Sang Remords (T.1 - ☑ /T.2 - en cours)

TOME 1 - Chapitre 14

Constat de survie n°9 : Le diable est dans les détails.

— Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

— J'écris, réplique ma frangine sans lever son nez d'un journal intime, posé sur ses genoux.

Laura est confortablement assise sur la banquette près de la fenêtre. La pointe de son stylo gratte le papier. Elle s'applique méticuleusement à noircir la page.

Qu'a-t-elle de si palpitant à raconter ?

— Et ça serait trop te demander d'aller le faire ailleurs ? Dans TA chambre, par exemple...

— Je suis bien ici, répond-elle d'un air absorbé.

— LAURA !

Elle sursaute, redresse la tête et me dévisage avec étonnement. Mon ton était plus sec que je ne l'aurais voulu, mais depuis mon échange tendu avec Nathan, j'éprouve des difficultés à conserver mon sang-froid.

— J'ai besoin d'être seule. Je dois réfléchir...

Je ne fais aucun effort pour dissimuler mon humeur de chien.

— À quoi ?

Je soupire, accablée par le fardeau familial.

— À des trucs d'adultes !

— Tu n'es pas plus adulte que moi, Suzie, rétorque-t-elle avec douceur.

Elle marque un point.

— S'il te plaît, Laura.

Ma petite sœur pose aussitôt son carnet et son stylo à côté d'elle, puis m'étudie avec une intense attention.

— Quelqu'un t'a embêtée ?

Je pince mes lèvres.

— Laisse tomber.

— Pour quelqu'un qui prétend vouloir réfléchir à des trucs d'adultes, je trouve que tu agis comme une gamine !

Ses mots me frappent plus forts que des coups de massue. Je la fixe comme si je la voyais pour la première fois, partagée entre la stupeur et la honte.

— Laura... Écoute, je...

— Je suis ton lieutenant ! s'indigne-t-elle. Je suis là pour te seconder ! Tu peux tout me dire ! Fais-moi confiance !

— C'est pas le problème !

— Dans ce cas, pourquoi tu me tiens à l'écart ? me questionne-t-elle d'une voix peinée.

— Pour te protéger !

— Je serai doublement protégée si tu ne me gardes pas dans l'ignorance !

Putain ! Depuis quand est-elle aussi avisée ? C'est fou comment elle a gagné en maturité en si peu de temps !

Luttant pour ne pas m'attendrir, je hausse les épaules pour lui signifier que je n'ai pas envie de débattre sur le sujet. Vexée, elle s'empare de son calepin et le brandit fièrement sous mes yeux.

— J'ai fini de rédiger mon rapport !

— « Ton rapport » ? Je répète, surprise. C'était pas ton journal intime ?

Elle fait non de la tête.

— J'ai marqué dedans toutes mes observations, m'annonce-t-elle avec satisfaction.

— Comment ça ?

Elle me donne son carnet et d'un mouvement du menton, m'incite à le découvrir par moi-même. Ébranlée, je regarde tour à tour ma petite sœur et son calepin, puis commence à le feuilleter :