Chapitre 54 : Essaie de suivre !

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C'est main dans la main que nous marchons d'un pas franc en direction de chez papy Ali. Amaël me talonne de près, un peu obligé de suivre ma cadence effrénée, mais on n'a vraiment pas le temps. Mieux vaut être prêt rapidement pour être sûr d'être là avant le meurtre de mon père.

En arrivant devant le jardin de la maison où j'ai grandi, j'ai une larme qui me monte aux coins de l'œil. Je vais pour franchir le bas de la porte quand je perçois les aboiements de Taz. Même le labrador de la voisine m'a manqué. J'en profite quelques secondes pour lui dire bonjour avant d'entrer dans la demeure de la personne qui compte le plus pour moi.

En entendant la sonnette, Ali se dirige d'un pas joyeux pour nous accueillir. Je remarque presque immédiatement le regard interrogateur qu'il porte à Amaël et à nos mains, qui sont encore entrelacés. Instinctivement, je romps la connexion qui me liait à Amaël et saute dans ses bras.

— Tu m'as trop manqué, Papy ! dis-je en pleurant.

— Mon poussin, ça va ? me demande-t-il troublé de ma soudaine démonstration d'affection. Tu as quitté la maison il y a, à peine, quelques heures, je ne peux t'avoir manqué à ce point.

Quand je m'éloigne de lui, je peux aisément lire dans ses yeux qu'il est mi-ravi, mi-inquiet de me voir et la présence d'Amaël n'aide pas mon grand-père à se détendre. Je décide de prendre les devants en les présentant l'un à l'autre, même si je sais qu'Amaël connaît déjà Ali. Ce dernier n'est pas contre pas au courant de son existence ou du moins partiellement. Il se pourrait que je lui aie parlé de cette tête à claques quelques fois lors de repas sans jamais énoncer son prénom à haute voix.

Après de succinctes présentations, Ali me fait un signe de tête que je reconnais entre mille. Son regard noir en direction du jeune garçon veut tout dire.

— Tu peux monter à l'étage, dis-je à Amaël. Ma chambre est la première à droite.

À la simple notion de chambre, je sens papy Ali se tendre immédiatement. Il faut vraiment que je lui parle rapidement sinon un meurtre va se produire devant mes yeux.

Une fois sûre qu'Amaël se trouve dans ma chambre, et donc potentiellement, assez loin pour ne pas entendre notre discussion, je décide de prendre la main de mon grand-père afin de l'amener dans le salon pour plus d'intimité.

— Je peux savoir qui est ce jeune homme ? demande-t-il avec un air plus cru en essayant d'être intimidant.

Malheureusement pour lui, agir comme un père qui protégerait sa fille manque de me faire rire. Cela ne va pas avec son caractère. Un agneau ne peut pas devenir un loup en un claquement de secondes, mais j'apprécie de voir que Papy Ali tient autant à moi.

— C'est Amaël. Je t'en ai déjà parlé, rappelle-toi. Le gars de l'université qui apparaît dans les cauchemars à propos de maman.

Le visage d'Ali se décompose presque immédiatement.

— Mon poussin, je comprends que ta mère te manque, mais ce jeune homme ne le sent pas du tout. Il a l'air louche.

— Papy, tous les garçons, que j'ai pu ramener à la maison par le passé, te paraissent étranges, énoncé-je en croisant mes bras sous ma poitrine.

— Certes, mais, celui-là, c'est le pire de tous. Et puis, tu as pensé à Trystan ?

— Comment ça, penser à Trystan ? demandé-je innocemment.

Je vois que les yeux d'Ali se tournent vers le ciel. C'est vrai que j'abuse un peu, il n'est pas né de la dernière pluie.

— Avec Trystan, nous ne sommes plus ensemble, donc ne t'inquiète pas pour lui, dis-je en souriant.

Quelques secondes après, un bruit provenant de l'étage se fait entendre, comme si un objet avait brutalement rencontré le sol. Je parie qu'il y en a un qui écoute aux portes. Mais est-ce que ça m'étonne ? Pas vraiment, au contraire. Je ne peux m'empêcher de sourire au fait qu'Amaël semble tomber de haut quant à mon célibat.

— Pourtant, hier, toi et Trystan, vous étiez bien ensemble quand il est venu à la maison, marmonne-t-il dans sa barbe

Il est perturbé par ma nouvelle et sans doute peu convaincu par celle-ci, mais il finit par ajouter :

— Les jeunes d'aujourd'hui, ce n'est plus ce que c'était. Je suis complètement perdu dans vos histoires.

Je rigole avec lui par sa confession et je me dirige à mon tour à l'étage. Si j'étais encore en couple hier, cela veut dire que Trystan n'est définitivement pas au courant que j'ai rompu avec lui. Quel malheur ! Je vais devoir lui briser le cœur, une seconde fois. En arrivant en haut des escaliers, je remarque qu'Amaël est tout penaud et tente de remettre en ordre ce qui se trouvait à l'origine sur un meuble à l'entrée de ma chambre.

— Désolé, je me suis pris l'étagère et il se pourrait qu'un de tes bracelets se soit cassé, murmure-t-il en baissant la tête.

Je l'observe en souriant pour détendre un peu l'atmosphère.

— De toute façon, je n'aimais pas ce bracelet et puis il ne me sera d'aucune utilité sur Malurn !

— Attends comment ça, sur Malurn ? s'étonne presque aussitôt Amaël.

— Essaie de suivre ! m'emporté-je gentiment en me dirigeant avec hâte vers le grenier afin de ramasser les affaires de ma mère. On doit retourner au plus vite sur Malurn pour tous les sauver.

Amaël m'accompagne avec un air ahuri qui ne lui va décidément pas au teint.

— Euh.. Mais tu veux rentrer sur Malurn, maintenant ?

— Non, idiot, dans 10 ans quand tout le monde sera mort ! grogné-je en prenant dans mes bras la boîte poussiéreuse. Forcément qu'on va y aller aujourd'hui. Je t'ai connu bien plus perspicace. Tu m'étonnes beaucoup !

En revenant dans la chambre, je dépose mes trouvailles au sol et je l'invite à me rejoindre pour mettre en ordre tout ce que je veux emporter sur Malurn.

— Je connais l'endroit où est emprisonné mon père vu que j'y ai été enfermée moi-même, comment fonctionne le château avec vos gardes qui sont en poste là-bas et puis je suis persuadée que Borac sera ravi de nous aider.

La simple notion de son meilleur ami le fait tiquer. Ses yeux s'arrondissent de plus en plus. Si je continue à lui énoncer toutes les choses que j'ai découvert sur sa vie, je pense qu'il va sérieusement flipper. Puis tout d'un coup, la lueur dans son regard change, son sourire malicieux caractéristique reprend le dessus.

— Et je peux savoir ce que tu fais avec mon pote dans tes rêves ? me taquine-t-il.

Je ne peux pas m'empêcher de rire à sa remarque. Forcément, il fallait qu'il se pose cette question. Parmi toutes celles qui pouvaient éventuellement me demander, il a choisi celle-ci, mais cela ne m'étonne guère.

— Bon, je t'explique rapidement mon plan, puis on fait des recherches ? déclaré-je avec un ton quelque peu autoritaire.

— Oui, chef ! Bien, chef ! rétorque-t-il avec enthousiasme. Et dire que je m'attendais à beaucoup plus galérer avec ton caractère de cochon. Finalement, tout m'est servi sur un plateau d'argent, je ne suis pas habituée.

Je ne peux pas m'empêcher de le taper gentiment sur l'épaule pour sa boutade, sans doute méritée. Puis, nous nous mettons immédiatement au boulot.

***

Me revoilà avec le second chapitre pour cette semaine !

En espérant que ce dernier, même s'il est un peu plus court que le précédent, vous plaise. 

N'hésitez pas comme d'habitude à me donner votre avis en commentaire et à voter. 

Et je vous retrouve très bientôt pour le suite ;) 

Bisous !  

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant