Les voyages de Maximilien | L...

By chkemg

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Après avoir vécu toute sa vie sur une île où les habitants peuvent donner vie à leurs objets, un jeune homme... More

PETIT MOT DU DEBUT
1. ANIMA : Arche d'Artemis, Maîtresse des objets
1-2 : ANIMA
1-3 : ANIMA
CARNET DE BORD
2. FLORE : Arche de Belisama, Maîtresse de la végétalité
2-2 : FLORE
2-3 : FLORE
CARNET DE BORD
3. AL-ONDALOUZE : Arche de Rê, maître de l'Empathie
3-2 : AL-ONDALOUZE
3-3 : AL-ONDALOUZE
3-4 : AL-ONDALOUZE
CARNET DE BORD
4. ZEPHYR : Arche d'Olympe, Maître des Vents
4-2 : ZEPHYR
4-3 : ZEPHYR
4-4 : ZEPHYR
CARNET DE BORD
5. SELENE : Arche de Morphée, maître de l'Onirisme
5-2 : SELENE
5-3 : SELENE
CARNET DE BORD
5-4 : SELENE
5-5 : SELENE
6. TOTEM : Arche de Vénus, maîtresse des animaux
6-2 : TOTEM
6-3 : TOTEM
6-4 : TOTEM
6-5 : TOTEM
6-6 : TOTEM
CARNET DE BORD
CARNETS DE BORD
ESCALE : LA SERENISSIME, Arche de Fama, Maîtresse de la divination
ESCALE : LE PÔLE, arche de Farouk, Maître des esprits
ESCALE : LE DÉSERT, Arche de Djinn, Maître du thermalisme
CARNET DE BORD
7. HÉLIOPOLIS : Arche de Lucifer, Maître de la foudre
7.2 : HÉLIOPOLIS
7.3 : HÉLIOPOLIS
7-4 : HÉLIOPOLIS
7-5 : HÉLIOPOLIS
7-6 : HÉLIOPOLIS
L'ÉTOILE : Arche neutre.
8-1 : ARC-EN-TERRE, Arche de Janus, Maître de l'espace
8-2 : ARC-EN-TERRE
8-3 : ARC-EN-TERRE
8-4 : ARC-EN-TERRE
PETIT MOT DE LA FIN

1-4 : ANIMA

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By chkemg

L'EXPLORATEUR

Maximilien atterrit l'instant suivant dans une boîte sombre. Pris dans son élan, il perdit l'équilibre et se cogna violemment la tête contre une cloison de bois.

— Nom d'un pot de chambre usagé, balbutia-t-il d'une voix confuse.

Il tituba en essayant de se remettre debout. Il avait si mal à la tête... Max perdit connaissance avant même d'avoir le temps de s'en rendre compte.


— Eh bien, que se passe-t-il ici ?

La voix avait résonné à l'extérieur de la boite qui retenait Maximilien. Reprenant peu à peu conscience, Max se rendit compte avec stupéfaction qu'il ne pouvait pas faire le moindre geste. Des tissus s'étaient enroulés autour de ses membres, et l'avaient rendu incapable de tout mouvement. Il eut à peine le temps de se débattre qu'une lumière aveuglante se déversa sur son visage. Un cri surpris résonna à ses oreilles alors que ses yeux achevaient de se réhabituer à la lumière du jour. Le frère de la grand-mère Pélagie se tenait devant l'armoire grande ouverte, et dévisageait le petit animiste avec d'un air interloqué.

— Mais comment...

Une étincelle apparut dans les yeux du vieil homme lorsqu'il sembla le reconnaître. Il frappa des mains à l'attention des vêtements qui retenaient Maximilien prisonnier. Ceux-ci se démêlèrent avec réticence, puis regagnèrent sagement leurs cintres. Le marchand tendit une main à Maximilien et l'aida à sortir avec une vigueur étonnante pour son âge. Les deux animistes se dévisagèrent un long moment : l'explorateur avait quitté son extravagant costume et portait désormais un simple pantalon à bretelles. Ses yeux bleus étaient bien plus perçants que ne l'aurait supposé Maximilien. Il prit la parole tout en caressant pensivement ses généreuses moustaches grises.

— Tu étais au pique-nique des horlogers. Comment es-tu arrivé dans cette armoire, nom d'une pipe ?

— Je ne sais pas, répondit Max avec honnêteté.

De tous les miroirs présents sur Anima, qu'elle était la probabilité de passer à travers celui de l'explorateur ? D'autant plus que Max ne s'y était jamais reflété. Il venait de réaliser un voyage normalement impossible. Maximilien désigna tout de même d'un timide coup de menton le miroir au fond de l'armoire. Le regard du marchand s'éclaira.

— Un passe-miroir. Suis-je bête ! Mais maintenant que j'ai le comment, ajouta t-il, tu vas m'expliquer le pourquoi.


La gorge de Maximilien se serra lorsqu'il se remémora la dernière conversation qu'il avait eu avec sa mère. Il lui avait dit des choses terribles sous le coup de la colère. Mais Max fut surtout surpris de découvrir qu'il n'en regrettait pas un mot. Il releva les yeux vers le marchand en forçant sa voix à ne pas trembler :

— J'ai fugué.

— Voyez-vous cela.

— Je n'ai aucune envie de devenir machiniste à mon tour. Je veux être libre de choisir ma vie, comme vous l'avez fait !

L'explorateur passa de nouveau la main dans sa moustache, le regard brillant d'une lueur que Max ne parvint pas à interpréter. Il l'invita à le suivre sans lui répondre tout de suite. Maximilien traversa une chambre soigneusement rangée. Il fronça des sourcils en se rendant compte que le sol semblait vibrer sous ses pieds. L'explication vint lorsque l'explorateur ouvrit la porte qui les séparait de l'extérieur.

Maximilien resta sans voix. Il tituba jusqu'à la rambarde en face de lui et s'y accrocha comme un naufragé. En face de lui se déployait un vide vertigineux. Où qu'il posât le regard, Max ne croisait que le ciel et des nuages à perte de vue. Alors qu'il peinait toujours à comprendre ce qui se trouvait sous ses yeux, l'explorateur lui désigna un point en suspension dans les airs ; Max eut un coup au cœur en reconnaissant son arche. Anima paraissait minuscule vue de loin...

— J'ai quitté Anima il y a un peu plus de deux heures. Je ne suis pas passe-miroir, commenta l'homme avec un sourire espiègle pour sa mine stupéfaite. Mais je sais que nous sommes trop éloignés de ton arche pour que tu ne puisses effectuer la traversée inverse... Il va falloir que je fasse demi-tour pour te rendre à ta famille.

— Plutôt mourir ! s'exclama Maximilien avec panique.

Il était hors de question pour Max de retourner à son triste quotidien. Il ne s'était jamais senti aussi vivant que devant cette immensité vertigineuse.

— Croyez-moi, je ne manquerai à personne sur Anima, ajouta-t-il avec un peu d'amertume. Laissez-moi vous suivre, je vous en supplie. Je saurai me rendre utile.

— Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? Je ne reviendrai pas chez toi avant plusieurs mois.

— J'en suis même certain !


N'était-ce pas un signe du destin que ses capacités de passe-miroir l'aient mené ici et pas ailleurs ? Max avait désormais la conviction qu'il ne parviendrait jamais à devenir le fils que sa mère voudrait avoir. Alors pourquoi continuer d'essayer de se conformer à un avenir qui le répugnait au plus haut point ? L'explorateur était la preuve vivante qu'il y existait une alternative. Max fut persuadé qu'il se trouvait exactement là où il devait être ; et le grand sourire qui naquit sous les moustaches de l'explorateur le conforta dans cette impression.

— C'est entendu, je t'engage ! Un peu de compagnie ne sera jamais de trop sur mon Noétilus.

Max se retourna vers le pont de l'édifice volant. Happé par la vue grandiose donnée sur le vide qui entourait Anima, il n'avait même pas pensé à détailler la machine volante... qui le laissa muet de stupeur. Le « Noétilus » était un incroyable bateau volant : un gigantesque ballon de montgolfière surplombait son pont, et de grandes bourrasques de vent s'engouffraient dans les voiles blanches qui l'entouraient de toutes part. Max fut soulagé de constater que rien ne semblait mécanique dans ce système pourtant sophistiqué. Il pourrait donc assister l'explorateur sans être handicapé par ses pouvoirs défectueux. Max remarqua avec surprise que les voiles directionnelles se déroulaient et s'orientaient toutes seules. L'explorateur devait entretenir des liens exceptionnellement profonds avec son vaisseau pour qu'il ne puisse se diriger seul de manière aussi complète.

— Le Noétilus peut se gérer de façon autonome pendant plusieurs heures d'affilée, commenta l'explorateur en suivant son regard. Je dois cependant me charger manuellement des manœuvres les plus complexes. Bien que tu ne me sembles pas très costaud, un coup de main est toujours appréciable dans ce genre d'affaires.

Tout cela était presque trop beau pour être vrai. Le voyageur lui donna une claque amicale dans le dos. Pris de court par la poigne du vieil homme, Max manqua de peu de passer par-dessus bord.

— Il va tout de même falloir que tu écrives une lettre à ta famille pour la rassurer... Et que tu me donnes ton nom et notre lien de parenté exact !

— Je m'appelle Maximilien, mais Max suffira ! répondit le petit animiste sans dissimuler sa joie. Je suis l'un des petits-fils de la grand-mère Pélagie, ce qui fait de vous mon grand-oncle.

— Ouch, grimaça le vieil homme. Tu viens de me faire vieillir de vingt-cinq ans avec cette simple phrase. Eh bien Max, un simple « Oncle Augustus » suffira amplement pour moi !

— Comme vous le voudrez, oncle Augustus. Et mille merci de m'accepter à bord du Noétilus.

Les yeux brillants, Augustus lui donna une nouvelle claque dans l'épaule.

— C'est moi qui te remercie de me rejoindre, Max. Rentrons maintenant. Avec le peu que tu as sur le dos, tu risquerais fort d'attraper la mort en restant à la merci des vents.

Son tout nouvel employeur se hâta de le guider à l'intérieur. Il lui fit visiter son navire avec un enthousiasme non dissimulé. Maximilien fut impressionné par l'ingéniosité de l'agencement du vaisseau. Il resta aussi muet qu'un gramophone rayé en découvrant la cale de l'explorateur, qui semblait regorger des centaines – voire de milliers ! – d'objets issus d'arches étrangères. Son grand-oncle dut le tirer vers la sortie pour le convaincre de continuer la visite.

—  Allons Max. Tu auras largement le temps de parcourir cette calle de fond en compte dans les mois qui viendront !


Maximilien parcourut du regard la cabine que son grand-oncle lui assigna. Elle était prête à l'utilisation, comme si elle attendait son installation depuis une éternité. L'explorateur n'eut qu'à frapper des mains pour qu'un nécessaire à écrire ne sorte d'un tiroir du bureau.

— Voici tes quartiers ! Installe-toi et écris-moi cette lettre pour ta famille. Une fois que cela sera fait, tu pourras me rejoindre sur le pont.

Après un dernier sourire et une claque dans le dos, l'explorateur le laissa tranquille. Maximilien inspecta son nouvel environnement avec circonspection. Le hublot donnait une vue imprenable sur une magnifique mer de nuages. Sa couchette était confortable. Le mobilier ne lui sembla pas trop revêche, à l'exception d'un tiroir agressif qui manqua de peu de l'amputer d'un ou deux doigts. Il faudra faire attention à celui-là... Mais Max sentit qu'il allait se plaire, ici.

Incapable de trouver l'inspiration pour sa lettre, il entreprit ensuite de fouiller ses poches. Les maigres possessions qui l'avaient suivi dans sa fugue s'étalèrent sur son bureau : quelques pièces de monnaie, une sucrerie encore emballée, son mouchoir... et la boussole. Maximilien l'observa un instant à la lumière du hublot. La grande aiguille avait repris son ballet incompréhensible. Comme si de rien était. Et pourtant... Max fut intimement persuadé que s'était bel et bien cette dernière qui l'avait guidé jusqu'à l'explorateur. Et dire qu'il avait cru que ce satané mécanisme était simplement cassé ! Il le glissa dans la poche intérieure de son manteau, habituellement réservée à ses carnets de croquis. Les doigts de Maximilien se refermèrent ensuite sur trois bâtonnets de bois. Il poussa un petit cri victorieux en brandissant ses trois crayons de couleur fétiches. Quelle chance ! Eux au moins avaient été préservés des flammes. Ce fut en songeant avec mélancolie à ses carnets livrés à la cheminée que Max eut finalement une idée.

Il saisit une feuille vierge avant de courir sur le pont. Le soir avait commencé à tomber, et le ciel s'était teinté de rose. L'explorateur était occupé à manœuvrer les voiles en bougeant les bras comme un chef d'orchestre.

— Eh bien Max ? Tu as déjà terminé ta lettre ?

— Je vais justement l'écrire, répondit l'animiste en s'asseyant à même le sol.

Ses crayons gris s'animèrent entre les doigts de leur propriétaire, et se colorèrent respectivement en cyan, jaune et magenta. Max posa un regard serein sur la scène qui s'offrait à lui. Il se mit au travail sans plus hésiter.


Lorsqu'il finit par apposer le coup de crayon final, la nuit avait presque fini de tomber. Il rejoignit son grand-oncle dans la grande pièce centrale. Il avait quitté le pont pour superviser ses ustensiles de cuisines dans la préparation du dîner. Ce dernier releva un regard pétillant vers son nouvel apprenti :

— J'ai vu que tu t'étais plongé dans ton ouvrage. Pourrais-je y jeter un coup d'œil ?

Maximilien n'avait jamais montré ses croquis à quiconque. Il dut se faire violence pour acquiescer avec timidité. Son grand-oncle poussa une exclamation extasiée en saisissant le dessin. La scène le représentait de dos, occupé à manœuvrer les voiles du navire qui menait Maximilien à la découverte de nouveaux horizons. Le petit animiste n'aurait pas pu trouver meilleur message à transmettre à sa mère et à la grand-mère Pélagie.

— C'est stupéfiant, murmura le vieil homme en caressant sa moustache. Il semblerait que tu pourrais faire bien plus que m'aider manœuvrer ce navire. Ces talents pour le dessin vont être d'une grande utilité !

Rosissant sous l'effet des louanges de l'explorateur, Maximilien balbutia une réponse indistincte, saisi par un mélange d'incrédulité et de soulagement. Son grand-oncle le qualifia d'une nouvelle claque dans le dos avant de retourner le papier : un petit paragraphe s'étendait au verso.


« Cher Aurélien,

Ma décision est prise. Je quitte Anima, au moins pour quelques mois. Maman et grand-mère Pélagie devront se faire à l'idée que je ne rejoindrai jamais l'entreprise familiale. Quant à Papa, Constance, Garance, et Sébastien, dis-leur bien de ne pas s'inquiéter pour moi : je suis entre de très bonnes mains. Passe le bonjour à Madeleine, et grosses bises à Roseline et Sophie.

Ton frère, Maximilien.

PS : Merci pour la boussole. »

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