Chapitre 47 : Tu seras en sécurité

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Je le suis à travers le bâtiment désaffecté jusqu'à ce qu'il m'amène dans une partie qui semble habitée, ou du moins, moins à l'abandon. Il ouvre l'une des portes qui se dressent devant nous et j'entre dans la pièce sombre.

— Je vais essayer de dénicher une lampe quelque part, s'exclame-t-il avant de me laisser seule dans la chambre.

Je m'assois sans conviction sur le lit qui se trouve devant moi, et à mon grand étonnement celui-ci est plutôt confortable. On va dire que le sol froid du château est beaucoup moins moelleux que ce matelas. Cela fera l'affaire pour les quelques heures de répit avant que leur bataille commence.

Je m'allonge en regardant le plafond plein de toiles d'araignées. D'habitude, je serais partie en courant en apercevant la tonne de fils créée par ses monstres, mais je ne peux pas faire la fine bouche. De toute façon, je ne tiens presque plus debout. Les événements de la journée ont puisé tout le reste d'énergie que mon corps a réussi à encaisser depuis ma courte nuit, la veille.

Je manque de m'endormir d'un coup, quand la porte s'ouvre légèrement, laissant apparaître un peu de lumière. Voir Amaël sur le point de s'effondrer lui aussi me conforte dans l'idée que ça va mal se finir.

— On y verra un peu plus clair. Tu veux que je nettoie la pièce avant ? C'est vrai que personne ne vient ici d'habitude que dans des cas d'urgence comme celui-ci et il faut dire que ce n'est pas arrivé depuis des lustres.

— Non, c'est bon, ne t'inquiète pas, réponds-je contente qu'il se soucie de mon confort. Je suis tellement fatiguée que la moindre araignée ne pourra pas m'empêcher de dormir.

— Parfait, dit-il en enlevant son haut.

J'observe le plus discrètement possible son torse, qui est couvert de diverses entailles plus ou moins profondes. Malgré ses blessures, son corps reste très alléchant. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi est-ce que je pense à ça ?

— Ça va ? me demande-t-il avec un air soucieux.

— Absolument ! répliqué-je précipitamment en détournant mes yeux.

Le regard d'Amaël suggère qu'il ne croit pas un mot de ce que je raconte. En même temps, la réponse est non, je ne vais pas bien du tout. J'arrive sur une planète qui m'est étrangère où la seule vraie personne de ma famille, que je n'ai jamais connue, vient de se faire abattre brutalement devant moi. J'ai assisté à un massacre, des centaines d'innocents sont morts. Et l'unique femme qui semble tenir à moi comme une mère se retrouve enfermée par le roi et qui sait ce qu'il lui réserve. La réponse à cette question est un non définitif.

Rien que d'y penser, des gouttes d'eau apparaissent au coin de mes yeux. J'ai beau essayer de scruter le plafond pour les stopper, rien n'y fait, je fonds en larme devant un Amaël impuissant face à cette situation.

— Viens là, me susurre-t-il en s'installant confortablement dans le lit près de moi.

Ses bras m'entourent et instinctivement je repose ma tête contre son torse. Entendre le battement de son cœur me calme progressivement et je finis par m'endormir d'épuisement.

***

À mon réveil, je me sens étrangement bien. L'odeur de parfum boisée chatouille mes narines. Cette senteur m'apaise et me rassure. J'ai comme l'impression de me réveiller d'un mauvais rêve.

Je me décale lentement en reprenant progressivement connaissance. Un corps endormi est collé au mien. Un bras vient m'entourer et me presser contre un torse brûlant. Quelques secondes suffisent pour que je reprenne pleinement conscience. Le massacre, la bataille de ce soir et Amaël. Le bisou avec Amaël ! Est-ce que tout s'est vraiment bien passé ?

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant