Point de vue de Harry.
-J'ai eu mon père au téléphone, j'informe Louis en entrant dans la cuisine.
C'est assez rare, mais ce soir, il s'est dirigé de lui-même derrière les fourneaux pour préparer le repas, m'incitant à me détendre de mon côté.
Il est aux petits soins depuis ce matin, ce midi, il est allé acheter de quoi déjeuner pour nous deux et me l'a apporté dans mon bureau. Enfermés à clé dans cette pièce qui a vu naître notre amour, j'ai largement profité de l'attention de Louis, allongé dans le canapé de la pièce, ma tête sur ses cuisses alors qu'il caressait mes cheveux.
Je me suis même endormi quelques minutes et lorsque l'heure de reprendre le travail est arrivée, Louis m'a embrassé longuement avant de me promettre une soirée sous le signe du repos.
Je pensais que par « repos » il entendait se vautrer dans le canapé et commander à manger, mais non, Louis semble avoir d'autres plans pour ce soir et le gratin qu'il est en train de préparer sent merveilleusement bon.
-Et alors ? il demande en relevant les yeux vers moi. Il va me virer ?
Je souris en coin et m'approche pour enrouler mes bras autour de ses hanches, embrassant tendrement sa mâchoire.
-Tu as pris la défense de son fils préféré... t'as gagné des points mon cœur.
-Mais ?
-Mais t'es privé d'entraînement demain matin pour les menaces ...
-Juste demain matin ?
-Oui, je souris en me glissant entre son corps et le plan de travail pour embrasser sa gorge. On dit merci Harry...
Louis explose de rire et attrape doucement mes hanches pour m'asseoir sur le plan de travail, à quelques centimètres de son plat à gratin.
Ses lèvres fondent sur les miennes, mais je n'ai à peine le temps d'en profiter que la sonnette retentit dans le salon.
-Ça, c'est forcément ma mère qui s'inquiète, je soupire en laissant tomber mon front contre l'épaule de Louis.
Mon petit ami rit de bon cœur et m'aide à descendre du plan de travail avant d'embrasser brièvement mes lèvres.
-Je vais ouvrir, je souffle en sortant de la cuisine, laissant Louis finir la préparation de son gratin.
J'attrape le sweat de Louis abandonné sur une chaise du salon et l'enfile avant d'arriver à la porte. Je m'attends vraiment à y trouver ma mère derrière, mais à ma plus grande surprise, je me retrouve nez à nez avec deux personnes que je ne connais pas. Un homme et une femme, environ cinquante ans.
Et je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre... je réalise au moment exact où mes yeux se plongent dans les siens que la mère de Louis se tient face à moi.
Oh putain.
Je suis complètement figé, la main toujours agrippée sur la poignée de porte, incapable de prononcer le moindre mot.
-Bonjour, Harry c'est ça ?
Je cligne des yeux à plusieurs reprises, encore complètement sous le choc avant de finalement acquiescer.
Nous sommes ensemble depuis un an et demi avec Louis et c'est bien la première fois que je me retrouve face à ses parents.
-Mon cœur ? C'était qui ?
La voix de Louis résonne dans la cuisine et j'ai tout juste le temps de tourner la tête pour le voir arriver dans le salon.
Il essuie ses mains dans un chiffon, souriant, et se fige subitement lorsque son regard se pose sur les deux personnes devant la porte.
-Qu'est-ce que...
-Bonjour Louis, sourit sa mère en me lançant un regard pour avoir l'autorisation d'entrer.
Je jette un coup d'œil vers mon petit ami qui acquiesce positivement et me décale pour les laisser pénétrer dans la maison.
Les quelques secondes qui suivent sont assez spéciales et le moment de flottement pendant lequel Louis et son père se fixent droit dans les yeux me met mal à l'aise. Je ne sais pas où me mettre de peur d'interférer dans ce moment.
-Comment vas-tu ? demande sa mère en s'approchant pour se mettre face à mon joueur.
-Tu veux dire, depuis la dernière fois que tu as pris de mes nouvelles ?
Wow. D'accord, il est calme en surface, mais je peux sentir la rancœur énorme qui brûle dans ses veines.
-J'ai essayé de t'appeler Lou... tu ne m'as pas répondu depuis des mois...
-Ma vie et ma carrière ne vous intéressent pas, qu'est-ce qu'on aurait pu se raconter de plus ?
Le regard de sa mère dévie jusqu'à moi et me fixe quelques secondes avant de retourner plonger dans celui de Louis. Je me sens tout petit pendant quelques instants, complètement figé près de la porte d'entrée.
-Ah, vous avez quand même ouvert les journaux pour voir ce qu'il se disait sur moi, réplique Louis en traversant le salon pour s'approcher de moi.
-On suit ce qu'il se dit sur toi Louis, on s'intéresse à ta carrière, à ta vie... souffle tristement sa mère en baissant un peu la tête.
-C'est nouveau ça.
La main de Louis cherche la mienne et je sens mon cœur s'emballer un peu lorsque ses doigts s'agrippent fermement aux miens. Il tremble et mon pouce se met de lui-même à faire des petits cercles contre sa peau pour le rassurer.
-On a beaucoup réfléchi ces derniers mois Louis, commence son père en s'approchant. Quand on a réalisé qu'une blessure risquait de mettre un terme à ta carrière, on s'en est terriblement voulu de ne pas t'avoir soutenu dès le début. On aurait dû être là pour toi quand tu nous as annoncé avoir signé ton premier contrat, on aurait dû te soutenir à fond au lieu de vouloir te dicter tes choix.
Louis m'a vaguement expliqué que ses parents et lui n'avaient plus vraiment de contacts, qu'ils se parlaient de temps en temps pour les choses importantes mais qu'en dehors de ça ils n'avaient plus de relation depuis des années... En revanche, il ne m'avait encore jamais avoué le pourquoi de cette rupture familiale.
Et je comprends maintenant. Je comprends la rancœur qu'il a envers eux lorsque j'entends leurs mots, lorsque je comprends qu'ils n'ont pas soutenu son choix de carrière, son désir de devenir footballeur professionnel.
-Quand on a vu tout ce qui se passait dans les journaux ces derniers temps avec ton coming-out et la pression médiatique que ça entraîne... on a réalisé qu'on ne devait pas continuer à être absents comme ça, intervient sa mère, les larmes aux yeux.
-C'est pas un peu tard pour le réaliser ? demande Louis, la voix coincée au fond de sa gorge.
Son ton me fait frissonner et je resserre mes doigts autour des siens pour lui rappeler que je suis là, à ses côtés, et que je le soutiens.
-Ça l'est très certainement, confirme son père en pinçant ses lèvres. Mais peut-être qu'on pourrait... créer de nouvelles bases sans vouloir forcément rattraper le temps perdu et les erreurs qu'on a commis dans le passé ?
Le corps de Louis se tend contre le mien et son regard plonge dans le mien lorsque je tourne mon visage dans sa direction. Je n'ai aucune idée de ce qu'il pense en ce moment, ce qu'il veut.
-A commencer par nous excuser pour tout ce qu'on a fait, ou plutôt tout ce qu'on n'a pas fait, souffle sa mère en s'approchant de nous. Et rencontrer officiellement la personne que tu sembles aimer énormément ?
Je déglutit un peu alors qu'elle s'arrête face à nous et croise le regard du père de mon petit ami lorsqu'il nous rejoint à son tour.
-Est-ce que tu es d'accord ? il demande à son fils, le regard plein d'espoir.
Point de vue de Louis.
Si je m'attendais à ça lorsqu'Harry est partit ouvrir...
Je n'ai pas vu mes parents depuis des années et j'ai eu très peu de nouvelles d'eux depuis que je suis parti de la maison. Ce manque de soutien m'a toujours énormément blessé. J'aurais été un joueur complètement nul, j'aurais compris leur inquiétude concernant mon choix de carrière... mais je suis doué et j'adore ce que je fais.
Harry est parfait. Il est poli et accueillant avec mes parents, comprenant que je ne suis pour l'instant pas capable de le faire moi-même.
- Alors, où vous êtes vous rencontrés ? demande ma mère en s'asseyant à table.
Ça me paraît surréaliste de dîner avec eux et mon petit-ami. Harry m'a quelques fois demandé s'il allait pouvoir les rencontrer et il a dû se résigner lorsqu'il a compris que nos relations n'étaient pas très bonnes.
- C'est mon kiné, alors je dirais... au travail ? je lance sarcastiquement en posant une assiette et des couverts devant elle.
Je l'entends soupirer. Harry me prend l'autre assiette pour la mettre devant mon père. Ses doigts effleurent mon dos, essayant de me rassurer, de me montrer qu'il est là. Je retourne à la cuisine pour terminer la salade.
J'entends vaguement mon petit-ami échanger quelques mots avec ma mère, puis il me rejoint.
- Est-ce que ça va ? il murmure en se collant contre mon dos. Excuse-moi, c'est une question un peu bête vu la situation...
- Ça va, je souffle en prenant la bouteille d'huile pour faire la vinaigrette. Il pose son menton sur mon épaule et ses bras m'enlacent tendrement.
- Je ne les connais pas... mais ils ont l'air de vouloir faire un effort pour toi.
Je mords l'intérieur de ma joue pour ne pas répliquer un peu trop vivement. Mon cœur bat un peu trop vite et je claque involontairement la bouteille en verre lorsque je la repose sur le plan de travail.
- Non, tu ne les connais pas. Alors s'il te plaît, n'essaye pas de...
- Même si tu estimes que c'est trop tard, au moins ils...
- Arrête, je le coupe en repoussant son bras pour me tourner vers lui. Je t'aime, mais vraiment... ne t'en mêle pas.
Nos regards sont plongés l'un dans l'autre et j'espère qu'il comprend qu'il ne devrait pas insister. Harry acquiesce lentement et se penche pour embrasser ma joue.
- Pardon. Je voulais juste...
- Je sais que tu veux bien faire, mais tous les parents ne sont pas comme les tiens et moi je suis trop rancunier pour pardonner dès qu'ils se rappellent qu'ils ont aussi un fils.
Je me reconcentre sur ma salade, terminant l'assaisonnement avant de l'emmener dans le salon avec le gratin. Je m'installe à ma place et Harry me rejoint avec une carafe d'eau.
Un silence assez pesant s'installe d'abord. Je n'ai pas envie de faire d'effort et je pense que mes parents ne savent pas comment lancer la discussion. En même temps, c'est difficile lorsqu'on ne connaît pas son propre fils. Je suis très différent du jeune homme que j'étais en quittant la maison, tout ce qu'ils savent de moi c'est ce qu'ils ont vu dans les journaux... donc ils ne savent pas vraiment qui je suis.
- Tu sembles remis de ta blessure, se lance finalement mon père. Tu n'as plus mal ?
Je secoue négativement la tête alors qu'Harry leur sert une part de mon gratin avant de leur passer le saladier.
Et dire que j'avais prévu une soirée tranquille, juste à câliner mon petit-ami... on se retrouve à partager ce gratin que je me suis donné du mal à faire avec mes parents.
- Donc tu penses être sélectionné pour l'équipe nationale ?
- On verra bien. Pourquoi ? Tu comptes regarder ?
Je remplis mon verre et prends une longue gorgée pendant que mon petit-ami nous sert aussi. J'ai beaucoup moins faim, cette visité m'a coupé l'appétit. Je le remercie quand même et goûte une bouchée... malheureusement c'est plutôt bon.
Je triture un peu le plat dans mon assiette et relève les yeux vers ma mère lorsqu'elle prend le relai.
- Tu sais que ce n'est pas le genre de chose que nous regardons.
- Je sais bien, ne t'inquiète pas. Pourquoi regarder son fils faire ce qu'il aime de toute façon ?
Harry pose sa main sur ma cuisse, caressant doucement mon genou. Je ne quitte pas ma mère des yeux et elle soupire.
Ouais, l'ambiance est vraiment pourrie. Je passe ma main dans mes cheveux en soupirant. Je payerais cher pour être n'importe où ailleurs, là.
- Harry, que font vos parents ? elle demande, se rabattant sur mon petit-ami.
Je ris nerveusement et me recule contre le dossier de ma chaise.
- En fait vous lisez juste les gros titres sans lire les articles. Ça ne vous intéresse pas vraiment en fin de compte. Si vous preniez la peine de lire ne serait-ce que quelques lignes vous sauriez que le père d'Harry est mon entraîneur.
Cette fois, mon père pose son regard sur moi.
- Vraiment ?
Combien de fois je lui ai balancé que mon coach était plus présent pour moi que mon père ne l'a jamais été ? Combien de fois je lui ai dit que j'aurais préféré avoir un père qui comprenait ma passion et mon métier ? J'ai perdu le compte.
- Ils s'entendent très bien, mon père a beaucoup d'estime pour Louis et il approuve entièrement notre relation.
Je me mords encore l'intérieur de ma joue, cette fois pour retenir mon sourire. Merci mon cœur d'en rajouter une couche.
- Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée, soupire mon père en jetant un regard vers ma mère.
- Pour une fois, on est d'accord, je souffle en posant ma fourchette. Je ne vous retiens pas, si vous préférez partir.
- Louis, chuchote mon petit-ami en posant sa main sur mon bras.
Je pose mon regard sur lui et secoue doucement la tête, lui rappelant silencieusement ce que je lui ai dit dans la cuisine. Même s'il pense bien faire, il n'a pas à s'en mêler. Je sais que je brouille souvent les limites avec son père, mais jamais je ne lui dirais comment se comporter avec lui.
Ma mère hésite, elle repose son regard sur moi et finit par soupirer en se levant pour suivre mon père. Harry hésite à les retenir ou à les raccompagner... mais il reste assis près de moi, sa main caressant ma cuisse.
J'entends la porte claquer et les larmes coulent aussitôt sur mes joues. J'essaye de repousser les bras de mon petit-ami qui m'enlace, mais il persévère et me serre contre lui.
J'ai essayé au début, de leur laisser une chance à chaque fois qu'ils revenaient... mais j'étais à chaque fois déçu. Aujourd'hui ne fait pas exception...
Bonjour,
Comment allez vous ? Voici le chapitre du jour, et on espère qu'il vous a plu ?
On se retrouve demain pour la suite.
Lynn et Axelle 💙