Chapitre 35 : Rouky

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Rien ne va et je ne sais plus quoi faire.

Max est en crise, je n'arrive même pas à calmer ma fille et son doudou préféré, celui qui marche à tous les coups, Rouky le petit renard, n'est pas là. Elle l'a oublié chez Tarik et aucun des deux n'a pensé à m'en informer jusqu'à maintenant.

Je viens de déposer ma rouquine en pleurs chez sa marraine Audrey, car il faut à tout prix que j'aille chercher son doudou. Je ne l'ai pas prise avec moi, je n'aurai pas pu la gérer dans la voiture, ni une fois là-bas, en plus entourées d'inconnus dans un endroit que je ne connais pas.

Un long soupir traverse mes lèvres avant que je ne laisse tomber l'arrière de mon crâne contre l'appui-tête de ma voiture. Mes mains tremblent. Mes doigts serrent fébrilement le téléphone que je tiens. Moi aussi je ne vais pas tarder à partir en crise. J'ai encore du mal à réaliser ce qu'il vient de se passer, qui nous venons de croiser en bas de notre bâtiment. Je lance un dernier regard à mon carnet d'appel, où s'affiche deux tentatives ratées de joindre « Ad'ré 🐒 ». Il ne me répond pas et pourtant je n'ai jamais eu autant besoin de lui. Il pourrait nous ramener Rouky, il pourrait prendre Max dans ses bras, il pourrait me prendre dans ses bras...

Finalement, je pose mon téléphone et démarre la voiture.

Direction les Tarterêts.

*

Il me faut trois quart d'heure pour rejoindre ce quartier de Corbeil Essonne. Je gare ma voiture sur la première place libre que je trouve et observe les tours grises derrière mon parebrise. Elles sont nombreuses et toutes plus ou moins identiques. Je ne sais même pas dans laquelle habite Tarik. Je trouverai bien quelqu'un qui le connaît ici, apparemment il est connu.

Je descends de ma voiture et traverse le parking d'un pas hésitant, l'ambiance pesante d'ici ne m'aidant pas. Je ne savais pas que Tarik habitait dans un quartier comme celui-ci et puis, avec l'argent qu'il dit gagner, pourquoi reste-t-il là ? Il pourrait s'acheter une belle maison, dans un quartier plus... sympa. Ici, tout a l'air gris, morne, triste. Je me demande s'il a eu une belle enfance, ou si elle était à l'image de cet endroit. Il ne m'en parle jamais. Enfin, il ne me parle pas beaucoup de sa vie, il est peu bavard. Je sais seulement qu'il a deux petits frères, dont je ne connais même pas les prénoms. Et une belle-mère qu'il considère comme sa mère, celle-ci les ayant abandonnés plus jeunes.

Je ne peux rien lui dire, moi aussi je ne parle pas de ma famille, avec qui j'ai coupé les ponts, et encore moins de ma précédente relation, le père de Max. Rien que d'y penser, des frissons de dégoûts me traversent. Si seulement j'avais pu rencontrer Tarik à cette époque-là... mais en même temps Max, ma merveille, n'existerait pas. Et puis je me souviens de sa remarque, comme quoi je ne me serais jamais intéressée à lui à cette période. Il aurait fait des choses illégales, à ses dires. Je me demande quoi. De toute façon, quoi qu'il ait pu faire, j'ai connu pire. Tout comme Max, ma merveille abîmée.

C'est bête à dire et peut-être que la plupart des gens ne seront pas d'accord avec moi, mais j'ai l'impression que Tarik doute de lui, malgré l'impression de confiance qu'il dégage. Et surtout, il est bien plus tendre qu'il ne le montre. Une femme voit tout. Et une femme amoureuse, encore plus.

« Eh, ma belle ! » me coupe une voix d'homme, que je ne connais pas.

Je me tourne et remarque un homme appuyé contre le mur d'un bâtiment, vêtu de noir et d'une sacoche en bandoulière.

« Un 10e, ça te tente ? demande-t-il.

- Un 10 quoi ? je réponds sans réfléchir, les sourcils froncés. Peut-être que je ne devrais pas lui parler. Si seulement Tarik était là.

RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]Where stories live. Discover now