Chapitre 42 : Cette connexion entre nous

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Le lendemain, nous avions pris la route vers trois heures afin d'être dans le centre-ville assez tôt dans la matinée. Amaël n'a pas été d'humeur bavarde durant notre trajet, il était plus concentré sur son téléphone et a accéléré, plutôt que de faire attention à si je suivais bien son rythme.

Quand nous arrivons dans les champs qui bordent la ville, je remarque assez aisément avec la lumière du lever du soleil que quelques personnes se rendent vers la grande place comme nous. Mon angoisse, qui ne m'a pas quitté depuis mon réveil, finit par se dissiper, progressivement. Il n'est pas trop tard, nous sommes là à temps.

— Nous devons nous dépêcher, le roi a ordonné à ce que l'exécution soit avancée au plus tôt ce matin. Il doit se douter que les rebelles se préparent à contre-attaquer, déclare Amaël en rompant le silence qui régnait en maître depuis des heures maintenant.

— Vous avez un plan ? demandé-je avec une voix pleine d'espoir.

Amaël me regarde avec un air si intense et si désemparé que je sais que la réponse est négative, même si ce qu'il me dit, suppose le contraire.

— On va voir ce que l'on peut faire en si peu de temps, mais je ne peux rien te promettre.

Je sens mes larmes revenir au galop comme si elles attendaient depuis hier, de se déverser sur mon visage. J'espère de tout mon cœur qu'ils vont réussir à trouver une solution. S'il le faut, je veux bien faire diversion même si cela me paraît une mauvaise idée. Je suis prête à tout pour sauver le père que je n'ai jamais connu, mais qui semble avoir tant fait pour me rencontrer.

Nous nous approchons à grands pas de la grande place centrale par laquelle j'étais passée lors de mon arrivée sur Malurn. De nombreuses personnes au visage dénué de toute émotion se pressent pour s'y rendre.

— Mets ton voile pour te cacher un minimum, il faudrait éviter que l'on te voit.

— Et toi ? m'inquiété-je en pensant directement au fait que le petit garçon l'a aperçu avec quelqu'un et qu'il est donc en danger.

— Je n'y ai pas songé, mais je sais me défendre contrairement à toi, rétorque-t-il sûr de lui. Tiens-toi prêt de moi et surtout ne lâche pas une seule seconde.

Une fois sa main chaude au contact de la mienne et mon foulard sur la tête, je le suis en slalomant dans toute cette foule. De petits commerces bordent la grande place où se trouve déjà l'estrade entourée de nombreuses personnes aux airs apeurés. Amaël me dirige vers une réserve derrière l'un des magasins et me pousse gentiment à l'intérieur.

— On va se mettre en hauteur pour éviter de trop nous mêler avec la population, si jamais Loukas décide d'agir. Cela pourrait finir en bain de sang assez rapidement.

J'acquiesce et le suis à travers les différents meubles qui comblent l'espace. De nombreux bocaux contenant des légumes et des fruits me font face. Nous devons sans doute nous trouver à l'arrière d'une épicerie. Nous débouchons en peu de temps devant une immense échelle en bois menant au grenier. Amaël me demande de monter en première afin de faire la garde au cas où quelqu'un arrive.

Une fois à l'étage, seule une trappe au fond de la pièce laisse passer un peu de lumière dans la noirceur qui habite cet étage.

— On va emprunter ce passage par là, s'exclame Amaël en me désignant cette dernière, elle donne sur le toit.

— Comment sais-tu tout ça ? lui demandé-je impressionnée qu'il sache où aller s'il veut avoir une vue en hauteur pour observer la place.

— Les missions pour espionner les gardes du roi ont bien aidé, me répond-il en me l'ouvrant et en me portant jusqu'en haut.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant