Tu es mon double

Mystères cachés

Il avait été décidé que Severus passerait le week-end au Manoir Malefoy. Aussi, il sirotait un verre en compagnie de Lucius, et les deux hommes observaient les jumeaux Potter installés dans la même pièce qu'eux, un peu à l'écart.

- Où est ton fils, Lucius ?

L'aristocrate grogna et haussa les épaules.

- Il est parti passer quelques jours chez les Parkinson. Narcissa est persuadée qu'ils seront les meilleurs amis du monde à Poudlard... Elle travaille à renforcer leurs liens de son propre aveu.

Severus ricana, amusé.

- Elle cherche déjà à jouer les marieuses ? Il n'est pas un peu jeune ?

- Qu'elle essaie ! Je suis en tractation avec les Greengrass. Mon héritier aura le mariage le plus avantageux possible. Et pour ton information, il n'est jamais trop tôt pour conclure un bon contrat.

Cette fois, le maître des potions se rembrunit.

- Et le laisser tomber amoureux et vivre ses propres expériences, Lucius ?

- L'un n'empêche pas l'autre mon ami. Les Malefoy ne concluent pas d'unions désavantageuses. Notre lignée se doit d'être irréprochable. Il aura le temps de Poudlard pour profiter de la vie, et ensuite il se devra de produire un héritier.

Severus réprima un grognement agacé. C'était une conversation qu'ils avaient eu de nombreuses fois depuis toutes ces années. Mais Lucius s'accrochait aux traditions sang-pur, comme si c'était une chose capitale. Comme si rien d'autre au monde ne comptait.

L'homme en venait à plaindre son filleul, qui se verrait marié avec une inconnue dès sa sortie de Poudlard, sans avoir la possibilité de refuser.

Il but une gorgée d'alcool et son regard se porta dans le coin de la pièce où se trouvaient les enfants. Les jumeaux Potter étaient collés l'un à l'autre, plongés dans un livre. Ils étaient totalement concentrés sur leur activité, cependant inconsciemment, ils restaient en contact permanent. Leurs épaules se touchaient. Parfois une tête se penchait vers l'autre et quelques mots étaient murmurés. Leur calme était impressionnant.

A les observer, il était évident qu'ils étaient fusionnels. Severus n'avait jamais vu de frères comme eux, si proches. Si protecteurs.

Il n'y avait pas un fort et un faible, un protecteur et un protégé, un dominant et un dominé. Ils se protégeaient à tour de rôle, et semblaient avoir un caractère bien trempé tous les deux.

Harry pouvait sembler plus doux au premier abord, mais il avait cette lueur impitoyable dans ses yeux verts dès lors qu'il s'agissait de la sécurité de son frère.

Sous ses dehors de dur, Charles était fragile à sa façon, pétri d'incertitudes, persuadé qu'il allait être abandonné.

Même si depuis leur arrivée au Manoir Malefoy ils étaient moins sur le qui-vive, il était évident qu'ils n'avaient pleinement confiance qu'en l'autre. Ils toléraient juste les adultes qui les avaient recueilli...

Ces deux gosses étaient une énigme, et il était bien déterminé à dévoiler tous les mystères cachés qui les entouraient. Severus jeta un Assurdiato autour de Lucius et de lui-même, et dévisagea un instant son plus vieil ami. Son plus proche ami.

Finalement, il se décida à lui faire confiance totalement. Après tout, depuis sept ans Lucius l'aidait et le suivait sans protester. Il avait accueilli les deux garçons sans la moindre hésitation, et Severus n'avait aucun doute que l'aristocrate saurait se montrer farouchement protecteur même s'il n'avait jamais été ami avec les Potter. Il avait vu le regard de Lucius, sa colère face aux maltraitances et il savait que les garçons étaient en sécurité avec lui.

- Ils ne sont pas frères.

Lucius ne parut pas surpris.

- Évidemment.

Voyant le regard choqué de son ami, l'aristocrate ricana.

- Voyons, Severus... Le monde magique dans son entier sait que les Potter ont eu un seul et unique fils. J'ignore ce qui s'est passé cette nuit là, et peut être que nous ne le saurons jamais. Cependant, ces gosses sont tellement liés qu'il sera plus simple à l'avenir de continuer de les considérer comme des jumeaux. D'ailleurs, si tu leur poses la question, ils sont frères jumeaux. Rien ne pourrait les faire changer d'avis.

- Tu ne t'interroges pas sur qui peut être Charles ?

- Qu'importe ? Il était là ce soir là, il est marqué comme Harry par ce fichu sort qu'ils ont reçu et personne n'est venu le réclamer. Je suppose que ça fait de lui un Potter adoptif ?

Severus hocha lentement la tête, sans quitter Charles des yeux. Le garçon fronça les sourcils, réagissant à sa lecture, et Harry tendit la main et lui frotta le dos inconsciemment. Severus secoua la tête.

- Tu as vu ça ?

Lucius acquiesça.

- Ce n'est pas exceptionnel pour eux. Ils semblent également sentir quand l'autre fait un cauchemar. Je suppose que leur enfance... difficile les a lié bien plus que nous pourrions l'imaginer.

Les deux hommes se turent pour siroter leurs boissons. D'un coup, Lucius soupira profondément.

- Narcissa veut que je fasse libérer son cousin Black.

Aussitôt, Severus se tendit et son ami posa une main apaisante sur son bras.

- Elle pense que Black sera un atout pour la protection des enfants.

Severus ne répondit pas immédiatement. Il était assailli de souvenirs déplaisants de son adolescence, de toutes les raisons pour lesquelles il détestait Black de toute son âme.

Depuis toutes ces années, il avait enfermé toute cette souffrance au fond de sa mémoire, pour se concentrer sur les enfants Potter. Il avait oublié James Potter à l'instant même où il avait vu le visage tuméfié de Harry, et il voulait se rapprocher d'eux, les connaître. Il voulait les protéger et les voir grandir.

Sauf qu'au moment où Black reviendrait dans leurs vies, lui serait exclu.

Narcissa avait raison sur un point au moins. Si Black ne s'était pas trop enfoncé dans la folie à Azkaban, alors il serait un formidable protecteur. Il n'hésiterait pas à défier Dumbledore pour protéger les gosses, quoi que puisse en dire le Directeur de Poudlard.

Sirius Black avait beaucoup de défauts mais il était désespérément fidèle. Severus n'avait jamais cru qu'il ait pu trahir les Potter. Il n'avait rien dit parce que ça n'aurait rien changé : l'homme avait été pris au milieu d'une rue pleine de cadavres de moldus. Quoi qu'il ait fait avant, ça ne comptait plus...

Lucius lui posa une main sur le bras, et Severus sursauta, sortant de ses pensées.

- Je peux encore dissuader ma chère épouse...

Un rire ironique lui répondit.

- Tu n'y crois pas toi-même, Lucius. Et Narcissa a raison : Black est la meilleure solution pour tenir Dumbledore à l'écart. Une fois l'idiot du village libre ce vieux fou n'aura plus la moindre prise sur leur éducation, puisqu'il est le parrain de Harry.

Prompt de demain : Une chance