Au-delà du chemin

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Bien que Harry ait assuré à Charles qu'il ne lui en voulait pas, ou qu'il n'avait pas peur de lui, l'adolescent s'était renfermé sur lui-même, maussade. Il ne digérait pas d'être celui dont tout le monde craignait le retour, et la culpabilité pour les actes d'une vie passée le rongeait.

Leurs amis s'étaient rendu compte du changement bien évidemment. Charles n'avait jamais été particulièrement démonstratif, mais sa nervosité ne faisait aucuns doutes, pas plus que l'inquiétude de Harry. Hermione particulièrement, ne quittait pas le jeune homme des yeux, blessée d'être repoussée alors qu'ils étaient devenus proches.

Harry avait vu arriver la fin d'année avec soulagement. Il était temps qu'ils puissent quitter Poudlard et le regard acéré de Dumbledore pour retrouver le Manoir Malefoy qui était devenu leur foyer. Et le Sauveur avait bien l'intention de tirer Charles de son apathie et de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à se sentir coupable.

Harry ne quitta pas son frère jusqu'au départ de Poudlard, s'assurant de lui montrer à chaque instant que rien n'avait changé pour lui. Qu'il n'était ni rebuté, ni en colère. Il avait gardé le silence sur leur conversation, et Drago les couvait d'un regard inquiet. Ce fut dans cette atmosphère un peu étrange qu'ils embarquèrent tous à bord du Poudlard Express.
Habituellement, ils se tassaient dans le même compartiment. Cette fois pourtant, ils se retrouvèrent en petit comité : Harry, Charles, Drago et Hermione. La lionne avait jeté un regard lourd de sens aux autres pour leur faire comprendre qu'elle ne laisserait personne de plus entrer. Harry et Drago avaient ricané, amusés, mais n'avaient pas protesté, attendant la confrontation.

Le voyage de retour venait de commencer et Hermione attaqua directement, sourcils froncés.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Drago, stupéfait par le manque de tact et de subtilité de la jeune fille, avait émis un bruit étouffé, entre la protestation et le rire. Harry souriait, amusé alors que Charles écarquillait les yeux, muet de surprise.

Déterminé à laisser Charles se débrouiller avec la brunette, Harry s'installa confortablement, blotti contre Drago. Ce dernier s'était redressé légèrement, attentif.


Charles croisa le regard inquiet de Hermione, puis celui de Drago, et il soupira, perdu. Il plongea dans les yeux verts de Harry, et n'y trouva que de la bienveillance à son égard -  comme toujours.
Il déglutit, puis il grogna.
- Le fait que Harry soit en danger...
Harry fronça les sourcils, et intervint.
- Cédric Diggory va bien, selon Dumbledore. Il est juste rentré directement chez lui. Je suis sorti sain et sauf de son labyrinthe, et il n'y a aucune preuve que...

Hermione soupira.
- Charles, tu n'es pas autant en danger ? Toi et ton frère, vous avez survécu tous les deux à l'attaque de... Vous-savez-qui, non ? Après tout, tu as la même cicatrice que ton frère.
Charles prit une jolie teinte vermillon tandis que Harry gloussait, amusé que son frère ait montré la cicatrice qu'il cachait soigneusement habituellement.

Drago jeta un sort de silence sur leur compartiment, et fit un clin d'œil à Charles.
- Voilà. Nous sommes entre nous maintenant. Et personne ne pourra nous déranger.
Charles hésita un instant, puis, il ferma les yeux et soupira avant de secouer la tête.
- Je ne veux pas en parler.

Hermione se pinça les lèvres, prête à protester. Quelque chose dans l'expression de son ami la convainquit de se taire et elle lui prit juste la main, pour lui montrer son soutien. Le reste du trajet se fit dans un lourd silence.

***

En arrivant à Londres, Harry grogna en jetant un œil par la vitre du train.
- Dumbledore a encore envoyé Lupin nous attendre.

Les deux frères saluèrent Hermione, et Harry adressa un large sourire à Drago, puisqu'ils allaient se retrouver d'ici peu. Puis, sautant hors du train, ils se précipitèrent vers Sirius qui les attendait, Charles entraîné par son frère enthousiaste.

L'animagus leur ébouriffa les cheveux avec un large sourire et les enlaça.
- Ça vous dit un petit tour rapide avant de rentrer ?
Charles haussa les épaules, encore maussade, bien que l'excitation de Sirius lui ait tiré un léger sourire. Harry eut un bref regard en direction de Remus Lupin.
- Tu es sûr ? Je...

Sirius le coupa d'un grognement agacé.
- Ignore-le. Il ne nous suivra pas au-delà du chemin de Traverse.
Ils partirent tous les trois, bavardant gaiement, parfaitement conscients de la présence de l'ancien ami de Sirius qui les suivait de près.

Comme s'il avait le même âge qu'eux, Sirius les traîna de boutique en boutique, achetant des friandises, des vêtements et de quoi entretenir leurs balais. Puis, ils se laissèrent tomber en terrasse de chez Florian Fortarôme, et dégustèrent une glace en bavardant gaiement.
Charles semblait avoir retrouvé sa joie, autant grâce à l'enthousiasme de Sirius que de l'attention dont son frère l'entourait.

Remus se tenait à l'écart, ne les quittant pas du regard, mais à distance. Comme Sirius l'avait prévu, lorsqu'il quittèrent le chemin de Traverse, il ne les suivit pas. Enfin, ils transplanèrent pour le Manoir Malefoy tous les trois.

Sirius partit devant pour aller ranger leurs achats laissant les deux frères un peu en retrait dans le parc du Manoir. Harry posa son bras autour des épaules de son frère.
- Charlie ? Nous devrions parler de la situation avec Severus avant que...
- Avant que j'annonce que je suis le croquemitaine du monde sorcier ?
Harry gloussa, nullement impressionné. Malgré lui, Charles sourit.
- Tu ne prends jamais rien au sérieux, Harry.
- Et toi tu t'inquiètes trop. Personne ne va te rejeter Charlie. Quoi que tu en penses, tu n'es pas lui.
- Je...
Harry l'interrompit, le forçant à s'arrêter pour le fixer avec intensité.
- Laisse moi terminer. Tu n'es plus Voldemort. Tu es différent. Tu es mon frère. Tu es Charles Potter, mon jumeau. Et nous t'aimons. Les Malefoy, Sirius, Severus. Même Hermione.
La mention de la Gryffondor fit sursauter Charles, et Harry sourit en se penchant vers lui.
- Tu as le droit d'être heureux, tu as mérité ce droit. Quoi que tu aies fait avant, tu... Tu as toujours été à mes côtés, tu m'as protégé Charlie.
- Comment peux-tu... accepter alors que j'ai tué tes parents ?
- Ce n'était pas toi, Charlie. Pas la personne que tu es actuellement. Mes parents sont mort, mais pas nous. Et tu es ma famille. Je ne t'abandonnerai jamais.

Une larme coula sur la joue de Charles et il se jeta dans les bras de Harry, avec l'impression d'avoir le cœur en miettes.


Prompt de demain : La vérité sur la mort

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant