[Chap . 22]: L'énigme Lewis

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Oh merde

Une fois encore. Ces mots traduisaient la pensée d Everson.

Cet homme sur la photo n'était pas tout à fait un inconnu. C'était l'homme dont l'amiral portait le nom.

Mais il fallait être stupide pour ne pas remarquer que rien ne la reliait à lui à l'exception de ce patronyme.

Rien, pas même un air de famille.

La sergente chercha à justifier ce manque d'appartenance par le fait que la grande amirale avait indiscutablement hérité du patrimoine génétique de sa mère, du moins, physiquement. Bien qu'elle ne pût pas prétendre avoir connu un jour cette fameuse Eleanore, elle en avait bien le portrait craché en face d'elle. Alors qu'elle vit le regard de Spencer se perdre dans le vide, elle en profita pour visualiser à nouveau la photo sur laquelle elle avait posé les yeux quelques temps plus tôt. Dernière tentative.
Une expression ?
Un détail ?
Un trait physique ?
Everson avait espéré, une fois encore, en la passant au peigne fin dans son esprit, découvrir l'une ou l'autre détails qui lui auraient échappé.

Mais encore une fois, il n'y avait rien.
Elle devait se rendre à l'évidence.

L'expression sévère, froide et stricte que pouvait avoir Spencer ne ressemblait en rien à cela. Et même en imaginant cet homme dans un état d'esprit semblable elle ne parvenait pas à trouver le moindre point commun.

Elle avait hérité ça

De quelqu'un d'autre.


« Madame... » souffla-t-elle doucement. « Est-ce que... »
Non, ne lui demande surtout pas si elle va bien, imbécile ! Pensa-t-elle. Comment tu vivrais la chose toi, si tu découvrais que le type dont tu portes le nom n'était pas celui qui t'avais fait ?
Elle se félicita d'avoir gardé cette réflexion pour elle. Bien qu'elle eût du mal à se mettre à sa place, car en réalité, elle aurait aimé mille fois découvrir qu'elle n'était pas la fille de son géniteur, qu'elle méprisait largement.
Spencer rouvrit alors doucement la boîte, celle-là même qui venait de semer la discorde, et attrapa la photo sans même la regarder à nouveau, glissant celle-ci à l'intérieur de sa veste, elle en fit autant avec l'étrange chaine qu'elles avaient découverte.
« Ça va. » souffla-t-elle.


En réalité, non, ça n'allait pas du tout. Everson le ressentait si fort qu'elle avait envie de la prendre dans ses bras. Mais y avait quelque chose d'étrange en cette femme, elle inspirait à la fois sympathie et crainte. Elle pouvait se montrer altruiste et cruelle.
Mais surtout d'une extrême justesse et d'une redoutable clairvoyance.
L'aurait-elle repoussée si elle avait, ne serait-ce que posé sa main sur la sienne en signe de réconfort ?
Elle n'était pas encore parvenue à la percer à jour suffisamment pour le savoir.
La grande-amirale mit fin à ses réflexions en se relevant, la faisant sursauter tandis qu'elle attrapa la veste de son uniforme.

« Ne vous inquiétez pas sergent. Je pense que j'ai encore une ou l'autre chose à faire avant de partir. Ça ne sera pas long. »

Elle ne chercha pas à en dire plus et alors qu'elle avait déjà fait quelques pas vers la sortie, elle se retourna vers sa sergente.
« Prenez tout avec vous sur l'Exécutrice. Il sera plus discret et plus prudent que ça soit vous qui ayez la garde de cela avant notre prise de fonction. » Elle marqua une pause. « Nous partirons du Finalizer, j'ai un arrêt à y faire. »
La porte coulissa alors doucement et elle s'y glissa telle une ombre, le pas vif de ses bottes raisonna quelques instants avant de s'éteindre.
Et alors qu'elle tenait encore cette boîte entre ses mains, Everson avait la conviction que les choses ne seraient plus jamais comme elles furent.

If we had a soul - A Star Wars story - T.2Where stories live. Discover now