Tu es mon double

Sœur démente

Lorsqu'elle reçut un hibou ce matin là, Narcissa Malefoy était encore sous le choc des révélations de Severus. Elle ne regrettait pas le Maître des Ténèbres : comme elle l'avait dit à son époux, il était totalement fou de s'en être pris à des bébés. À des enfants magiques.
Les enfants étaient ce qu'il y avait de plus précieux, parce qu'ils incarnaient l'avenir. Ils étaient la preuve que la Magie perdurerait, et se transmettrait dans les générations futures.

Celui que son mari appelait Maître avait perdu de vue cet état de fait, il avait choisi volontairement de sacrifier des enfants, bafouant toutes leurs traditions.
La mort des Potter l'avait laissé plus ou moins indifférente. Il était triste que leur fils soit un orphelin, cependant... elle n'avait jamais été proche d'eux. Elle savait que James Potter appartenait à une riche famille sang-pur mais il avait été bien trop prétentieux et imbu de lui-même à l'époque de Poudlard pour qu'il fasse partie de son cercle de relations.

Quand à Lily Evans, elle était une sang-de-bourbe. Narcissa pouvait reconnaître qu'elle avait été une sorcière puissante compte tenu de ses origines, et qu'à Poudlard elle avait montré un certain nombre de dons. Mais son rapprochement de James Potter l'avait clairement placée dans la liste des familles de la Lumière.

D'un air absent, elle prit le parchemin, et agita la main pour pousser l'oiseau à repartir. Puis, elle soupira et lut la lettre qu'elle venait de recevoir.
Aussitôt, Narcissa blêmit et un sanglot lui échappa.

Sa grande sœur venait d'être envoyée à Azkaban, où elle passerait probablement le reste de sa vie. Bellatrix était probablement la seule femme ayant jamais pris la marque des Ténèbres et elle était rapidement devenue la favorite de Voldemort. Pas parce qu'elle était une femme - le Seigneur des Ténèbres ne semblait pas intéressé par ce genre de relations. Mais parce qu'elle était aussi cruelle que Voldemort. Elle n'hésitait jamais à torturer ou à tuer, et elle était toujours la première volontaire pour mener des raids sur le monde moldu.

Narcissa reprit contenance. Elle était une sorcière sang-pur, et elle avait suffisamment d'éducation pour masquer ses émotions. Quelques secondes lui suffirent pour reprendre un air serein, effaçant toute trace de chagrin de son visage.

Elle prit soin de vaquer à ses occupations comme à son habitude, s'occupant de son fils et gérant sa maisonnée. Si quelqu'un était venu, il aurait témoigné que les Malefoy ne semblaient pas avoir été perturbés par les évènements qui secouaient le monde magique.

A l'heure du repas, elle prit place face à Lucius, et attendit calmement que les elfes ne leur apportent les plats. Ils commencèrent à manger en silence, jusqu'à ce que Lucius ne soupire.
- Tout va bien Narcissa ?
- Ma sœur démente est à Azkaban pour avoir torturé les Longdubas. Mon époux est un Mangemort qui la rejoindra probablement bientôt. Comment pourrais-je ne pas aller bien ?

Lucius ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. Il grogna, et vrilla ses yeux couleur d'orage dans les yeux clairs de son épouse.
- Ne teste pas ma patience, Narcissa.
Elle se leva et planta les mains sur la table avant de se pencher légèrement vers lui, une lueur de rage au fond de ses prunelles. Narcissa ne lui avait jamais laissé oublier qu'elle était une sorcière puissante et surtout qu'elle était une Black...
- Si jamais il te venait à l'idée de rester Mangemort Lucius, je prendrais Drago avec moi et tu ne nous reverrais jamais. Je refuse de voir mon enfant mis en danger pour une guerre stupide, sans le moindre sens ! Tu as choisi de suivre un fou et crois-moi, je vais te le faire regretter.

Stupéfait l'aristocrate regarda sa femme quitter la pièce tête haute après son éclat de colère. Il soupira et poussa son assiette, l'appétit coupé. Puis il releva la manche de sa chemise pour observer les traces infimes qui restaient de la marque des ténèbres.

C'était tellement ténu qu'il pourrait aisément faire oublier qu'un jour il avait été Mangemort. Il avait des soutiens puissants au Ministère. Il pourrait jouer la carte de l'imperium. Prétexter qu'il venait de prendre conscience de ce qu'il avait fait sans le vouloir, manipulé par... par sa belle-sœur par exemple.
Il lui restait à convaincre Narcissa de l'appuyer, et ils pourraient reprendre le cours de leurs vies, et oublier toute cette sordide histoire.

Il rejoignit son bureau, cependant il n'avait pas vraiment la tête à travailler. Il laissait un peu de temps à sa femme de se calmer, il ne tenait pas vraiment à la provoquer alors qu'elle était furieuse. Il ne l'avait jamais sous estimée et il ne comptait pas commencer à ce jour.
Lorsqu'il estima qu'il pourrait ramener la paix dans son ménage sans risquer de finir émasculé, il la rejoignit dans la nurserie où elle observait leur fils jouer, un livre sur les genoux. Avant de parler, il regarda également son héritier, et une bouffée de fierté l'envahit. Drago était un enfant adorable, toujours souriant. Il souhaitait par dessus tout le protéger...

- Il est mort Narcissa. Je n'ai plus la Marque. Toute cette histoire est derrière nous. J'ai suivi mon père, et... j'ai conscience que ce n'était pas aussi parfait que ce qu'il avait dit.
Narcissa ne tourna même pas la tête vers lui. Elle renifla juste pour lui faire comprendre qu'elle l'avait entendu, mais qu'il n'avait pas encore dit ce qu'il fallait pour recevoir son pardon.
- J'ai entendu ce que tu m'as dit. J'ai compris également. Cette guerre a été pure folie, et je ne compte pas répéter mes erreurs. Jamais.
Elle inclina la tête et se contenta d'un mot.
- Parfait.
Lucius sut qu'il devrait s'en contenter. Il hésita, observant encore un peu Drago, puis se résolut à poser la question qu'il avait préparé.
- Bellatrix va être envoyée à Azkaban. Souhaites-tu la faire libérer ?
- Hors de question ! Ma sœur est morte le jour où elle a pris cette marque. Elle est folle à lier Lucius ! Moi vivante, elle ne s'approchera jamais de mon bébé.

L'aristocrate souffla de soulagement.
- M'en tiendrais-tu rigueur si je prétextais avoir été sous Imperium pour rejoindre les Mangemorts, manipulé par ta sœur, de façon à éviter toute... accusation contre notre famille ?
Narcissa tourna la tête vers lui et le dévisagea longuement. Puis, elle haussa les épaules.
- Comme il te plaira. Laisse moi juste en dehors de tout ça.

Prompt de demain : Cesser d'espérer