Chapitre 21 : Tu n'es qu'un monstre

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La chaleur émanant du soleil vient vivifier toutes les cellules de mon corps. Allongée au milieu d'un champ de coquelicot arborant les couleurs de celui qui fait vivre notre planète, j'observe l'environnement qui m'entoure et souris face au ciel, heureuse et enfin apaisée. L'odeur de l'herbe et de la terre viennent chatouiller mes narines et réchauffer mon âme, qu'est-ce que j'aime la nature ! Je pourrais rester ici pendant des heures à regarder la vie s'activer autour de moi. Les nuages qui se forment et passent en rafale au-dessus de ma tête, le chant des feuilles quand le vent les frôle, les coquelicots qui dansent au rythme de la brise, ceci est la définition pure et simple de ma vision du bonheur. Rien, n'y personne ne pourrait m'enlever la sensation de bien être qui envahit mon corps peu à peu.

Au loin, au milieu de ce champ de verdure et de multiples fleurs se trouve une cabane en bois un peu délabré. Personne ne semble y habiter depuis un certain au temps au vu des planches de la bâtisse qui jonchent le sol. Une si jolie maison au milieu de la nature n'a pas pu être abandonnée sans raison. L'émotion de savoir que cette maison est sans vie remplit mon cœur de chagrin. Je décide de ne pas y prêter plus attention et reporter mon regard vers le ciel.

À quoi peut bien ressembler Malurn, la planète dont j'entends souvent parler dans mes rêves ? Simple fantaisie de la part d'Amaël ou réalité, je me demande si la Terre est sa réplique parfaite. En fin de compte, qu'est-ce que nous savons sur ce qu'il se passe dans l'espace ? Est-ce que je suis née sur une autre planète comme le dit l'odieux jeune homme aux regards si envoutant ?

Une brise caresse ma peau me créant presque instantanément des frissons sur les avant-bras. Je sens comme du mouvement à mes côtés, mais bizarrement cela ne m'angoisse pas. Je reste parfaitement zen et ferme délicatement les yeux attendant sagement une parole de la personne venue me déranger. Il n'y a que lui qui peut venir m'embêter dans cet endroit de ma tête.

— Malurn est une planète qui ressemble fortement à celle que tu as devant les yeux, murmure-t-il tout en s'allongeant en douceur sur l'herbe.

— Elle est exactement comme la Terre du coup ?

— Elle est beaucoup plus petite, moins peuplée et beaucoup plus verte que la Terre, cela est certain.

Je me penche vers Amaël qui m'observait durant cet échange et lui demande sans prononcer le moindre mot si c'est de là que je viens. Comprenant instantanément ma question muette comme s'il était dans ma tête, il va alors reprendre la parole.

— C'est bien ça. Toi et moi, nous sommes de Malurn.

Bizarrement, savoir que je viens d'une autre planète ne me fait pas paniquer comme il y a quelques jours dans mon rêve éveillé au bowling. L'endroit doit modifier profondément mon jugement ou alors, la zénitude a fini par envahir toutes les parcelles de mon corps, car j'accepte sa révélation, même si en mon for intérieur je devine que quelque chose ne va pas dans mon attitude.

Amaël m'observe avec son regard pétillant que je ne sais pas où me mettre. Habituellement, un malaise se serait déclenché entre nous deux, mais bizarrement rien ne se produit. On continue de se contempler dans le blanc des yeux sans aucune gêne. Seul le vent altère le calme ambiant en soufflant faiblement sur l'herbe et les fleurs dont certains pétales nous effleurent de temps à autre.

— Dis-moi, qu'est-ce que les Sanjar et Mangup ? demandé-je rompant ainsi le silence.

Amaël, surpris et étonné de ma soudaine question, se retourne rapidement pour admirer le ciel comme s'il était à la quête d'une réponse. Le temps se fait long avant qu'il ne se décide à prendre la parole.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant