If we had a soul - A Star Wars story - T.2

[Chap. 37]: Là où nos idéaux s'éloignent

« Vous aviez raison, parfois la vérité n'est pas ce qu'on rêverait entendre...
- On ne la dissimulerait pas autant si c'était le cas, Madame. »

« Lewis ? »

Elle ouvrit les yeux, se retrouvant seule face à son propre reflet. Parfois, quand elle se laissait aller à la rêverie, elle se remémorait ces moments privilégiés qu'elle avait eu avec cet étrange capitaine. Que de chemin parcouru depuis, dans de plus funestes circonstances.
Le miroir lui renvoyait son visage, celui d'une jeune femme dont la trentaine était désormais passée de quelques années. Et dire que lorsqu'elle l'avait connu, lorsqu'elle les avait connus, tous les deux, elle n'avait pas encore passé ce cap.

Tant d'années, déjà écoulées.
Tant de désillusions désormais, sur l'utopie de sa jeunesse.

Elle repensait au nombre de fois où Lewis lui avait parlé de la vérité. Oui, la vérité n'était jamais agréable. Elle était acide, impitoyable et souvent, elle vous usait plus qu'elle ne vous embellissait.
Pourtant, encore aujourd'hui, la question qui demeurait en elle, n'était pas de savoir ce qui allait la faire souffrir ou non.
Mais bien de savoir, ce qu'il lui restait encore à découvrir.

La porte s'ouvrit et, un bref instant, l'image de Lewis lui apparut à nouveau, avant de se subtiliser aux traits impassibles du capitaine Elvira. Ce manque d'émotion, ou peut être se trop plein qu'il rejetait, avait quelque chose d'apaisant pour elle. Elle avait déjà fort à faire avec les siennes et aimait savoir qu'elle n'était pas la seule en guerre avec ses propres faiblesses.

« Il est prêt à vous recevoir. » murmura-t-il d'une voix monocorde.
« Vous êtes plutôt convaincant...Quand ?
- Maintenant. Venez. »

Spencer se leva sans discuter, suivant son second d'un pas rapide. Le chemin qui les menait vers une navette de transport fut court et personne n'était au courant de leur départ. Après plusieurs instants, murés dans le silence, ils avaient atteint leur destination et un lieutenant les avait accueillis avec respect. Tous se retournaient derrière eux. Elle les sentait, ces regards. Elle était celle qui avait fait vaciller les certitudes, celles qui avaient fait tomber un système récalcitrant, celle qui était parvenu à négocier sans un mort, ce que le Premier Ordre voulait.

Elle représentait quelque chose de grand, elle était l'image de l'espoir d'un ordre nouveau, d'un ordre qui rétablira l'harmonie dans la galaxie.
Et elle n'était pas certaine d'être encore capable d'endosser ce rôle-là.

Le Clairvoyant était un destroyer qui transitait non loin des régions inconnues, il se déplaçait que rarement, car il abritait en son sein un service qui ne nécessitait pas le déplacement d'un vaisseau aussi massif. L'intérieur était fort semblable à l'Exécutrice, tant que Spencer n'y prêtait aucune attention. Bien trop occupée à réfléchir à toutes les questions qu'elle allait devoir poser.
La porte coulissa sur un homme d'un âge certain, il la regardait au travers ses lunettes rondes et un sourire se lut sur son visage creusé. Retirant sa casquette et se levant de sa chaise, Spencer put apercevoir son apparence : grand, longiligne, les cheveux coupés ras semblaient gris voire blancs et ses yeux eux, étaient d'un bleu transparent.

« Voici donc le général Gert Sullivan, directeur du bureau des renseignements, et Monsieur, voici la grande amirale Spencer »

Leurs regards se croisèrent et ils se saluèrent respectueusement.
« Je ne pensais jamais vous rencontrer. » commença-t-il lentement. « Grande amirale Spencer.
- On dirait qu'il en a décidé autrement. »
Elvira s'inclina.
« Peut-être devrais-je vous laisser... »
L'homme se tourna vers le capitaine avec un sourire accueillant.
« Sadavir, tu as suffisamment foulé le planché de ce bureau pour te permettre d'y rester cette fois-ci. » fit-il en désignant un siège en retrait. Le capitaine ne répondit pas et s'exécuta.
« Lorsque le capitaine Lewis est mort... » commença lentement Spencer alors que le regard du général était posé sur lui. « Il m'a légué toute une série de chose. »
Sullivan ne put s'empêcher de sourire.