Point de vue de Harry.
Allongé dans notre lit, mon corps tourné vers le bord de mon lit de mon côté, j'écoute Louis dans la salle de bain. Je l'entends sortir de la douche, se brosser les dents... j'ai le sentiment qu'il traîne un peu plus que d'habitude ce soir et je comprends qu'il repousse encore la discussion que nous aurions dû avoir depuis plusieurs heures déjà.
Je suis soulagé qu'il ait réussi à discuter avec Romy, qu'ils se soient réconciliés. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit mais elle semblait aller mieux lorsqu'ils sont descendus tous les deux de sa chambre pour terminer leur repas.
J'ai eu un mal fou à endormir Léo au moment de le coucher... il n'a pas l'habitude de nous voir nous comporter ainsi l'un avec l'autre et j'ai rapidement compris que ça l'angoissait vraiment de nous sentir aussi froids devant lui. J'ai passé de longues minutes à le rassurer, à lui promettre que tout allait bien et qu'on s'aimait très très fort, que demain tout serait oublié... et honnêtement, je l'espère aussi.
Je déteste cette ambiance pesante qui règne dans la maison depuis que nous sommes rentrés du travail... Je déteste ne pas avoir eu mon mari dans mes bras depuis notre réveil ce matin.
On s'engueule tellement rarement que je n'ai pas l'habitude de devoir gérer tout ça. On est une équipe depuis tellement d'années, on fait tout ensemble, on décide tout ensemble et le désaccord que nous avons eu ce matin concernant Romy me tord l'estomac.
C'est la première fois que nous ne sommes pas d'accord concernant l'éducation de l'un de nos enfants et encore plus la première fois qu'on le montre.
Je ne sais même plus si l'erreur vient de moi ou non. Est-ce que j'aurai dû le soutenir ? Faire front avec lui malgré mon point de vue différent ? Il était en train de braquer notre fille, de perdre sa confiance...
On a toujours demandé à nos enfants de communiquer avec nous, quoi qu'il arrive... Louis n'en a pas laissé la possibilité à Romy ce matin, et je crois que la situation serait bien plus dégradée encore si je n'étais pas intervenu...
Au delà de son point de vue avec lequel je n'étais pas d'accord... il y a la manière dont il m'a parlé, les mots qu'il a prononcés. Il m'a blessé, vraiment blessé.
Il m'a ouvertement reproché devant notre fille de ne pas lui laisser jouer son rôle de père alors qu'on met un point d'honneur à ne pas se sentir exclus de l'éducation de nos enfants malgré la génétique de chacun depuis la naissance d'Eden.
C'était injuste et m'a fait sentir vraiment coupable alors que je suis certain au fond de moi de ne pas l'avoir fait.
Je sors un peu de mes pensées en l'entendant sortir de la salle de bain pour venir se coucher à son tour. Louis éteint les lumières et vient s'allonger de son côté du lit en silence. Je réfléchis, je cherche un moyen d'aborder le sujet sans le braquer, sans créer de nouvelle dispute mais c'est assez compliqué.
Je ne sais pas s'il est prêt à en discuter calmement.
-Ca a été avec Romy ...? Je décide de me lancer dans un murmure.
-Oui.
Le silence nous entoure à nouveau et mon coeur se serre de le sentir si froid et distant. Je déteste ça. Je détestais déjà ça au début de notre relation, c'est encore le cas aujourd'hui. Je soupire longuement, le regard plongé dans l'obscurité devant moi, face au mur.
-D'accord... Bonne nuit.
Louis ne répond rien. Il ne me souhaite pas bonne nuit, ne me dit pas qu'il m'aime, ne m'embrasse pas. Rien. Je l'entends simplement respirer dans mon dos, encore et encore. Je me pince les lèvres, incapable de retenir le souffle tremblant qui m'échappe. Je déteste sentir mon coeur battre aussi fort, aussi vite et de manière si désordonnée.
Plus les minutes passent, plus c'est difficile de rester stoïque dans le lit, de ne pas bouger, ne pas parler, ne pas me retourner... J'ai envie de me coller contre Louis, sentir sa chaleur contre moi, ses baisers dans mon cou. J'ai envie d'oublier toute cette journée et retrouver mon mari.
Je n'en peux plus, c'est trop. Je ne peux plus supporter ce silence, cette distance entre nous. Je rabats la couette et me glisse hors du lit. Je ne peux pas rester dans cette situation plus longtemps, c'est trop désagréable, trop douloureux.
Je contourne le lit en silence jusqu'au côté de Louis et hésite quelques secondes. Je pèse le pour et le contre et me décide finalement à attraper son bras que je soulève pour me glisser de force contre lui, entre le rebord du matelas et son corps.
Pendant plusieurs secondes, je suis terrifié à l'idée qu'il résiste, qu'il me repousse, mais Louis se contente de se décaler vers le milieu du lit pour me laisser me coller contre lui, dans ses bras.
Je soupire d'aise en sentant enfin son étreinte autour de moi.
Je ne peux m'empêcher de sourire un peu contre la peau de son cou. Les années passent et pourtant, notre manière de retourner l'un vers l'autre après une dispute ne change pas. C'est Louis qui a fait ça la toute première fois, qui s'est glissé de force dans mes bras alors que je pensais qu'il quitterai la chambre ce soir là... Depuis, ce rituel est revenu à chacune de nos disputes, recréant le dialogue entre nous plus facilement.
-Je suis désolé... il murmure doucement, ses bras se resserrant autour de moi avec douceur.
-Moi aussi, je cède en embrassant tendrement son cou. Je n'aurai pas dû te contredire devant Romy.
-Et moi j'aurai dû t'écouter... te faire plus confiance sur la manière d'aborder le sujet. Tu avais raison...
-On était d'accord Lou...
-Je sais, il soupire doucement en resserrant ses bras. J'ai paniqué... La savoir avec un garçon de cet âge là... ça me terrifie, famille xhaka ou pas. C'est un bébé...
Je souris tristement à ses mots et embrasse son cou à plusieurs reprises.
-Non... justement, c'est plus un bébé, je murmure. Je sais que ce n'est pas idéal et moi aussi j'aurai aimé qu'elle tombe amoureuse d'un garçon de son âge... mais si on entre en guerre avec elle à ce sujet, elle nous le fera payer et testera nos limites... On ne veut pas que ça arrive, pas vrai ?
Louis secoue négativement la tête, un long soupir lui échappant par la même occasion.
-Alors on la laisse faire ? On la laisse sortir avec un garçon presque majeur ? Il souffle, la voix coincée au fond de sa gorge. Je ne vais pas être capable Harry...
-Je ne sais pas chéri... je murmure, aussi perdu que lui. Je crois que si elle est réellement amoureuse, on ne pourra rien faire pour empêcher que ça arrive...
-Et si elle couche avec lui ? Si elle...
Il panique complètement, je l'entends au ton de sa voix. Je relève mon visage vers le sien et pose mon front contre le sien, fermant quelques secondes les yeux.
-Elle ne le fera pas.
-Comment tu peux en être si sûr ?
-Elle n'est pas prête, je suis sûr de ça. Et si jamais ça venait à être le cas, notre fille est assez intelligente et réfléchie pour aller en parler à quelqu'un avant de faire quoi que ce soit.
-Elle n'oserait pas venir nous en parler, même si on lui répète qu'elle peut.
-A nous non, mais à Gemma oui.
Louis semble réfléchir à mes mots quelques secondes avant d'acquiescer doucement. Romy et Gemma ont toujours eu une relation assez fusionnelle. Quand on a appris qu'on allait être parents d'une petite fille, ma sœur a promis de nous aider, de prendre soin d'elle à certains sujets si elle venait à avoir du mal à les aborder avec ses deux papas un jour.
-J'espère... murmure mon mari.
-Tout ira bien Louis, je chuchote en retour, glissant mes doigts dans le bas de son dos. On est une équipe d'accord ? On va gérer ça ensemble.
-On est une équipe... il confirme en collant un peu plus son visage au mien.
-Alors à l'avenir, évite de me reprocher de t'évincer de ton rôle de père avec Romy quand je ne le fais pas, s'il te plait...
-Je t'ai vraiment beaucoup blessé ? il murmure, sa main remontant doucement dans ma nuque.
-Ça et la manière dont tu m'as parlé... oui, j'avoue doucement.
-Je suis désolé mon amour, vraiment désolé.
Je souris un peu à ses mots, ma poitrine devenant immédiatement un peu plus légère. Ça fait un bien fou.
-Je t'aime, j'aime pas quand on se dispute.
-On est trop vieux pour ça.
Je ris à ses mots et embrasse délicatement ses lèvres.
-Toi t'es vieux, pas moi.
Louis rit de bon cœur et bascule doucement par-dessus mon corps, glissant naturellement entre mes cuisses.
-J'allais te dire que je t'aime aussi... mais tu m'as vexé, il sourit malicieusement.
-Oh... je ris en remontant ma main le long de son dos, sentant sa peau frissonner sous mes doigts. Je peux peut-être me rattraper...?
-J'espère bien...
Point de vue de Louis.
Le réveil sonne, et c'est vraiment difficile d'émerger. Je tends le bras par-dessus mon mari, me collant exagérément contre lui pour éteindre ce maudit réveil.
-Encore 5 minutes, je marmonne contre son cou.
Il se déplace, juste assez pour réussir à atteindre mes lèvres ce qui me fait sourire. J'enlace mon mari avec douceur, savourant la chaleur de sa peau contre la mienne.
-Merci, je chuchote contre ses lèvres.
-Depuis quand tu me remercies pour ça, il rigole en embrassant ma mâchoire.
-Mais non, pas pour ça, je ris aussi en prenant son visage entre mes mains. Merci de faire le premier pas quand je n'arrive pas à le faire. Merci de ne pas me laisser tout foirer. Tu es un bien meilleur mari que moi, je tente de plaisanter. Parfois je me demande comment tu fais pour me supporter.
Il esquisse un sourire et se penche pour retrouver brièvement mes lèvres.
-Tu es un mari incroyablement tendre et aimant, je ne pouvais pas rêver mieux... et je te supporte parce que je t'aime et je te connais. Je sais que dans ces rares moments, tu es difficile parce que tu paniques.
Je souris en caressant sa joue et me penche pour retrouver ses lèvres. Un bref baiser car le réveil sonne à nouveau. Harry soupire et embrasse délicatement mon torse alors que son bras se resserrait sur ma hanche pour me tenir contre lui.
-Il faut qu'on se lève.
-C'est si dur, je souffle.
Dans le couloir, les pattes des chiots grattent le parquet alors qu'ils chouinent un peu.
-Ouais, faut qu'on se lève.
Je butine tendrement ses lèvres et fini par pousser la couverture pour me lever mais ses bras m'entourent à nouveau pour m'attirer contre lui et me forcer à rester dans le lit. J'éclate de rire en me laissant faire alors que sa bouche couvre mes épaules de baisers. Je nous préfère tellement comme ça...
-Je t'aime, je chuchote.
-Je t'aime aussi.
De petits coups sont frappés à la porte et je souris avant de dire à Léo d'entrer. Depuis qu'on a les chiens on n'a plus besoin de le réveiller le matin, ils s'en chargent presque involontairement pour nous.
La porte s'ouvre sur notre bébé alors qu'Harry est toujours collé contre mon dos. Son petit regard bleu nous fixe et il hésite clairement à s'approcher.
-Tu peux venir, mon coeur.
Il trottine jusqu'au lit et vient se blottir contre mon torse.
-Vous êtes plus fâchés ? il murmure.
-Non, je souris en embrassant ses boucles. On n'est plus fâchés.
-J'aime pas quand vous êtes fâchés.
-Je sais mon petit coeur, chuchote Harry en s'asseyant à côté de moi au bord du lit. Pardon pour hier soir.
Ses bras forts nous enlacent tous les deux et je souris en cachant mon visage contre son cou. Léo serre le bras de son papa, lui faisant un câlin en étant à moitié couché sur nous deux. On reste un petit moment sans rien dire, juste à se câliner... et malheureusement l'heure tourne, il va falloir qu'on aille à l'école et au travail.
***
- Pourquoi tu me manques déjà alors qu'on est dans le même bâtiment ? je soupire en m'asseyant derrière mon bureau, mon portable collé à l'oreille.
On se dispute très rarement, c'est vraiment exceptionnel mais quand ça arrive il y a cette petite période qui suit la réconciliation où on a un peu plus besoin de l'autre que d'habitude. Je pense qu'on essaye de se rassurer, de se montrer qu'on s'aime toujours autant et qu'une petite dispute ne nous séparera certainement pas.
Son petit rire résonne dans mon oreille alors que j'allume mon ordinateur.
- Tu me manques aussi. On peut déjeuner tous les deux ce midi ?
- Dans ton bureau ? je souris aussitôt. De quel genre de déjeuner tu parles ?
- D'un vrai, avec de la nourriture, il rigole encore. Louis, les joueurs vont commencer à arriver...
- Mmh... on a encore cinq minutes. Tu ne veux pas venir dans mon bureau pour une fois ? Au moins on ne sera pas dérangé.
A peine ai-je fini ma phrase qu'on frappe à la porte de mon bureau. Je souffle en passant ma main dans mes cheveux.
- J'ai parlé trop vite, je chuchote pour mon mari. C'est ouvert ! je lance un peu plus fort.
La porte s'ouvre et mon sourire se fane instantanément en voyant Xhaka Junior se tenir sur le seuil, l'air un peu gêné. Qu'est-ce qu'il veut celui-là ?
- Faut que je te laisse... tu peux venir dans mon bureau s'il te plaît ? je demande avant de raccrocher. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Bonjour, je... est-ce qu'on peut parler deux minutes ?
Sa main toujours sur la poignée, il hésite clairement à s'enfuir. Du menton je lui désigne les sièges en face de mon bureau et il referme aussitôt la porte pour venir s'asseoir.
Il faut que j'essaye de rester calme. Junior n'est même pas encore officiellement dans l'équipe, je ne peux pas lui en faire baver dès maintenant.
- De quoi tu veux parler ?
Je l'observe et ce qui est sûr c'est que Xhaka ne peut pas le renier. C'est la même tête de p'tit con, le même regard... pas la même assurance, mais il est encore jeune. L'assurance viendra très vite.
- De mon intégration à Arsenal... J'ai conscience que c'est une opportunité incroyable que vous m'offrez aussi jeune... mais je dois la refuser.
Je cligne plusieurs fois des yeux, sous le choc. Après le bordel que son père a foutu pour qu'il intègre l'équipe, il refuse ?
- D'accord... tu as eu une meilleure proposition ailleurs ?
- Non, c'est pas ça...
Il reste silencieux, cherchant ses mots en jouant nerveusement avec ses doigts.
- Bon, on ne va pas tourner autour du pot. Tu me dis maintenant ce qu'il se passe et on avisera.
- C'est à cause de Romy, il lâche soudainement en relevant la tête vers moi.
Là, mon cœur s'arrête pendant quelques secondes. J'inspire profondément et essaye de ne pas m'emballer trop vite.
- Il va falloir que tu sois plus clair.
- Vous avez dit que si je signais avec Arsenal je ne devais pas lui parler, alors... je ne signe pas. Je peux trouver un autre club, mais je ne peux pas... arrêter de lui parler.
Ok, alors là... je suis complètement sous le choc, et en même temps je panique d'un coup.
- Donc vous êtes ensemble ? C'est encore une ado, et toi tu es presque majeur. T'en as conscience de ça ?
- Il ne s'est rien passé entre nous. Rien de plus que des messages et des appels vidéos. On discute tous les jours, on parle de tout et de rien...
- Mais elle est amoureuse de toi.
Il avale difficilement sa salive et acquiesce.
- Je sais... et je le suis d'elle aussi. Mais j'ai aussi été clair avec elle, il se ne se passera rien pour l'instant.
Je ne sais pas ce qui me retient de lui en foutre une. "Je t'aime mais il ne se passera rien." A quoi il joue ? Évidemment qu'une jeune fille de 14 ans s'accrochera alors que lui en profitera ailleurs.
Harry choisit ce moment pour entrer dans mon bureau. Il nous regarde tour à tour, un peu surpris mais referme la porte.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
Point de vue de Harry.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande en refermant la porte.
Je m'approche du bureau que je contourne pour le placer derrière Louis, ma main venant automatiquement sur son épaule que je presse doucement dans un geste rassurant.
-Ce petit con... il...
Je peux immédiatement sentir à quel point mon mari est tendu et énervé alors je prends le temps de glisser mes doigts dans sa nuque que je caresse délicatement avant de relever mes yeux dans ceux de Granit Junior.
-Qu'est-ce que tu as fait ? Je demande calmement.
Le jeune homme me regarde quelques secondes avant de baisser les yeux en pinçant ses lèvres, gêné.
-Je... j'étais venu dire au coach que je ne voulais pas signer avec Arsenal si...
-Si quoi ? Je l'encourage.
-Si ça veut dire que je dois laisser tomber Romy.
Le choc que provoque ses mots est si brutal que je suis obligé de m'accrocher à l'épaule de Louis qui se tend un peu plus.
-Mais... Je souffle, complètement choqué.
-Il est apparemment amoureux d'elle putain ! s'exclame Louis en se tournant vers moi. C'est la meilleure ca !
Je baisse mes yeux vers mon mari et plonge de longues secondes mon regard rassurant et apaisant dans le sien. Il ne doit pas s'emballer comme ça, on en a parlé hier soir. Il semble le comprendre assez vite car son corps se détend un peu.
-Calme toi... je murmure avant de me concentrer à nouveau sur Junior.
Je le fixe de longues secondes, mon sang bouillant un peu dans mes veines. Moi aussi ça me démange de me mettre en colère et d'imprimer dans sa tête de petit branleur de ne pas s'approcher de ma fille... mais je viens de raisonner Louis alors... ça serait mal venu de ma part.
-Elle a quatorze ans.
-Je sais... il soupire doucement en baissant les yeux quelques secondes avant de les relever vers moi. Je sais que ça peut paraître... fou, et que vous devez être vraiment en colère contre moi mais... je n'ai pas pu l'empêcher. Elle est... évidemment elle est incroyablement belle et...
Junior se tasse dans sa chaise sous le regard noir que Louis braque sur lui en se redressant vivement dans son fauteuil, les poings serrés. Il hésite quelques secondes et se racle la gorge avant de reprendre, la voix légèrement chancelante.
-Mais c'est pas ça, il reprend en plongeant son regard dans celui de Louis avant de le relever vers moi. C'est pas juste sa beauté qui m'a... putain.
Il souffle en passant une main tremblante dans ses cheveux avant de prendre une grande inspiration, se redressant dans sa chaise.
-C'est pas de sa beauté dont je suis tombé amoureux. Romy elle est... elle est drôle, intelligente, à l'écoute... Elle est capable de parler de ce qui la passionne pendant des heures sans jamais perdre son sourire et... c'est de tout ça dont je suis amoureux.
Je le fixe de longues secondes, les yeux écarquillés. Oh putain.
Je resserre mes doigts sur l'épaule de Louis en le sentant se tendre un peu plus.
-Louis.
Mon mari avale difficilement sa salive et relève ses yeux tout aussi choqués vers moi, paniqué.
-Et je sais qu'elle n'a que quatorze ans et qu'elle est trop jeune pour...
Junior rougit un peu en croisant mon regard rempli d'avertissement.
-Je ne compte là forcer à rien du tout, vous pouvez me croire. Je suis prêt à l'attendre, à attendre qu'elle soit plus âgée.
-Et aller te taper tout ce qui bouge en attendant qu'elle soit en âge ? S'emporte brusquement Louis.
Les yeux du jeune joueur s'écarquillent aux mots de mon mari avant qu'il ne secoue négativement la tête.
-Non, non. Je ne suis pas comme ça. Ça ne m'intéresse pas tout ça.
Je caresse délicatement la nuque de Louis pour le calmer, l'apaiser. Ça met quelques minutes mais il finit par se calmer. Je l'entends prendre une longue inspiration avant de poser ses coudes sur son bureau, son regard braqué dans celui du joueur qui semble soulagé d'avoir parlé.
-Écoutes moi bien, il commence. Tu vas signer à Arsenal, amoureux ou pas amoureux de ma fille.
-Mais... je...
-Si tu dois lui tourner autour, je compte bien te garder à l'œil.
Je retiens le petit sourire amusé qui menace de m'échapper aux mots de mon mari et observe le joueur hocher vivement la tête en se relevant.
-Oui coach.
-Junior, je l'interpelle juste avant qu'il ne sorte du bureau.
Le jeune homme se retourne vers moi, hésitant.
-Ne la fait pas souffrir.
J'observe le fils de Granit hocher vivement la tête avant de nous remercier, quittant le bureau avec précipitation.
-Putain de merde, je m'exclame en me laissant tomber sur les genoux de mon mari.
Point de vue de Louis.
Je passe la main dans mes cheveux en soupirant. Quelle journée. Je me remets difficilement de notre discussion avec Junior. Je pense que ça fait trop d'un coup. Le départ d'Eden, Romy qui grandit... quelle idée on a eu de les avoir si rapprochés... au moins avec Léo on a le temps de voir venir. Mais après... ok, stop. Il faut que je pense à autre chose.
Je m'approche de mon mari et me blottie dans ses bras alors qu'il est concentré sur le cahier de liaison de Léo. Il m'enlace aussitôt, me rendant mon étreinte et embrasse furtivement mon cou.
-Ça va ? il s'inquiète.
-Non.
Il esquisse un sourire et dépose de légers baisers sur mon visage jusqu'à ce qu'un sourire étire mon visage.
-Je pensais à quelque chose tout à l'heure... ça ne va pas aider ton humeur.
-Dis toujours.
-Il va falloir qu'on ai la discussion avec Romy.
-Non... on est obligés ? je soupire.
-Pas vraiment... mais tu préfères ne rien dire et devoir gérer d'autres problèmes lorsqu'ils passeront le cap ?
-Hé, he, hé, je souffle. Si ça se trouve elle ne le passera pas avec lui et on a encore tout le temps de lui en parler.
Il grimace et effleure brièvement mes lèvres.
-Il faut qu'on lui parle, Louis.
-Je sais...
-Tu t'y colles ?
-Non, tu le fais. Et si on demandait plutôt à ta sœur ou à ta mère ?
-Ma mère, aussi adorable soit-elle, ne doit pas être vraiment à jour sur certains sujets. On essaye, et sinon on peut voir avec Gemma. Elle remplira son rôle de marraine.
La porte d'entrée s'ouvre et se referme. Les chiens sautent du canapé, délaissant Léo pour aller accueillir Romy. Je me détache un peu de mon mari, prêt à affronter ma fille. Elle doit être au courant de ce qu'il s'est passé avec Junior.
Notre jeune ado caresse les chiots en riant et laisse ses affaires dans l'entrée avant de nous rejoindre. Elle évite nos regards mais s'approche pour se blottir contre nous deux. Je suis un peu surpris mais l'enlace aussitôt, levant les yeux vers Harry. Lui aussi ne s'attendait pas à ça.
-Merci de lui laisser une chance, elle murmure.
-Alors, c'est pas vraiment...
Harry me pince les côtes pour me faire taire. D'accord, j'ai compris: C'est pas le moment. On profite de cette accalmie avant de rétablir la vérité sur l'intégration de Junior.
-Il t'a expliqué la discussion qu'on a eu tous les trois ? je demande en lui frottant doucement le dos.
-Oui, il m'en a parlé.
-Mon coeur, je commence en prenant son visage entre les mains. On te fais confiance, tu es une jeune fille incroyable. Papa et moi on sait qu'on a beaucoup de chance... mais j'ai besoin que tu nous promettes une chose. Juste une.
Elle acquiesce légèrement, son regard plongé dans le mien.
-Si tu ne te sens pas prête à faire quoi que ce soit avec lui... ou un autre... ne le fais pas. Si il insiste quand même tu nous en parles aussitôt, d'accord ? Je sais que ça peut être un peu gênant pour toi, mais c'est vraiment important.
-Je vous ai dit qu'on ne faisait rien, elle soupire en reculant pour échapper à mes mains. Tout va bien, jamais il ne m'obligera à quoi que ce soit.
J'espère vraiment qu'elle a raison et que ce n'est pas juste de la naïveté adolescente.
-D'accord, d'accord. J'espère vraiment qu'il attendra que tu sois prête... sinon il aura à faire à ton père et moi.
Je jette un coup d'œil vers Harry, qui acquiesce et semble surpris que je n'insiste pas plus ou ne m'emporte pas un peu. Il se racle la gorge, semblant brusquement mal à l'aise et je comprends qu'il va en profiter pour enchaîner.
-Et quand tu seras prête, il faut que tu saches que vous devez prendre certaines... précautions.
Romy rougit brusquement et se recule un peu en tirant sur les manches de son pull.
-Euh... on en n'est pas du tout là.
Y a plutôt intérêt...
-On sait ma puce, mais on préfère aborder le sujet... trop tôt, on va dire, que trop tard. Tu comprends ? Alors...
-Non, mais vraiment, pas besoin, elle soupire. J'ai vraiment pas besoin d'avoir cette discussion avec vous.
-Tu crois que nous on est emballés à l'idée de parler de ces choses d'adultes à notre bébé ? je grimace.
-Je suis plus un bébé, elle se plaint aussitôt. Je peux aller faire mes devoirs, c'est bon ?
Elle est vraiment très gênée, bien plus que nous j'ai l'impression. Alors on va utiliser la botte secrète qu'on a sorti lorsqu'elle a eu ses premières règles l'année dernière.
-D'accord... mais tu acceptes d'avoir cette discussion avec ta tante ? je cède, n'ayant vraiment pas envie d'insister.
Romy hésite, se mordillant la lèvre en baissant la tête.
-C'est vraiment important pour nous que tu sois au courant de certaines choses... on s'inquiète juste, on ne veut pas que tu te retrouves dans une situation compliqué, ou malade, ou...
-Tante Gemma m'a déjà parlé de toutes ces précautions, craque Romy.
-Quoi ? je souffle en même temps qu'Harry.
Je le regarde, complètement sous le choc.
-T'étais au courant ? je lui demande.
-Non, je te l'aurais dit sinon ! Elle a... mais quand ?
-Quand j'ai eu mes règles... je peux monter maintenant ?
-Attends, je la retiens en la prenant dans mes bras. Tu sais qu'on t'aime ?
-Je vous aime aussi. Tu me serres un peu trop fort là par contre.
-Pardon, pardon...
Je la regarde quelques secondes, mon petit bébé... ok, c'est trop dur. Pourquoi les enfants grandissent si vite ?
Harry la prend aussi dans ses bras et la laisse fuir dans sa chambre après avoir prit une bouteille d'eau dans le frigo.
-Je ne sais pas si j'adore ta sœur d'avoir anticipé ou si je la déteste pour avoir abordé ce sujet sans nous en parler avant.
-Elle a voulu bien faire... c'est pas plus mal, mais je lui dirais de nous prévenir la prochaine fois. Qu'on ne se retrouve pas devant le fait accompli comme ça.
Il souffle et passe sa main dans ses cheveux.
-Je me dis qu'on assure vraiment pas là... on essaye de garder cette confiance et cette communication avec nos enfants et on n'est pas capable de parler de ça avec notre fille.
-C'est vrai...
C'était moins difficile avec Eden. On a discuté des protections et surtout du consentement et du respect de ses partenaires. Il n'était pas vraiment gêné, nous non plus... c'était plus simple. Bon, il faut dire qu'on n'avait pas vraiment de pression à l'époque. Eden ne semblait pas encore s'intéressait aux filles, il n'avait pas de copine... avec Romy j'ai l'impression qu'on panique parce que tout nous tombe dessus. Son presque copain est pratiquement majeur, footballeur pour Arsenal maintenant... et surtout le fils d'un gros con. Ça fait beaucoup à gérer en plus du fait que notre fille grandisse.
J'inspire profondément et retourne dans les bras de mon mari.
-Au moins elle a quelqu'un à qui se confier, même si ce n'est pas nous. Même si je préférerai qu'elle s'adresse à nous quand elle a un problème, ça me rassure un peu qu'elle ait quand même quelqu'un d'autre si c'est un sujet qui ne la met pas à l'aise.
-Tu n'as pas tord... je vais quand même m'assurer que Gemma a bien parlé de tout.
Je ris presque en le voyant prendre son portable pour contacter sa sœur. J'embrasse sa joue et caresse brièvement son dos avant de me détacher de lui.
On fait de notre mieux, en tout cas. Je pense qu'on ne se débrouille pas trop mal.
Hello,
On a réussi à reprendre pas mal d'avance sur l'écriture des bonus et avec six d'avance on s'est dit que c'était l'occasion de vous poster la suite.
On espère que ça vous a plu ?
Nos deux amoureux ne sont pas restés fâchés bien longtemps, heureusement.
Qu'avez vous pensé de la discussion avec Junior ?
Nous attendons vos avis avec impatience.
Lynn et Axelle 🫶🏻