Chapitre 31.

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À la seconde où Bellatrix franchit le pas de la porte, celle-ci se referma derrière elle.

- Je n'ai pas longtemps, dit Voldemort en lui faisant face. Ton bras gauche, Bellatrix.

La sorcière obéit sans poser de questions. Voldemort saisit son avant-bras et posa la pointe de sa baguette sur sa chair nue, avant de murmurer « morsmordre ». Bellatrix sentit une douleur lancinante à l'endroit où il avait lancé le maléfice. Puis, sous son regard à la fois atterré et fasciné, elle vit une forme s'ancrer sur sa peau. C'était un crâne qui vomissait un serpent. D'abord noir, puis rouge vif, le tatouage gravé sur sa chair enflammée rendit la belle brune euphorique. Elle savait ce que c'était. Elle savait pourquoi son Maître l'avait ainsi marquée. Et celui-ci ne manqua pas de le lui rappeler d'un ton possessif, presque agressif.

- Tu es mienne.


****


- Oh, Bella !

Rodolphus se figea au-dessus d'elle, et Bellatrix observa les muscles de son visage se contracter en une sorte de grimace, comme s'il souffrait. C'était bien le contraire pourtant. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il lui sourit et déposa un baiser sur son front couvert de sueur et se retira avant de rouler sur le côté, essoufflé.

- J'espère que je ne t'ai pas fait mal, dit-il d'une voix douce.

Bellatrix déglutit. Cela aurait dû être leur première fois à tous les deux.

- Non, c'était parfait.

Elle savait pertinemment que cela n'était pas vrai. Rodolphus n'avait quasiment aucune expérience sexuelle, mis à part les quelques préliminaires qu'il avait essayés avec Bellatrix. L'acte avait duré une poignée de minutes, et le jeune homme avait été maladroit et peu sûr de lui. Comparé à ce qu'avait connu la brune jusque là, son époux faisait pâle figure à côté de leur Maître.

Mais bien sûr, Rodolphus n'avait aucune idée de cela. Bellatrix était censée être restée vierge jusqu'à ce jour. Aussi, lorsqu'il ne remarqua aucune tâche de sang sur leurs draps, il fut quelque peu surpris. Mais, gentleman qu'il était, son premier instinct fut de rassurer sa compagne.

- Ne t'inquiète pas... ça arrive parfois. Hum... ça veut dire que l'hymen...
- Merci, Dolph, s'empressa de couper Bellatrix afin d'éviter une conversation gênante sur l'anatomie féminine.
- Et hum... je sais qu'on est censé tenter de... je sais ce que nos parents attendent de nous, mais le Maître nous a expressément interdit d'avoir des enfants pour le moment donc... j'ai acheté une potion pour toi et...
- J'en ai déjà pris, Dolph, assura Bellatrix avec amertume. Une potion contraceptive, les effets durent un mois. J'en prendrai tous les trente jours.

Rodolphus acquiesça frénétiquement. Il semblait agacé par l'ordre de leur Maître, et Bellatrix ne savait pas quoi en penser. Elle obéirait toujours au Seigneur des Ténèbres, peu importe ce qu'il lui demandait. Et puis, elle n'était même pas certaine de vouloir avoir des enfants. Elle était trop jeune, et avait des choses bien plus importantes à faire. Mais après... l'idée de fonder une famille avec son meilleur ami était-elle si repoussante que cela ?

- Je suis sûre que quand tout sera terminé, quand nous aurons gagné, le Maître nous autorisera à avoir une descendance, dit-elle d'une voix douce.
- Notre Maître et notre cause sont plus importants que tout.
- Oui, Dolph. Nous avons un but commun, maintenant, murmura Bellatrix.

Un silence passa, puis Rodolphus se tourna sur le côté et caressa la joue de son épouse.

- Il faut que je te dise quelque chose.

Il paraissait anxieux. Bellatrix sentit son estomac se nouer, et ne répondit rien.

- En vérité, je ne sais pas s'il est vraiment utile que tu prennes toutes ces potions...

La sorcière fronça les sourcils. Où voulait-il en venir ?

- Je ne suis pas sûr que... que je puisse avoir d'enfants un jour.
- Je suis sûre que tu feras un formidable père le moment venu, Dolph, tenta de le rassurer Bellatrix.
- Non, Bella, ce n'est pas ça.

Soudain, la sorcière comprit. Il n'était pas agacé par l'ordre de Voldemort. Il était furieux contre lui-même. Furieux car son corps n'était pas assez fort pour lui permettre de mettre un enfant dans le ventre de sa propre épouse, furieux car il n'avait jamais eu le courage de le lui dire avant. Même jusqu'à cette nuit, il n'avait pas osé l'en informer. Il l'avait laissée prendre une potion alors qu'il savait pertinemment qu'elle n'en avait pas besoin. Il l'avait peut-être laissée croire qu'ils auraient un jour une grande famille heureuse. Bellatrix put nettement lire la culpabilité dans son regard, et elle se sentit sincèrement triste pour son compagnon.

- Hey, Dolph... tu sais quoi, les enfants c'est pas si bien que ça. Ils passent leurs journées à pleurer ou dormir, ils coûtent bien trop de gallions et ne paient même pas le loyer. Sérieusement, un enfant ce n'est rien de plus qu'un nain bourré. Qui veut de ça chez soi ? pas moi.

Elle réussit à le faire rire, et l'ambiance fut d'un coup moins froide. Tant pis s'ils ne fondaient pas de famille, pensa-t-elle. Ils seraient très heureux à deux, au service de leur Maître.


****

20 juillet 1969, Melrose, Ecosse.


- Répugnants, ces moldus, siffla Bellatrix en passant son doigt sur la surface d'une commode poussiéreuse.
- Des survivants ? fit la voix de Rodolphus depuis l'autre bout de la pièce.

Bellatrix jeta un coup d'œil au corps inerte dans la cage d'escalier. La moldue qu'elle venait d'assassiner était la mère d'une élève de Poufsouffle de cinquième année, Melody McCory. La fille était une sang-de-bourbe, et Voldemort avait commandé l'exécution de la petite famille la veille, envoyant le couple Lestrange se charger d'eux.

Bellatrix s'était déjà vue assigné deux missions avant celle-ci, mais c'était la première fois qu'elle avait été chargée de disposer d'une vie. Avant, son Maître ne lui avait demandé que de brûler une ou deux maisons, ou de faire exploser des voitures dans des rues moldues.

La femme n'avait eu aucune chance face à la mangemort. À la seconde ou Bellatrix l'avait vue, elle l'avait frappée avec un sortilège de mort. L'éclair vert avait fusé droit vers sa poitrine, et la moldue s'était écroulée, sans vie, avant même d'avoir pu comprendre ce qui lui était arrivé. Rodolphus avait éliminé de la même façon sa fille et son époux. Le travail du couple avait été rapide et efficace. Ils n'avaient laissé aucune trace. Comme à leur habitude, ils avaient servi leur Maître de la façon la plus soignée possible.

- Pas de survivant, répondit machinalement Bellatrix.
- Il faut y aller, dans ce cas. Laisse le corps ici, la police moldue les découvrira bien assez tôt. On se rejoint au château.
- Hum, à vrai dire, le Maître a demandé à ce que je le rejoigne chez les Malefoy, dit Bellatrix. Je ne devrais pas en avoir pour longtemps.
- Oh... euh, ok. Tu seras là pour le dîner ?

Bellatrix haussa les épaules.

- Bon. À plus alors.


****


Manoir Malefoy, Wiltshire.


- La mission s'est bien déroulée, Maître. Les McCory sont morts sans opposer de résistance.
- Bien.

Il avait commencé à boire avant qu'elle n'arrive. Un verre à moitié vide et une bouteille d'hydromel étaient encore présents sur son bureau.

- Abraxas m'a fourni une liste complète de tous les sangs de bourbe à Poudlard. Rodolphus m'a fait parvenir le calendrier des prochains événements sportifs pour les années à venir. Yaxley travaille sur le recrutement des sangs mêlés qui sont favorables à notre cause. Tout devrait aller pour le mieux, hmm ?
- Oui, mon Seigneur, répondit Bellatrix d'un ton hésitant.

Vu la colère qui animait le regard du mage noir, tout ne semblait pourtant pas aller pour le mieux.

- Maître ?
- Cerda Malefoy a déclaré qu'elle ne supportait pas notre cause. Elle a appris pour nos méthodes pour le moins...radicales, et a fermement affirmé que je n'étais plus le bienvenu ici.
- Mais vous êtes encore là, nota Bellatrix dont le cœur tambourinait dans sa poitrine.
- Abraxas lui a rappelé qui était le chef de cette maison. Elle est partie dans je ne sais quel pays il y a moins d'une heure. Il lui a interdit de remettre les pieds ici tant qu'elle ne changerait pas son comportement.
- Cerda n'est qu'une idiote, affirma la jolie brune qui était absolument outrée d'apprendre la nouvelle. Elle ne vous apportait rien, mon Seigneur. Vous êtes bien plus grand qu'elle, bien plus grand que tout le monde. Tant pis pour elle si elle n'est pas capable de le reconnaître.

Voldemort soupira furieusement et finit son verre d'hydromel en une gorgée avant de le poser brusquement sur son bureau.

- Elle a emporté leur fils avec elle, siffla-t-il. Lucius est un allié potentiel, il avait déjà exprimé son désir de rejoindre nos rangs. Je n'ai pas besoin que sa mère lui retourne le cerveau. Et si tout le monde commençait à se comporter de la même façon que Cerda ?
- Laissez-moi la retrouver, Maître, implora Bellatrix. Je l'éliminerai, je ramènerai Lucius ici. Pour ce qui est des autres sangs purs, voyez cet événement comme une sorte de tri. Quiconque réagira de la même façon que madame Malefoy en apprenant nos méthodes sera considéré comme un ennemi et sera traité de la même façon que les sangs de bourbe et les traitres à leur sang. Laissez-les exprimer leurs opinions afin de voir qui vous est réellement loyal. Les actes parlent mieux que les mots. Faites de Cerda un exemple, et voyez qui restera à vos côtés malgré tout.

Voldemort fixa la surface de bois de son bureau en passant doucement le bout de sa langue sur sa lèvre inférieure. Puis, lentement, il leva les yeux vers Bellatrix et la regarda comme s'il n'avait pas mangé depuis une semaine.

- Approche.

Bellatrix obéit, bonne fille qu'elle était. Elle contourna le bureau et vint se placer entre ses jambes. Voldemort passa sa main derrière son dos et la pressa vers lui, l'invitant à s'asseoir à califourchon sur ses cuisses. Puis, il caressa doucement ses boucles brunes, puis ses lèvres, puis sa nuque, et enfin la courbe de ses seins.

- Si docile, si intelligente, si désireuse de plaire à son Maître...comment fais-tu pour être aussi parfaite, Bella, hmm ?

Bellatrix rougit sous les louanges du Seigneur des Ténèbres, et ce fut encore pire quand elle sentit une bosse dure se former sous elle. Sans même qu'elle puisse se contrôler, elle émit un petit gémissement de désir. Les mains de Voldemort continuèrent de parcourir son corps, et il murmura à son oreille :

- Lucius saura que sa mère est morte car elle aura fait le mauvais choix. Il comprendra que, à l'avenir, tout ceux qui ne choisiront pas de me rejoindre assureront leur propre fin. Tous comprendront la même chose quand la nouvelle de la disparition de Cerda Malefoy se répandra. Et toi, ma jolie petite servante, tu feras tout pour assurer cela, hmm ?
- Oui, souffla Bellatrix, les yeux clos, le corps en feu. Oui, Maître.
- Tu vas retrouver Cerda, et tu vas lui transmettre mes amitiés, car tu es une jeune sorcière intelligente et obéissante, et parce que tu es prête à tout pour satisfaire les moindres désirs de ton Maître, n'est-ce pas ?
- Je ferai toujours tout ce que vous me demanderez, Maître, répondit Bellatrix d'une voix tremblante de désir.
- Bien. Rentre chez toi maintenant, dit-il en cessant d'un coup ses caresses.

Confuse, Bellatrix descendit maladroitement de ses genoux et rajusta sa jupe. Puis, elle fit une révérence et se dirigea vers la sortie. Juste avant qu'elle ne passe le pas de la porte, la voix de Voldemort l'arrêta.

- Localise Cerda. Quand cela sera fait, reviens vers moi pour régler les derniers détails. Ne me fais pas attendre.
- Entendu, Maître.
- Oh et... bon travail, Bella.

Bellatrix lui sourit, ravie d'entendre son Maître la féliciter, puis rentra chez elle auprès de son époux, une nouvelle mission en tête.

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Bon, Rodolphus est stérile... pas cool de ne pas avoir préalablement prévenu Bella, mais bon. Ce n'est pas comme si elle avait toujours rêvé d'être mère.

Et premier meurtre ! Elle n'a pas eu le temps de s'amuser avec sa victime, mais elle a déjà une nouvelle mission à compléter, et celle-ci s'avère délicate... comment va réagir Lucius ? Et Narcissa ?

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