Chapitre 7 : Déni

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J'ai chaud, encore. Mais ce n'est pas comme la dernière fois. J'ai l'impression que c'est si loin et si proche à la fois. J'entends du bruit, des crépitements, des bruits de voitures, des klaxons. Je ne peux pas ouvrir les yeux, ni la bouche. Je ne sais pas où je suis. J'étouffe. Je n'arrive plus à respirer. Je vais mourir.

J'entends un bruit aigu, un cri de douleur, qui me sort instantanément de ma torpeur.

J'ouvre brusquement les yeux, mais je ne vois pas grand-chose, il fait trop sombre dans la chambre d'hôpital. En même temps, j'ouvre la bouche à la recherche d'une goulée d'air. Je sens un poids dans ma poitrine, qui comprime mon cœur. Mes poumons refusent de se remplir entièrement, ne laissant qu'un mince filet d'oxygène arriver jusqu'à eux. J'ai l'impression de me noyer.

Les bips des machines à côté de mon lit accélèrent, brisant le silence si angoissant de la chambre et me perçant les tympans.

J'essaye de me redresser, de bouger, de crier, mais rien ne vient. Je n'arrive pas à bouger, j'ai l'impression d'être paralysé.

Ma vue se brouille.

Je suffoque.

Je vais crever sur ce lit d'hôpital. Seul. Comme un con. C'est la pire des morts. J'aurais préféré crever dans un règlement de compte à la tess' qu'ici, sans raison.

J'laisse rien sur cette terre en plus. J'ai ni femme, ni enfant. Ouai, même en train de mourir j'ai le temps de penser à ça, car c'est le plus grand regret de ma vie. J'ai pas trouvé la femme qu'il me faut pour fonder une famille et, pourtant, dieu seul sait à quel point je le veux.

J'ai même pas dit à mon petit frère à quel point je l'aime.

J'ai pas revu mon père.

J'ai l'impression que je pense depuis plusieurs heures, que ce moment de souffrance ne s'arrêtera jamais, alors que ça ne fait que quelques secondes.

La porte de la chambre s'ouvre rapidement et, du coin de l'œil, je vois une personne rentrer et se précipiter près de moi. C'est une infirmière. Elle attrape mon bras et me plante une seringue dans le creux, sans hésiter.

Je sens mon cœur se calmer peu à peu et retrouver un rythme normal. Les machines font de moins en moins de bruit jusqu'à reprendre leur son habituel. Je peux enfin respirer.

« Tout va bien, monsieur Andrieu... » j'entends murmurer l'infirmière avant de sombrer dans un sommeil sans rêve.

*

Lorsque j'ouvre une nouvelle fois les yeux, il fait jour dans la chambre, mais la lumière du soleil est encore rosée, signe qu'il est tôt. Je suis seul, enfin, à part à la femme allongée derrière le rideau. D'ailleurs, je me demande à quoi elle ressemble. Est-ce qu'elle est jeune ? Vieille ? Et surtout, pourquoi n'est-elle pas encore réveillée ? J'espère vraiment qu'elle n'est pas gravement blessée. En plus, je me rends compte que personne n'est venue lui rendre visite. Pourquoi ?

Et puis, qu'est-ce qui s'est passé cette nuit ? Je me souviens seulement m'être réveillé et ne plus avoir eu le contrôle de mon corps et de ma respiration. J'ai tellement de question en tête qu'une migraine commence à faire son apparition.

La porte de la chambre s'ouvre alors doucement et une infirmière rentre. Elle rencontre mon regard et me sourit, voyant que je suis réveillé. Elle est toute jeune, elle doit sûrement sortir de l'école. Elle s'approche de moi.

« Bonjour monsieur Andrieu, comment vous allez ? murmure-t-elle, sûrement pour ne pas déranger la femme à côté.

- On fait aller, je lui réponds sur le même ton, mais ma voix est rauque. Je m'humidifie les lèvres, je meurs de soif. Et j'ai l'impression que mes poumons me grattent.

RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]Where stories live. Discover now