TOME 1 - Prologue

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Après un sommeil sans rêve, il se réveille, torse nu, solidement attaché à une chaise par les bras et les jambes. La pièce est d'un blanc aveuglant. La lumière vive des néons agresse ses yeux sensibles. Il bat quelques instants des paupières pour s'habituer à la luminosité ambiante.

Un soldat et deux hommes en blouses blanches font irruption dans la salle. Ils toisent le prisonnier avec un mépris évident, lui tournant autour telle une meute de loups affamés. L'officier finit par s'asseoir sur un tabouret, disposé en face du captif. Ses deux compagnons se positionnent juste derrière, de manière à l'encercler.

Le meneur sort un carnet de sa poche et tapote la couverture du bout des doigts. Une expression de froide détermination se dessine sur son visage, sa bouche se tord en un rictus plein de suffisance. Il plante son regard acéré dans celui du malheureux. Ce dernier ne se laisse pas impressionner. Une joute visuelle s'engage entre eux : les deux adversaires se défient, se jaugent, comme deux taureaux prêts à charger.

Finalement, le militaire est le premier à détourner les yeux, sans toutefois se départir de son sourire. Il feuillette son calepin, consultant méticuleusement ses notes, puis lâche dans un soupir agacé :

— Sais-tu quel jour nous sommes ?

Devant le mutisme du prisonnier, il poursuit sur un ton égal :

— Nous sommes déjà le 1er février 1938.

La réponse est un véritable électrochoc pour le séquestré. Ses traits se contractent sous l'effet de l'émotion. Ses lèvres s'étirent en une grimace d'amertume.

— À force d'être enfermé, tu as peut-être perdu la notion du temps... Néanmoins, si mes informations sont exactes, cela fait une éternité que tu sers nos intérêts.

Un silence glacial accueille ses paroles. Loin d'en être déstabilisé, l'homme poursuit son discours.

— En connaissance de cause, nous avons décidé de t'accorder une chance... Évidemment, il ne tient qu'à toi de saisir cette opportunité et de reprendre ton destin en main.

Il marque une longue pause, semblant chercher ses mots, puis se lance :

— Si tu consens à répondre à mes questions, nous te rendrons la liberté.

Un nerf tressaute sur la joue du captif, signe que la proposition l'intéresse plus qu'il veut bien le laisser paraître. Il glisse un coup d'œil intrigué vers le soldat, ce dernier hoche la tête d'un air entendu.

— Bien... Maintenant que j'ai toute ton attention, dit-il d'un ton aigre-doux, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet. Je souhaiterais tout d'abord vérifier certaines informations... Commençons par ton âge. Tu as vingt ans, c'est cela ?

Le détenu confirme d'un battement de paupières.

— Et tu es originaire de Valachie ?

Il acquiesce d'un lent mouvement de tête.

— Aujourd'hui, ce territoire appartient en grande partie à la Roumanie. Aimerais-tu y retourner ?

Le prisonnier hésite comme en proie à une sorte de combat intérieur. Sans attendre de réponse, l'homme s'attelle à la suite de son interrogatoire.

— Ta famille y habite depuis combien de générations ?

Le captif reste immobile, les lèvres serrées.

— As-tu encore des proches là-bas ?

La mâchoire crispée, il s'obstine à garder silence, tandis que l'officier perd clairement patience.

— Et tes parents avaient-ils des frères et sœurs ?

Le détenu dévisage son interlocuteur, puis hausse les épaules, impassible.

— Tu l'ignores ou tu ne veux pas me répondre ? demande-t-il d'une voix prudente.

D'un calme olympien, le prisonnier réitère son geste, laissant sciemment le doute planer.

— N'oublie pas notre petit arrangement : tu m'aides, je t'aide. Notre coopération nous sera bénéfique à tous deux.

Il opine gravement, tandis que le militaire se passe une main nerveuse dans les cheveux.

— Continuons... Combien êtes-vous ? (Le détenu arque un sourcil, perplexe.) Je veux dire... Ton espèce. Quelle est l'étendue de votre population ? De votre territoire ?

L'un des deux médecins empoigne l'épaule du séquestré, geste silencieux pour lui intimer l'ordre de répondre.

— Réfléchis... Pour le moment, et jusqu'à preuve du contraire, tu es le seul... Une anomalie... Si bien que nous n'avons pas d'autres choix que de concentrer nos efforts sur toi, explique-t-il en coulant un regard en direction d'un chariot métallique sur lequel est posée une multitude d'instruments chirurgicaux.

Le captif déglutit, comprenant pleinement l'allusion.

— Cependant, la nature ne fait rien d'unique : nous avons la conviction qu'il existe plusieurs individus dans ton genre – conviction que partagent d'ailleurs nos collaborateurs du Reich. Si tu n'as pas envie que nous mettions l'Europe à feu et à sang pour les débusquer, je te conseille vivement de nous révéler où ils vivent. En échange, je te le répète, les tortures cesseront et tu retrouveras la liberté.

Le détenu ferme les yeux pour se plonger dans de profondes réflexions. L'homme l'imagine en train de peser le pour et le contre. Il réprime son impatience en serrant les poings, jugeant préférable de ne pas le brusquer. Quelques instants plus tard, le prisonnier ouvre les paupières et pousse un soupir à fendre l'âme.

— Ta décision est prise ?

L'expression affligée, il remue la tête de haut en bas comme une marionnette.

— Tu as fait le bon choix. N'en doute jamais, affirme-t-il avec conviction. (Il récupère un crayon de sa poche et le fait tournoyer entre ses doigts.) À présent, je t'écoute : où se cachent les monstres de ton espèce ?

Le captif se racle la gorge et projette un énorme crachat au visage du soldat. Ce dernier, surpris, bondit sur ses pieds en hurlant, puis s'essuie prestement d'un revers de manche, avant d'envoyer son poing dans le nez du détenu. Le sang gicle et éclabousse son uniforme.

— Très bien ! Tu l'auras voulu, vermine ! Tu vas souffrir ! (Il pivote vers l'un des médecins.) Préparez la salle d'opération, messieurs ! C'est l'heure d'une nouvelle dissection !

Ne jamais regretter... Un jour, je me vengerai.

Bonjour mes petites crevettes à la confiture d'orange ^_~

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Bonjour mes petites crevettes à la confiture d'orange ^_~

Merci beaucoup d'avoir lu le prologue de "Sang Remords".
J'espère qu'il vous a plu et a piqué votre curiosité !
Foncez vite découvrir la suite ;)

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Pardonnez-moi pour les petites coquilles orthographiques qui sont parvenues à rester dans le texte malgré tous mes efforts u_u

Prenez soin de vous. À bientôt.
Sabrina.


Sang Remords (T.1 - ☑ /T.2 - en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant