Point de vue de Louis.
Je récupère la poche de chaud du micro-onde et retourne dans le salon pour me laisser tomber sur le canapé. J'allonge ma jambe avant de poser le chaud sur ma cuisse. J'ai mal. Clairement arrêter brutalement mes séances de sport sans étirement ni massage ensuite ça ne m'a pas fait de bien.
Je récupère ma bière sur la table basse et en prends une petite gorgée avant de déverrouiller mon portable. Je réponds au message de ma sœur et fais un petit tour sur les réseaux sociaux avant d'ouvrir Grindr. Ouais, c'est très certainement une mauvaise idée...
J'hésite pendant un bon moment, mais je fini par réactiver mon profil. J'ai besoin de me changer les idées et d'oublier cette journée de merde.
Je fais défiler les profils, et lorsque je match avec un photographe à 7 kilomètres de moi, je me dégonfle.
Je supprime mon profil et désinstalle l'appli avant de lâcher mon portable sur le canapé. J'essaie de m'installer confortablement pour regarder le match entre Tottenham et Chelsea que j'ai mis à la télé. C'est du replay... parce que le soir du match ... j'étais avec Harry.
- Putain, je souffle en passant ma main dans mes cheveux.
Je m'efforce de ne pas penser à lui depuis que j'ai quitté le stade. J'occulte tout ce qui concerne mon kiné, je fais comme si il n'existait pas, comme si je ne venais pas de rompre brutalement... devant son père en plus.
Je récupère mon portable et ouvre notre conversation. Le dernier message qu'il m'a envoyé date de ce matin...
"Ne sois pas en retard parce- que j'ai trop envie de te voir."
Les larmes me montent aux yeux et je souffle en reposant mon portable.
De toute façon ça ne pouvait pas marcher entre nous, il vaut mieux qu'on arrête ça maintenant avant qu'on ne s'attache trop... C'est pas déjà le cas ?
* * *
Le week-end a été long, mais on est enfin lundi, et aujourd'hui je reprends l'entraînement. Les gars ont été surpris de me voir, mais j'ai eu un super accueil et ça fait du bien. Je colle du mieux que je peux la bande de strap autour de ma cuisse et resserre correctement mes crampons. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne les ai pas mis.
Après une séance d'étirements, on entre sur le terrain. Desmond est sur le bord, il discute avec son assistant et là je sens que ça va être plus difficile de lui faire avaler mon retour. Son regard croise le mien et son visage se referme aussitôt.
- Tomlinson ! il lance alors que j'allais me placer avec les autres.
- Hé merde, je souffle.
Niall ricane, même si il n'a rien dit en me voyant il se doutait que je n'avais pas encore l'aval du kiné. Je lui montre mon majeur avant de me diriger vers le coach. Son regard dur me fixe, les bras croisés sur son torse.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
Il ne faut pas que je me démonte. Aujourd'hui je reprends l'entraînement.
- Je vais m'entraîner avec mes coéquipiers.
Desmond me fixe et secoue lentement la tête.
- Ton kiné t'attend.
- J'ai dit que j'arrêtais son programme. Je retourne sur le terrain. Ça fait trop longtemps que je suis hors jeu. Toi tu sais, tu comprends que c'est insupportable de ne pas pouvoir jouer.
- Il te reste deux mois à tenir, Louis. Enfin, deux mois avant de reprendre les matchs. Je pense que ça veut dire que tu pourras reprendre les entraînements en douceur d'ici quelques semaines. Qu'est-ce-que c'est dans ta carrière, quelques semaines ?
- C'est énorme.
- Non, arrête. Tu rentres et tu reprends ton programme.
Il me désigne la porte et je secoue négativement la tête.
- Harry ne voudra pas de toute façon. Il te l'a dit, non ?
Ma voix tremble un peu lorsque son prénom sort. Si Desmond le remarque, il ne dit rien.
- Je pense qu'il commence à te connaître. Tu t'enflammes, mais une fois calmé tu reconnais tes erreurs.
A l'idée de me retrouver face à Harry j'en ai la nausée. Je ne vais pas y arriver.
Des me tape gentiment l'épaule et s'avance sur le terrain.
- Et pense à t'excuser !
- J'ai pas dit que j'y allais ! je réplique aussitôt.
- Je t'y amène de force sinon. Tu sais comme moi que j'en suis parfaitement capable !
Il me jette un dernier regard presque menaçant. Des a un caractère fort, il est autoritaire... mais au fond c'est un vrai nounours qui s'inquiète pour ses joueurs.
Je souffle et baisse les yeux sur ma jambe. Rien que l'échauffement m'a fait mal... Je passe ma main dans mes cheveux en soupirant encore.
- Tomlinson ! lance le coach. Kiné, maintenant !
- Ça va, c'est bon ! je hurle aussi avant de me diriger vers le bâtiment.
Qu'il me gonfle. S'il savait pourquoi je ne veux pas voir son fils... Non, il ne saura jamais de toute façon.
Je m'avance pour tirer la porte... et je me la prends violemment.
- Oh putain ! je lâche en me tenant l'épaule. PUTAIN mais c'est pas vrai qui ouvre les portes comme si... Harry, je souffle en croisant son regard.
- J'espère que t'as eu mal, il murmure. Qu'est-ce-que tu fais là ?
- Je... euh... tu...
Je bafouille, perdant complètement l'usage de la parole.
- Tu comptais faire quoi là ? T'entraîner avec les autres ? Mais t'es inconscient ?
Je n'arrive même pas à lui répondre, mais j'entends mes coéquipiers et mon coach se foutre de ma gueule. Harry parle fort, impossible pour les autres de passer à côté. Sa voix est forte, assurée, mais son regard... mon coeur se serre aussitôt. Cette façade qu'il a dû avoir du mal à se créer commence déjà à se fissurer. Il baisse la tête et se racle la gorge.
- Je serai dans mon bureau si tu as changé d'avis.
Il souffle et se recule, les larmes aux yeux. Je le suis du regard et sens que je ne suis pas loin de craquer aussi, mon coeur battant un peu trop vite.
Point de vue de Harry.
-Tu veux boire quelque chose mon chéri ?
La voix de ma mère me sort de mes pensées et me fait relever la tête. Je me contente de secouer négativement la tête avant de baisser à nouveau les yeux vers mes cuisses. J'essaye vraiment de faire bonne figure ce soir, de ne pas plomber l'ambiance de la soirée, mais c'est trop, j'en suis incapable, pas après un weekend et un début de semaine aussi catastrophiques.
Ma mère me lance un regard inquiet. Je vois bien que mon comportement l'inquiète vraiment depuis que je suis arrivé. Mais c'est plus fort que moi, j'ai un mal fou à faire semblant, à cacher cette douleur qui me broie le cœur.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Harry ?
- Rien du tout, tout va bien, je tente de la rassurer.
Au même moment, Gemma revient dans le salon et récupère son verre alors qu'elle se rassoit près de moi.
-Maman a raison, ça n'a pas l'air d'aller.
Je soupire en croisant le regard de ma sœur et ses yeux si verts avant de secouer négativement la tête.
- Tout va bien, c'est promis. Je suis juste un peu fatigué ce soir.
Gemma fronce un peu les sourcils en m'observant, dubitative. Je vois bien qu'elle ne me croit pas une seule seconde, mais elle devra vraiment se contenter de ça. Je ne compte pas dire à ma famille que mon patient avec lequel j'ai cru bon de batifoler m'a largué comme un moins que rien... Encore moins devant mon père.
De toute façon, qu'est-ce qu'ils me diraient ? Que c'est bien fait ? Que c'est mérité ? Je n'ai pas besoin d'eux pour m'en rendre compte. Je n'aurais jamais dû craquer et bafouer ma conscience professionnelle comme je l'ai fait ces dernières semaines. Je me suis toujours fixé une règle d'or : Ne pas tomber amoureux des sportifs que je soigne. J'avais plutôt bien tenu ma ligne de conduite jusqu'à là, mais il a fallu que Louis et ses grands yeux bleus viennent tout gâcher.
J'aurais dû me douter que c'était la pire des idées. Sortir avec un sportif dans le placard ? Ca aurait déjà dû me mettre en garde, mais non, j'ai foncé tête baissée dans ma bêtise et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même d'avoir si mal au cœur aujourd'hui.
- Est-ce qu'il y a un problème au stade Harry ? Avec un membre du staff ou de l'équipe ? Tu sais que tu peux m'en parler si c'est le cas, je ferai ce qu'il faut pour arranger les choses.
Bien-sûr papa... J'attends de voir ce que tu serais prêt à faire si je venais à t'avouer m'être tapé ton meilleur joueur pendant des semaines.
- Non, aucun problème au stade, je me contente de répondre avant de me lever pour échapper aux questions. On passe à table ?
Ma mère attrape doucement mon bras alors que je passe près d'elle pour rejoindre la table. Son regard croise le mien de longues secondes et mon cœur se met à palpiter un peu plus fort lorsqu'elle m'attire dans une étreinte.
- Tu sais que tu peux tout me dire chéri, elle murmure près de mon oreille.
Je lève un peu les yeux au ciel mais profite tout de même de l'étreinte réconfortante en me blottissant contre elle quelques secondes. Je suis obligé de m'éloigner en sentant les larmes me monter aux yeux. Non Harry, non.
Ma mère caresse doucement ma joue, un petit sourire réconfortant et aimant aux lèvres et me laisse rejoindre la table du salon où je m'installe à côté de mon père, en face de Gemma.
Ma mère part quelques secondes en cuisine et dépose le plat au milieu de la table en revenant. Mon père lui sert un verre de vin, m'en propose un que je refuse, encore trop refroidi par ma cuite de l'autre soir, et nous commençons à dîner.
Heureusement, Gemma est assez en forme pour tenir la discussion à mes parents sans avoir besoin de mes interventions. Je les écoute parler en me contentant de fixer mon assiette dans laquelle je joue avec mes aliments.
Je n'ai même pas faim. En fait, je n'ai presque rien avalé depuis que Louis m'a brusquement quitté avant de partir en claquant la porte, me laissant choqué et pantelant face à mon père.
- Harry ? Tu ne manges rien ? remarque ma mère en fronçant les sourcils, coupant la parole à mon père après quelques minutes de discussion.
Je pince mes lèvres et repose mes couverts en secouant négativement la tête, relevant un regard désolé dans celui de ma mère.
- Je n'ai pas faim... J'ai grignoté avant de venir... je suis désolé, je mens.
- Tu devrais te forcer un peu pour ne pas avoir faim cette nuit, intervient mon père. En plus, c'est délicieux.
Je force un sourire un peu crispé en direction de mon père et récupère mes couverts pour couper quelques petits morceaux de poulet. J'ai la gorge nouée, le ventre retourné. Je ne suis pas certain de pouvoir avaler quoi que ce soit.
- Sérieusement Harry, parle nous, dit nous au moins ce qu'il se passe, soupire Gemma en plantant son regard dans le mien.
- Je ne-
- On voit bien que quelque chose te tracasse depuis que tu es arrivé, renchérit mon père.
- Avec la tête que tu fais, on pourrait presque croire que c'est toi qui t'es pris le plus gros râteau de tous les temps, rit nerveusement Gemma. Alors que la seule personne qui s'est fait recaler ici, c'est moi.
Je relève brusquement la tête vers ma sœur et plonge mon regard dans le sien, le cœur serré dans la poitrine. Je repense aux mots de Louis, quelques minutes avant qu'il ne suive mon père dans son bureau.
Finalement, il nous a recalé tous les deux le même jour, si on y réfléchit bien...
- On peut changer de sujet maintenant ? je supplie en soupirant.
Je n'en peux plus de retenir mes larmes et de faire comme si tout allait bien à chaque fois que l'un d'entre eux me demande comment je me sens. Je n'ai pas la force de continuer ces faux sourires que j'espère rassurant pendant tout le repas. Je n'ai qu'une envie, qu'ils reprennent leur conversation et me laissent tranquille dans mon coin.
- Je n'aime pas te voir comme ça... insiste ma mère.
Et c'est trop, vraiment trop. Les larmes me brûlent les yeux parce que... putain... évidemment que ça ne va pas. Ca fait des jours que ça ne va pas, que je force pour faire croire à tout le monde que le sourire qui étire mes lèvres est vrai et honnête, deux jours que j'ouvre mon bureau tôt le matin en espérant que Louis vienne en séance, s'excuse et me dise que j'ai mal compris... Qu'il ne me quittait pas lorsqu'il a soufflé ces quelques mots... On arrête tout.
- JE. VAIS. BIEN ! je m'exclame en faisant attention de détacher chacune de mes syllabes pour être assez clair.
Ma mère ouvre les yeux en grand, surprise par mon ton et la manière dont je lui ai répondu.
- Harry ! gronde mon père en reposant brusquement son verre sur la table. Tu parles mieux que ça à ta mère, elle s'inquiète simplement pour toi, comme tout le monde autour de cette table.
-Mais justement ! je crie en me redressant vivement, à bout de nerfs, les larmes aux yeux. Lâchez-moi putain ! J'ai juste besoin que vous me foutiez la paix ! C'est trop demander ce soir ?
Je croise le regard effaré de ma mère, celui en colère de mon père et ne prend même pas la peine de regarder Gemma. Je sais ce que je vais y trouver. De la déception. Alors je me lève en bousculant ma chaise qui retombe derrière moi, récupère ma veste a l'entrée du salon et claque la porte d'entrée.
Le souffle court, le cœur en déroute dans la poitrine, j'essaye de retenir les sanglots qui me nouent douloureusement la gorge. Putain.
Ne pas craquer... Ne pas craquer... Ne pas craquer...
Je n'ai pas le temps de faire un pas de plus sur le perron que la porte s'ouvre à nouveau derrière moi. Les bras de ma mère s'enroulent fermement autour de mes hanches, et je fonds en larmes en la sentant m'attirer plus proche. Elle me serre fort contre elle, sa main dans mes cheveux. Les larmes s'amassent par dizaines sur mes joues et la boule dans ma gorge ne fait que gonfler avant qu'un sanglot ne s'échappe enfin. Le premier d'une longue série. Je craque complètement.
J'essaye de résister dans un premier temps. Je lutte contre le torrent d'émotions qui me noie complètement. J'essaye de retenir au mieux mes larmes, mais plus les secondes passent, plus les bras de ma mère se serrent autour de mon corps et plus c'est difficile de rester de marbre.
Je m'affale finalement contre elle après de longues secondes, un violent sanglot m'arrachant la gorge alors que mes doigts agrippent l'arrière de son gilet.
Putain...
- Je suis là mon bébé, elle chuchote près de mon oreille en berçant mon corps secoué de sanglots comme elle aimait le faire lorsque j'étais enfant.
- Je suis désolé...j'halète entre deux reniflements. Je n'avais pas à te parler comme ça... Excuse-moi... Je suis épuisé...
- Tout va bien chéri, c'est rien du tout, elle me rassure en caressant délicatement mes cheveux.
Je me blottis un peu plus contre elle, laissant son étreinte réconfortante de maman faire des miracles sur mes larmes qui diminuent seconde après seconde.
Ca fait un bien fou de se laisser aller et de craquer dans les bras de sa mère... même à mon âge...
Et même si le poids des derniers jours continue à peser lourd sur mes épaules, j'ai l'impression d'enfin respirer un peu mieux.
Hello,
Comment allez vous ?
Voici le chapitre du jour, et on espère sincèrement qu'il vous a plu.
On attends vos avis avec impatience, et on est impatientes de vous retrouver demain avec le chapitre 23.
Lynn et Axelle 🫶🏻