EN PLEINE LUCARNE

By Plusdouxquelesoleil

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Harry et Louis appartiennent tous les deux au monde du sport de haut niveau, avec des compétences bien différ... More

PRESENTATION
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37
CHAPITRE 38
CHAPITRE 39
CHAPITRE 40
CHAPITRE 41
CHAPITRE 42
CHAPITRE 43
CHAPITRE 44
CHAPITRE 45
CHAPITRE 46
CHAPITRE 47
CHAPITRE 48
CHAPITRE 49
CHAPITRE 50
CHAPITRE 51
CHAPITRE 52
CHAPITRE 53
CHAPITRE 54
CHAPITRE 55
CHAPITRE 56
CHAPITRE 57
CHAPITRE 58
CHAPITRE 59
CHAPITRE 60
CHAPITRE 61
CHAPITRE 62
CHAPITRE 63
CHAPITRE 64
CHAPITRE 65
CHAPITRE 66
CHAPITRE 67
CHAPITRE 68
CHAPITRE 69
CHAPITRE 70
CHAPITRE 71
CHAPITRE 72
CHAPITRE 73
CHAPITRE 74
CHAPITRE 75
CHAPITRE 76
CHAPITRE 77
CHAPITRE 78
CHAPITRE 79
CHAPITRE 80
CHAPITRE 81
CHAPITRE 82
CHAPITRE 83
CHAPITRE 84
CHAPITRE 85
CHAPITRE 86
CHAPITRE 87
CHAPITRE 88
CHAPITRE 89
CHAPITRE 90
CHAPITRE 91
EPILOGUE
TOME 2 - CHAPITRE 1
TOME 2 - CHAPITRE 2
TOME 2 - CHAPITRE 3
TOME 2 - CHAPITRE 4
TOME 2 - CHAPITRE 5
TOME 2 - CHAPITRE 6
TOME 2 - CHAPITRE 7
TOME 2 - CHAPITRE 8
TOME 2 - CHAPITRE 9
TOME 2 - CHAPITRE 10
TOME 2 - CHAPITRE 11
TOME 2 - CHAPITRE 12
TOME 2 - CHAPITRE 14
TOME 2 - CHAPITRE 15
TOME 2 - CHAPITRE 16
TOME 2 - CHAPITRE 17
TOME 2 - CHAPITRE 18
TOME 2 - CHAPITRE 19
TOME 2 - CHAPITRE 20
TOME 2 - CHAPITRE 21
TOME 2 - CHAPITRE 22
TOME 2 - CHAPITRE 23
TOME 2 - CHAPITRE 24
TOME 2 - CHAPITRE 25
TOME 2 - CHAPITRE 26
TOME 2 - CHAPITRE 27
TOME 2 - CHAPITRE 28
TOME 2 - CHAPITRE 29
TOME 2 - CHAPITRE 30
TOME 2 - CHAPITRE 31
TOME 2 - CHAPITRE 32
TOME 2 - CHAPITRE 33
TOME 2 - CHAPITRE 34
TOME 2 - CHAPITRE 35
TOME 2 - CHAPITRE 36
TOME 2 - CHAPITRE 37
TOME 2 - CHAPITRE 38
TOME 2 - CHAPITRE 39
TOME 2 - CHAPITRE 40
TOME 2 - CHAPITRE 41
TOME 2 - CHAPITRE 42
TOME 2 - CHAPITRE 43
TOME 2 - CHAPITRE 44
TOME 2 - CHAPITRE 45
TOME 2 - CHAPITRE 46
TOME 2 - CHAPITRE 47
TOME 2 - CHAPITRE 48
TOME 2 - CHAPITRE 49
TOME 2 - CHAPITRE 50
TOME 2 - CHAPITRE 51
TOME 2 - CHAPITRE 52
TOME 2 - EPILOGUE

TOME 2 - CHAPITRE 13

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By Plusdouxquelesoleil

Bonjour,

C'est assez inhabituel pour nous de laisser une note en début de chapitre mais cette fois-ci, nous pensons qu'elle est nécessaire.

Le chapitre 13 que vous vous apprêtez à découvrir a été très douloureux à écrire et le sera très certainement à lire, plus encore pour des personnes ayant été confrontés à la douleur du deuil un jour, que ce soit récent ou plus ancien.

Nous tenions à vous faire ce petit message pour vous prévenir et vous rassurer, si vous ne vous sentez pas de lire ce chapitre jusqu'au bout, que c'est trop douloureux, personne ne vous en voudra.

Nous tenons quand même à vous souhaiter bonne lecture,

Lynn et Axelle ❤️

Point de vue de Louis.

-Bon, les gars, on reste concentrés. Et s'il vous plaît... éviter de trop brusquer l'un des attaquants de Manchester, je plaisante sous l'œil attentif de mes joueurs. Y en a un auquel je tiens un peu trop.

Les joueurs rient de ma blague alors que mon portable sonne dans la poche de ma veste. Je le sors et perds un peu mon sourire en voyant que c'est Desmond. Anne m'a prévenu qu'ils n'étaient pas sûrs de venir assister au match car il avait été très fatigué aujourd'hui. Je décroche en sortant des vestiaires.

-Allô, oui ? Des ?

-C'est moi, Louis... Eden est avec toi ? J'essaye de l'appeler mais il ne répond pas.

-Il doit être dans les vestiaires avec son équipe, il met son portable en silencieux avant les matchs. Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Je voudrais l'encourager... lui souhaiter bonne chance contre la meilleure équipe d'Angleterre.

Je ris légèrement en prenant la direction des vestiaires de l'équipe adverse.

-Je vais voir si je peux te le trouver.

Je comprends qu'ils ne sont pas là, sinon il aurait directement été dans les vestiaires. Je n'insiste pas trop, me doutant bien qu'il est déjà assez déçu de ne pas venir.

En approchant des vestiaires, je vois Erik en sortir. Le coach d'Eden me salue avec un bref sourire, prêt à rejoindre le bord du terrain mais il s'arrête lorsqu'il comprend que je viens vers lui.

-Je peux t'emprunter Eden une minute ?

-Bien sûr... mais n'essaye pas de l'amadouer pour qu'il laisse Arsenal gagner, il est trop fidèle à sa nouvelle équipe.

-Qui ne tente rien n'a rien, je ris en toquant contre la porte ouverte des vestiaires.

Quelques joueurs lèvent les yeux vers moi, dont Eden qui était en train de vérifier ses lacets.

-Tu peux venir une minute ?

Il acquiesce et me rejoint aussitôt dans le couloir où je lui tends mon portable.

-Tiens, quelqu'un veut te parler.

Eden récupère mon portable et sourit aussitôt en entendant la voix de son grand-père.

-Vous êtes arrivés ?

Il perd un peu son sourire en comprenant qu'ils ne sont pas là, puis s'éloigne un peu pour discuter avec lui.

-Désolé papi, y a pas moyen. Arsenal va perdre.

Je m'éloigne un peu aussi pour leur laisser de l'intimité. Ça dure cinq bonnes minutes, durant lesquelles je vois le visage de mon fils se faner lentement.

-Je t'aime aussi... oui je te repasse papa.

Il revient vers moi pour me redonner mon portable et inspire profondément.

-Ça va ? je m'inquiète.

-Ouais, il est vraiment désolé de ne pas être là... je vais retourner avec les gars.

-D'accord... a tout à l'heure.

Il me prend brièvement dans ses bras, fuyant un peu mon regard. Je le regarde entrer dans les vestiaires avant de retourner de notre côté du terrain, mon portable de nouveau contre mon oreille.

-On a aucune chance de gagner contre Manchester aujourd'hui, je lance.

-Ça c'est sûr, il rit légèrement. Il ira loin, comme son père.

-Y a intérêt !

Desmond reste silencieux un petit moment alors que je continue à avancer dans le stade.

-J'aurais aimé être là pour voir ça.

-Tu seras là au prochain match. Eden comprend, ne t'inquiète pas.

-Oui...

Quelques collègues me font signe alors que je reste un peu à l'écart, me doutant que je n'entendrais plus rien une fois sur le bord du terrain à cause du bruit des supporters.

-Est-ce que ça va ? je demande doucement.

-Oui, très bien. Anne vient d'allumer la télé, on va regarder le match.

-D'accord. On passera vous voir dès qu'Harry aura terminé ses massages.

-On vous attendra. Bon match, Louis.

-Merci, coach.

Je raccroche et rejoins le reste du staff sur le bord du terrain qui est survolté... ça va être un sacré match.

Point de vue de Harry.

Je suis en pleine séance d'étirements avec un des joueurs de l'équipe lorsque mon téléphone sonne  sur mon bureau. D'un rapide coup d'œil, je vérifie l'appelant et sourit en apercevant le nom de ma sœur à l'écran. Elle sait que je ne réponds pas lorsque je suis en séance mais que je la rappelle généralement dans les minutes qui suivent.

Je laisse sonner en restant concentré sur mon patient et fronce un peu les sourcils lorsque la sonnerie retentit à nouveau. Ça par contre, c'est plus inhabituel. Je tente de ne pas me déconcentrer et attend que la sonnerie se coupe avant de parler au joueur.

-Tu peux te mettre sur le ventre ?

Smith confirme d'un hochement de tête et se retourne sur la table pour que je puisse me mettre à masser ses mollets. Je sens qu'il est courbaturé du match qu'ils viennent de faire, ses muscles sont tendus.

Quelques coups résonnent contre la porte et je suis surpris lorsqu'elle s'ouvre dans la foulée. Je me retourne vers celle-ci, prêt à engueuler le nouvel entrant mais mon corps se fige et mes sourcils se froncent lorsque mon regard se pose sur mon mari.

-Louis...? Je l'appelle doucement, le cœur accélérant brusquement dans ma poitrine.

Mon mari essuie ses joues couvertes de larmes en pinçant ses lèvres et pose quelques secondes son regard sur le joueur.

-Matt... tu peux nous laisser s'il te plaît ?

-Oui, Coach.

Je sens ma poitrine se comprimer et ma respiration devenir plus difficile alors que le milieu de terrain récupère ses affaires et quitte la pièce en vitesse, refermant la porte derrière lui.

Une énorme boule gonfle dans ma gorge alors que mon mari plonge son regard larmoyant dans le mien en approchant.

-Harry...

-Non... je le coupe dans un murmure en secouant vivement la tête, une première larme m'échappant.

Louis avale difficilement sa salive et baisse quelques secondes les yeux avant de les replonger dans les miens, vitreux et remplis de larmes.

Je sais, j'ai compris...

Je sais ce qu'il s'apprête à m'annoncer, je ne suis pas prêt à l'entendre.

Je me pince les lèvres en secouant brusquement la tête de droite à gauche. Non, non, non...

-Mon amour...

Un premier sanglot m'échappe, complètement étouffé.

-Non...

-Je suis désolé Harry...

Louis m'attire contre lui mais je résiste, les yeux plongés dans le vide. Non... c'est impossible.

-Viens la...

Cette fois-ci, je me laisse complètement faire, mon corps s'écroulant contre le sien alors qu'un sanglot plus fort m'arrache la gorge, la poitrine, le cœur...

-Non...

-Je suis là chéri, je suis la...

Je n'arrive même plus à réfléchir, à penser correctement. Mon cœur frappe avec force dans ma poitrine et mes mains tremblantes s'accrochent à la veste de Louis. Je m'agrippe de toutes mes forces à lui, mes jambes se dérobant à plusieurs reprises.

Tout se bouscule dans ma tête, violemment, brusquement. C'est trop à gérer, trop à encaisser. J'ai l'impression de ne plus savoir comment respirer correctement, comment gonfler à nouveau ma poitrine. J'étouffe.

-Il faut... j'halète en me détachant de lui, les jambes tremblantes. Ma mère...

-Gemma est avec elle, il me rassure aussitôt en prenant mon visage entre ses mains pour essuyer mes joues malgré le torrent de larmes qui continue a les envahir.

-Les enfants...

-Je vais appeler Niall, il les a déposés à la maison il n'y a pas longtemps... il va y retourner. Respire Harry...

-Il est... il est...

-Oui, murmure Louis en m'attirant contre lui à nouveau. Je suis désolé mon cœur.

-Il est où ? Je demande, la gorge nouée.

-Toujours à la maison... ils nous attendent avant de le faire emmener...

-Oh mon dieu... je réalise dans un sanglot.

-Harry, m'appelle doucement Louis en me forçant à le regarder.

Lui aussi a énormément de mal à parler, le gorge nouée et les joues couvertes de larmes.

-Je ne te lâche pas d'accord ? Jamais.

Je confirme d'un petit hochement de tête avant que mon mari ne m'attire à nouveau contre lui pour une longue et puissante étreinte.

Mes larmes ne coulent plus, mes sanglots se sont eux aussi arrêtés... La seule chose que je peux encore ressentir, c'est la douleur des battements de mon cœur et l'angoisse à l'idée de devoir annoncer à mes enfants que leur grand père ne les prendra plus jamais dans ses bras...

Une quinzaine de minutes plus tard, Louis me guide à travers le couloir, ses doigts fermement accrochés aux miens. Il a pris le temps de rassembler mes affaires et m'enfiler ma veste alors que je suis resté prostré au milieu de mon bureau, silencieux, le regard perdu face à moi, complètement sous le choc.

C'est terrible. Je pensais être préparé... on ne l'est jamais.

Je sens mes larmes monter à nouveau alors que Granit junior arrive au bout du couloir, face à nous. Merde, non, pas maintenant...

Le jeune joueur fronce les sourcils en nous apercevant et ralentit face à nous, inquiet.

-Est-ce que... il hésite, perdu.

-Pas un mot à Romy... s'il te plaît. Ne lui dit rien pour l'instant, explique calmement Louis en essuyant ses joues.

-Mais...

-Junior... s'il te plaît. Ne lui dit rien... contente toi d'être présent pour elle d'ici quelques heures... elle va en avoir besoin.

Le petit ami de ma fille semble comprendre ce qu'il se passe, son visage se décompose et son regard se braque dans le mien de longues secondes avant qu'il n'acquiesce en baissant tristement les yeux.

-C'est promis.

-Merci... je murmure avant de sentir les doigts de mon mari resserrer les miens alors qu'on reprend la direction des vestiaires de l'équipe adverse.

J'ai la nausée à l'idée de voir le monde de mon fils se briser dans quelques minutes.

Point de vue de Louis.

Harry reste silencieux alors qu'on s'approche des vestiaires de Manchester. On entend la musique à fond, les rires... ils fêtent leur victoire. Je n'ai pas la force de tirer Eden de tout ça... mais on ne peut pas lui cacher et Harry n'est clairement pas en état de lui annoncer.

Je me tourne vers mon mari et pose ma main sur sa joue. Il ferme les yeux en s'appuyant contre ma paume, laissant encore couler quelques larmes.

-Je vais le chercher. Tu m'attends là ?

Il acquiesce mais ne lâche pas pour autant ma main.

-Je reviens vite.

Ses doigts lâchent finalement les miens et j'entre dans les vestiaires après avoir frappé, essayant de garder un visage neutre.

-Pas trop déçu, coach Tomlinson ? me lance un des colocs d'Eden en me voyant.

J'inspire profondément, retenant les larmes qui reviennent et me concentre sur Eden qui se marre avec un de ses coéquipiers. J'ai si mal au coeur de l'arracher à ça, de l'obliger à quitter son équipe pour vivre une épreuve si difficile. Nos regards se croisent et son visage se décompose aussitôt.

-Papa ? il murmure.

-Tu... tu peux venir ?

Il acquiesce aussitôt, prenant son sac. Il ne s'est pas changé, portant encore sa tenue de match mais je pense qu'il comprend que je ne viens pas le chercher pour de rapides félicitations. On sort des vestiaires, quelques coéquipiers le saluent mais il répond à peine, me suivant en silence.

Harry n'a pas bougé, il se tient devant les vestiaires... et il craque à la seconde où il voit Eden. Les larmes coulent plus fort alors qu'il baisse la tête. Eden s'arrête, ses doigts serrant fort la manière de son sac. Rien qu'à son regard, je sais qu'il a compris. Le vide l'envahit d'un coup, dissipant toute la joie et l'euphorie de sa victoire.

J'ai l'impression que ce moment dure des heures. Eden lâche son sac et s'approche de son père pour l'enlacer. Ils se serrent fort l'un contre l'autre, les doigts d'Harry s'accrochent au maillot d'Eden.

Je n'arrive pas à bouger. Je n'arrive pas à respirer.

J'ai l'impression que mon monde s'effondre alors que je viens de perdre un pilier important de ma vie... et en plus de ma douleur, je suis écrasé par celle de mon mari et de notre fils.

***

Je me gare devant la maison et coupe le contact. Personne ne bouge dans la voiture. Harry et Eden sont restés silencieux depuis qu'on a quitté la maison d'Anne et Des... Il est quatre heures du matin, on a attendu que les pompes funèbres viennent le chercher après que le médecin ait constaté le décès.

Harry n'a pas versé une larme depuis un bon moment, il n'a pas beaucoup parlé non plus... en fait, depuis qu'il a vu son père il s'est muré dans un mutisme qui me fait peur. On a passé un petit moment tous les deux avec son père, dans un silence intense, puis il m'a demandé de les laisser.

Mon portable vibre dans le vide poche, je le prends pour ouvrir le message de Niall.

« Romy ne dort pas, elle voulait vous attendre. »

Je souffle en passant ma main dans mes cheveux avant de lui taper une réponse.

« Tu lui as dit ? »

« Non, je pense qu'elle veut voir Eden. »

« D'accord. On est devant, on arrive. »

Je verrouille mon portable et me racle la gorge.

-Romy n'est pas couchée.

Je vois Harry fermer les yeux et baisser la tête. Sa mâchoire se tend et je sais qu'il retient ses larmes à l'idée de devoir l'annoncer à sa fille maintenant.

-Je ne vais pas y arriver, il murmure si bas que j'ai peur de ne pas avoir bien compris. Je ne peux pas.

-Je sais, je vais le faire.

Je prends sa main et serre fort ses doigts, lui montrant que je suis là. Eden se détache pour se pencher vers Harry. Il l'enlace, se moquant du siège entre eux et pose son menton sur l'épaule de son père. Mon mari pose sa main libre sur celle de son fils et serre délicatement ses doigts.

-On est là, papa.

-Merci.

On reste un petit moment comme ça, jusqu'à ce qu'Eden le relâche.

-Il faut qu'on lui dise.

J'acquiesce, mon regard figé sur Harry. Il ne dit rien, mais lâche doucement ma main.

On descend de la voiture, Eden ne prend même pas son sac, on laisse toutes nos affaires. J'hésite un moment avant d'ouvrir la porte, laissant quelques secondes de plus à notre fille avant de faire chavirer son monde à elle aussi.

Est-ce qu'elle comprendra aussitôt comme Eden ou est-ce qu'il faudra lui dire ?

Niall vient nous accueillir, il me prend dans ses bras et je le remercie d'être resté jusqu'à ce qu'on revienne. Je l'ai prévenu alors qu'on se dirigeait vers la maison des Styles et c'est lui qui s'est proposé de rester en nous attendant.

Il presse l'épaule d'Harry, lui montrant son soutien mais ne le touche pas plus, n'osant pas l'étouffer.

J'avance vers le salon, le cœur battant bien trop vite. Romy est dans le canapé, collée contre Junior, ils somnolent tous les deux devant la télé. Je suis soulagé de voir qu'il est venu la rejoindre après le match. Elle se redresse aussitôt en me voyant et un immense sourire étire son visage.

-Enfin ! Qu'est-ce que vous fabriquiez ? Eden est...

Elle se tait subitement en voyant son frère apparaître, les yeux encore rouges et gonflés.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je m'approche et viens m'asseoir près d'elle, la gorge nouée. Je prends délicatement ses mains entre les miennes avant de plonger mon regard dans le sien.

-Mon coeur, il s'est passé quelque chose, et...

-Papa va bien ? elle me coupe le souffle court, inquiète de ne pas le voir.

Harry est resté dans l'entrée, ne pouvant certainement pas affronter la douleur de sa fille.

-Papa est là, ne t'inquiète pas. C'est papi, il...

Je n'ai même pas besoin de finir ma phrase que son regard se remplit de larmes et un énorme sanglot lui échappe. Je l'attire aussitôt contre moi, la berçant un peu.

Chacun de ses sanglots me brisent un peu plus le cœur.

Éden vient rejoindre notre étreinte et je serre fort les enfants, m'accrochant à eux autant qu'ils s'accrochent à moi.

Point de vue d'Harry.

-Elle dort ? Je murmure doucement lorsque Louis entre dans la chambre et referme la porte derrière lui.

Mon mari approche du lit et s'assoit près de moi. Il récupère ma main et se met à jouer doucement avec mes doigts.

-Oui. Junior est avec elle... Je sais qu'on en a pas parlé avant mais... il l'aide beaucoup je crois, rien que par sa présence.

Je confirme doucement en hochant la tête et pose ma tempe contre l'épaule de Louis, le regard figé devant moi. C'est horrible ce vide dans ma poitrine depuis plusieurs heures.

-Tu veux prendre une douche ? Ça te ferait du bien... il propose.

Je ne sais pas si j'en ai vraiment la force... j'ai juste envie de... je ne sais même pas de quoi j'ai envie. Dormir ? Je n'en serais pas capable. Je ne suis pas capable de fermer les yeux et de voir encore le corps sans vie de mon père.

Louis a raison, une douche ne me fera sûrement pas de mal.

Je me contente de confirmer doucement et suit mon mari lorsqu'il se lève pour rejoindre la salle de bain. Il ferme la porte derrière nous et met l'eau à couler avant de revenir doucement vers moi.

Ses lèvres embrassent tendrement ma joue durant quelques secondes et un léger soupir de soulagement m'echappe à ce contact. Ça me fait du bien de l'avoir à mes côtés.

Lentement, sans un mot, je retire mes vêtements un à un. J'ai l'impression d'être un robot depuis plusieurs heures, d'être enfermé dans mon propre corps, incapable de parler, de penser, de respirer correctement.

-Tu veux que je te laisse ? murmure Louis en caressant doucement ma hanche.

Ma poitrine se comprime en l'imaginant s'éloigner de moi. Je ne peux pas être seul, je ne peux pas me sentir encore plus vide que je le suis déjà.

-Non. S'il te plaît... je murmure, la gorge sèche.

Louis acquiesce aussitôt et pose quelques secondes son front contre le mien.

-Je suis là, mon amour.

Je ne réponds rien, incapable de trouver la force de dire quoi que ce soit. J'ai l'impression d'être en chute constante dans le vide... de ne pas pouvoir me raccrocher à quoi que ce soit. Ce vide me broie la poitrine, c'est étouffant.

Je me glisse sous l'eau chaude, perdu dans mes pensées. Je ne cesse d'être envahi des images de la soirée. Louis dans mon bureau, les larmes d'Eden, le teint blanc et épuisé de ma mère, la longue étreinte de ma sœur... et le corps sans vie de mon père, assis dans le canapé familial face à la télévision... ce même canapé où nous avons rit tant de fois, partagés tant de choses en famille.

Il a laissé échapper son dernier souffle alors que Eden marquait le seul et unique but de la soirée, quelques minutes avant la fin du match, offrant la victoire à Manchester. Il a vu le sourire rayonnant de son petit-fils une dernière fois avant de s'en aller naturellement, son cœur cessant de battre.

Je sursaute un peu en sentant les bras de Louis s'enrouler autour de ma taille, son corps se collant doucement dans mon dos. Je ferme les yeux en sentant ses lèvres contre ma nuque et bascule ma tête en arrière, me calant contre lui.

Et soudainement, le vide énorme de ma poitrine est remplacé par une pression douloureuse qui gonfle, gonfle, gonfle... et explose.

Un violent sanglot m'arrache la gorge, perçant le silence qui nous entoure, rapidement suivi d'un deuxième, et un troisième. Les bras de Louis se resserrent autour de moi alors que je m'écroule et ses lèvres se pressent tendrement contre mon épaule.

-Je te tiens, il murmure aussitôt.

Et c'est tout ce qu'il me manquait jusqu'à maintenant pour m'autoriser à me laisser aller. J'ai l'impression que tout s'abat sur moi d'un coup et mon corps s'effondre contre le sien alors que les larmes me brouillent la vue. Mes barrières s'effondrent, le noeud présent dans ma gorge depuis des heures se défait et mon cœur se brise si fort que je ne suis pas sur de pouvoir le faire battre à nouveau correctement un jour.

Je fonds en larmes dans les bras de mon mari. Je relâche enfin toute la pression des dernières heures et laisse échapper ces cris de douleur étouffés jusqu'à présent.

Mon père est mort.

Point de vue de Louis.

Mes doigts glissent lentement sur la mâchoire de mon mari. Je n'ai fait que ça durant le reste de la nuit, parcourir délicatement sa peau en essayant de l'apaiser un peu. Je lui ai demandé plusieurs fois si il préférait que j'arrête car ça l'empêchait de dormir, mais il m'a assuré que non, au contraire.

Le soleil s'est petit à petit levé, mais nous n'avons pas fermé l'œil. Harry est resté silencieux, le regard perdu dans le vide la plupart du temps.

On sait tous les deux que Léo va se lever d'une minute à l'autre et viendra nous rejoindre dans la chambre, brisant notre petite bulle.

Mon mari lève doucement sa main pour tenir mon poignet, son pouce caressant l'intérieur de ma paume alors que son regard est toujours rivé dans le mien. C'est le premier geste qu'il fait depuis qu'on s'est couché.

-Excuse-moi, il murmure, la voix un peu rauque et cassée d'avoir tant pleuré.

-Quoi ? je demande en fronçant les sourcils.

-Je ne t'ai même pas demandé comment tu allais.

J'avale difficilement ma salive et colle mon front contre le sien.

-J'ai mal pour toi, je murmure en descendant ma main sur son torse, m'arrêtant juste au niveau de son cœur. J'ai mal pour les enfants.

-Et ta douleur à toi, Louis ? il demande en imitant mon geste, posant sa main sur mon torse. Ne l'étouffe pas, ne la tais pas pour moi.

C'est vraiment difficile de retenir mes larmes. Qu'est-ce que je peux lui répondre ? Que j'ai perdu la personne que je considérais comme un père ? Ça serait injuste alors que lui a perdu le sien.

J'ai perdu une des personnes en qui j'avais le plus confiance, un de mes piliers... mais je ne peux pas lui dire ça. Je ne peux pas craquer.

-Ma douleur ne sera jamais comparable à la tienne.

Harry ferme brièvement les yeux, échappant quelques secondes à mon regard.

-Tu sais une des premières choses que j'ai aimé chez toi ?

-C'est vraiment le moment de parler de ça ?

Il esquisse un très bref et furtif rictus en se reculant pour me regarder.

-L'admiration et l'amour que tu avais pour mon père, chuchote mon mari en caressant ma joue. Alors si, ta douleur est légitime, mon amour.

Je suffoque soudainement, pris de panique. Je me redresse aussitôt, cherchant de l'air alors que les larmes ravagent mes joues. Cette douleur horrible me serre la poitrine, me privant d'air.

« Ta douleur est légitime. »

De simples mots qui laissent cette souffrance insupportable me submerger. Je retiens difficilement mes sanglots alors que mon mari m'enlace, pleurant contre mon épaule. Je m'accroche à son bras qui m'entoure, essayant de me calmer alors que tout ce qui tourne dans ma tête c'est que Desmond ne sera plus derrière moi, qu'il ne me soutiendra plus comme il l'a toujours fait... plus jamais je n'aurais sa main sur mon épaule, son regard tendre et encourageant.

-Il t'aimait comme un fils, murmure Harry. Il était si fier de toi, Louis.

Je ne peux plus respirer. L'air reste bloqué dans les poumons. Je ferme les yeux, essayant de me calmer. Je me concentre sur l'étreinte de mon mari, sur son souffle contre mon cou, son cœur que je sens battre si rapidement contre mon bras.

Et toute cette panique se stoppe net lorsque j'entends la porte de Léo s'ouvrir. Le bruit de ses pas résonne douloureusement en moi. Je ne suis pas prêt. Pas maintenant.

-Harry, je panique. Je peux pas le...

La voix d'Eden dans le couloir me coupe aussitôt.

-Attends, Léo... viens avec moi, on laisse les papas pour l'instant.

-Mais je voulais...

-Ils vont nous rejoindre tout à l'heure, promis.

-D'accord... t'es triste parce que l'équipe de papa a perdu hier ?

Mon cœur se comprime en comprenant qu'Eden pleure. Je n'arrive pas à bouger. Je devrais sortir, rassurer Eden et expliquer la situation à Léo.

-On ne peut pas le laisser gérer ça, je chuchote.

-Tu ne peux pas le faire maintenant... laisse le faire, Léo va l'écouter, Eden a toujours les bons mots avec eux, il va savoir mieux que nous comment lui expliquer ça...

J'entends nos fils s'éloigner alors que je me remets à pleurer en serrant les dents. Je prends mon visage entre mes mains, me sentant minable d'abandonner notre petit dernier dans un moment pareil.

Harry me garde contre lui. Il ne pleure plus, mais je le sens épuisé, tout comme moi.

Je ne sais pas vraiment lequel de nous deux incite l'autre à se rallonger, mais on retrouve tous les deux mon oreiller. Harry ne me lâche pas et je ne le lâche pas. On s'accroche l'un à l'autre, nous soutenant autant que l'on peut.

C'est un peu plus tard, alors qu'on somnole tous les deux, épuisés par cette nuit, par cette douleur, par les larmes... qu'on entend deux petits coups contre la porte. C'est léger, à peine audible, comme si notre visiteur avait peur de nous déranger.

Je regarde Harry et il acquiesce lentement, son regard figé dans le mien pour s'assurer que c'est bon pour moi aussi.

-C'est ouvert, je lance, sans trop forcer sur ma voix cassée.

La porte s'ouvre tout doucement et la frimousse de mon bébé apparaît. Il a ce petit air triste qui me serre le cœur alors qu'il s'approche du lit.

-Je peux venir avec vous ? il demande d'une toute petite voix.

-Bien sûr, mon petit coeur.

Eden est sur le seuil de la chambre, semblant s'assurer que c'est bon pour nous. Ma gorge se noue alors que je retiens quelques larmes. Léo grimpe dans le lit et vient se blottir entre nous deux.

-Papi me manque déjà, il chuchote.

Harry ferme les yeux et embrasse les bouclettes de notre bébé.

-Il me manque déjà aussi, murmure mon mari.

Eden nous rejoint aussi, et quelques minutes plus tard c'est Romy qui s'incruste dans le lit, les yeux gonflés et rouges.

-Bah alors, t'as abandonné ton mec ? lance Eden, la taquinant un peu.

Une question toute bête qui nous fait sourire un peu et allège la pression autour de nos cœur.

-Il vient de rentrer chez lui, il voulait nous laisser en famille.

Je serre ma fille contre moi et embrasse ses boucles un peu emmêlées.

La présence de mes enfants m'apaise un peu, ou plutôt, elle camoufle la douleur et le vide immense qui s'est brutalement imposé en moi.

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