TOME 1 - Chapitre 32

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Directive... Non. Observation n°1 : Certaines vérités sont à vomir !

— Suzanne !

Je me réveille en sursaut et me redresse dans mon lit.

— Mi... Mihai ? je réponds, désorientée.

À côté de moi, un petit sifflement accompagné d'une vibration caverneuse me fait tressaillir. Je tends la main à droite et allume la lampe de chevet.

Les cheveux blonds éparpillés sur l'oreiller, les bras croisés au-dessus de sa tête, Laura dort paisiblement la bouche ouverte. Le son léger d'un ronflement lui échappe à chaque expiration et semble gagner en intensité de seconde en seconde.

— Dans cinq minutes, elle n'aura rien à envier à une locomotive, je murmure, amusée.

Je dépose un tendre baiser sur son front et m'extirpe de la chaleur réconfortante de la couette. Au contact froid du sol, ma cervelle émerge lentement du sommeil. Je tente de retenir les dernières images de mon rêve, mais elles s'évaporent de mon esprit comme les effluves d'un parfum dont on a brisé le flacon. L'unique vestige est la voix de Mihai, qui persiste dans mon souvenir.

Il me manque... Je n'ai soudain plus qu'une hâte, qu'un seul désir : le revoir.

Je me lève d'un bond. J'enfile précipitamment un jean et un débardeur, puis me baisse pour ramasser mon gros pull abandonné la veille sur le fauteuil. Je glisse mon téléphone portable dans une poche et sors en courant de la chambre. Le manoir est encore plongé dans l'obscurité. Inquiète d'attirer l'attention de la maisonnée, j'avance à pas feutrés, tout en effleurant le mur afin de me repérer dans la pénombre. J'arpente les couloirs sans un bruit, jusqu'à atteindre l'entrée de la cave. Sans hésiter, je m'y engouffre et referme prudemment derrière moi.

Je m'autorise alors à allumer la lampe torche de mon téléphone. La lumière n'est pas très puissante, mais sera suffisante pour rejoindre la réserve à vin, sans me briser le cou dans le vieil escalier de pierre. Mon cœur tambourine de plus en plus fort à mesure que je descends les marches. Arrivée devant les étagères à bouteilles, j'actionne le mécanisme du passage secret, éteins mon éclairage de fortune et m'élance dans le corridor familier.

Une fois dans le vestibule de la cellule, les néons s'allument systématiquement, inondant de leur froide clarté la porte blindée. Telle une automate, je réduis la distance qui m'en sépare, puis pose mes paumes contre sa surface en acier.

Je tremble nerveusement. Impossible de me calmer, j'ai les nerfs en pelote. Je meurs d'envie de le voir – ne serait-ce que pour m'assurer qu'il va bien –, mais en même temps, j'appréhende nos retrouvailles.

Comment va-t-il réagir ? Acceptera-t-il de discuter ? Que reste-t-il de notre relation ? Y a-t-il seulement quelque chose à sauver ?

Le cœur battant à tout rompre, je pose mon pouce sur l'écran biométrique et... rien ne se produit. Déconcertée, je réitère mon geste, en vain.

Qu'est-ce qui se passe ? Problème technique ou...

— Matriarche ? m'interpelle soudainement une voix familière.

Je me retourne pour faire face au médecin de famille. Son regard se fixe aussitôt sur ma joue blessée. Il observe pensivement le pansement. Ses iris marron s'éclairent d'une lueur de culpabilité.

Bien... Il s'en veut. La piqûre de rappel semble fonctionner.

Je croise les bras sur ma poitrine et redresse fièrement la tête.

— Docteur Guérin. Vous êtes bien matinal...

— Beaucoup de travail, prétexte-t-il en se pinçant l'arête du nez.

Sang Remords (T.1 - ☑ /T.2 - en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant