Chapitre 48 : Il était temps, bordel !

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— Pourquoi dois-je rester avec Borac ? Tu n'as qu'à le faire, toi ! dis-je, exaspérée et surtout désespérée de le laisser partir au combat.

— Pourquoi ? me demande-t-il incrédule. Parce que je veux te protéger tout simplement. Et puis, tu seras en sécurité avec Borac. Je lui fais entièrement confiance, alors n'essaie pas de t'enfuir encore une fois. Épargne-lui une course-poursuite inutile.

Les deux garçons m'observent avec un air amusé comme si ma tentative de fuite les a fait tous les deux rigoler après coup. Mon regard se baisse instinctivement sur mes chaussures. Ce petit rappel me met quelque peu mal à l'aise. Je me souviens de la dure voix de Borac et de sa poigne contre mon bras.

Pour contrebalancer mon malaise, je préfère ignorer cette remarque et me concentrer sur le début de la conversation.

— Pourquoi moi ? l'interrogé-je en soutenant Amaël pour obtenir une réponse.

Le visage de ce dernier devient blême. Il n'y a pas que moi à être gêné par cette conversation. Seul Borac s'amuse de la situation et nous scrute tour à tour.

— Pourquoi toi ? répète-t-il en faisant semblant de ne pas saisir le sens de ma phrase.

— Tu as très bien compris ce que je te demande, ne fais pas l'idiot ! Pourquoi veux-tu me protéger ? Pourquoi moi ?

Son regard est si intense et si profond que je me perds dans le bleu de ses magnifiques yeux. Une légère teinte rouge vient donner un peu de vie à son visage et à ses pommettes. C'est bien la première fois que je le vois rougir, lui qui est si confiant habituellement. On s'observe pendant de longues secondes, sans qu'une seule parole gâche cet instant. Forcément, Borac interrompt ce moment si particulier, presque intime.

— Je m'éclipse, faite comme si je n'étais pas là, murmure Borac en essayant de faire le moins de bruit possible.

Nous le regardons s'éloigner de nous avec précipitation ce qui nous décroche à tous les deux un sourire.

— Je suis désolée pour mon comportement sur Terre. Borac m'a fait part de ma façon d'être quand nous étions tous les deux dans la pièce sombre du château à t'attendre.

Il me dévisage avec un air interrogateur comme s'il ne sait pas de quoi je parle. Je grogne de frustration à l'idée de poser des mots sur mes agissements envers lui.

— Je t'ai fait tourner en bourrique de nombreuses fois. J'ai été désagréable avec toi alors que tu voulais juste me ramener près de mon père. J'en suis vraiment désolée. Borac m'a montré du doigt le manque de confiance que j'ai envers les autres. Je suis désolée de ne pas t'avoir écouté. Tu aurais beau faire n'importe quoi pour me convaincre, je ne t'aurais certainement pas cru.

Honteuse de mon comportement sur Terre envers lui, je baisse la tête. Ma gêne ne dure que quelques secondes avant qu'il prenne la parole.

— Merci pour tes excuses, elles sont pleinement acceptées. Je tiens moi aussi à me faire pardonner. Il est vrai que j'ai été un peu dur et très envahissant avec toi. Mais, ce n'était pas facile pour moi d'agir comme un étranger avec toi alors que je te connais depuis que tu es née. J'ai passé toute ma vie à entendre ton prénom tous les jours, ou voir des photos de toi bébé. Les souvenirs que j'ai de toi me restaient en tête. Ce comportement, que je devais adopter, n'était pas naturel.

Nous nous regardons avec la même intensité que quelques minutes auparavant, je sens Amaël se rapprocher un peu plus de moi. Et dans la panique, ma bouche s'ouvre toute seule.

— Je suis vraiment désolée de ne pas t'avoir cru. Si je t'avais écouté, on n'en serait peut-être pas là. Tu n'aurais pas à aller te battre. Ta mère ne serait pas prisonnière et mon père serait sans doute encore vivant. J'aurais peut-être eu la chance de lui parler pour la première fois ou du moins d'en avoir conscience.

Amaël me saisit le bras avec une telle légèreté que son toucher est presque une caresse.

— Avec des « si j'avais fait ça », on referait le monde. Or ce n'est pas le cas. De toute manière, tu ne peux pas revenir en arrière et pour avancer, il ne faut pas regarder le passé, mais aller de l'avant. Et c'est ce que l'on va faire aujourd'hui ! On va se battre pour que l'on retrouve notre liberté. Pour que l'avenir de notre planète, ainsi que celui de la Terre, soient entre de bonnes mains.

Je le dévisage pleine d'admiration. Comment peut-il être si positif alors que tout va mal ? Son regard intense sur moi n'a pas changé. Est-ce que c'est moi ou la pièce vient de prendre subitement quelques degrés en plus. Mon bas ventre me lance des signaux qui me sont totalement étrangers. J'ai comme l'impression que des milliers de papillons volent et se cognent les uns contre les autres. Et pour accompagner le tout, mes mains deviennent moites, ce qui est hautement inhabituellement chez moi.

Amaël s'approche encore plus de moi tout en laissant sa main contre mon bras. Son regard est de plus en plus affectueux et la tension entre nous est lourde. J'ai du mal à trouver mon souffle et à respirer normalement. Sans je ne contrôle rien, ses lèvres viennent tendrement se poser sur les miennes dans un doux baiser.

Nos corps se rapprochent progressivement et le baiser devient peu à peu plus sauvage. Ma bouche et la sienne sont comme en osmose, comme si elles étaient faites l'une pour l'autre.

Soudain, une voix interrompt le moment spécial que nous partageons tous les deux. Instinctivement, nous nous éloignons l'un de l'autre comme si Borac venait de nous surprendre en train de faire une bêtise.

— Il était temps, bordel ! crie le nouveau venu en tapant sur l'épaule d'Amaël.

Il nous regarde tous les deux avec un large sourire.

— Je n'en pouvais plus d'entendre ton nom sortir de la bouche de mon pote constamment. À croire que Kaelia était devenue le seul mot qu'il pouvait prononcer. Je me suis demandé si tu n'étais pas une obsession pour lui.

Je contemple Amaël tendrement. Il s'est gardé de me raconter qu'il entendait mon prénom tous les jours parce que c'était lui qui le disait. Il n'a jamais cessé de penser à moi depuis que je suis toute petite.

— Merci de m'embarrasser, mec ! répond Amaël le rouge aux joues.

— De rien, tu me remercieras plus tard, enchaîne Borac en riant de bon cœur face au visage de son copain.

Amaël va m'adresser un sourire timide avant de s'élancer vers la sortie de la pièce pour fuir cette situation qui le met mal à l'aise. 

***
Coucou, j'espère que vous allez tous super bien en ce samedi !

Et comme il se doit, je vous poste la suite en espérant que celle-ci vous plaise.

Je suis pas mal occupée ces derniers temps, mais j'ai réussi à me dégager du temps pour corriger ce chapitre. Je vais essayer de faire de mon mieux pour répondre à vos commentaires et à continuer mes lectures durant les prochaines semaines.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Et je vous retrouve semaine prochaine, bisous

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant