L'effet papillon

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Je ne me suis jamais posée de questions. Je me suis toujours sentie libre, quelque peu décalée du monde, parfois à côté de la plaque mais, heureuse. Je n'ai jamais vu mon corps comme un défaut mais comme l'enveloppe de mon âme. Je me suis toujours sentie bien et sans complexe. Je m'aime, c'est indéniable. Je m'aime comme j'aime la vie, comme j'aime le café, le ciel et la mangue. Je me suis toujours vue comme une œuvre d'art parmi d'autres mais reflétant tout ce que je suis. Je ne me suis jamais vue comme un obstacle, ou n'ai jamais ressenti ce grand besoin de changer pour qui que ce soit. Et pour moi même non plus. Alors ce matin, quand la balance m'a annoncé que j'avais perdu trois kilos depuis le départ de Maxime, j'ai compris que l'amour allait au delà de tout. On se met à s'inquiéter, à penser, à croire et espérer. Je n'ai jamais ressentie cela. Je n'ai jamais eu besoin de ressentir cela. Le manque. J'ai toujours vécue ma vie comme si j'étais seule au monde et que je ne pourrais plus jamais revivre le temps. Alors jamais je ne me suis posée de questions. Maintenant que je me regarde dans le miroir, je m'en pose. Suis-je assez pour lui ? Suis-je trop ? Mais je brouille ces idées noir de par mon sourire et lance la musique. Je suis moi et je me suffis à moi-même. N'est-ce pas là, le plus important ? S'aimer pour aimer les autres. C'est insensé de devoir se remettre en question juste pour satisfaire une société ou des personnes que nous ne verrons qu'une fois dans notre vie. Nous vivons avec nous même jusqu'à la fin alors n'est-ce pas là le point le plus nécessaire que de se plaire ? Après tout, j'aime manger des céréales et des sushis. J'aime me goinfrer avec des amis et goûter de nouvelles pâtisseries. Je n'ai pas la morphologie faite pour être fine. Et je n'ai jamais ressenti le besoin de l'être. Mon seul but dans la vie ? Être heureuse. Et aujourd'hui plus que jamais, je le suis.

Le temps défile à une allure... Dans un mois et quelques jours, Noël sera déjà là. Et je pourrais enfin le revoir. Je soupire de bonheur, ce qui n'était pas arrivé depuis un moment. Je m'habille rapidement et sors de la pièce, accueillie par Salto. Je lui flatte la tête et prends la laisse. Quoi de mieux qu'une bonne balade tant qu'il ne fait pas trop froid ? Mais dès que je mets un pied dehors, j'hésite à changer d'avis. Le vent est glacial en ce début de novembre. Je soupire et ferme la porte à clé derrière moi. Hors de question de faire marche arrière. Alors je m'élance au travers du vent, suivie par un Salto plus que excité à l'idée de se balader. Je profite de cet air frais pour remettre mes pensées en ordre.

Lorsque nous rentrons, je me sens forte, confiante, heureuse et fière de moi. Je suis qui je suis. Et je sais que je suffis à Maxime et qu'il me suffit bien plus qu'il ne le devrait. J'avale une grande bouffée d'air et lance la playlist. Les histoires d'amour à distance peuvent être difficile mais c'est ainsi que l'on sait. Juste un regard et, on sait. Alors lorsque la caméra m'a affichée le visage de Maxime à 17h03 tapante, j'ai su. Que c'était ok de parfois se poser des questions. Que c'était ok qu'il me manque autant. Que c'est ok de ne pas toujours aller bien et d'avoir doutes. C'est ok tant que l'on se rappelle du principal. 


Nous.


Parce que nous sommes nôtre propre personnage principal. Parce qu'il est important de prendre notre santé mentale avant tout type de relation et des conseils de nos proches. 

Mais le plus important, lorsque nos yeux se sont croisés à travers l'écran et que nous avons souris, j'ai su. Que ses sentiments, tout comme les miens, s'étaient renforcés avec la distance. Nous surmonterons cette épreuve et peut-être même, que cela nous rapprochera d'une manière inattendue. 


"- Salut salut tête de cul.

- Coucou tête de poux. Comment s'est passé ta journée ?

- Infernalement long. J'avais oublié que le vendredi était interminable. Je m'écroule sur le canapé. Mais c'était palpitant, c'est toujours palpitant. Et toi, ta journée ?

- Je commence enfin à voir les schémas sportif. J'ai pu proposer plusieurs mises en situations et j'ai été félicité par les joueurs ! Ils me trouvent compétent ! J'ai vraiment hâte de terminer mes études. C'est l'éclate totale d'être au côté du coach et de l'équipe ! Je me suis entraîné aux Alley-Oop, je deviens bon.

- J'aimerais te voir en action.

-Bientôt si possible. D'ici l'année prochaine, je devrais être capable de gérer un entraînement par semaine. Et au bout des trois ans d'études, je m'occuperais d'une équipe mineure, pour ensuite les emmener jusqu'à la finale des plus grands championnats. Si je réussis, je passe le test et pourrais devenir un plus grand entraîneur. Tu imagines la pression ?"

Maxime rigole nerveusement.

"- Je serais à tes côtés pour soutenir le plus grand entraîneur de basket-ball."

Nos regards s'approfondissent. 

"- Rejoins-moi. Ce rêve ne peut être complet sans toi à mes côtés.

- Réalises-le. Et je débarque.

- Combien d'années devront s'écrouler ?

- Jusqu'à ce que je réalise le miens également. Et lorsque nous serons à l'apogée de notre rêve, rejoignons-les ensemble.

- Etrangement, cette idée, peu importe le temps que nous mettrons, me tente terriblement.

- Voyons nous autant que nous pouvons durant ces années.

- Tu me rejoindras ?

- Lorsque tu pourras être pleinement fière de moi tout comme je le suis de toi.

- Eva... Je suis toujours fière de toi. J'aimerais tellement te prendre dans mes bras.

- Maxime... C'est grâce à toi que je peux être qui j'ai envie d'être. Je veux réaliser mon rêve grâce à toi. Tu es ma motivation.

- Tu es ce qui m'a poussé a réaliser le miens, tu es mon courage. Alors je t'aiderais autant que possible à réaliser le tiens. Je serais à tes côtés."


C'est ainsi que moi, Eva, 23 ans, j'ai décidée de faire ce que j'ai toujours souhaitée au plus profond de mon être.

Une histoire de fessesWhere stories live. Discover now