RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 5 : Une sauveuse

Une quinte de toux venant d'une personne que je ne connais pas vient de nous interrompre. Qui est-ce ? Et pourquoi je ne suis pas seul dans ma chambre ? J'ai eu un accident, j'ai besoin de calme.

En entendant la toux, Nabil se lève brusquement du lit et se dirige vers le rideau, qu'il contourne. Il y reste quelques instants avant de revenir.

— C'est qui ? je demande à Nabil.

— L'autre patiente de la chambre, mais elle dort encore, elle a juste toussé, répond-il avant de se rasseoir. Il termine son kebab et ne rajoute rien.

S'il croit que j'ai oublié la réflexion de Chloé, il se trompe. C'est quoi cette histoire de sauveuse ? D'ailleurs, la brune me coupe la parole avant que je ne puisse poser mes questions.

— Vous ne lui avez pas dit ? redemande Chloé à mon frère. Elle est à la fois surprise et en colère. La surprise laisse rapidement place à la colère. Elle fronce tellement les sourcils qu'elle pourrait rester bloquée dans cette position. Je regarde mon frère à mon tour. Il grimace et fait discrètement signe à Chloé de se taire. Elle ? Se taire ? Impossible. Il devrait la connaître, pourtant.

— Nabil tu vas lui dire, tout de suite, tout ce qu'il a savoir sur son accident, ordonne la brune d'un ton catégorique. C'est important qu'il sache.

Je me demande de quoi ils peuvent bien parler. Qu'est-ce que je dois tant savoir ?

— Hum... Nabil hoche doucement la tête, cédant face à sa copine. Je comptais lui raconter plus tard, mais tu as raison, c'est important.

Je ne suis pas rassuré. Une inquiétude traverse rapidement mon esprit : j'espère que je n'ai tué personne lors de mon accident... ? Non, ils n'agiraient pas comme ça avec moi. Du moins, je l'espère. J'espère que mon frère me l'aurait dit à mon réveil.

Nabil se tourne vers moi.

— Tarik...

— Accouche.

— Pendant ton accident, le choc t'as fait perdre connaissance et tu t'es évanoui. La voiture a pris feu un peu après... commence mon frère.

— Et je me suis réveillé, avec l'adrénaline j'ai réussi à sortir de la voiture et je me suis encore évanoui avant d'être récupéré par une ambulance, je le coupe, car c'est toujours comme ça, dans les films.

— Hum... Pas vraiment.

Je ne comprends rien. Je l'invite à continuer du regard.

— Tu es resté dans les vapes Tarik, dans cette putain de voiture en feu. T'aurais pu rester là-dedans et mourir brûlé ! dit-il en haussant un peu le ton.

Sa voix se met à trembler. Chloé se lève doucement, rejoint Nabil et pose sa main sur son bras. Mon frère lui lance un regard, il lui sourit légèrement avant de reposer ses yeux sur moi.

J'attends toujours une vraie réponse.

— Tu sais comment tu as fait pour t'en sortir ? continue le brun.

Je secoue la tête. Bien sûr que non, je ne sais pas. Et j'attends que lui me le dise. Ça a l'air d'être incroyable, vu comment il me présente ça.

— T'as un putain d'ange gardien, mon frère. Une femme a vu ta voiture en feu, elle s'est garée sur le bas-côté de la route et t'as rejoint pour te sortir de là. Elle t'a sorti de la voiture en feu, Tarik. Et cette femme, elle est juste là, il pointe le rideau à côté de nous.

Je le fixe. Longtemps. Le temps que l'information monte à mon cerveau encore embrumé. Une femme, que je ne connais absolument pas, m'a sorti d'une voiture en feu ? Déjà, qui pourrait faire ça ? Je sais que je ne l'aurai jamais fait pour un inconnu, j'aurais appelé les pompiers, comme n'importe qui de censé. A part pour un membre de ma famille, car pour eux je serais capable de faire n'importe quoi.

Cette femme m'a sauvé la vie.

Je comprends enfin à quel point ces mots sont forts. Ils me percutent de plein fouet et résonnent dans tout mon corps : je dois ma vie à quelqu'un. 

Je ne sais même pas comment réagir, je suis abasourdi. 

— Tarik ? T'as bugué ? m'interpelle Chloé, un peu inquiète, sûrement pour la première fois de toute notre relation.

— Non. Je suis juste... à court de mot, je lui réponds honnêtement. Elle semble comprendre et hoche la tête. Comment elle s'appelle ?

— Qui ? demande Nabil.

— Cette femme, comment elle s'appelle ? Je peux lui parler ?

— Je ne sais pas... Et non, elle dort encore. Elle est arrivée en même temps que toi avant-hier soir, inconsciente elle aussi. Et elle ne s'est pas encore réveillée, m'explique mon frère.

J'hoche la tête. J'aurais bien aimé connaître son prénom, savoir l'identité de ma sauveuse.

Je me remets à manger mon kebab, avec toutes ces nouvelles informations en tête. Nabil et Chloé reprennent aussi leurs repas. Le silence se fait plus intense, l'ambiance est bien plus lourde qu'avant.

Nabil récupère les boites de kébab, il les remet dans le sac en plastique et part tout jeter dans la petite poubelle de la chambre.

Chloé se relève doucement, enfile son manteau et me salue. Elle rejoint mon frère, l'embrasse, et lui demande s'il rentre à la maison ce soir.  Puis, une porte se ferme, Chloé est partie. Je repense à ce qu'elle a dit à Nabil.

— Nabil, t'es pas rentré chez toi depuis quand ? je lui demande, inquiet pour lui. J'espère qu'il n'est pas resté à l'hôpital depuis mon arrivée.

— Avant-hier. Depuis que t'es arrivé, en fait.

Donc ça explique sa tête et sa barbe mal rasée. Et ses vêtements froissés, maintenant que je le remarque.

— T'es même pas rentré un peu chez toi ?

— Non, je ne voulais pas rater ton réveil, Tarik, me dit Nabil.

Pas faux. Je le comprends, j'aurais réagi pareil. Enfin, j'espère ne jamais être confronté à cette situation. Je pense que, moi aussi, je ne serais pas beau à voir si mon frère était à ma place.

— Mais... T'as dormi où ?

— Dans le couloir, sur une chaise, me répond mon frère. Je n'avais pas le droit de dormir dans la chambre.

— Rentre, Nabil. Je suis réveillé et je suis vivant. Rejoins ta femme, je lui dis en souriant doucement. Je ne veux pas qu'il se tue à rester ici. 

— Je verrais, il s'assoit sur la chaise. T'inquiètes pas pour moi, je gère et Chloé comprend parfaitement.

— Ouai. Tu fais peur à voir en tout cas, j'espère que tu ne comptes pas draguer les infirmières.

— Pff, t'es con, sourit le brun en roulant des yeux. Comme si ça m'intéressait. Ce n'est pas plutôt un de tes fantasmes, ça ?

— N'imp', je glousse et lève les yeux au ciel. Enfin, mon œil droit. L'œil gauche est toujours caché par quelque chose. 

— Au fait, Tarik... commence Nabil, plus sérieux.

— Quoi ? je le regarde.

— Tu faisais quoi, sur l'autoroute ? me demande mon frère. Tu ne m'as pas dit que tu sortais, encore moins que t'allais aussi loin...

Je le regarde et réfléchit quelques instants avant d'ouvrir la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sort.

Pourquoi ?

Parce que je n'ai pas de réponse. Je ne me souviens à peine avoir pris la voiture. A vrai dire, je n'ai aucun souvenir de cette journée. Rien. Et ça m'effraie.

— Rien d'important.