Point de vue de Louis.
Je dois avouer que je commence à y prendre goût à ces massages quotidiens. Certains exercices sont plutôt douloureux au début des séances, mais je sens qu'au fil du temps mon muscle se détend sous ses doigts.
Il faut quand même que je reconnaisse qu'il est plutôt doué, et mérite sa réputation. J'ai fait quelques recherches sur lui cette semaine, sur ce qu'il a fait en France et ailleurs. Je m'en veux un peu d'avoir remis en question son expérience et ses capacités.
Je commence à me dire qu'il peut y arriver. Il peut me remettre en forme et effacer la douleur constante que je ressens depuis plus de deux ans. Un jour, je rejouerai comme avant ma blessure. Peut-être même mieux ? Qui sait.
Ma carrière n'est pas encore terminée, je compte encore profiter du terrain pendant de nombreuses années.
L'espoir revient vraiment depuis quelques jours, et je ne suis pas le seul vu l'air satisfait sur le visage de mon kiné lorsqu'il m'examine ce matin.
C'est le même rituel depuis une bonne semaine. Il examine ma jambe, m'interroge sur le fait que je suive bien ses recommandations de repos, de soins, d'alimentation, puis on passe aux massages et étirements.
- Alors ? Je peux laisser tomber les béquilles ? je demande avec espoir.
En plus de ne pas avoir le droit d'entrer sur le terrain ni de jouer, les béquilles sont vraiment un des gros inconvénients. J'ai hâte de les balancer !
- Pas encore.
Je sens mon visage se décomposer alors que je fixe le sien. Il se moque de moi ?
- Tu te venges pour mon comportement de p'tit con, c'est ça ?
- Peut-être, il sourit en reculant son tabouret. Tu peux te mettre debout ?
Je descends de la table de massage et pose doucement mon pied au sol. J'appréhende encore un peu ce contact, ou de m'appuyer un peu trop sur ma jambe blessée mais il y a franchement du mieux.
Le fils de mon coach observe mes jambes, puis masse un peu ma cuisse. Ses doigts appuient un peu trop sur cette zone particulièrement douloureuse, j'ai l'impression de perdre l'équilibre alors je m'agrippe à son épaule.
- T'as encore besoin des béquilles, il conclut en me relâchant.
Ma main glisse de son épaule pour se tenir à la table de massage.
- T'es pas sympa, je soupire en me rasseyant.
- Encore quelques jours, il rit en se relevant. Ça ne devrait plus être très long. Allonge-toi.
Il m'aide à allonger ma jambe sur la table et enduit ses mains d'une crème chauffante avant de me masser. C'est le début de la séance, alors mon muscle est encore un peu tendu, mais ça n'a vraiment rien à voir avec la semaine dernière. Le processus est long, mais il faut que je sois patient, et que j'ai confiance en mon kiné.
- Tu sais, je réfléchissais à un truc l'autre soir, je souffle en croisant mes bras sur mon torse.
- Je dois avoir peur ? sourit Harry sans quitter ma jambe des yeux.
- Tout de suite, je râle en levant les yeux au ciel. Non, je me disais qu'on a forcément dû se croiser il y a deux ans, pour la coupe du monde. J'étais sélectionné pour l'équipe nationale et on a affronté la France en demi-finale. C'est marrant que ton père ne m'ait pas dit que tu faisais partie du staff français lorsque j'ai été sélectionné. Il devait être fier que tu participes à un événement comme ça... même si c'est juste en tant que kiné.
- Qu'est-ce que ça veut dire ça ? il rit doucement en me jetant un coup d'œil. Vous n'êtes rien sans nous, alors ne dénigre pas ma profession.
- Aux dernières nouvelles c'est encore les joueurs qui marquent des buts.
- Ce n'est pas parce qu'on n'est pas sur le terrain qu'on ne joue pas un rôle dans vos victoires. Je sens que je vais travailler un peu plus cette zone si tu oses me contredire, il plaisante en effleurant le côté de ma cuisse.
- D'accord, d'accord, je ris en faisant semblant de protéger ma jambe avec mes mains. J'ai rien dit. On en reparlera quand tu m'auras remis en forme.
- Oui, ça vaut mieux pour toi... Plus sérieusement, il était extrêmement fier, il m'appelait tout les jours pour avoir des nouvelles, savoir comment ça se passait... mais je lui ai toujours demandé d'être discret vis-à-vis de ma carrière. Je ne voulais pas qu'elle soit liée à la sienne.
- Pourtant, tu es là.
- Le salaire était intéressant, il sourit. Et je manquais trop à ma mère.
Je me perds un peu, mon regard est hypnotisé par la fossette qui est apparue sur sa joue droite. Il relève la tête, ses iris croisent les miens et je me détourne aussitôt, pris sur le fait.
- C'est juste après que tu t'es blessé ?
- Oui, je souffle en baissant la tête.
Mes doigts jouent nerveusement avec les manches de mon sweat alors que mon estomac se noue en repensant à cette période. Harry ne dit rien, il n'insiste pas et me laisse choisir ou non de continuer à en parler. J'inspire profondément et replie mon autre jambe pour croiser mes bras sur mon genou.
- J'avais déjà mal. Puis j'ai été sélectionné, et j'ai eu peur. Ce n'était pas ma première fois en équipe nationale, mais j'avais peur que celle d'avant soit la dernière. Alors je n'ai rien dit, je me suis donné à fond durant les entraînements, durant les matchs... Je pourrais presque dire que j'ai mené l'équipe en finale vu le nombre de but que j'ai marqué pendant cette coupe.
Je me perds un peu dans mes souvenirs, repensant à tout ça. A cette période qui a été aussi douloureuse qu'incroyable. Encore une fois, le regard d'Harry croise le mien et je me reprends.
- On a gagné, on est rentré... et j'étais épuisé. Mon genou a lâché durant un match d'entraînement, et ça a entraîné des lésions dans ma cuisse. J'ai été arrêté pendant plusieurs semaines... t'as dû voir tout ça dans mon dossier. Et depuis, y a rien à faire, la douleur reste. Je ne me rappelle pas d'un moment où je n'ai pas eu mal depuis deux ans.
J'observe ses doigts malaxer avec force le haut de ma jambe, détendant au maximum mon muscle.
- Tu me lances un défi, là ?
Je souris en relevant la tête vers mon kiné. Nos regards s'accrochent l'un à l'autre, et il me faut quelques secondes pour retrouver l'usage de la parole.
- Si ça peut te motiver, je souris. Mais honnêtement, je pense que tu réaliserais un miracle là.
- Alors on part pour un petit miracle ?
Son regard ne quitte pas le mien, et je ris doucement en secouant la tête.
- On en reparlera quand tu m'auras remis en forme.
Point de vue de Harry.
-A demain Louis, continue à te reposer.
Le joueur se tourne quelques secondes vers moi à la sortie du bureau et acquiesce, un petit sourire aux lèvres.
-Promis. Je vais voir les autres s'entraîner un peu, mais je reste bien assis sur mon banc, tu peux me faire confiance.
-Je sais, je confirme, totalement honnête.
Louis me sourit à nouveau et me souhaite une bonne journée avant de disparaître dans le couloir, son sac sur le dos, avançant du mieux qu'il le peut avec ses béquilles.
Je l'observe s'éloigner, mon regard perdu sur sa silhouette, complètement plongé dans mes pensées avant de finalement revenir à moi et refermer mon bureau.
Je prends le temps de désinfecter la table de massage correctement et de ranger un peu ce qui traîne avant d'aller m'installer derrière mon ordinateur.
Il me reste une grosse demie-heure avant que l'entraînement du jour ne soit terminé et que les joueurs commencent à se succéder dans mon bureau pour leur séance d'après entraînement.
Les coéquipiers de Louis sont divisés en plusieurs groupes, répartis sur la totalité des kinés du staff. Même si ce n'est pas un nombre de patients trop important, ça n'en reste pas moins des grosses journées. Les sportifs sont très musclés, leurs corps sont tendus, et une séance d'étirement peut rapidement devenir éprouvante et épuisante pour moi aussi.
Les séances avec Louis sont plus longues que pour les autres joueurs. Je passe énormément de temps à masser le muscle de sa cuisse, entre douceur et fermeté. Si sa cuisse continue à se remettre correctement, nous devrions attaquer la deuxième phase du programme la semaine prochaine. Massages et étirements le matin, repos pour Louis en début d'après-midi pendant que je m'occupe des autres joueurs, séance de musculation ciblée en fin d'après-midi et nouvelle séance de massage avec application de chaleur juste après.
Les journées vont être longues et éprouvantes, autant pour lui que pour moi mais promettent aussi d'être intéressantes et bénéfiques pour son objectif de remise en forme.
Je sors un peu de mes pensées en recevant la notification d'un mail entrant et m'occupe de mes quelques messages reçus avant de me connecter à YouTube sans même y réfléchir. J'ai l'impression que mes gestes vont plus vite que mon cerveau, et en quelques secondes, les mots « Louis Tomlinson coupe du monde » sont tapés dans la barre de recherche.
Je clique sur la première vidéo qui apparaît à l'écran. Un best of de ses plus belles actions et ses plus beaux buts de la compétition.
Il y a quelque chose de totalement différent sur ces vidéos, quelque chose chez Louis que je n'ai pas encore eu le temps d'observer en quelques semaines de présence dans le staff.
Il y a cette force de caractère présente au fond de ses yeux, cette détermination et cette confiance en lui qui émane de chacun de ses gestes, chacun de ses regards.
Il mène le jeu d'une main de maître, félicite ses coéquipiers et célèbre ses buts avec beaucoup d'humilité. Une facette tout à fait différente de ce qu'il me laisse voir de lui depuis que je suis ici.
La vidéo de la finale se met en route à l'écran, le best of des meilleurs buts de la rencontre, et le coup de sifflet final. Je me souviens de ce match. Nous y avons assisté depuis les tribunes à l'époque. Mais il y a une chose que je n'avais pas vu ce jour là, trop loin pour pouvoir remarquer ce détail...
Son sourire.
Ce sourire plus rayonnant que jamais, rempli de rires et de larmes de bonheur. Je n'ai jamais vu des yeux aussi brillants que les siens au moment où l'arbitre siffle la fin du match, et que son équipe remporte le titre.
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine et mon regard est incapable de quitter ses yeux ses prunelles brillantes de larmes.
L'image passe à un autre joueur ainsi qu'à l'entraîneur de l'équipe d'Angleterre, mais je me saisis rapidement de la souris pour revenir en arrière, mettant l'image en pause sur le sourire de Louis.
Le cœur en déroute, je fixe de longues secondes son visage, son sourire, ses traits marqués de bonheur, de fatigue et d'un soulagement sans nom.
Sans même me rendre compte de mes mouvements, ma main se lève doucement et approche de l'ordinateur, le bout de mon doigt frôlant l'écran, redessinant les formes de son visage.
Et ça me percute fort, nouant mon estomac :
Louis me plait, il me plait vraiment.
Il est magnifique, physiquement. Son visage, ses yeux, son corps musclé. Mais bien au-delà du physique, l'aspect adoucit de son caractère qu'il m'autorise à découvrir depuis plusieurs jours me plaît bien plus encore.
Sans cesser de fixer l'image mise sur pause à l'écran, je me met à sourire à mon tour en me faisant une promesse :
Louis retrouvera la brillance si particulière de ses yeux à ce moment précis de sa vie.
C'est bien plus qu'une envie... c'est un besoin. Le besoin de voir ce sourire et ce pétillement de mes propres yeux.
Bonsoir,
Nous espérons que ce nouveau chapitre vous a plu, et que vous prenez toujours autant de plaisir à lire cette histoire.
Pour notre part, on prend énormément de plaisir à l'écrire 😍
On se retrouve rapidement pour le 8eme chapitre.
Lynn et Axelle ❤️