Chapitre 39 : Brive-La-Gaillarde (FIN)

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Je coupe mon moteur, le calme de la campagne revient enfin dans la petite ville. Je sors de la voiture et récupère mon téléphone pour envoyer un message à Charlie, la prévenir que je suis bien arrivé à Brive. Les filles sont en Bretagne, elles doivent s'éclater là-bas. J'aurai peut-être dû partir avec elles, plutôt que de venir ici. Mais non, il me faut éclaircir le mystère de cette lettre et de ce que j'ai bien pu faire le jour de mon accident.

Je remonte ma conversation avec Charlie pour relire une dixième fois son message : « Nous aussi, on t'aime. ». Bordel. Je ressens tellement de choses pour elles, est-ce que c'est humain, ça ? C'est la première fois que mon corps et mon cœur sont exposés à ce déferlement de sentiments.

Depuis cet accident, que je maudissais au début, mais que je bénis presque aujourd'hui, ma vie a pris un sacré virage. Il m'a permis de rencontrer une femme extraordinaire et d'en être amoureux, ainsi que sa fille qui l'est tout autant et d'en être gaga.

Quand je rentrerais, je compte bien les présenter à mes potes et à mon frère. Et peut-être bien à mes parents, qui sait ? Je ne veux plus que Charlie vive une nouvelle fois l'incident aux Tarterêts avec Nader -que je n'ai pas oublié-. Elle mérite de faire entièrement partie de ma vie, que je ne la cache plus aux yeux des autres. Et surtout, surtout, que j'arrête de mentir. Je dois rétablir la vérité, cette Iliana n'existe pas et n'a jamais existé. Tout le monde doit le savoir.

Je soupire doucement et range mon téléphone avant de commencer à marcher. Je ne sais même pas où je dois aller. Je marche sans destination précise, capuche sur la tête pour cacher mon identité. Il ne manquerait plus qu'on me reconnaisse. Enfin, vu le nombre minime de personnes que je croise dans les rues, ça serait dommage.

En marchant, j'observe les maisons de villes et les différents commerces, espérant que quelques souvenirs me reviennent, mais ce n'est pas le cas. J'ai passé de longues et ennuyantes années ici et je ne m'en souviens quasiment pas. Héloïse s'est trompée et son Freud ou je ne sais plus quoi aussi. Rien ne me vient. Déjà, il existe vraiment ce Freud ?

Bref. J'arrive sur la place principale de la ville, elle est belle, pavée, dominée par une église ancienne. Je ne m'en souvenais même pas et pourtant j'aurais dû.

J'observe le quartier tout autour et m'apprête à rebrousser chemin, ne sachant pas où aller et ce que je fais vraiment ici, lorsque mon regard s'arrête sur une petite rue. Je ne sais pas pourquoi, mais elle retient mon attention. Sans trop hésiter, je décide de m'en approcher et l'emprunte. Je remonte le long de la rue qui, au bout d'une quinzaine de minute de marche, se transforme en chemin de terre. J'ai quitté le centre-ville pour me retrouver en périphérie, où ce n'est plus des maisons de ville qui m'entourent, mais des champs et des maisons de campagnes.

L'air se charge d'odeurs que j'apprécie peu, ça sent l'herbe fraîchement coupée, le purin et la vache. Ça pue.

A ma droite je remarque un champ avec, notamment, un puit. Tiens. Cet endroit me dit quelque chose. A ma gauche se trouvent des maisons anciennes aux toits marrons, sauf une, au toit curieusement vert.

Je m'arrête brusquement. Je sais où je suis ! Dans mon rêve. Enfin, j'ai rêvé de cet endroit exact la dernière fois, chez Charlie. Dans un réflexe, je me pince le bras pour vérifier que je suis bel et bien réveillé. C'est le cas. J'espère que je ne suis pas dans un délire à la Inception, je n'ai rien compris à ce film.

Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Je repense alors à la théorie d'Héloïse et Freud là. Est-ce que mon inconscient m'a envoyé un message via mon rêve ? C'est ici que se trouve les réponses à mes questions ? A ce mystère ? Pourtant, mon rêve était un souvenir (dont je ne me souviens pas en vrai). Tout est lié ?

Un mal de crâne fait son apparition sous mon front et mes tempes, je sens mon sang pulser. Mon cœur cogne fortement dans ma poitrine. Je crois que je fais encore une crise de panique. Sauf que, cette fois-ci, Charlie n'est pas là pour que je compte ses magnifiques et nombreuses tâches de rousseurs.

J'entends des bruits de pas crisser sur la terre derrière moi. Je me retourne lentement et me retrouve face à... moi ? C'est quoi ce délire ?!

Devant moi se trouve un jeune garçon, d'une douzaine d'année. J'ai l'impression de me voir dans un miroir rajeunissant. Il a ma bouche, mon nez, mon regard, mes cheveux. Tout son visage est exactement comme le mien au même âge. Une seule chose diffère, un grain de beauté se trouvant sur sa pommette droite.

Mon cœur me fait de plus en plus mal dans ma poitrine. Tout comme mes poumons. J'ai du mal à respirer.

Le garçon écarquille les yeux, il semble surpris. Finalement, sa surprise se transforme en joie et sa bouche s'étire en un sourire heureux.

« Papa ! Tu es revenu ! »

Trou noir.

*

FIN
(ou pas...)

RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]Where stories live. Discover now