RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 19 : Départ

Ce matin, on est dimanche et je suis le seul réveillé dans la chambre. Comment je le sais ? Car Charlie est une marmotte. Et une pipelette. Donc une marmotte pipelette se réveille tard et commence à parler à peine les yeux ouverts. C'est clairement le genre de personne que je déteste, à la base. Chloé est comme ça. Une fois elle est venue en vacances avec nous et nos potes, c'était au début de sa relation avec mon reuf, et comme Nab' est un gros canard il a pas pu lui refuser de venir. Pourtant, on a une règle : pas de meufs en vacances. Nabil a même pas respecté la seule règle de nos vacances. Et franchement j'aurais préféré. Je me souviens qu'un matin j'étais le premier debout et je suis allé boire mon fé-ca tranquille dans la cuisine. Par le plus malheureux des hasards, elle s'est levée en deuxième et m'a rejoint. Et là, elle a commencé à me taper la discut' à propos du trait d'eye-liner d'Ariana Grande. J'ai une tête à m'intéresser à ça, moi ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre de comment cette meuf se maquille ? Je sais à peine qui c'est. J'ai vraiment, mais vraiment, eu envie de l'étouffer ce matin-là. Tous les matins suivants, j'ai bu mon café dans ma chambre pour l'esquiver.

Sauf que Charlie, j'ai pas envie de l'étouffer. Heureusement d'ailleurs, on a quand même passé plusieurs jours ensembles, ça aurait été grave long si elle m'insupportait. Honnêtement, j'ai un peu eu peur de ça au début, car je m'entends pas trop avec les femmes. Finalement non, je suis même dégoûté qu'elle parte si tôt, mais bon, faut qu'elle retrouve sa fille. Et puis on se reverra à ma sortie pour que j'aille manger chez elle.

Une grosse demi-heure passe avant que Charlie ne se réveille et ne lance sa phrase habituelle.

« Salut le fennec, me dit-elle. Ouai, c'est sa phrase en ce moment. Tous les matins elle me dit ça.

- Salut Sigyn, je lui réponds à mon tour. Bah ouai, moi aussi j'ai ma phrase. C'est notre rituel. Le dernier, d'ailleurs.

- Bien dormi ?

- Tranquille, et toi ? Pressée de rentrer ?

- Plutôt bien. Un peu, j'ai hâte de retrouver mon appartement, mon lit, ma fille, mon travail... Mais en même temps, nos petites discussions vont me manquer, tu sais, avoue Charlie sans une once d'hésitation. Elle a lâché ça comme ça, alors que moi il m'aurait fallu un couteau sous la gorge pour que je le dise. Ça me fait presque bizarre d'entendre quelqu'un dire ce qu'il pense si facilement, c'est clairement pas comme ça d'où je viens.

- Ah. Je sais même pas quoi lui répondre. Le « moi aussi » reste coincé dans ma gorge et refuse de sortir.

- Mais on se reverra vite, donc ce n'est pas notre dernière, ajoute-t-elle ensuite. Et elle continue dans le sentimental en plus, ça me gêne. Enfin bref, merci mon dieu elle change de discussion, tu habites où au fait ? J'espère que ça ne te fera pas trop loin pour venir chez moi, vu que tu n'as plus de voiture... Je pourrais venir te chercher et te ramener si tu veux.

- Nan t'en fais pas pour ça, je vais direct me reprendre une voiture en sortant d'ici. Et j'habite dans le 91, à Corbeil, si tu connais. Je me retiens de lui préciser que je viens des Tarterêts, ma tess', car à chaque fois, les personnes changent de comportements. Et toi ?

- Oui, je connais de nom, répond Charlie. Et je suis de l'Essonne aussi, mais plus vers Étampes.

- Ah ouai, t'es carrément dans le sud du 91 ! T'es à la campagne même. T'as des vaches ?

- Tu m'as prise pour une fermière ? glousse la rousse. Non, j'ai qu'un chat si tu veux savoir. Tu n'es pas allergique au moins ?

- J'crois pas, j'en ai jamais eu, j'aime pas ça en fait. Je déteste les chats même, mais bon, je ne vais pas lui dire. Sérieux, c'est les animaux du sheitan ! Une seconde ils te font pleins de câlins et la seconde d'après ils te mordent au sang. Et je sais de quoi je parle hein, Chloé à deux chats, dont Nabil est complètement gaga -en même temps quand ça concerne Chloé il est gaga de tout-, et à chaque fois ils me font la même chose quand j'essaye de les caresser. Du coup, je les laisse plus s'approcher de moi.