Une semaine

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Le plus dur n'a pas été de le voir partir. Le plus dur a été de ne pas le voir revenir. L'avion a décollé. Twan et Gabriel sont restés à mes côtés jusqu'à l'envol. Nous sommes ensuite rentrés chacun chez nous. Lorsque j'ai passé le seuil de la porte, un de ses pulls traînait sur mon canapé. Je n'ai pas pleuré de suite. J'ai pleuré des heures plus tard, lorsque j'ai eu son message d'arrivé dans son nouvel appartement. Après des heures, de longues heures, jusqu'à ce que le jour se lève. Il ne m'a pas dit s'il avait lu ma lettre. Mais je comprends qu'il n'ait pas eu le temps. A peine arrivé, déjà tout un tas de choses lui sont tombées dessus. Son appartement, le coach, la rencontre avec l'équipe, son établissement. Tout un tas de choses. Cela ne fait qu'une semaine qu'il est parti. Et j'ai l'impression que cela fait une éternité. Je n'ai de cesse de me concentrer sur autre chose. Je me donne à fond au travail, je sors avec mes copines tous les soirs, je pars seule quelque part. J'écoute des chansons d'amour, de vieilles chansons et un verre de vin rouge. Assise sur mon tapis, je n'ai de cesse de regarder mon portable. Nous ne nous sommes envoyés que quelques textos depuis son arrivée. Le décalage horaire, son planning. Tout ce bazar fait que nous nous croisons au fil de la journée. Il me laisse des tonnes de messages vocaux sur messenger pour me raconter ses journées, ses péripéties et je ne cesse de faire de même, bien que mes jours ne soient pas aussi remplis. Son stupide rire tourne en boucle et je souris comme une idiote. Je termine mon verre de vin et pars ranger la bouteille à moitié entamée. Le verre dans l'évier, je ferme spotify et décide d'aller me faire un bon bain pour commencer le weekend comme il se doit. Un vieux film et des bougies, cela ira. Je fais couler l'eau, allume les bougies, passe une bonne demi-heure à choisir le film et me déshabille, entrant dans mon bain en soupirant, me laissant aspirer par l'eau. Je ferme les yeux mais la sonnerie de mon portable me fait sortir de ma rêverie. Je me précipite dessus mais soupire de nouveau en voyant que ce n'est que Julie qui me propose de boire des verres avec elle d'ici deux heures. Je réponds rapidement et me prélasse, sachant que j'ai tout le temps du monde. 

Lorsque j'arrive, tout le monde est là et cela me fait étrange de revoir leur visage pourtant si familier. Mickey me fait un grand sourire, sa main enlacée avec celle de Julie. 

"- Comment vas-tu Éva ?

- Super et toi ? Que me vaut ce gros apéro ? C'est rare que l'on se donne rendez-vous en extérieur !

- On voulait simplement prendre l'air tant qu'il fait encore beau !

- Nous ne sommes que début Août, n'abuse pas Greg !"

Je m'installe avec eux. Cela est rare de voir vraiment tout le monde réuni et encore plus dehors. 

"- Vous avez commandés ?

- Pas encore, me répond Emilie, accrochée à Greg malgré la chaleur de cette soirée. Nous t'attendions.

- C'est sympa. J'espère ne pas avoir traînée.

- Pile à l'heure ! Je te connais, il ne faut pas te déranger quand tu prends ton bain, rigole Julie."

Tony et Diego se sont également joint à cette soirée, et cela m'amuse de les voir tous les deux discuter comme si nous n'existions pas, à leur habitude.

"- On a apprit que ton mec est parti pour trois ans. Ajoute Antoine, l'air mal à l'aise de ne pas savoir comment aborder le sujet.

- Pour réaliser son rêve ! Cela va me faire du bien et à lui aussi. Il s'éclate tous les jours et moi je me ressource. Je pense me mettre au yoga.

- Toi ? Au Yoga ? Rigole Mathieu. Il faut un début à tout mais depuis que je te connais, tu déteste le sport.

- Rigole et étouffe toi. Je suis sérieuse. C'est doux et puis le yoga avec un bon verre de vin, c'est bon pour la santé !

- Je ne sais pas où tu as pêché ces informations mais la seule certitude que j'ai est que le vin permet de vivre plus longtemps. Je le sais bien, mon arrière-grand-mère boit de la liqueur de temps en temps et je peux vous dire qu'elle est aussi bien conservée que sa boisson ! Baptiste éclate de rire et nous le suivons, connaissant bien le personnage.

- Mais pour parler sérieusement, annonce Julie, comment tu te sens ?

- Bien. Ce n'est que la première semaine. La seule peur que j'ai est celle de m'habituer à son absence.

- Ne t'en fais pas, Greg et moi connaissons bien la distance, même si elle n'était pas aussi étendue que la tienne. Et cela ne nous a pas séparé, au contraire même. Nous sommes bien plus proche maintenant. Et vivre séparément au début n'est pas si mal. Cela te permet aussi de connaître la personne. 

- Je connais Maxime, peut-être pas sur le bout des doigts mais suffisamment pour n'avoir aucune crainte vis à vis de cette relation. Arrêtez donc de vous inquiéter pour moi et buvons à notre revoyure !"

Le serveur arrive vers nous et nous commandons en rigolant. Le reste de la soirée est un pur délice et je suis bien heureuse de les avoir dans ma vie. Cassandra et Camille sont les deux premières pompettes et cela me fait bien rire. Elles déblatèrent n'importe quoi et les discussions finissent par s'enchaîner naturellement. Je n'ai de cesse de jeter des coups d'œil à mon portable, sans pour autant que celui-ci ne m'annoncer une notification. Je finis par l'éteindre, me disant que cela calmera mon esprit et me laissera profiter de ma soirée, soirée qui se termine dans un bar à rigoler et chanter en enchaînant les boissons. Camille est étalée sur la table, presque endormie. Emilie et Greg sont les premiers à partir vers trois heures du matin. Cass, Antoine, Mathieu et Camille les suivent de prêt une demi-heure après. Tony et Diego sont pétés, et je ne suis pas loin d'être dans le même état. Il faut dire qu'elle était vraiment bonne. Julie et Mickey rentre à leur tour alors que le bar se prépare à fermer vers quatre heure. Comme trois idiots, assit sur un trottoir, nous roulons un joins. Je regarde les étoiles et tends la main vers elles.

"- Du haut de tes un mètre vingt, je doute fortement que tu puisses en attraper une.

- Je t'emmerde, Diego. Laisse moi- Oh ! Une étoile filante ! Faites un vœu ! "

Je joins mes mains, ferme les yeux et souhaite de tout mon cœur que mes proches soient heureux. Lorsque j'ouvre les yeux, Tony me tend le joins. Je tire quelque barres dessus avant de le passer à Diego.

"- Si vous pouviez être quelque part, n'importe où, où est-ce que vous iriez ?

- Au Japon, répond Tony sans hésitation.

- Au Brésil.

- Tu sais que une grande partie des femmes ont un trucs en plus ?

- Toi t'as un truc en moins.

- Bah j'ai un vagin.

- Je parlais de ton cerveau. Il est parti à la naissance."

Je frappe Diego, qui se marre, assit à ma gauche. Tony se moque aussi et lui donne également une petite tape sur l'épaule. L'air de rien, cette soirée et être avec eux m'a redonné le sourire et fait penser à autre chose. Bien défoncé, nous rentrons chacun chez nous, à pied évidemment. Lorsque j'arrive, je me rappelle que j'avais éteins mon portable. Je le rallume le temps de me mettre en pyjamas. J'ai reçu un message de Maxime. Je m'empresse de le lire, le cœur bondissant.

"J'ai lu ta lettre."

Je bégaie légèrement puis lis le reste.

"Eva, tu es mon coffee cigarette good night. Tu es cette musique qui tourne en rond dans ma tête. Tu es ce sourire qui éclaire mes matins. Tu es l'étoile filante que j'ai vu hier soir. Tu es toi. On apprécie les gens parce que, on les aime malgré. Tu as tout résumé en quelque mots. Et malgré tes défauts, je suis également fou de toi."

Je pleure silencieusement et lui réponds délicatement.

"Dans les bras de personne - Mickaël Miro"

Étonnamment, j'ai une réponse dans les minutes qui suivent.

"Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerais - Francis Cabrel"

Nous continuons de nous échanger des chansons d'amour sans jamais se dire je t'aime, réchauffant nos cœurs distanciés. Tu es partis avec le miens, le tiens tambourinant dans mes mains. 

Une histoire de fessesWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu