête.
-Regarde-moi...
Elle ne bouge pas. Je regrette de ne pas avoir verrouillé la porte lorsque je la vois s'ouvrir et qu'une blonde du club des groupies apparaît.
-Junior ! elle s'exclame en s'appuyant contre la porte. T'es venu finalement ! Tu veux un verre ? On pourrait...
Elle laisse sa phrase en suspens et me fait un clin d'œil aguicheur... puis son regard se pose sur Romy.
-Ah... tu fais du baby-sitting.
Oh super... il ne manquait plus que ça.
-C'est occupé.
Je claque la porte des toilettes et la verrouille aussitôt avant de me remettre à genoux près de Romy. Je ne sais pas si cette visite l'a énervée ou si elle me trouve trop proche mais elle se décale aussitôt.
-Pardon, excuse-moi... je ne voulais pas te...
Je ne finis pas ma phrase lorsque je comprends qu'elle s'est décalée pour se pencher au-dessus des toilettes, prête à vomir... mais rien ne vient, elle a juste des hauts le cœur qui la font pleurer plus fort alors qu'elle se laisse à nouveau glisser au sol. Je vois enfin son visage et c'est bien plus douloureux que ce que j'imaginais. Elle a visiblement beaucoup pleuré, son visage est creusé, pâle... hormis les traces de maquillage sur ses joues, son front, ses mains...
-Je peux ? je chuchote en tendant la main vers elle.
Son regard se pose sur ma main, qu'elle fixe un moment avant de relever les yeux vers moi. Mon cœur se serre si fort lorsque nos regards s'accrochent. C'est insupportable de la voir pleurer.
Lorsqu'elle hoche la tête, j'avance doucement mes doigts pour effleurer sa joue. Ses paupières se ferment aussitôt et elle laisse échapper quelques larmes. Je me rapproche un peu et essuie avec les manches de mon sweat ses larmes ainsi que le maquillage qui a coulé sur son visage. Sa lèvre tremble alors qu'elle essaye de retenir ses larmes.
-Tu m'as presque vu vomir, elle chuchote.
-Si tu savais comme je m'en fiche, je ris doucement en prenant son visage entre mes deux mains. T'es toujours aussi belle.
C'est tellement étrange de retrouver ce contact, de pouvoir à nouveau prendre soin d'elle... mais ça fait aussi beaucoup de bien, j'ai l'impression de respirer à nouveau.
- Menteur, elle grimace en retenant un sourire.
- Je t'ai déjà menti ?
Je vois aussitôt ses sourcils se froncer et elle a un léger mouvement de recul mais je la retiens, comprenant qu'elle repense à notre séparation, à la conférence de presse...
- A toi, jamais. J'ai toujours été honnête sur tout. Encore plus lorsque j'ai pris...
Je me fais couper par deux coups contre la porte, me ramenant un peu à la réalité alors que je m'apprêtais à un peu trop lui ouvrir mon coeur.
- On devrait... tu es prête à sortir ? Ça devrait te faire du bien de prendre l'air.
Romy hésite, mais acquiesce en se relevant lentement. Elle s'accroche à moi le temps de trouver son équilibre, puis elle tire nerveusement sur le bas de sa robe assez courte. J'avoue que je ne l'ai jamais vu porter ce genre de tenue, et même si jamais je ne me permettrai de lui imposer ce qu'elle doit ou non porter, je vois bien qu'elle n'est pas à l'aise. Je retire mon sweat pour le lui donner.
- Merci, elle esquisse un sourire en l'enfilant.
Il lui va si grand qu'il est bien plus long que sa robe. Je l'aide à dégager ses longues boucles et lui redonne son portable qu'elle a laissé au sol. Sans larmes, son état me confirme qu'elle a pas mal bu. Je m'en doutais déjà avec ses hauts le cœur et son air ailleurs, mais là c'est flagrant.
- On y va ?
Elle acquiesce et tire sur les manches de mon sweat pour cacher ses mains. Je déverrouille la porte et on sort tous les deux, laissant la place à un abruti qui siffle en nous voyant.
- Oh ferme-là, je lâche.
Je passe mon bras autour de Romy, espérant la protéger de tous ces cons. Il va falloir que je sache ce qu'elle fabriquait ici parce qu'elle vaut tellement mieux qu'eux. Descendre l'escalier est une vraie épreuve, elle s'accroche à moi et manque de trébucher plusieurs fois.
- Tu n'as rien à récupérer ?
Elle secoue la tête et on sort de la maison.
- T'avais tort... il fait trop froid ça fait pas du bien, se crispe Romy en tremblant.
- Je dois avoir un jogging dans ma voiture, tu vas te réchauffer.
Tout en marchant et en la soutenant, je lui frotte le dos pour essayer de la réchauffer. C'est vrai que maintenant que je suis en t-shirt je ressens bien le froid, mais c'est pas très grave.
On marche en silence jusqu'à ma voiture que je déverrouille rapidement pour l'aider à monter sur le siège passager. Je me mets derrière le volant juste le temps de démarrer et d'allumer le chauffage avant d'aller chercher mon sac de sport dans mon coffre. Par chance, j'y trouve un jogging propre avec des chaussettes et retourne près d'elle.
-S'il te plaît... ne vomis pas dans ma voiture.
Elle rit légèrement et essuie avec mes manches les quelques larmes qui s'échappent de ses yeux.
-Je vais essayer.
-Tiens, je souris en lui donnant mes vêtements. Tu veux que je t'aide ?
Elle acquiesce et pivote lentement vers moi, ses jambes sortant de la voiture. Sans la toucher, je
l'aide à mettre mon jogging qui sera bien trop grand pour elle mais au moins elle aura un peu plus chaud. Puis je lui retire ses talons et lui enfile mes chaussettes de sport. Elle tremble encore, mais je pense que l'alcool n'aide pas.
-Tu peux descendre ?
Elle se laisse glisser du siège et se raccroche à moi alors que je remonte le jogging. Nos regards s'accrochent mais elle se détourne aussitôt, un peu gênée. J'essuie les nouvelles larmes sur ses joues et l'aide à se réinstaller avant de me réinstaller derrière le volant. Je reste garé pour l'instant, laissant la voiture chauffer. Romy essuie d'autres larmes et ça me piétine encore le cœur.
-J'aime pas te voir pleurer...
-J'arrive pas à m'arrêter.
J'hésite quelques secondes avant de l'attirer contre moi. J'ai peur qu'elle me repousse mais elle se fond directement contre moi et cache son visage contre mon cou. Son souffle chatouille ma peau alors que j'en profite pour sentir son parfum qui n'a pas changé. La même odeur si douce malgré son état.
-Je suis désolé, je chuchote. Je pensais... je pensais que c'était le mieux à faire pour toi.
Elle pleure plus fort et je ne la lâche pas. C'est terminé, je ne la laisserai plus tomber.
***
La maison est silencieuse lorsqu'on entre à l'intérieur. En même temps, il est presque deux heures du matin. Romy dépose ses clés sur le meuble de l'entrée et se dirige vers l'escalier sans lâcher ma main. Je la soutiens sur certaines marches et l'accompagne jusqu'à la salle de bain... en priant pour que personne ne nous voit car j'ai vraiment peur de la réaction de ses pères s' ils me trouvent chez eux au milieu de la nuit alors qu'elle est dans un sale état.
-Tu veux prendre une douche ? je chuchote.
-Je ne pense pas y arriver. Mes yeux me brûlent... Je vais juste me démaquiller.
Elle ouvre un tiroir du meuble de la salle de bain un peu trop fort et je me crispe en espérant que personne n'ait entendu ça.
Romy prend un coton qu'elle imbibe de démaquillant, en mettant partout sur le sol.
-Attends, je vais le faire.
Je lui prends des mains et lorsque mon regard retrouve le sien, j'ai du mal à me souvenir de ce que je devais faire. Ses iris verts encore un peu noyés sous les larmes ne se détachent pas de moi alors que je lève la main pour commencer par dégrossir, enlever les plus grandes traces sombres sur son visage. J'essaye d'être le plus délicat possible, ne voulant pas lui faire plus de mal.
-Qu'est-ce que tu faisais là-bas ? je chuchote.
Elle ferme brièvement les yeux et baisse un peu la tête pour échapper à mon regard.
-Je pensais... je pensais que tu y serais.
Son chuchotement me noue l'estomac et je m'arrête brièvement de la démaquiller mais me reprends vite.
-Tu voulais me voir ?
Elle hésite, avalant difficilement sa salive.
-En fait... je voulais que tu me vois. J'avais prévu de...
Romy soupire et passe nerveusement sa main dans ses boucles emmêlées.
-Je devais faire semblant de... draguer un de tes potes plus âgés et... j'espérai que tu sois jaloux, que tu réagisses... ou au moins que tu vois que je ne suis plus un bébé. C'est ridicule, je sais...
-Non, non, je murmure en jetant le coton pour prendre son visage entre les mains. Je n'ai jamais pensé que tu étais un bébé. Jamais. Et si tu avais mit ton diabolique plan à exécution... oui, j'aurai réagi. Par jalousie, c'est vrai... mais surtout parce que je connais la plupart des gars qui étaient là ce soir... Je n'aurais pas pu laisser ça arriver. J'ai promis de veiller sur toi... même de loin.
Elle soupire et pose sa joue sur mon torse comme elle le fait souvent, réclamant clairement un câlin. Je l'entoure aussitôt de mes bras et lui caresse délicatement la nuque, espérant l'apaiser un peu.
-C'était pour ça, la robe, les talons... elle avoue doucement.
-Je m'en doutais un peu, j'esquisse un sourire. Ça aurait retenu mon attention, c'est sûr...
-Te moques pas...
-Je ne me moque pas, je souris plus franchement en repoussant un peu ses boucles pour dégager son visage. T'as pas besoin de faire tout ça pour que je te remarque, Romy.
-Ça ne t'as pas empêché de me quitter...
Je perds mon sourire et profite encore quelques secondes de ce câlin avant de la relâcher.
-Tu devrais aller dormir, on pourra en reparler lorsque tu auras dormi.
Je jette les cotons, range un peu et l'entraîne vers sa chambre.
Je l'aide juste à se mettre au lit et je repars.
Rentrer dans sa chambre me fait un petit choc. Je ne m'attendais pas à voir tous ces trous parmi ses photos accrochées au mur. Mon visage a entièrement disparu... c'est compréhensible, je ne peux pas lui en vouloir.
-Il faut que j'enlève cette robe... Tu peux m'aider ?
Je lui enlève mon sweat que je laisse sur le lit et l'incite à se tourner pour que je puisse descendre la fermeture éclair de sa robe. Je l'aide à retirer ce tissu bien trop moulant et alors que je la jette dans un coin de la chambre, Romy se tourne et se colle subitement contre moi. Sa main posée sur le bas de mon ventre, elle se met sur la pointe des pieds pour embrasser mon cou. Je ressens un bref coup de chaud face à cette proximité et ses baisers mais heureusement je me calme bien vite et la repousse le plus doucement possible, espérant ne pas la blesser.
-Romy...
-Je ne suis pas un bébé, tu l'as dit toi-même...
Elle tente de se rapprocher mais cette fois c'est moi qui recule d'un pas.
-Tu as bu, t'es épuisée et tu m'en veux encore. Notre première fois ne doit pas se passer comme ça.
-Je vais bientôt avoir 16 ans, et je ne dirais rien à mes parents si c'est ça qui...
-Non, c'est pas ça... Ma Romy, je souffle en prenant son visage entre mes mains. Je m'en voudrais toute ma vie si on le fait comme ça, alors que toi comme moi on ne vas pas bien... J'ai plus peur de tout gâcher et de ne pas pouvoir me regarder dans le miroir après t'avoir fait ça que de tes parents.
Elle baisse la tête, les joues toutes rouges. Je me penche pour embrasser son front, sa tempe, puis sa joue.
-On a tout notre temps, je chuchote, réalisant qu'on n'a même pas discuté du fait de se remettre ensemble...
Elle acquiesce et se tourne pour retirer son soutien gorge et remettre mon sweat. Romy trébuche avant d'atteindre son lit et ça me conforte dans mon idée que non, ce soir n'est définitivement pas le bon soir.
Je l'aide à se couvrir et alors que je me redresse pour partir elle me retient le poignet.
-Junior, s'il te plaît...
-Romy...
-Tu vas encore m'abandonner.
-Non, je te promets que non...
Je m'assois au bord du lit pour la prendre dans mes bras. Ses mains s'accrochent à mon t-shirt, refusant de me lâcher... j'avoue que n'ai aucune envie de la laisser seule, surtout dans cet état.
-D'accord, je chuchote. Laisse-moi aller te chercher de l'eau, il faut que tu t'hydrates.
-Tu reviens vite ?
-Oui, promis.
Elle acquiesce lentement et me relâche. Son regard ne me quitte pas alors que je sors de sa chambre pour descendre à la cuisine.
Point de vue de Louis.
-Tu vas pas t'endormir quand même, je soupire en embrassant le torse de mon mari.
Je m'assois à califourchon sur son bassin, le faisant sursauter et rire alors que ses mains remontent sur mes cuisses.
-Tu m'épuises, il chuchote alors que je continue de couvrir sa peau brûlante de baisers.
-Mais t'adore ça, je chuchote en m'asseyant.
Nos regards s'accrochent et on se fixe pendant un petit moment en silence.
Harry se redresse finalement et m'entoure de ses bras forts. Qu'est-ce que j'aime cette sensation... Je frissonne et retient un long soupir en savourant le mouvement de son bassin. Nos lèvres se retrouvent, la passion nous habite encore même si je sens bien qu'il est fatigué.
-Comment tu fais pour que ce soit si parfait à chaque fois ? il murmure contre mes lèvres. Vingt-cinq ans d'amour et pas une seule fois où... bon, peut-être une ou deux en fait, mais...
-Hé, je râle en me reculant.
-Je plaisante, je plaisante, il rit en resserrant son étreinte autour de moi.
Je me laisse aller contre ses bras, savourant cette sensation si forte qui ne diminue pas avec le temps.
-Je t'aime...
-Je t'aime aussi.
Je glisse mes doigts dans ses cheveux en butinant tendrement ses lèvres. On avance tous les deux en âge, pourtant nos corps sont encore assez fougueux dans ce genre de moment.
-Je pourrais... te manger tellement je t'aime, je le taquine en mordillant sa lèvre.
Il éclate de rire mais se fige subitement en entendant quelque chose claquer dans le couloir.
-C'était quoi ? il demande en me relâchant.
-Sûrement les chiens qui jouent.
Je retrouve ses lèvres, essayant de prolonger notre baiser. Il se laisse aller, oubliant complètement ce bruit... et me fait basculer sur le dos. Son corps toujours aussi musclé surplombe le mien et je meurs sur place. Entre ses abdos, son torse, la tension dans ses bras... c'est trop. J'essaye de retrouver ses lèvres mais il est trop grand. Je me redresse pour prendre son visage entre mes mains et l'embrasser. Nos corps se répondent naturellement, fonctionnant en harmonie sans qu'on ai besoin de prononcer le moindre mot. Il me touche toujours là où il faut, à un rythme qui pourrait me faire hurler si on ne devait pas se contenir.
-Vivement notre prochaine soirée en amoureux que je puisse te faire soupirer, crier... te rendre complètement dingue.
Un soupir fébrile et incontrôlable m'échappe alors que je m'accroche un peu plus à lui.
- Arrête de me dire des trucs comme ça...
- Jamais, il rit en embrassant ma mâchoire. J'aime bien trop l'effet que ça te fait...
- Evidemment...
J'essaye de reprendre le contrôle mais cède et ne réussi pas. Je le laisse prendre le contrôle de mon corps, me rendant complètement fou. Malgré la passion et l'euphorie de ce moment qu'on partage, sa tendresse est toujours présente, me faisant rapidement basculer. Je tremble d'amour contre lui, le souffle court. Harry sourit contre mes lèvres, les taquinant en douceur alors que j'essaie de reprendre ma respiration et de calmer mon cœur. Mes doigts remontent le long de ses épaules pour prendre son visage entre mes mains et l'incite à approfondir notre baiser. Je n'ai pas résisté très longtemps, étant donné qu'on se taquinait mutuellement depuis un moment...
Je glisse une de mes mains entre nous et le caresse en douceur... pour commencer. Si il aime me rendre fou, j'adore tout autant ça.
- Louis, il soupire contre mon cou, le mordillant doucement.
- Mmh ? je souris légèrement. T'aime pas ?
Mon bassin bouge contre le sien, ajoutant un peu de pression. C'est apparemment juste ce qu'il lui fallait car je le sens se tendre légèrement avant qu'il ne se laisse aller en s'accrochant à moi.
Je couvre de baiser chaque centimètre de sa peau que je peux atteindre, l'aidant à redescendre en douceur.
Sans me lâcher, mon mari bascule lentement sur le côté. Il m'attire contre lui et je pose ma joue sur son torse, écoutant son coeur battre vraiment vite.
On reste silencieux un petit moment, puis mon estomac me rappelle que j'ai à peine touché à mon assiette ce soir. Harry rigole légèrement en passant sa main dans mes cheveux.
- Je ne t'avais pas dit de manger ce soir ?
- Si... Mais Romy...
- Je sais.
On est tous les deux inquiets pour notre fille. La situation se dégrade de plus en plus et notre petite Romy disparaît de plus en plus, laissant place à une ado au cœur brisé. On ne sait pas quoi faire, on n'arrive pas à trouver le juste milieu entre la bienveillance et la sévérité. On n'a jamais été des parents trop stricts de toute façon.
Je souffle et me redresse pour effleurer ses lèvres.
- Je vais me prendre un p'tit truc à manger.
- Laisse les chocolats de Léo.
Je ris en me levant et passe par la salle de bain avant d'enfiler un boxer au cas où un des enfants soit réveillé. Si je dois les renvoyer au lit, il vaut mieux que je sois habillé.
Je descends silencieusement, espérant ne réveiller personne à l'étage. Une fois en bas, j'allume directement la lumière de la cuisine et...
- Mais qu'est-ce que tu fais là ?? je chuchote fort en voyant Junior au milieu de la cuisine, un verre à la main.
- Je... je prenais un verre d'eau.
- Ne joue pas les petits malins, je souffle en me rapprochant. Tu sais bien de quoi je parle.
- Je... Romy m'a appelé et... on voulait discuter, alors...
- En pleine nuit ? Je m'étrangle. T'aurais quand même pu nous dire que tu venais.
J'ouvre le tiroir des chocolats de Léo et en pique un avant de me prendre un yaourt dans le placard.
- Tu sais qu'on n'aurait pas dit non... Surtout vu comment est Romy en ce moment.
Il n'est clairement pas à l'aise. Son regard fuit le mien et il a l'air bien fatigué.
- Ça va ? je m'inquiète en le détaillant du regard.
- Oui, oui... je suis juste...
Junior soupire longuement et passe nerveusement sa main dans ses cheveux.
- Fatigué.
- Mmh, d'accord. Alors vous avez discuté ? je demande pour passer à autre chose en voyant qu'il ne semble pas vouloir parler.
Il acquiesce, un léger sourire triste étirant ses lèvres.
- Vous êtes d'accord si je passe la nuit ici ?
- Oui. Je t'avoue que là, on n'y arrive plus. On ne sait plus quoi faire pour l'aider, alors si toi... enfin, bref. Va te coucher. On reverra ça demain.
Il acquiesce et me souhaite une bonne nuit en sortant de la cuisine. Je le regarde sortir et récupère une cuillère avant de filer dans ma chambre. Je ferme doucement la porte mais saute pratiquement sur le lit pour réveiller mon mari qui somnolait.
- Mais qu'est-ce que tu...
- Devine qui j'ai croisé dans la cuisine !
Il me fixe, ne comprenant pas et sûrement un peu agacé que je le réveille.
- Léo ? Romy ? Je ne vois pas qui d'autres pourrait... Eden ? Il est là ?
- Non, mieux !
- Mieux que ton fils ? il rigole. Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Enfin mieux... disons que là, ça tombe vraiment très bien. Un indice... il est là pour Romy.
- Pitié, dis-moi que c'est Junior parce que je ne suis vraiment pas prêt à ce qu'elle ramène un autre petit-ami à la maison.
- Tu crois que je serais aussi ravi si c'était quelqu'un d'autre que Junior ?
- Il y a encore quelques mois je n'aurais pas cru que tu serais heureux qu'il vienne rejoindre notre fille en pleine nuit... Tu crois que c'est la première fois qu'ils font ça ?
- Là, j'm'en fous. J'suis trop content, je souffle en m'asseyant contre la tête du lit.
Je sens vraiment ce soulagement en moi. Romy laisse revenir Junior. Peut-être même qu'ils se laisseront une nouvelle chance ? J'ouvre mon yaourt et commence à le manger alors que Harry récupère le chocolat que j'ai toujours entre mes doigts.
- C'est ceux de Léo, il râle en le déballant pour le manger.
- Ça va, c'est juste un... Mais te gênes pas !
Mon mari effleure mes lèvres en riant et s'installe aussi contre la tête du lit.
- Alors, Junior est là... dans sa chambre ?
- Oui, je lui ai dit qu'on discuterait un peu plus demain matin. Tu crois que c'est bon signe ?
- On verra bien demain...
Point de vue de Romy.
Je sors brusquement du sommeil en sentant un haut le cœur me prendre tout à coup. J'écarquille les yeux en me redressant vivement en position assise, prenant une longue inspiration pour calmer l'horrible crampe de mon estomac.
Les yeux fermés, je prends le temps de respirer lentement, encore et encore. Je me concentre sur ce que je ressens et grimace un peu en sentant le bas de mon ventre se retourner douloureusement alors que des brûlures acides remontent le long de ma gorge.
-Tu veux de l'eau ?
Le murmure de Junior me fait sursauter un peu, mon cœur s'emballant brusquement dans ma poitrine.
Je n'ai pas cessé de me réveiller cette nuit à cause de douleurs au ventre et à la tête. La présence de Junior près de moi a réussi à me calmer et me rendormir à chaque fois, le bout de ses doigts caressant doucement mon dos pour m'apaiser.
Junior se redresse un peu dans le lit et attrape le verre d'eau posé sur la table de nuit pour me le donner doucement. Je le remercie d'un très léger murmure et boit quelques gorgées, soulagée par la fraîcheur de l'eau dans mon estomac.
Je repose le verre vide sur la table de nuit et déglutit doucement, perdue. Junior est allongé là, près de moi... et je ne sais plus quoi penser de tout ça. Il s'est occupé de moi hier soir, m'a ramené à la maison, m'a aidé à me démaquiller dans la salle de bain avant de m'aider à me coucher.
Je ne sais plus exactement comment s'est passée la suite, mais je suis presque sûre de lui avoir demandé de rester lorsqu'il s'est redressé pour s'en aller.
Je me souviens parfaitement des battements presque violents de mon cœur lorsque j'ai réalisé qu'il allait partir et me laisser à nouveau seul, et je revois parfaitement ma main attraper vivement son poignet, les yeux écarquillés.
Est-ce que je l'ai supplié de rester ? De ne pas me laisser seule ? Très certainement... Tout ce dont je me souviens, c'est de l'avoir entendu me promettre qu'il n'allait nulle part mais qu'il descendait à la cuisine me chercher à boire.
-Romy...?
J'avale difficilement ma salive et tourne mon visage pour croiser son regard, les lèvres pincées.
Il m'observe de longues secondes, son regard passant sur chaque parcelle de mon visage avant que ses doigts ne glissent doucement sur ma tempe pour coincer une mèche derrière mon oreille.
-T'es toute blanche... il murmure, laissant doucement ses doigts glisser le long de ma joue qu'il caresse.
Je détourne un peu les yeux à ses mots, avalant difficilement ma salive en retenant au mieux mes larmes. J'ai tellement honte de la manière dont il m'a vu hier soir, tellement honte d'être devenue cette personne que je ne suis pas le temps de quelques heures.
Il est tombé amoureux de moi de la manière la plus simple possible, sans maquillage, sans artifice... bien loin de ce qu'il a découvert hier soir en venant me chercher. Je peux encore voir son regard sur ma robe lorsqu'il est entré dans la salle de bain... J'ai honte qu'il m'ai vu comme ça et dans cet état.
-Tu es malheureuse... il chuchote tristement, ses doigts continuant à caresser mon visage.
Mon regard bordé de larmes rencontre à nouveau le sien, j'hésite quelques secondes avant de me laisser doucement tomber contre lui, ma joue posée contre sa poitrine.
Les bras de Junior s'enroulent aussitôt autour de moi, son odeur m'enveloppant un peu plus. Je réalise à quel point ça m'a manqué de l'avoir près de moi, de sentir son odeur rassurante.
Sans me décoller de lui, je resserre le pull qu'il m'a prêté hier soir autour de moi. Ce pull que j'ai refusé de quitter en me couchant hier soir. Junior m'a simplement aidé à retirer ma robe qu'il a jeté dans un coin de la pièce avant de m'aider à ré enfiler le pull, me recouvrant complètement de ses vêtements. J'ai dormi bien blottie dans son jogging et son gilet, son odeur m'enveloppant totalement, son corps près du mien.
-Et toi... j'ose murmurer doucement. Tu es malheureux ?
Je décolle mon visage de son torse et plonge mon regard dans le sien alors qu'il déglutit, hésitant avant de confirmer d'un très léger hochement de tête, les lèvres pincées.
-Vraiment très malheureux... il confirme dans un murmure.
-Mais tu préfères me protéger en m'abandonnant, quitte à nous rendre tous les deux malheureux... je réalise à voix basse.
Junior me fixe de longues secondes, hésitant et finit par soupirer en secouant négativement la tête. Je le vois fermer les yeux, les lèvres pincées et tout à coup, il attrape délicatement mon visage entre ses mains, plongeant ses yeux dans les miens.
-Je t'ai rendue malheureuse et je n'ai pas réussi à te protéger non plus... J'ai vraiment tout raté...
Sa gorge nouée laisse échapper un murmure tremblant qui me noue un peu plus l'estomac alors que je le fixe en retour.
-Tu as... tu as dit devant tout le monde qu'il n'y avait rien entre nous, je déglutis, encore terriblement blessée, même quelques semaines plus tard.
-Je voulais te protéger de tout ça... empêcher les rumeurs sur toi, faire taire tout le monde... Je ne pouvais pas supporter qu'on s'en prenne à toi.
-T'as préféré me laisser toute seule alors que... j'avais juste besoin de toi moi, je murmure, les yeux remplis de larmes.
-Romy...
-Je suis complètement perdue depuis que... t'avais pas le droit de m'abandonner comme ça...
Les doigts de Junior se resserrent doucement autour de mes joues, son regard brillant de larmes plongeant dans le mien à nouveau.
-J'ai paniqué, Romy... j'ai eu tellement peur qu'ils disent des choses horribles sur toi, qu'ils te harcèlent... je voulais que tout s'arrête, qu'il n'y ait plus d'articles.
-Les journaux... ils ont continué à dire des choses horribles sur toi, que t'aimes les filles plus jeunes et...
-J'aime pas les filles plus jeunes, il murmure.
-Ah non ?
-Je suis amoureux de toi, juste de toi, et ça serait le cas dans n'importe quelle circonstances... que tu ai seize ans, vingt ou même trente ans je serais tombé amoureux de toi dans tous les cas.
J'avale difficilement ma salive, le cœur en déroute dans la poitrine en entendant ses mots.
-J'ai pas envie de continuer à me tenir loin de toi Romy... j'ai pas envie de faire semblant de ne rien ressentir pour toi alors que c'est complètement faux. On souffre tous les deux de cette situation, on n'est pas heureux... J'ai fait une énorme connerie.
Mes paupières se bordent un peu plus de larmes alors que je réalise ce qu'il est en train de dire. Je laisse tomber mon front contre le sien, le souffle tremblant alors que mon cœur bat à une vitesse incroyable.
-Est-ce que... est-ce que tu serais prête à me pardonner ...? A me laisser une deuxième chance ?
Ses mots m'arrachent un petit rire nerveux alors que mon cœur s'emballe brusquement dans ma poitrine.
-Tu m'as manqué... je me contente de murmurer après quelques secondes de silence.
Les lèvres de Junior se mettent à trembler doucement alors qu'un sourire incontrôlable étire le coin de sa bouche lorsqu'il comprend que oui, je suis prête à lui pardonner et lui laisser une autre chance.
-Tu m'as manqué aussi.
Lorsque nos lèvres s'effleurent enfin, timidement et tendrement, mon cœur s'emballe dans ma poitrine, vite et fort. Junior sourit contre ma bouche, sa main glissant doucement dans mes cheveux emmêlés.
Nous sursautons tous les deux en entendant quelques coups contre la porte et Junior rit un peu en se reculant, un sourire incontrôlable aux lèvres.
-Je venais juste voir si ça allait, sourit mon père en passant sa tête dans l'embrasure de la porte.
Je tourne mon visage vers le sien, un sourire heureux aux lèvres et hoche doucement la tête, soulagée.
Papa comprend immédiatement et me sourit tendrement en retour avant de lancer un regard à Junior à qui il sourit aussi.
-On va prendre le petit déjeuner tous ensemble, Louis est en train de préparer tout ce qu'il faut, vous venez ?
-On arrive, confirme Junior.
-Parfait, on vous attend.
Mon père ressort mais réapparaît quelques secondes plus tard, poussant la porte complètement.
-Les règles n'ont pas changé par contre, la porte reste ouverte.
Mon rire se mêle à celui de Junior qui hoche vivement la tête et je lance un regard entendu à mon père.
-Promis papa.
Mon père disparaît à nouveau, tout sourire. Junior embrasse tendrement ma joue et se redresse pour se lever mais je l'arrête en attrapant sa main.
-Junior...
-Oui ?
-Promet moi quelque chose.
Mon petit ami fronce un peu les sourcils et se rassoit contre moi, m'interrogeant du regard.
-Ne fait plus jamais ça, s'il te plaît. C'était beaucoup trop dur à supporter sans toi. Si ça arrive à nouveau, si les gens parlent sur nous, essayent de nous faire du mal... pitié ne me laisse pas encore une fois toute seule.
-Je suis désolé... il murmure à nouveau.
-On s'en fiche de ce que les gens pensent de nous. Nous on sait ce qu'on veut, qu'on est bien ensemble et nos parents nous soutiennent et ont confiance en nous, c'est tout ce qui compte.
Son regard ému croise quelques secondes le mien et un petit sourire étire le coin de ses lèvres avant qu'il ne m'attire dans ses bras, mon visage plongeant immédiatement dans son cou, les yeux fermés.
-Tu as raison, c'est tout ce qui compte.
Point de vue de Louis.
Mes doigts tapotent nerveusement le bord de ma tasse, regardant le petit-dej que j'ai préparé. Passé l'euphorie, j'ai passé une bonne partie de la nuit à me demander s'ils ne profitaient pas de cette occasion pour trop se rapprocher, ou si cette réconciliation aidera Romy, même si elle ne mènera pas à une relation de couple.
Mon mari pose ses mains sur mes épaules, me tirant un peu de mes pensées.
- Arrête de stresser, ils vont descendre.
- Je ne stresse pas.
- Non, à peine, il rit en m'embrassant dans le cou. Papa poule...
- Parce que tu l'es moins que moi ? je souris en prenant une gorgée de mon thé.
Il n'a pas le temps de me répondre car on entend des pas dans l'escalier. Il ne faut que quelques instants pour que les deux jeunes apparaissent en se tenant timidement la main.
- Junior ! s'exclame Léo en levant son visage endormi de son bol, soudainement bien plus réveillé.
Il abandonne ses céréales pour aller vers mon joueur et lui saute dans ses bras, l'obligeant à lâcher la main de Romy qui s'approche de la table pour embrasser ma joue et celle de son père.
- Ça va, mon ange ? je chuchote en lâchant ma tasse pour effleurer sa joue.
Elle acquiesce malgré son visage fatigué et s'assoit de l'autre côté de la table. Junior nous rejoint pour s'asseoir à côté de Romy, portant toujours Léo dans ses bras.
- Bien dormi ? je demande en les regardant.
Ils hochent la tête en même temps alors que Léo tend le bras pour récupérer son bol et rester sur les genoux de Junior.
- Viens-là, mon coeur. Laisse Junior déjeuner tranquille.
- Ça ne me dérange pas, sourit mon joueur en aidant Léo à s'installer.
C'est vrai qu'il a parfaitement su s'intégrer à la famille et a beaucoup manqué à notre petit dernier. Harry pousse l'assiette de pancakes vers eux et rappelle à Junior de se servir comme d'habitude.
Romy mange à peine et j'avoue que ça ne rassure pas mes craintes. Elle a l'air vraiment épuisée et le regard inquiet que Junior passe sur elle commence à me stresser.
- Alors ? Qu'est-ce que ça donne ? je lâche sans vraiment réfléchir.
- Louis, rigole mon mari. Y a des manières plus douces de demander...
- Ça va, je pense qu'ils ont l'habitude.
Junior sourit en prenant un bout de son pancake et regarde à nouveau Romy qui lui sourit aussi.
- On va... si ça vous va, bien sûr... On va retenter et ne plus faire attention à ce qui passera dans les médias. Nous on sait que ce qu'il y a entre nous est sincère et c'est tout ce qui compte.
- Je pense que c'est une très bonne idée, sourit mon mari. On ne va rien dire pour ce soir étant donné les circonstances, mais la prochaine fois...
- On vous demandera avant si je dois passer la nuit ici, approuve Junior.
Mon portable vibre sur le bord de la table et je décroche aussitôt en voyant que c'est Eden.
- Salut mon grand, je souris. Tu tombes à pic pour le petit déjeuner en famille. Ça va ?
- Salut papa... Romy est là ?
- Romy ? Oui, elle est là...
Je l'entends souffler profondément alors que mon regard croise celui de ma fille, qui se détourne aussitôt. Junior fuit tout aussi vite mon regard.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je peux lui parler ? demande Eden.
- Pourquoi ?
J'ai vraiment un très mauvais pressentiment là... Pourquoi il ne l'a pas appelé sur son portable ? Je sens qu'Eden hésite, il a toujours été très loyal envers sa sœur, gardant tous ces secrets... alors ça ne me rassure pas du tout. Harry m'interroge du regard et je secoue mes épaules, espérant qu'Eden cède.
- Elle... va bien ? chuchote mon aîné.
D'accord, j'avais raison de m'inquiéter. Romy essaye de continuer son petit déjeuner et tente de ne rien laisser paraître.
- Bon, vous allez finir par le savoir alors... c'est pas vraiment trahir, là... Si ?
- Eden.
Au ton de ma voix, il comprend qu'il ne vaut mieux pas tourner autour du pot.
- Je vais aller prendre ma douche, murmure Romy en se levant.
- Tu restes à table.
Elle se fait toute petite sur sa chaise alors que Junior prend sa main sous la table. Léo nous regarde tous, ne comprenant pas trop ce qu'il se passe.
- Elle était à une soirée hier soir... J'ai vu des vidéos, des photos... Junior était avec elle.
- Non, c'est pas possible, ils étaient à la maison, je soupire en secouant la tête.
- Papa, c'était bien elle.
Donc elle est sortie en douce ?
- Ok, je te rappelle.
Je coupe l'appel et jette mon portable sur la table avant de regarder les deux jeunes fêtards. Je suis vraiment partagé entre plusieurs émotions. La colère et la déception qu'ils nous aient tous les deux menti pour la première fois, que Romy ait quitté la maison en douce. Il y a aussi l'inquiétude de ne pas encore savoir ce qu'il s'est passé à cette fête. Pour que ça soit sur les réseaux ça ne doit pas être très glorieux...
- Léo, tu veux bien aller terminer dans le salon ? je demande en me levant. Je vais te mettre un dessin animé le temps qu'on débarrasse.
- Je peux avoir Cars ? il demande en descendant des genoux de Junior.
- Si tu veux.
Je l'aide à emmener son petit déjeuner dans le salon et lui mets son dessin animé. J'entends Harry demander à Romy et Junior ce qu'il se passe, mais aucun des deux ne parle.
Je retourne rapidement dans la cuisine et me lâche un peu.
- Romy t'a vraiment appelé ou vous vous êtes retrouvés à cette soirée ?
- Quelle soirée ? demande Harry en fronçant les sourcils.
- Junior n'y était pas... j'y suis allée seule et il est venu me chercher... quand ça n'allait pas.
- Tu as fait le mur ? Romy, mais...
Mon mari souffle en passant sa main dans mes cheveux. Son regard désespéré rencontre le mien et je sais que comme moi il ne sait plus quoi faire. Je me rassois et prends mon portable pour chercher ces vidéos. Ça ne me prends pas très longtemps... Il y a tout un tas d'articles reprenant les photos et vidéos qui ont été postées par des participants à cette soirée. Romy boit, elle est proche d'autres jeunes hommes, vraiment très maquillée et dans une robe extrêmement courte qu'on ne l'a jamais vu porter. Elle pleure sur quelques photos, et finalement un des "potes" de Junior les a filmé alors qu'ils se dirigeaient vers sa voiture. Romy porte maintenant le sweat de Junior et tient clairement à peine debout. Malgré la confiance qu'on a toujours eu envers Junior et ses intentions... je me pose des questions en les voyant vraiment collés dans la voiture.
Je passe mon portable à mon mari et je vois son regard se décomposer en deux secondes. Romy pleure silencieusement, alors Junior prend le relais, sans la lâcher.
-Romy était à cette soirée. Elle m'a appelé lorsqu'elle ne se sentait pas bien et je suis venu la chercher. Je lui ai prêté mes vêtements et l'ai aidée à s'habiller avant de rentrer. Elle s'est changée et comme elle n'était pas bien j'ai préféré rester.
-Je ne voulais pas non plus que tu t'en ailles, elle ajoute en tournant la tête vers lui.
Il esquisse un sourire en la regardant mais se reconcentre bien vite sur nous.
-Il ne s'est rien passé d'autre, ajoute Junior.
-Mais tu as bu ? souffle Harry en levant les yeux de mon portable. Romy, mais dans quel état tu t'es mise pour... pourquoi ?
Elle secoue légèrement les épaules en baissant la tête. Je ferme les yeux quelques secondes, essayant de trouver quoi dire, quoi faire...
Mais comment on a pu en arriver là ? Se retrouver dans ce genre de situation ? Notre fille de 15 ans fait le mur pour aller picoler en soirée. J'essaye vraiment d'être compréhensif, de me dire qu'elle traverse une mauvaise passe à cause de sa rupture... mais ça n'excuse pas tout. Au bout d'un moment, stop. Elle se met en danger, il aurait pu lui arriver n'importe quoi à cette soirée... mais d'ailleurs...
-Pourquoi tu pleurais ? Il s'est passé quelque chose ?
-Non, elle souffle. J'étais juste... l'alcool n'aidait pas mais j'étais surtout triste parce que je pensais que Junior serait là...
-Tu es sortie par la porte d'entrée ? demande Harry
-Celle de la véranda...
Il soupire et me tend mon portable. Nos regards s'accrochent et je comprends que comme moi il sait qu'on doit stopper ça. Le retour de Junior dans sa vie l'aidera peut être mais elle a fait le mur, elle a menti, bu de l'alcool... elle doit être punie. Mais comment ?
-Il va falloir qu'on discute de ta punition, décide Harry. Mais pour l'instant, je pense que tu devrais rentrer chez toi, Junior. On vous faisait confiance, mais là...
Il souffle en me regardant, me demandant silencieusement de le soutenir ou de prendre le relais.
-Oui, Junior tu vas rentrer chez toi. Merci de t'être occupé d'elle, même si j'aurais préféré que tu sois plus honnête cette nuit...
-Mais... chuchote Romy.
En un seul regard, Harry la fait taire. Comme moi il a eu peur mais il en a aussi marre. Elle est sortie en douce, on n'a rien remarqué. J'en reviens toujours pas... se mettre bêtement en danger pour voir Junior alors qu'elle avait juste à l'appeler... je ne comprends pas.
-Je vais rentrer, ça vaut mieux... merci pour le petit-dej et de m'avoir laissé dormir ici... et je suis vraiment désolé pour tout ça.
Il se lève et embrasse doucement la joue de Romy. Elle serre ses doigts, le retenant un peu mais fini par le lâcher.
Junior nous salue en s'excusant encore et dit au revoir à Léo avant de partir. Harry et moi restons concentrés sur notre fille.
-Je pense qu'on a été assez tolérants ces derniers mois, Romy. Là, c'est bon. Stop, on arrête.
-Je sais... pardon.
Elle se fait encore toute petite, se préparant à subir sa punition.
-Interdiction de stade ? je propose. Si tu veux voir Junior, ça sera ici et sous surveillance.
Harry approuve d'un mouvement de tête.
-Privée de sortie pendant un mois... donc l'anniversaire de ta copine Stella tu oublies.
-Et ton anniversaire... on va y réfléchir. Si tu respectes ta punition et que tu récupères le retard que tu as pris sur tes notes à l'école, on organisera la fête qui est prévue.
Mon mari semble aussi d'accord. J'ai du mal à me rendre compte si c'est juste ou non... mais j'espère que ça marquera le coup et que cette fois elle arrêtera vraiment ses bêtises.
Hello,
Comment allez vous ?
Voici le 20eme chapitre du tome 2 et nous espérons qu'il vous plait ?
On se concentre beaucoup sur Junior et Romy dans celui-ci, sur la manière dont ils vivent les choses tous les deux.
On attend vos avis avec impatience,
Lynn et Axelle ❤️