RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 30 : Questions sans réponses

L'air sent l'herbe fraîchement coupée, le purin, la vache. Ça pue.

Le soleil m'aveugle quelques instants, puis je me rends compte que je ne suis plus chez Charlie. Je suis à la campagne. A ma droite s'étend un champ, avec un puit en son centre. A ma gauche, quelques habitations, anciennes petites maisons aux toits marrons. Sauf une, au toit étrangement vert. Où suis-je ? J'ai l'impression d'être déjà venu ici, pourtant je ne reconnais rien. Je comprends alors que je ne suis pas dans un simple rêve, mais dans un souvenir. Un souvenir dont je ne me souviens pas.

« Tarik ! » crie une voix de femme derrière moi.

Je me retourne rapidement, mes chaussures crissant sur le chemin de terre. Je m'attends à retrouver Charlie. Mais ce n'est pas une crinière de boucles rousses que j'aperçois, plutôt des cheveux noirs et raides, une peau brune, des yeux sombres. Qui est cette femme ? Elle s'approche de moi, un sourire éclairant son visage aux traits sensuels. Tout comme le lieu, j'ai l'impression de la connaître, néanmoins mes souvenirs restent obstinément bloqués.

« Tarik... ça va pas ? me demande-t-elle, une fois à mon niveau. Je remarque un grain de beauté sur sa pommette droite.

- Euh si, ça va.

- Tu viens ? la brune me tend sa main, que j'attrape après quelques hésitations. Je remarque alors que ma main est un peu plus petite, plus douce, moins abîmée par les années.

- On va où ? je l'interroge tandis qu'elle entrelace nos doigts.

- On peut aller chez moi, propose-t-elle, son regard montre les maisons à notre gauche.

- Si tu veux. »

Elle me sourit et commence à me tirer vers les habitations, cependant je la retiens doucement. Elle se retourne, surprise.

« Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Attends... Comment tu t'appelles ?

- Moi ? Elle lève les sourcils avant de rire. Mais enfin, Tarik... T'adores mon prénom ! C'est... »

La fin de sa phrase s'éteint dans sa gorge. Son visage se fige, son regard devient de marbre. Puis, son corps se floute, comme une photo où la mise au point ne s'est pas faîte, et ce flou s'étend peu à peu au paysage alentour.

Le souvenir m'échappe.

« ATTENDS ! » je crie désespérément. Je tire sur la main de la brune, mais elle s'évapore dans l'air. Elle n'est plus qu'un nuage de fumée.

Puis... tout devient noir.

*

Mes yeux s'ouvrent brusquement, mon cœur cogne douloureusement dans ma poitrine et dans mes oreilles, ma respiration est hâtive. Il me faut quelques secondes pour me calmer. Et quelques-unes de plus pour me rappeler où je suis, et avec qui.

Un corps chaud se presse contre le mien, un bras s'enroule autour de mon torse en sueur et des cheveux épais viennent chatouiller mon nez ; cheveux que j'attrape presque brusquement pour vérifier leur nature. Ils sont bouclés. C'est bien Charlie. A cette constatation, mon rythme cardiaque et ma respiration s'apaisent.

« Chéri... ça va pas ? » la voix de Charlie est douce, basse, encore endormie. Ce qui explique sûrement l'utilisation du surnom chéri, qui fait vriller mon cœur alors qu'il venait à peine de se calmer.

Je me penche et dépose un baiser sur son crâne pour la rassurer.

« Ça va. Rendors-toi.