Sang Remords (T.1 - ☑ /T.2 - en cours)

TOME 1 - Chapitre 26

Pense-bête n°12 : La confiance est difficile à acquérir et... facile à perdre.

— Éloigne-toi d'elle ou tu vas goûter de mon fouet ! hurle docteur Guérin en faisant irruption dans la cellule.

Mihai resserre son emprise autour de ma taille et pivote légèrement pour lui faire face. Les deux hommes se dévisagent, se jaugent comme deux loups sur le point de se disputer un territoire.

Mes paupières papillonnent sans cesse. Je n'arrive pas à les maintenir ouvertes. Mon corps est lourd, plombé de fatigue. Je dois faire un effort de concentration pour rester éveillée.

— Écarte-toi, chien ! tonne de nouveau le médecin. Obéis, si tu ne veux pas subir la morsure de l'argent !

Pour donner du poids à sa menace, il fait claquer sa lanière en fils de métal blanc au sol. Un son sec et vif me vrille les tympans. Mon esprit s'arrache aussitôt aux brumes du sommeil.

« L'argent... Ce métal a l'étrange capacité d'affaiblir son organisme. »

Les mots du docteur Guérin me reviennent brusquement en mémoire. Je prends alors conscience que son avertissement n'est pas feint. Il a vraiment l'intention de s'attaquer à Mihai.

Il ne plaisante pas ! Lâche-moi !

Pour toute réponse, il se met à grogner en montrant les dents. J'essaye de me libérer de son étreinte, mais c'est peine perdue. Les forces me manquent. Je me sens tellement affaiblie. Mihai en profite pour m'attirer davantage contre lui dans un geste de défi.

Le médecin affiche une expression indéchiffrable avant qu'une lueur de colère ne s'allume au fond de ses yeux.

Ça va mal finir...

— Tout va bien, Docteur Guérin, je croasse d'une voix étranglée. Je lui avais donné l'autorisation de me mordre.

— « L'autorisation » ? répète-t-il, railleur. Ne vous abaissez pas à le protéger, matriarche. Le mensonge ne vous sied guère !

— Pour autant, je vous l'assure, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Tout est sous contrôle.

Il me considère avec gravité.

— Vous êtes pâle comme la mort. Vous avez dû perdre une grande quantité de sang... Est-ce là votre façon de gérer la situation ?

— Absolument ! je rétorque avec aplomb.

Le médecin arque un sourcil étonné, puis reporte son intérêt sur le jeune homme à mes côtés.

— Que lui as-tu fait ? accuse-t-il. Tu la manipules, n'est-ce pas ?

Mihai lui décoche un sourire narquois.

Arrête de le provoquer !

— Parle, vampire ! commande-t-il d'un ton hargneux.

L'intéressé crache au pied du médecin.

— Tu ne perds rien pour attendre !

— Il est inutile d'avoir recours à la violence, j'interviens. Sortez, docteur Guérin. Je vous rejoins tout de suite.

Ma voix n'est plus qu'un murmure. La fatigue commence à me rattraper.

— Non, réplique-t-il, autoritaire. Vous n'êtes pas en état de donner des ordres. En outre, c'est la première fois que cette créature mord à plusieurs reprises une Overney-Lecomte. J'ignore les conséquences que cela pourrait avoir sur votre équilibre mental.