Chapitre 11.

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Bellatrix fixait le plafond de sa chambre dans l'obscurité. Ses parents avaient passé la soirée à la réprimander, et Rodolphus n'avait cessé d'insister pour savoir où elle avait disparu et ce qu'elle avait fait. Elle avait fini par s'enfermer à l'intérieur de sa suite juste après le dîné et n'était pas ressortie depuis.
La jeune sorcière se posait un tas de question. Obara. Comment se faisait-il qu'elle avait ressentit pour une presque inconnue ce qu'elle n'avait jamais ressentit pour le garçon avec qui elle savait qu'elle allait passer le restant de ses jours ? Elle avait embrassé Rodolphus des centaines de fois. Jamais ses baisers n'avaient ainsi résonné dans son corps entier. Jamais sa peau n'avait semblé aussi douce que celle d'Obara. Jamais sa voix n'était parvenue à ses oreilles comme la plus douce des mélodies. Jamais ses mots n'avaient impacté Bellatrix comme l'avaient fait ceux d'Obara.

C'était mal, se rappela-t-elle en soupirant. Obara était une fille. Bellatrix n'était pas censée penser à elle ainsi. Elle n'aurait jamais dû l'embrasser dans un premier temps, d'autant plus qu'elle était déjà avec Rodolphus. Mais, sans qu'elle sache réellement pourquoi, c'était apparu comme la meilleure chose à faire. C'était comme si son corps avait été attiré comme un aimant par la sorcière en face d'elle. Elle ne s'était posée aucune question. Elle n'avait pas cherché à savoir si Obara était une sang pur, ni même si l'attirance qu'elle ressentait pour elle était réciproque. Quelque part, elle savait que ce baiser avait été la seule réponse appropriée à ce moment là.

Bellatrix se demanda ce que sa famille penserait d'elle si elle savait ce qu'elle avait fait. Chez les sang purs, le mariage était sacré. Et le mariage, c'était entre une femme et un homme. Le mariage, c'était fait pour la procréation. Le rôle d'un couple était d'assurer une descendance. Il n'était que rarement question d'amour, pas au début en tout cas. La plupart des mariages étaient arrangés. Il n'était pas rare que, une fois un ou plusieurs héritiers mis au monde, les couples décident de débuter une « relation libre ». En d'autre termes, tout le monde allait voir ailleurs d'un commun accord et prétendait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'était assez hypocrite, d'ailleurs. Mais si certains couples de sang purs faisaient cela, c'était parce que le divorce était hautement prohibé chez eux. En ce qui concernait l'homosexualité... personne n'osait vraiment en parler. On faisait comme si cela n'existait pas, histoire d'éviter l'embarra.

- Quelle idée, murmura Bellatrix en fermant les yeux.

La jeune sorcière laissa les bras de Morphée l'envelopper, et ses doutes se reflétèrent dans des songes obscurs qui bercèrent sa nuit entière.


****


- Argh ! encore perdu ! Tu triches, Dromeda ! j'en suis sûre que tu triches !

Bellatrix s'approcha de ses sœurs avec un large sourire aux lèvres.

- Oh, vous jouez à la bataille explosive ? Je peux ?
- Je crois qu'on ne va pas avoir le temps, répondit Andromeda avec un sourire désolé en lançant un coup d'œil à la pendule du salon. Maman nous a demandé d'être dans le jardin dans cinq minutes.
- De toute façon Dromeda triches donc tu ne rates rien, ajouta Narcissa en se levant de sa chaise et en tirant la langue à la cadette avant de s'éloigner en direction du jardin.

Andromeda leva les yeux au ciel et s'occupa de rassembler les cartes et de les ranger pendant que Bellatrix l'observait faire. Puis, elle leva les yeux vers son aînée et, d'une voix hésitante, demanda :

- Tu es sûre que ça va, Bella ?
- Oui, pourquoi ? répondit la brune en fronçant les sourcils.
- Tu as l'air...préoccupée. C'est par rapport à hier ? Je suis sûre que papa et maman ont déjà oublié. Tu as dit que tu t'étais perdue, ce n'est pas ta faute. Ils n'en n'ont même pas reparlé ce matin.
- Je suis juste fatiguée, répondit Bellatrix en regardant ses pieds. Mal dormi.

Sa sœur lui adressa un regard entendu, puis partit poser le jeu de cartes sur une étagère avant d'inviter Bellatrix à la suivre d'un geste de la tête. Les deux rejoignirent le reste du groupe qui était déjà dans le jardin.

- Ah, voilà les filles, dit Druella. Mérida, ma chère ? Veux-tu bien...
- Tout de suite, répondit madame Lestrange en lançant un clin d'œil complice à Druella avant de se tourner vers les autres. Aujourd'hui, puisque c'est notre dernier jour, nous avons décidé de vous laisser quartier libre dans la ville. Bellatrix, Rodolphus, puisque vous êtes majeurs vous devrez rester avec les autres et...
- Mais maman... commença Rodolphus d'un ton plaintif.
- ... et vous n'utiliserez la magie qu'en cas d'absolue nécessité.


****


Rodolphus et Bellatrix passèrent la journée à veiller sur les plus jeunes. Ils endurèrent les caprices de Narcissa, les flirts maladroits d'Andromeda et d'Adonis, et l'humour bancal de Rabastan de longues heures durant, avant d'enfin pouvoir se poser à la terrasse d'un restaurant qui faisait face à la mer.
Le soleil brillait, et les huit jeunes gens sirotaient tranquillement leurs limonades à l'ombre d'un large parasol. Bellatrix s'était badigeonné le visage de potion anti-coup-de-soleil et avait mis de larges lunettes de soleil noires qui lui donnaient l'air d'une star de cinéma.

- Ça doit être terrible d'être un vampire à cette période de l'année, nota d'un coup Narcissa, sa paille encore dans la bouche.

Les autres se mirent alors à débattre des avantages et désavantages à être un vampire. Tout le monde découvrit alors qu'Adonis était un expert en la matière, et le garçon passa un bon quart d'heure à raconter l'histoire sordide d'Amarillo Lestoat, auteur de « Monologue avec un Vampire ». La conversation dériva tout de même assez rapidement sur la place des sorciers dans le monde magique. Adonis arguait que les vampires n'étaient pas si inférieurs à nous, tandis que Rodolphus et Bellatrix l'incendiaient en lui disant qu'il avait complètement perdu l'esprit s'il pensait une seule seconde qu'il existait des créatures qui puissent être l'égal des sorciers.

- Bientôt, plus personne n'osera dire des choses comme cela, assura Rodolophus, le coin de ses lèvres relevé en un sourire menaçant. Bientôt, il sera clair qu'il n'existe qu'une espèce supérieure, les sorciers.

Bellatrix sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle savait pertinnemment pourquoi son ami disait cela. Il était évident que Rodolphus faisait référence aux plans de celui qui allait devenir son maître. Lord Voldemort.


****


1 juillet 1968, Manoir Black.


Les trois familles étaient rentrées dans leurs foyers respectifs depuis plusieurs semaines déjà. Tous étaient rentrés avec un teint embrassé par le soleil, les joues rosies et l'odeur saline de la mer encore sur leur peau. Narcissa s'amusait à répondre en italien chaque fois qu'on lui posait une question, et Andromeda s'était mise à livre des tas d'ouvrages sur les vampires. Adonis passait de plus en plus régulièrement chez les Black pour visiter cette dernière. Le jeune homme savait comment faire la cour à une demoiselle, et cela semblait plaire à Cygnus et Druella qui observaient les deux jeunes gens avec bienveillance.

Bellatrix aurait bien voulu concentrer son attention sur ses deux jeunes sœurs et leurs nouvelles lubies, mais autre chose accaparait ses pensées. Elle n'avait pas revu Rodolphus depuis qu'ils étaient rentrés en Angleterre. Elle savait pourtant qu'à son retour, il avait eu un entretient avec celui qui se faisait appeler le Seigneur des Ténèbres. Tom Jedusor. Lord Voldemort.

Elle avait envoyé deux lettres à son ami. Pour prendre de ses nouvelles, bien sûr, mais également pour savoir comment ce rendez-vous s'était passé. Mais, en l'absence de réponse, et constatant que sa curiosité grandissait un peu plus chaque jour, elle avait décidé de se déplacer, et de constater l'état des choses par elle-même.


****

Château Lestrange, Oxfordshire.


Bellatrix fut accueillie par l'elfe de maison des Lestrange. Elle demanda après son jeune maître, et la petite créature la guida en trottinant à travers l'immense demeure, jusqu'à la vaste bibliothèque de la famille. Rodolphus y était, assis dans un large fauteuil de cuir, un vieux grimoire à la main. Bellatrix fit signe à l'elfe de disposer, et se racla la gorge pour signaler sa présence. Le jeune homme leva les yeux de son livre et se leva précipitamment. Il lissa les plis de ses robes et salua son amie d'un geste de la tête.

- Bellatrix...

La sorcière marcha vers lui d'un pas lent, assuré, le scrutant d'un regard perçant. Rodolphus n'était pas dans son état normal, cela lui sautait aux yeux. Il était pâle, très pâle, et des cernes creusaient ses yeux sombres comme s'il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Son regard était fuyant, les muscles de son visage étaient tendus.
Sans un mot, elle s'approcha de lui et effleura ses lèvres contre sa joue. Rodolphus frémit à son contact.

- Et bien, et bien... murmura-t-elle d'une voix douce comme la soie. Où est donc passé Rodolphus Lestrange ? Tu es là, sous mes yeux, et pourtant... ce n'est pas vraiment toi, n'est-ce pas ? Que s'est-il passé ?
- Rien, articula difficilement le sorcier, toujours sans regarder la fille dans les yeux.

Bellatrix lui tourna le dos, marchant vers un fauteuil sur lequel elle prit place.

- Menteur, dit-elle de la même façon qu'elle aurait dit que le ciel était bleu.
- Je ne mens pas, répondit-il immédiatement.

La sorcière s'assit nonchalamment et regarda à nouveau son ami, cherchant le moindre indice dans son attitude corporelle. Il se tenait le dos vouté, le regard fixé sur le bout de ses souliers vernis, les dents serrées comme s'il se retenait de dire quelque chose.

Un sourire étrange se dessina sur les lèvres de Bellatrix.

Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Lorsqu'elle désirait des perles et des diamants, on les lui offrait. Lorsqu'elle voulait de bons résultats à l'école, elle savait entrer dans les bonnes grâces de ses professeurs. Lorsqu'elle voulait des réponses, elle savait exactement comment manipuler son interlocuteur.

- J'ai entendu des choses étranges à son propos... dit-elle d'une voix grave. Certains disent qu'il nous ment depuis le début... Un sang-mêlé qui veut faire partie de l'élite. Rien de plus. Il prétend pouvoir achever nos rêves afin de mieux escalader l'échelle sociale. Tout homme qui entre à son service ne fait rien de plus que servir une cause vaine. Cet homme ne pense qu'à lui-même, il vous utilise...
- C'est faux, répliqua sèchement Rodolphus, cette fois en braquant son regard noir sur Bellatrix. Il nous a parlé de ses plans ; de plans plus grands que tu ne pourrais jamais imaginer. Il sait exactement ce qu'il faut faire pour parvenir à ses fins. Chacun de nous a une place très précise, et de la plus haute importance. Il sait comment faire de nous de véritables soldats. Il connaît notre valeur, et sait l'exploiter. Jamais il n'y a eu d'aussi grand sorcier que lui. Tout ce que nous faisons sous ses ordres relève de la nécessité. Il n'y a rien que je pourrais regretter. Il n'y pas d'autre façon.

Soudain, Bellatrix comprit. Elle pouvait le voir dans les yeux de Rodolphus. Quelque chose avait changé. C'était désormais évident. Clair comme de l'eau de roche. Rodolphus avait commis quelque chose d'irréparable pour prouver sa valeur à Lord Voldemort. Bellatrix avait sa réponse. Mais désormais, elle avait une foule de nouvelles questions. Rodolphus s'était-il déjà vu confier des missions ? En quoi consistaient les plans du Seigneur des Ténèbres ? Pourquoi tout le monde s'accordait à dire qu'il était certainement le plus grand sorcier de tous les temps ? Comment comptait-il renverser une société toute entière sans verser de sang ?

Bellatrix déglutit.

C'était impossible.

Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose...

Lord Voldemort recrutait des soldats car la guerre était inévitable.

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