HISTOIRE ILLUSTRÉE - David...

By Rituhell

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Histoire illustrée, improvisée, disponible chaque jour sur Instagram et Facebook. Version non-corrigée. Vous... More

PARTIE 1 - L'enfance de David et Öta
PARTIE 2 - Une profonde amitié
PARTIE 3 - Quand vient la violence
PARTIE 4 - A la recherche des origines
PARTIE 5 - Le Festival de PierreBrulée
PARTIE 6 - Être présent l'un pour l'autre
PARTIE 7 - La rencontre de Esther et Léo
PARTIE 8 - La Naissance de David
PARTIE 9 - Un foyer où rester
PARTIE 10 - Quand la vérité est dévoilée
PARTIE 11 - Trouver sa voie
PARTIE 12 - Est-ce la bonne décision ?
PARTIE 13 - L'équinoxe de l'espoir
PARTIE 14 - Les herboristes de BrancheNoire
PARTIE 15 - La bibliothèque de GemmeNoire
PARTIE 16 - Un enfant dans son ventre
PARTIE 17 - L'apprentissage de David
PARTIE 18 - Les sentiments de Ayel
PARTIE 19 - La Magie des Plantes
PARTIE 20 - Le contrecoups de la magie
PARTIE 21 - Une question de sentiments
PARTIE 22 - Le passé de Ayel
Chapitre Bonus
PARTIE 23 - Elen, le frère perdu.
PARTIE 24 - Retour à la maison
PARTIE 25 - L'oncle de Öta
PARTIE 26 - Le passé d'un père
PARTIE 28 - Se comprendre
PARTIE 29 - Invitation
PARTIE 30 - La célébration de Mortherbe
PARTIE 31 - Sincérité
PARTIE 32 - Audience et Jugement.
PARTIE 33 - Le secret des feuilles
PARTIE 34 - Retour à PierreBrulée
PARTIE 35 - Nouvelle destination
PARTIE 36 - Retour à BrancheNoire
PARTIE 37 - La naissance de Ausra
PARTIE 38 - Le voleur de GemmeNoire
PARTIE 39 - Les ogres de GemmeNoire
PARTIE 40 - Réunion de famille
PARTIE 41 - Le vrai visage de Jol
PARTIE 42 - Le fournisseur de la Caste.
PARTIE 43 - Nouveau départ ?
PARTIE 44 - Öta s'amuse bien
PARTIE 45 - Quand ça va trop loin.
PARTIE 46 - Trois jours sous terre
PARTIE 47 - La souffrance de Tyra
PARTIE 48 - Quand Öta ne sait plus quoi faire
PARTIE 49 - Une nuit mouvementée
PARTIE 50 - L'histoire de Sylène 1/2
PARTIE 51 - Traduction
PARTIE 52 - L'histoire de Sylène 2/2
PARTIE 53 - La dispute de Öta et Elan
PARTIE 54 - Le retour de Jol
PARTIE 55 - La folie de Nora
PARTIE 56 - Le masque de David
PARTIE 57 - Un peu d'hydromel ?
PARTIE 58 - Le don de Söl
Flashback Bonus
PARTIE 59 - Le Refuge de Petrus
PARTIE 60 - Le retour de Nora
PARTIE 61 - Où est Merry ?
PARTIE 62 - Le départ de Tyra
PARTIE 63 - A la recherche de Nora
PARTIE 64 - Le retour de Senna et Tyra
PARTIE 65 - Le refuge de Jol
PARTIE 66 - Suie, Citrouille et Nivis
PARTIE 67 - Le rendez-vous
PARTIE 68 - Retrouvailles
PARTIE 69 - Mage des Veilleurs
PARTIE 70 - Rendez vous
PARTIE 71 - Expédition
PARTIE 72 - Gahan
PARTIE 73 - La fête de l'aurore
PARTIE 74 - Le cadeau de Tyra
PARTIE 75 - Rendez-vous très humide.
PARTIE 76 - Oenthu
PARTIE 77 - Deux magies
PARTIE 78 - Abonde de GemmeNoire
PARTIE 79 - Sortie de prison.
PARTIE 80 - Davin gra gra gra Tihiran
PARTIE 81 - Où est Tihiran ?
PARTIE 82 - Lumière
PARTIE 83 - Le repos de la Dame.
PARTIE 85 - Une étrange nouvelle
PARTIE 86 - Voyage vers Morthebois
PARTIE 87 - Un début de vérité
PARTIE 88 - Retour à Morthebois
PARTIE 89 - Tensions
PARTIE 90 - Le passé d'Elliot
PARTIE 91 - Promesse
Suite

PARTIE 84 - Soirée au sein de la troupe

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By Rituhell


« On va au refuge ou chez ton ami aux draps tout doux ? » demanda Tyra alors qu'ils venaient d'arriver en ville. « Parce qu'à choisir...
- Je ne suis pas certain que Petrus apprécie ta présence chez lui. » répondit Öta en grimaçant. « D'ailleurs, tu penseras à lui rendre la couverture que tu lui as "empruntée".
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Bien sûr. C'est comme le foulard et mon livre, tu n'y es pour rien et ce n'est qu'une coïncidence s'ils sont parvenus entre tes mains.
- Exactement ! » affirma Tyra en posant les mains sur les hanches. « C'est juste un concours de circonstances. »

Öta soupira, mais n'ajouta rien. Il était trop épuisé pour la contredire. Tyra se rapprocha de lui et lui prit le bras.

« Alors on dort au refuge ? » demanda-t-elle. « Ce sera comme lors de notre première rencontre.
- Non. » répondit Öta. « Je loue maintenant une chambre non loin. Ce n'est pas le grand luxe, mais je suis plus tranquille et ça m'oblige à dormir. Sinon, je ne peux pas m'empêcher de travailler toute la nuit.
- Oh. »

Öta sourit. Il la mena jusque chez lui, fier de lui dévoiler son habitation.

Ce n'était pas bien grand et la pièce était en pagaille, mais il y régnait une atmosphère chaleureuse.

« Ça sent bon. » murmura Tyra.

Des plantes séchaient un peu partout, répandant une douce odeur dans toute la pièce.

« Tiens, débarbouille-toi. » fit Öta en lui tendant un seau d'eau fraîche. « Tu en as bien besoin.
- Oh merci.
- Tu pourras dormir dans mon lit. » continua t-il. « Les draps ne sont peut-être pas aussi doux que ceux de Petrus, mais ils sont plus agréables que les couvertures toutes mitées du refuge.
- Et toi ? Tu vas dormir où ?
- Dans mon fauteuil, comme la dernière fois. J'ai l'habitude ne t'en fait pas. »

Tyra hocha la tête. Elle se rinça les mains et le visage, puis retira sa tunique sale.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Öta, en remarquant que la jeune femme le fixait avec embarras. « Tu as besoin d'autre chose ?
- En fait, tu...
- Oui ?
- Tu pourrais dormir avec moi ? »

Öta leva les yeux au ciel, amusé.

« D'accord, mais je te préviens, je bave quand je dors.
- Oui, ça j'avais déjà remarqué. »

Tyra se réveilla en sursaut lorsque les rideaux de la chambre furent soudainement ouverts.

Éblouie par la lumière, elle enfonça son visage dans sa couverture pour se protéger.

« Mmmh Öta, laisse-moi dormir encore un peu.
- Non. Allez, debout ! Il est temps de te lever. »

La voix n'était pas du tout celle d'Öta.

Tyra sortit le museau de la couette pour fixer la personne qui avait ouvert les rideaux.

Il s'agissait d'une jeune fille aux yeux vairons et aux cheveux courts que Tyra ne reconnut pas immédiatement. Il lui fallut quelques secondes pour faire le rapprochement.

Elles ne s'étaient jamais rencontrées, mais Tyra l'avait déjà vue plusieurs fois de loin lorsqu'elle surveillait Nora.

Quel était son nom déjà ?

« Euh. Jol c'est ça ?
- Oui ! Öta t'as parlé de moi ? En bien j'espère. » s'exclama t-elle en souriant. « C'est lui qui m'envoie. Toi tu es Tyra, n'est-ce pas ?
- Ouais c'est ça. »

Tyra s'enfonça de nouveau dans ses draps. Elle n'avait aucune intention de se lever. Aujourd'hui, elle comptait bien dormir toute la journée dans ces draps chauds.

« Hum. Quand Öta m'a demandé de t'apporter des vêtements propres, je n'imaginais pas que ce serait pour remplacer... ça. » fit Jol. « Tu as tué quelqu'un ? »

Elle avait trouvé la tunique ensanglantée de Tyra et la regardait en plissant le nez de dégoût. Elle la plia et la rangeant dans son sac en expliquant :

« Je m'occupe de la lessive aujourd'hui, mais je ne te garantis pas de pouvoir récupérer "ça".
- Euh d'accord, merci ? »

Elle n'avait qu'une hâte : que la jeune fille reparte. Jol parlait trop vite et s'activait dans la pièce comme si elle était chez elle.

Et Tyra n'aimait pas ça.

« Tiens, voilà des vêtements propres. Ce sont les miens, alors fait y attention. » fit Jol en déposant son fardeau sur le lit. « Ne laisse pas de trace de sang suspecte dessus, merci. Je te les prête uniquement parce qu'Öta me l'a demandé. »

Tyra jeta un œil de loin sur la tenue, curieuse, mais ne bougea pas de son lit. Jol haussa les épaules.

« Bon, sur ce j'ai du travail. » fit-elle en prenant la porte. « Si tu le cherche, Öta traîne au marché place de la gargouille. »

Et elle s'en fut.
Lorsque le silence revint, Tyra soupira de soulagement.

Ce matin, Öta s'était levé aux aurores.

Il n'avait pas très bien dormi, car son lit n'était pas très bien adapté à ses cornes. Sa nuque lui faisait mal.

Lorsqu'il dormait seul, il s'arrangeait toujours pour trouver une position confortable. Parfois il abandonnait même son lit pour son fauteuil.

Alors aujourd'hui dès que le soleil avait commencé à se lever, il s'était extirpé du lit en silence sans réveiller la jeune femme et s'était habillé rapidement avant de quitter son logis.

Il s'était promené tranquillement, profitant de l'air frais du matin, en réfléchissant à ce qu'il s'était passé la veille.

Öta avait hâte d'interroger Tyra et d'en apprendre plus sur son village.

Il rêvait depuis tout petit de visiter les souterrains dont parlaient les légendes de son enfance et il avait du mal à réaliser qu'il avait enfin trouvé un accès.

Mais il se doutait aussi qu'il ne serait pas bon de harceler Tyra avec des questions. Il n'avait aucune envie de la perdre pour ça.

Et alors qu'il songeait à elle, ses joues rosirent.

Elle s'était blottie contre lui toute la nuit et ne l'avait pas laissé indifférent.

L'avait-elle remarqué ?
Il espérait que non.

« Il faut que je fasse attention. »

Après sa promenade, il s'était rendu chez Jol pour lui demander de prêter des vêtements propres à Tyra.

« J'allais partir pour le refuge là, et ta maison est sur le chemin, je peux lui apporter si tu veux.
- Oh, ce serait fantastique, merci. Je compte aller au marché avec ta mère, tu pourras lui dire de m'y rejoindre si elle veut ?
- C'est noté. »

C'est donc accompagné de Alda qu'Öta se rendit au marché.

Ils achetèrent quelques fruits et légumes en discutant joyeusement.

Voilà longtemps qu'il n'avait pas passé un peu de temps avec elle.

Alda avait retrouvé bonne mine, c'était rassurant de la voir sans ses traits tirés par l'inquiétude.

« C'est impressionnant à quel point Ausra est calme. Tu sais, c'est rare qu'elle nous réveille la nuit. Je me souviens quand Jol avait son âge, c'était une tout autre histoire. C'était un vrai cauchemar.
- C'était ? Elle n'a pas vraiment changé tu sais. » rit Öta.

Tout en se promenant, Öta n'avait pas cessé de surveiller les environs, se demandant si Tyra viendrait. Il espérait qu'elle parviendrait à le trouver.

Mais aucune trace d'elle.

Öta et Alda se séparèrent vers midi, et le jeune homme rejoignit le refuge en se disant que Tyra s'y était peut-être rendue pour l'attendre.

Mais aucune trace d'elle ici non plus.

« Öta ! Tu tombes bien. » fit Ambroisie en le voyant arriver. « On a besoin de toi, un nouveau blessé est arrivé ce matin.
- D'accord, j'arrive tout de suite. » répondit-il en posant son sac.

Le travail l'appelait.

Parmi toutes les choses que Petrus lui avait enseignées, recoudre les plaies n'était clairement pas la préférée de Öta.

Il soupira. Au moins, la blessure d'aujourd'hui n'était pas très grave.

Alors qu'il s'essuyait les mains en traversant la cour, il entendit des cris.

Ambroisie et Jol semblaient discuter ensemble. Ou plutôt, Jol semblait gronder la pauvre femme. Öta tendit l'oreille.

« Mais fais le premier pas ! Invite-le, bon sang !
- Je ne sais pas trop...
- Si tu veux que Petrus te remarque, il va falloir te bouger ! Montre-lui qu'il t'intéresse ! »

Öta comprit immédiatement de quoi il s'agissait pour avoir lui-même été à la place de Jol quelque temps auparavant. Il avait abandonné depuis.

Il sourit en murmurant pour lui-même :

« Aie. Bonne chance Jol. »

« Öta, tu restes avec nous pour le souper ce soir ?
- Non désolé. Et je ne serais pas très présent les prochains jours, si vous avez besoin d'aide allez voir Petrus d'accord ? » répondit Öta en quittant le refuge.

Ambroisie haussa un sourcil intrigué en le regardant partir, tandis que Jol murmurait près d'elle :

« J'suis sûre qu'il va retrouver son amoureuse. »

Lorsqu'Öta arriva chez lui, il s'attendait à y trouver Tyra. Il ne l'avait pas vue de la journée et avait donc supposé qu'elle était restée au chaud.

Mais sa chambre était vide.

Le lit avait maladroitement été refait, les vêtements de Jol étaient posés au-dessus et visiblement la jeune femme avait fouillé dans ses affaires.

Il s'approcha de son bureau en remarquant une feuille sortie. Öta se souvenait pourtant avoir rangé ses travaux. Il la prit avec intérêt.

Elle était recouverte de petits dessins.

« Ah, Tyra... »

Öta reposa la feuille en levant les yeux au ciel et s'assit sur son lit. Il resta ainsi à fixer le mur avec déception.

Était-elle partie sans lui dire au revoir ?

Il aurait voulu passer plus de temps avec elle. Il soupira. Sa soirée s'annonçait bien morose.

Öta décida de ne pas se laisser abattre. Il se redressa avec détermination.

C'était l'occasion de profiter d'avoir un peu de temps libre pour avancer dans ses lectures.

Il se pencha de nouveau sur son bureau et attrapa un livre.

Machinalement, il ne put s'empêcher de regarder de nouveau la planche de dessins de Tyra.

Soudain, un doute le saisit.

Et si c'était un message caché ? Elle en serait bien capable, elle qui adorait les énigmes.

Il lâcha le livre pour reprendre le papier. Il y avait des arches, un pont, un marchand, et divers autres petits dessins à la suite. Celui du bas semblait représenter Tyra entourée de fanions.

« Hum. Trois arches. C'est sans doute la place des Trois-Voûtes ? Il y a un pont juste après, ça coïncide. »

Était-ce un plan pour la retrouver ? Öta décida de suivre cette idée, curieux.

« Au pire si je me trompe, ça m'aura fait une bonne balade. »

Öta traversa la ville en suivant les indications de la feuille. Il était certain d'avoir vu juste, car chaque élément représenté sur le dessin se suivait sur le chemin, telle une carte.

La nuit était tombée lorsqu'il arriva au niveau des remparts est. Il ne se rendait jamais de ce côté de la ville et découvrait les lieux. Selon le dessin, il ne restait que la grande porte à passer. Le dernier dessin représentait Tyra entourée de fanions. Était-elle donc proche ?

Il s'avança avec curiosité.

Il n'y avait aucune trace de Tyra après cette porte, mais des lumières un peu plus loin attirèrent son attention.

De grandes tentes colorées étaient dressées dans la plaine, à mi-chemin entre les remparts et la forêt. Il pouvait distinguer des gens réunis autour d'un feu, d'autres qui dansaient, et de la musique s'échappait du campement.

Öta avait entendu parler d'eux, il s'agissait d'un groupe d'artistes itinérants qui revenaient tous les ans à la capitale. Ils organisaient des représentations et leur présence animait la ville.

Il s'approcha du camp en cherchant Tyra du regard. Elle avait dessiné des fanions autour d'elle, et il y en avait plein d'accrochés ici. Elle était forcément là.

Öta passa devant plusieurs danseuses légèrement vêtues qu'il ne put s'empêcher d'admirer. Elles étaient belles. Mais comment faisaient-elles pour ne pas mourir de froid avec si peu de tissu sur la peau ?

Il frissonna et continua sa route jusqu'à trouver Tyra.

Elle était assise près du feu et se faisait maquiller par un Orian. En apercevant Öta arriver, elle fit signe à l'homme de s'arrêter et se leva.

« Öta ! Tu m'as trouvé ! Ma petite énigme t'a plu ?
- C'était pas simple. » répondit-il en souriant. « J'ai failli passer à côté.
- Mais non. J'étais sûre que tu comprendrais. »

Elle posa les mains sur les hanches et ajouta :

« Alors ? T'as bien aimé la p'tite visite ? Je t'ai fait passer par les plus jolis coins du quartier. » Elle montra du doigt la porte par laquelle Öta était sorti de la ville et demanda : « Tu as vu comment la porte est belle ? C'est ma préférée.
- C'était magnifique. Merci. »

Tyra rougit de bonheur. Elle se tourna alors vers l'homme qui la grimait lorsqu'Öta arrivait et dit :

« J'te présente Cyras, c'est un vieil ami.
- Enchanté. » fit l'homme en tendant la main vers Öta. « Tyra m'a dit beaucoup de bien de toi aujourd'hui. »

Öta lui serra la main en hochant la tête. Ses mains étaient immenses !

Comme de nombreux Orians, l'homme était bien plus grand que lui et le dépassait aisément. Öta, qui n'était pourtant pas petit, se sentait minuscule en sa présence.

« Tyra et toi êtes les bienvenues pour passer la soirée en compagnie de notre humble troupe. Si tu as soif, tu peux aller te servir une bière là-bas. Quant à moi, je dois finir de maquiller cette jolie demoiselle.
- Oui ! J'veux une lune sur l'autre joue ! » approuva Tyra en sautillant de joie.

Lorsque Öta revint une bière à la main, Cyras avait fini de maquiller Tyra.

Les deux amis discutaient maintenant ensemble et un grand sourire éclairait le visage de Tyra.

C'était agréable de la voir aussi joyeuse après la soirée éprouvante de la veille, bien que Öta suspectait la bière d'être en partie responsable de son allégresse.

« Ma proposition tient toujours, tu sais ?
- Merci Cyras, je n'oublie pas. »

Öta arriva à ce moment-là. Il fronça les sourcils.
De quelle proposition parlait l'homme ? Est-ce que... ?

En y regardant de plus près, Cyras et Tyra semblaient proches. Trop proches. Y avait-il quelque chose entre eux ?

Tyra ne parut pas remarquer son trouble.
Elle s'approcha de Öta et lui sourit fièrement.

« Alors ? Ça me va bien ?
- De quoi ? Le maquillage ou ma tunique ? » sourit Öta. « C'était bien la peine que Jol t'apporte des vêtements.
- C'était gentil de sa part, mais j'avais trop peur d'abimer sa robe. Cette fille est effrayante.
- Parce qu'abimer mes vêtements à moi, ça ne te dérange pas ?
- Cette chemise est à moi maintenant. » Tyra se glissa à côté de lui, posa la main sur son torse et chuchota dans son oreille : « Si tu veux la récupérer, il faudra me l'arracher...
- Avoue, tu l'as mise juste pour pouvoir dire ça. »

Tyra tira la langue, espiègle.

Soudain, elle eut une idée. Elle tourna la tête et s'éloigna pour retourner aux côtés de Cyras, qui commençait à ranger son maquillage.

« Cyras ! Tu veux bien maquiller Öta aussi ? S'il te plait.
- Je veux bien, mais tu lui as demandé son avis avant ?
- Euh. »

Tyra se mordit la lèvre.

« Öta ? Tu veux bien que Cyras te maquille ? S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait ! Je suis sûre que tu serais très beau comme ça.
- Comment refuser une telle proposition ? »

« J'utilise la même couleur que Tyra. » fit Cyras. « Ça te convient ?
- Oh ! Oui, merci ! »

Öta frissonna en sentant le pinceau sur sa peau. C'était agréable.

Tandis que Cyras le maquillait, il ne put s'empêcher de le dévisager avec admiration et curiosité.

L'homme avait un visage très délicat, sa peau claire était mise en valeur par ses cheveux et ses yeux corbeau.

C'était un bel homme, à n'en point douter.

« Ça fait longtemps que vous vous connaissez ? » demanda Öta pour cacher sa gêne.. « Vous avez l'air de bien vous entendre.
- On peut dire ça.
- Je rends visite à la troupe depuis que je suis toute petite. » expliqua Tyra avec un sourire triste. « Ma mère était très amie avec eux. Après sa mort, j'ai gardé le contact. »

Öta eut un pincement au cœur. Il ne pouvait que partager sa mélancolie. Perdre un membre de sa famille était horrible.

« Quand elle fugue, elle vient souvent ici. » sourit Cyras. « Je me souviens lorsqu'elle était gamine, elle hurlait et se débattait chaque fois que Gérard venait la chercher. C'était très amusant de voir ce grand bonhomme galoper après elle dans tout le camp. »

Öta ne put s'empêcher de rire en imaginant une Tyra miniature se faire courser dans le campement. Elle devait bien animer les soirées la troupe.

« Bon. J'étais parfois un peu difficile.
- Un peu difficile ? Tu étais une vraie terreur. Après la mort de mam— »

Soudain Cyras se tut.
Tyra fronça les sourcils, le fusillant du regard, mais ne dit rien.

Öta ne comprit pas les raisons de ce mutisme, mais se sentit soudain très mal à l'aise.

« Bon. J'ai fini. » fit Cyras en posant son pinceau, mettant fin au silence par la même occasion. « Tiens. »

Öta prit le miroir qu'il lui tendait et se regarda dedans.

Voilà longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'être aussi maquillé. C'était étrange, mais agréable.

Voir son reflet ainsi grimé lui plaisait énormément.

« C'est parfait. » murmura t-il, touché.

Tandis que les deux hommes se levaient, Tyra s'exclama :

« Hé ! J'ai envie de danser. Vous venez ? »

Tandis que Tyra s'éloignait en direction des tentes des danseurs, Öta fut arrêté par la main de Cyras sur son épaule.

L'homme avait la poigne forte et Öta sursauta.

« Une dernière chose. » fit Cyras, la voix sombre et menaçante. « Tu es peut-être l'invité de Tyra, mais n'oublie pas que je garde un œil sur toi. Au premier geste ou propos déplacé envers une membre de la troupe et j'te pète une corne. C'est clair ? »
- Oui monsieur. » couina Öta, apeuré.
« Bien. »

Cyras lâcha Öta et le poussa d'une petite tape dans le dos.

« Tu peux aller danser maintenant. »

Lorsqu'Öta retrouva Tyra, celle-ci dansait déjà.

Elle avait retiré sa tunique et défait les lacets dans ses cheveux. Les encrages sur ses bras étaient visibles, mais étrangement personne ne semblait y prêter attention.

Tyra était montée sur une petite scène. Entourée de musiciens et d'autres danseurs, elle tourbillonnait joyeusement au rythme de la musique.

Öta s'arrêta, subjugué. Il ne l'avait encore jamais vu sourire ainsi. Elle semblait libre et heureuse, guidée par sa passion.

Il aurait été incapable de dire combien de temps il resta ainsi à l'admirer.

Ce fut Tyra qui le fit revenir à lui.

Elle s'approcha en s'exclamant :

« Bah alors Öta, ne reste pas planté là. Viens danser avec nous !
- Je préfère te regarder. » répondit-il. « Tu es étincelante ce soir. »

Les joues de Tyra se colorèrent et elle le remercia d'une petite voix. Sans rien ajouter, elle rejoignit de nouveau les danseurs et musiciens.

Mais plusieurs fois, alors qu'elle dansait, elle ne put s'empêcher de tourner discrètement la tête pour vérifier s'il la regardait toujours.

Sentant que les bières qu'il avait bues commençaient à faire un peu trop effet, Öta décida de partir à la recherche d'un pichet d'eau pour se rafraîchir.

C'est à contrecœur qu'il s'éloigna de la musique et des danseurs.

Il erra quelques minutes dans le camp, à la recherche de son chemin, et en profita pour admirer les tentes autour de lui.

C'était la première fois qu'il voyait d'aussi près un tel campement. Il y avait l'air d'y faire bon vivre, et Öta les envia légèrement.

Ce devait être une belle aventure de voyager dans le royaume entouré d'autant de compagnons. C'était comme un petit village en mouvement.

Öta se demanda alors quelle serait leur prochaine destination. Se rendaient-ils parfois dans la région de Morthebois ? Il n'avait pas souvenir d'avoir entendu parler d'eux chez lui.

« Hé joli cœur, tu es perdu ? » fit une femme en s'approchant de lui. « C'est dommage. Un beau garçon comme ça ne devrait pas rester seul le soir.

- Non ça va, je sais où je vais. » menti Öta, qui n'était pas rassuré.

Les paroles de Cyras résonnaient au fond de son esprit.

Il tenait à ses cornes !

« Je... Bonne soirée.

- Allez, ne pars pas si vite. Tu ne vas pas me laisser seule tout de même ? Accompagne-moi au moins jusqu'à ma tente. »

Öta recula, embarrassé. Il n'avait aucune envie de suivre une parfaite inconnue, tout aussi jolie soit-elle.

« Myriam, laisse-le tranquille. » fit soudain la voix de Tyra. « Il est avec moi. »

Elle se tenait derrière eux, les mains sur les hanches et les sourcils froncés. En l'apercevant, Myriam devint blanche.

« Tyra ?! Je ne savais pas. Pardon ! » couina-t-elle, avant de s'enfuir sans demander son reste.

Öta se retourna vers son amie.

« Merci. » souffla t-il, soulagé. « Mais qu'est ce que tu lui as fait pour qu'elle ait aussi peur de toi ? »

« Merci. » souffla Öta, soulagé. « Mais qu'est ce que tu lui as fait pour qu'elle ait aussi peur de toi ?

- Moi ? Rien, c'est juste mon charisme naturel. » répondit Tyra en haussa les épaules.

Il haussa un sourcil, sceptique.

« Laisse-moi en douter.

- Quoi ?! » s'offusqua Tyra. « Mais c'est méchant ça !

- Allez, raconte. Je suis sûr que tu en meurs d'envie. »

Tyra sourit, amusée. Elle fit mine de réfléchir avant de répondre :

« À vrai dire, j'sais pas trop. C'est peut-être à cause de la fois où j'ai mis du crottin dans son oreiller ?

- Quoi ?! Tu as vraiment fait ça ?

- Ah non je sais, c'est peut être à cause du verre d'eau aromatisé à la bave de limace ?

- Tyra...

- Ou sinon, c'est à cause de la fois où j'ai déplacé sa tente sans lui dire ! Avec l'aide de Cyras, on l'avait changé de place et la pauvre n'arrivait plus à retrouver son chemin. »

Öta resta sans voix.

Elle avait vraiment osé faire toutes ces choses ?

Et Cyras avait participé ?

Il n'imaginait pas l'homme faire ce genre de bêtise.

« M... Mais pourquoi ?

- Elle m'embêtait tout le temps et disait du mal de moi dans mon dos. Depuis, elle a arrêté. » répondit fièrement Tyra.

Öta siffla, impressionné.

« Je note qu'il vaut mieux éviter de s'attirer ton courroux.

- Et encore, j't'ai pas tout raconté. »

« Tu veux retourner danser ? » proposa Öta en désignant la partie du camp d'où s'échappait encore de la musique.

Tyra secoua la tête.

« Non, c'est bon.
- Tu veux qu'on rejoigne Cyras alors ?
- Non merci. » siffla Tyra. « Je l'ai croisé en venant, il a commencé une partie d'Gobelin avec ses amis et j'ai aucune envie d'y jouer.
- Une partie de Gobelin ?
- C'est un jeu Sudan. » répondit Tyra. « Ça s'joue avec des dents d'gobelin.
- Berk. » grimaça Öta.

Décrit comme ça, ce jeu ne donnait pas envie de le découvrir.

« De toute façon, j'ai jamais compris les règles. » ajouta Tyra. « Elles n'ont pas d'sens.
- Ça ne m'étonne pas. La culture sudante est bizarre.
- Ouais. »

Ils échangèrent un regard amusé.

Mais cet instant de complicité s'évapora aussi rapidement qu'il était venu, tandis qu'un silence bien trop long pour ne pas être inconfortable prit place.

Öta se gratta la joue.
Une question lui brûlait les lèvres depuis qu'il était arrivé sur ce camp et il cherchait depuis le bon moment pour la poser.

Il hésita quelques secondes supplémentaires, avant de murmurer d'une voix peu assurée :

« Dis Tyra...
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Est-ce que Cyras et toi, vous... ? »

Tyra haussa un sourcil. Elle pencha la tête et fixa Öta avec incompréhension.

« J'ai pas compris.
- Je vous ai entendu tout à l'heure. Il t'a parlé d'une proposition et vous sembliez très proche, alors j'ai pensé que vous étiez peut-être... amants ou quelque chose comme ça ? »

Tyra éclata de rire. Un rire clair qui décontenança aussitôt Öta. Qu'avait-il dit de si drôle ?

« Pfffrrt Cyras et moi.... pouahahahahaha !! »

Elle ne parvenait plus à s'arrêter de rire, se tenant les côtes en s'étouffant à moitié.

Elle tapa du poing sur la table à côté d'elle en fermant les yeux.

Öta sentit ses joues rosir et grogna :

« Hé ! Arrête de rire !
- Mais, pfffrttt Cyras quoi ! »

Öta croisa les bras, vexé.
Devant une telle réaction, il sentait soudain très bête.

Au bout d'une bonne minute, Tyra parvint à reprendre son souffle.

Elle avait tant ri que ses yeux étaient rouges de larmes. Elles les essuya du bout des doigts.

« Désolé, j'm'y attendais pas. » rit-elle. « Pfffrt Cyras et mouahahahahahahahah !! »

Et son rire reprit de plus belle.

« Heureusement que tu n'as pas posé la question à Cyras. » gloussa Tyra une fois qu'elle eut repris son souffle. « En réponse il t'aurait sans doute jeté dans le fleuve !
- Je n'en doute pas un seul instant. » soupira Öta. « Alors ? »

Il savait que sa curiosité le perdrait un jour, mais il était bien décidé à tenter le tout pour le tout.

« J'admets que je me suis trompé. Mais je reste curieux. Quelle était cette proposition ?
- En fait, Cyras aimerait que j'rejoigne la troupe. Depuis des années, il veut que je devienne sa partenaire. Mais j'ai toujours refusé. »

Tyra avait murmuré ces mots, l'indécision perçant dans sa voix.

Öta écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à cette réponse.

Pourtant, en y repensant c'était évident.
Tyra avait l'âme d'une artiste.

« Et... tu penses refuser de nouveau ?
- Je ne sais pas trop. » répondit Tyra dans un souffle. « Ça fait des années que je lui dis non. Mais avec tout ce qu'il s'est passé récemment dans ma vie, Nora, le village, Gahan...
- Tyra...
- Parfois, il m'arrive de penser que j'aimerais vraiment disparaître. Alors peut-être que partir avec la troupe... c'est ce que je dois faire ? Ainsi, je ne serais plus un fardeau pour mon village. »

Tyra baissa les yeux. Elle ne souriait plus, le masque joyeux s'étant brisé en même temps que sa voix.

Öta sentit son cœur se serrer.
Il ne voulait pas qu'elle parte !

« Reste. Reste. Reste ! » répétait une voix dans sa tête.

Il inspira avant de répondre en songeant aux mots que Alda lui avait offerts il y a longtemps :

« L'important n'est pas ce que tu dois faire, mais ce que tu souhaites vraiment.
- Ce que je souhaite vraiment ?
- Est-ce que tu veux vraiment partir ? C'est dans cette troupe que tu vois ton avenir ? »

Elle n'avait pas pensé à son avenir depuis bien longtemps.

Est-ce que devenir artiste dans la troupe, comme Cyras lui avait proposé, l'intéressait vraiment ?

L'idée de voyager de ville en ville, entourée d'amis, à pouvoir danser et chanter de tout son saoul était séduisante.

Mais elle tenait à son village. Elle aimait son travail et les souterrains plus que tout. Les sylènes la fascinaient et elle rêvait d'un jour pouvoir découvrir le village où était née Gahan. Si elle avait bien un rêve, c'était de pouvoir un jour arpenter librement les souterrains.

Et si elle partait, elle ne reverrait sans doute plus ses proches... Bien qu'elle s'était persuadée qu'ils seraient mieux sans elle, la simple idée de les quitter lui était insupportable.

« Non... »

« Qu'est-ce que tu ferais à ma place ? » demanda Tyra. « Si tu avais la possibilité de tout plaquer pour devenir quelqu'un d'autre, tu le ferais ? »

Öta lui offrit un sourire triste.

« Quand j'y repense... c'est exactement ce que j'ai fait quand j'ai accepté de suivre Élan et Alda. » souffla-t-il. « Et ça m'a sauvé.
- Ça t'a sauvé ?
- Si je n'avais pas pris cette décision, je pense que je ne serais plus de ce monde aujourd'hui. »

Tyra écarquilla les yeux.

« Öta. Toi aussi, tu... ? »

Elle ne termina pas sa phrase.
Öta hocha la tête, serrant sa main avec douceur.

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