Chapitre 16.

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Bellatrix avait toujours connu le luxe. Le pire établissement où elle avait dû séjourner jusqu'à ce jour avait été Poudlard, Voldemort le savait bien. Cela était risible, quand on savait que, pour ce dernier, Poudlard avait été la plus riche expérience de sa vie. Il se souvenait d'avoir, enfant, été ébahi par la beauté des lieux. Avant de commencer sa scolarité à l'école de sorcellerie, il n'avait connu que la misère et la solitude. Il n'avait vécu qu'à l'orphelinat Wool.
De la même façon, lorsqu'il avait établi ses quartiers au manoir Malefoy, il lui avait d'abord été impossible de détacher son regard de tous les luxueux ornements au plafond, des colonnes et des statues de marbre, du parquet ciré, des lustres en cristal.
Bellatrix n'avait pas bronché en posant ses valises chez les Malefoy. Tout cela, toute cette richesse, c'était son environnement naturel. Voldemort avait senti son ventre se nouer lorsqu'il avait réalisé cela. Bellatrix Black avait reçu tout au long de sa courte vie ce que Tom Jedusor aurait dû avoir dès sa naissance. Une famille, de l'argent, et un nom reconnu partout dans le monde sorcier.

Désormais, il guidait la jeune sorcière jusqu'à la suite que lui avait accordé Abraxas. Ce dernier était sorti en ville, et ne reviendrait que pour le dîner. Avec Lucius à Poudlard, et la mère de l'enfant qui était partie à l'autre bout du monde sur un coup de tête- depuis maintenant trois mois- Bellatrix et Voldemort étaient seuls.

- La chambre, le boudoir et la salle de bain sont à vous, miss Black, déclara Voldemort en laissant entrer Bellatrix dans la suite. Nous n'avons pas d'horaires fixes pour les repas, vous n'aurez qu'à demander à l'elfe de maison de vous préparer ce que vous désirez lorsque vous le désirerez.

La brune acquiesça. Voldemort ne put alors s'empêcher de remarquer sa beauté. Il secoua la tête, chassant cette remarque de son esprit. C'était une Black. Pourquoi était-il étonné de constater que ses lèvres pleines étaient de la même couleur que le rubis, que ses boucles brunes étaient d'une souplesse divine, que ses yeux étaient un océan de ténèbres, que sa taille fine soulignait parfaitement ses hanches, qu'elle se tenait comme une reine et marchait comme une lionne en pleine chasse ?

- Je vous demande d'être dans mon bureau chaque matin à neuf heures afin de commencer les cours. Nous étudierons le programme de votre septième année, ainsi que d'autres sujets qui, à mon sens, vous seront utile. Vous n'avez pas le droit d'utiliser des sortilèges pouvant offensifs, alors l'étude des duels restera théorique dans un premier temps. Vous vous doutez que, si vous êtes là, c'est pour être formée. Nous passerons à la pratique en temps voulu.
- Pourquoi faire tout cela ? demanda alors la fille.

Voldemort prit une profonde inspiration. Bellatrix ne perdait pas le Nord. Bien. Il avait besoin de soldat qui puissent rester concentrés sur leurs objectifs.

- Je doute que vous ne soyez pas au courant de mes plans pour l'avenir de ce pays, miss Black, répondit Voldemort.
- Vous voulez rétablir l'ordre naturel des choses, dit Bellatrix d'un ton neutre. Vous voulez restaurer la grandeur du genre sorcier, remettre les sangs de bourbe à leur place, et les Sacrés à la leur.

Voldemort acquiesça lentement, laissant un léger sourire apparaître sur ses lèvres.

- Et pour cela, j'ai besoin d'alliés, expliqua-t-il. D'alliés puissants, prêt à faire le nécessaire. Prêts à agir pour l'intérêt de tous. Vous m'avez demandé pourquoi je faisais tout cela. Je le fais car je décèle chez vous un grand potentiel. Vous venez d'une des plus importantes familles de Grande-Bretagne. Vous êtes ce qui devrait être pour tous l'idéal du genre sorcier. Vous êtes aussi, et j'en ai eu la preuve, une puissante sorcière. Une Occlumens, une tueuse... il y a quelque chose de sombre en vous, de très sombre. Je l'ai vu dans l'esprit de vos proches, je l'ai vu dans vos yeux. Je ne crois pas que les ténèbres soient quelque chose de mauvais. Avec la bonne approche, ils peuvent devenir une stratégie infaillible, une arme létale.
- Vous voulez faire de moi votre arme, devina Bellatrix, une lueur étrange brillant dans ses yeux noirs.

Le sourire de Voldemort s'agrandit, sans pour autant toucher ses oreilles.

- Je veux faire de vous une sorcière indépendante, apte à se battre pour ses idéaux, corrigea-t-il d'une voix douce.

Cette fois, c'est Bellatrix qui sourit. Les enfants de sang pur grandissaient sans jamais être réellement écoutés. On ne leur donnait pas vraiment de voix. On leur disait ce qu'ils avaient à faire, qui ils devaient épouser, quel métier ils devaient viser. En promettant à Bellatrix puissance et indépendance, Voldemort éveillait l'intérêt de l'héritière. Mais Bellatrix Black n'était pas qu'un joli visage. Elle se posait des questions, les bonnes questions.

- Mes idéaux, ou les vôtres ?
- Ne sont-ils pas communs ? demanda Voldemort avec un sourire charmeur. Le monde sorcier tel qu'il est actuellement doit être modifié en profondeur. N'en avez-vous pas assez de voir les sangs de bourbe voler notre précieuse magie ? De les voir occuper des hautes places au Ministère de la Magie, de les voir régir un peuple qui n'est pas le leur ? Ils regardent les sangs purs de haut, prétendent qu'ils sont vos égaux. Ne pensez-vous pas qu'il est grand temps que cela cesse ?
- Je le pense... répondit Bellatrix.
- Les femmes de votre rang sont élevées pour devenir de parfaites épouses. Cela aussi doit changer, n'êtes vous pas d'accord avec moi, miss Black ? Je vous vois mal devenir femme au foyer. Pas avec ce potentiel.
- Je suis d'accord, répondit Bellatrix, cette fois avec plus d'enthousiasme.
- Je vous offre non seulement le luxe de la liberté en évitant Askaban, mais aussi la formation qui vous permettra de vous émanciper de tout cela. En jurant de m'obéir, de service notre cause commune, vous vous assurez une liberté totale. N'est-ce pas ce dont vous avez toujours rêvé, miss Black ?

La petite était désormais tenue en haleine. Elle buvait les paroles de Voldemort, le regardant avec des yeux brillants d'émotions. Encore une fois, le mage noir avait trouvé les mots les plus justes possibles. Il avait la jeune héritière dans la poche. Puisqu'elle était contrainte de passer son temps en sa compagnie, puisqu'elle était encore jeune, il pourrait la mouler comme de l'argile, en faire un parfait petit soldat. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne la convainc qu'elle n'avait pas de futur possible sans lui. Avant qu'elle ne soit persuadée qu'il était tout ce qui importait dans ce monde.

- C'est bien ce que je pensais... dit-il lentement, son regard enveloppant la fille avec une bienveillance parfaitement feinte. Je suis sûr que nous allons nous entendre à merveille, Bellatrix.

La sorcière fit une profonde révérence, et Voldemort décida de la laisser seule jusqu'au lendemain. Il referma la porte après lui avoir lancé un dernier sourire, un dernier regard.

Il avait sept mois pour parvenir à ses fins désormais. Il avait sept mois pour faire de cette sorcière pas tout à fait innocente une machine de guerre. Il avait sept mois pour en faire sa mangemort la plus redoutable.


****


Bellatrix ouvrit les yeux en grognant et lança un coup d'œil à la pendule accrochée au mur qui faisait face à son large lit. Neuf heures moins cinq. Bellatrix poussa un juron et bondit de son lit. Premier jour de leçon avec Lord Voldemort, et elle était déjà en retard. Elle attrapa sa baguette sur la table de chevet et fit venir à elle une tunique noire ainsi qu'une paire de bottine de la même couleur. Elle les attrapa à la volée et se précipita dans la salle de bain pour se passer un coup d'eau sur le visage et se brosser les dents. Pas le temps de s'occuper de ses cheveux. Elle enfila sa tenue et se hâta jusqu'au rez-de-chaussée où le mage noir lui avait indiqué être son bureau.

Elle arriva essoufflée devant la large porte du bureau, et leva le poing pour toquer, mais la porte s'ouvrit en grinçant avant que sa main n'ait touché la surface en bois.

- Miss Black, fit la voix froide de Voldemort. Entrez.

La sorcière s'exécuta. Le mage noir lui désigna un siège en cuir face à lui, et elle y prit place.

- Vous êtes en retard, nota-t-il d'une voix neutre.
- Je vous prie de m'excuser.
- Ce sera la dernière fois. La ponctualité est une forme de respect, et j'exige le respect de la part de mes... amis.

Bellatrix acquiesça, visiblement mal à l'aise. Lord Voldemort était impeccablement préparé. Sa barbe grisonnante était parfaitement taillée. Ses cheveux étaient méticuleusement plaqués en arrière. Ses robes noires venaient d'être repassées. Il sentait l'eau de Cologne. Et une autre odeur, plus métallique, plus agressive.

- Le cours d'aujourd'hui portera plus sur les conditions de votre assignation à résidence que sur l'histoire des gobelins, dit-il finalement avec un rictus au coin des lèvres. Il est crucial que vous soyez au courant de toutes les règles, puisque nous serons contraints de rendre des comptes au Ministère pendant un moment.
- Je comprends.

Bellatrix enroula nerveusement une mèche de cheveux autour de son index. Elle qui était habituellement si fière se sentait totalement écrasée face au charisme du sorcier devant elle. Elle avait beau essayer de se convaincre qu'il n'était qu'un sang-mêlé qui aspirait à la grandeur, elle savait au fond d'elle qu'il n'était pas que cela. Son aura était telle que Bellatrix pouvait ressentir la puissance de sa magie sans qu'il n'en ai fait la moindre démonstration. Sa voix était si douce et si dure à la fois qu'elle ne pouvait s'empêcher de boire chacune de ses paroles. Son regard était si captivant qu'elle avait envie de s'y noyer.

- Je suis, jusqu'à la fin de votre séjour au manoir Malefoy, votre tuteur légal. Cela signifie que je suis responsable de vous aux yeux de la loi.
- Comme mon père, nota Bellatrix.

Cette réflexion sembla mettre Voldemort peu à l'aise. Il fronça les sourcils.

- Non. Pas du tout, rétorqua-t-il. Je dois vous maintenir en vie, voilà tout.

Bellatrix hocha la tête. Voldemort soupira.

- Vous n'aurez pas le droit de quitter la propriété. Si vous avez des courses à faire, l'elfe de maison des Malefoy les fera à votre place. Vous n'avez pas le droit d'utiliser la grande majorité des sortilèges qui existent. Vous ne pouvez pas acquérir de biens interdits par le Ministère de la Magie, ni être en possession d'une arme autre que votre baguette. Vous devrez, chaque mois, passer des examens qui attesteront que vous continuez bien à étudier comme vous l'auriez fait à Poudlard. Tous les deux mois, nous devrons nous rendre au Ministère afin de faire des comptes rendus sur nos avancées - je suis censé vous apprendre à vous contrôler.
- Et allez vous le faire ?

Les lèvres de Voldemort se retroussèrent pour former un sourire sinistre.

- Je vais vous apprendre à utiliser votre colère de façon plus effective. La prochaine fois que vous chercherez à faire du mal à une cible, il faudra que ce soit précis, efficace. Et plus important, il ne faudra pas vous faire prendre. Je ne vais pas vous apprendre à réprimer votre colère, mais à exploiter sa puissance à bon escient.

Bellatrix sentit son cœur pulser dans sa poitrine. Son visage s'illumina, et elle se pencha un peu plus vers son tuteur.

- Les élèves à l'école disaient de nous que nous étions fous, murmura-t-elle. Ils disaient que notre lignée était souillée par l'inceste et que nous avions perdu la raison à cause de cela. « Sinistre Bellatrix », c'est comme cela qu'ils m'appelaient. Ils disaient que les Black avaient le meurtre dans le sang. Que c'était mal, que nous étions de mauvaises personnes. Ils ne comprennent pas. Comment peuvent-ils prétendre pouvoir distinguer ce qui est bon ou mauvais ?
- Ils ne peuvent pas, répondit Voldemort d'une voix douce. Ces gens sont ignorants, Bellatrix. Leur avis ne compte pas. Leur vie n'a aucune valeur, et leur mort n'en aura pas non plus. La violence est une forme de pouvoir, une des plus puissantes. Et le pouvoir est tout ce qui importe.

Bellatrix hocha vigoureusement la tête. Ce sang-mêlé n'était pas si déplaisant, finalement. Au contraire. Les yeux de la jeune fille s'attardèrent un instant sur le visage de l'homme. Malgré son âge mûr, il était d'une grande beauté. Ses traits étaient durs, mais séduisants. Ses yeux étaient... Bellatrix n'avait pas de mots pour décrire son regard. Magnétique, peut-être ? Même cet adjectif était faible pour le décrire.

- Des visites surprises peuvent être faites à n'importe quel moment, dit-il soudain en regardant de façon distraite par la fenêtre. Il faudra prendre nos précautions lorsque nous nous entrainerons aux duels.
- Nous nous entrainerons aux duels ? répéta Bellatrix, surprise.
- Oui. Quand vous aurez assez étudié la théorie, nous passerons à la pratique.
- Mais...je ne peux pas utiliser ma baguette... balbutia la jolie brune.
- Fort heureusement pour nous deux, je maîtrise la magie sans baguette, répondit Voldemort avec un sourire arrogant. Le moment venu, vous pourrez donc utiliser la mienne.
- Oh... je... je vous remercie, mon Seigneur. C'est très généreux de votre part.

Bellatrix sentit ses joues virer au rouge. Quand elle leva à nouveau les yeux vers Lord Voldemort, il la fixait avec un air étrange. Quand leurs regards se rencontrèrent, il se racla la gorge et détourna son regard et lui passa un parchemin avec une liste inscrite dessus.

- La liste des sortilèges prohibés, expliqua-t-il. Vous devrez la connaître par cœur d'ici le premier rendez-vous au Ministère. Dans trois semaines.
- Oh, souffla Bellatrix. Très bien.

Il y eut un court instant de silence durant lequel les deux se regardèrent dans les yeux, sans arriver à détacher leurs regards. Bellatrix ressentait une étrange sensation au creux de son estomac, et ses joues brûlaient désormais.

- Je devine, au vu de la trace de dentifrice sur votre menton, que vous n'avez pas pris votre déjeuner, dit finalement Voldemort. Pourquoi n'y allez-vous pas maintenant ? Nous en avons fini pour aujourd'hui, miss Black.

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J'en connais une qui ne va pas tarder à être complètement sous le charme d'un psychopathe complet. Mais bon, on l'avait vu venir... non?

All the wrong choices Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang