[Chap. 29]: Les chefs de guerre

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« Les chefs vont et viennent. Parfois ils demeurent là une éternité, parfois ils s'évaporent aussi vite qu'ils ne sont apparus. Rien n'est plus difficile pour ceux qui restent, que de s'adapter à cette fatalité. Si ces départs sont parfois des soulagements, ils annoncent aussi et surtout la venue d'un autre. Car tout un chacun sait qu'un chef est indispensable.
Il revient alors aux subordonnés de savoir à qui ils ont à faire. Car souvent, le chef change tout un vaisseau, mais plus encore, un équipage tout entier. »

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« Tu as l'air bien pensif... »
Les paroles du commodore avaient raisonnés dans la salle d'entrainement alors qu'Elvira venait de lui donner un coup de bâton dans le dos. Se frictionnant l'endroit de l'impact, il avait adressé à son ami et capitaine un sourire complice. Visiblement, il avait été bien trop occupé à analyser les expressions d'Elvira pour voir venir le coup.
« Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- Tu as mis plus de temps à me mettre ko, mon cher. »

Le capitaine n'était pas du genre à sourire, mais il renifla bruyamment, comme pour admettre à contre cœur les observations du commodore. Ramassant le bâton au sol, il alla doucement les poser sur le côté du tatami avant de revenir vers Elysée.
« C'est elle n'est-ce pas ? »


Sadavir ne releva pas même les yeux. Il avait très bien compris ce que sous entendait Elysée. Le fait qu'il ait été impressionné par l'attitude tactique du nouvel amiral. Qu'il avait été étonné qu'elle ait anticipé si loin la manœuvre qu'elle voulait entreprendre. Même s'il ne l'admettait pas, Elysée avait tapé juste. Mais ce n'était pas seulement cela. Il y avait autre chose.
Sans même lui répondre, ils poursuivirent leurs entrainements quotidiens. Les deux hommes avaient l'habitude de se retrouver ici régulièrement pour entretenir leurs méthodes en combat rapproché et pour discuter de choses qui n'avaient pas lieu d'être sur un pont de commandement. Du bâton jusqu'à l'Echani, ils entretenaient des arts martiaux datant de l'Empire et estimaient qu'il était très important de les enseigner aux nouveaux officiers. Mais une fois encore, Sadavir montra sa supériorité et profita d'un instant d'inattention de son ami pour le mettre à terre.
« Penser ne m'empêche pas d'être efficace, bien au contraire. Tu dois absolument te détacher de ce qui te passe par la tête, ou bien...
- ça va, ça va, tu me fais cette remarque à chaque fois que je me retrouve à terre sur ce tapis... »
Souffla le commodore en attrapant la main du capitaine. « Mais tu ne fais que dévier le sujet, tu n'as pas répondu à ma question. »
Elvira passa une main dans ses cheveux afin de dégager son visage d'une mèche tombée sur son front, puis posa ses mains sur sa taille, comme il avait souvent l'habitude de faire lorsqu'il était attentif ou réfléchissait.
« Sa méthode est intéressante. » commença-t-il doucement. « La position de notre vaisseau était parfaite pour avoir à porter de tir les emplacements stratégiques. Mais une chose m'échappe. » Ashford haussa les sourcils en attendant la suite de l'exposé de son capitaine. S'il n'avait pas été dans cette salle d'entrainement, probablement que Sadavir aurait déjà sorti son immense bloc note dans lequel il notait absolument tout ce qui touchait de près ou de loin à une opération militaire. Heureusement, vus les circonstances, il échappait à ça.
« Une chose t'échappe ? A toi ? »
Ne relevant pas l'humour, le capitaine poursuivit.
« Je ne comprends pas l'intérêt de ce qui s'est passé au sol. Cette attaque aurait pu être évitée sans trop d'effort. Pourquoi être si maligne pour positionner un vaisseau et provoquer un tel désastre au sol ? »
Sadavir avait probablement déjà la réponse à cette question, mais Ashford semblait particulièrement amusé de le voir si intrigué par les évènements de la nuit précédente. Mais soudain, l'attention du commodore se posa sur tout autre chose, et son regard étrange passa au-dessus de l'épaule du capitaine.
« He bien, je crois que tu vas pouvoir lui poser la question... » souffla-t-il.
Le capitaine tourna légèrement la tête pour l'apercevoir à son tour. Elle était là, debout, appuyée contre l'encadrure de la porte, les bras et les jambes croisés. Son regard bleu les transperçait et malgré sa petite taille il était difficile de ne pas remarquer la présence qu'elle dégageait. Depuis combien de temps était- elle là ? Peu de temps, du moins, il l'espérait.

If we had a soul - A Star Wars story - T.2Where stories live. Discover now