RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 6 : Nabilux

La journée est bientôt terminée, l'obscurité tombe rapidement à l'extérieur, typique de ce mois de janvier.

Je regarde mon frère, toujours allongé sur son lit d'hôpital. Son teint est pâle, faisant concurrence avec les draps blancs tirés sur lui. Il a ce bandage qui couvre la moitié de son visage, dont son œil. A chaque fois que je pose mes yeux dessus, j'ai la boule au ventre. Je ne sais pas à quoi ressemble Tarik en-dessous. Je ne sais pas comment sont ses brûlures, et ça me fait peur. Je meurs d'envie d'arracher ce bandage, pour voir l'étendue des dégâts. Je ne sais pas non plus si son œil gauche est valide ou non, ou juste un peu abîmé, ou totalement... Le médecin n'a rien voulu me dire, il souhaitait attendre que Tarik se réveille pour être sûr qu'il n'ait pas de traumatismes plus importants.

Tarik est maintenant réveillé, mais je ne suis pas plus avancé qu'avant. Je n'apprécie pas vraiment ce médecin, autant sa façon de parler que de se comporter. A cause de lui, j'ai passé la pire nuit de ma vie.

Avant-hier, l'hôpital m'a appelé pour me prévenir que Tarik avait eu un accident de voiture. Je suis parti en catastrophe de chez moi, m'imaginant les pires scénarios possibles le temps de la route. En rentrant dans l'hôpital, j'ai appris que Tarik était en soins intensif et qu'un médecin allait me tenir au courant de son état au fur et à mesure de l'opération. Je me suis installé sur une chaise dans le couloir. La seule fois où j'ai vu ce médecin, il m'a dit mot pour mot « son état est préoccupant ». Puis, plus rien. Je n'ai plus eu de nouvelle jusqu'à la fin de l'opération. J'ai pleuré toute la nuit, ne sachant pas dans quel état pouvait être mon frère, s'il allait mourir... J'ai cru que j'allais y passer moi aussi.

Je remarque que Tarik commence à papillonner de son œil visible. Il a l'air épuisé.

— Tu devrais dormir, Tarik.

— Ouai, je ne vais pas tarder. Et toi, rentre chez toi, m'ordonne presque mon frère. T'as vraiment une sale tête.

— T'es sûr ? je me rapproche de lui. Tu te sens de rester seul ?

— Mais oui, j'suis majeur tu sais. » ricane-t-il.

Il m'énerve. Il ne se rend pas compte de la gravité de la situation. J'ai juste envie de le secouer et de lui crier dessus qu'il a failli mourir.

— Ton téléphone est dans le tiroir de la commode et il est chargé, tu m'appelles si y'a un souci, d'accord ?

— Mais oui... Tarik hoche la tête. Aller file, vas retrouver ta femme. »

J'hésite. J'ai un peu peur de le laisser seul, mais c'est vrai que Chloé me manque et j'ai vraiment besoin de dormir. Dormir dans un vrai lit. Et pas sur une chaise en plastique.

— Ça va, je me lève et récupère mes affaires. Je reviens demain, à la première heure.

— Tu ne passeras pas la porte si tu n'as pas de la brioche au Nutella et du café, me dit mon frère. Je ris doucement et acquiesce.

— T'auras tout ce que tu veux Tarik, je lui dis. Je lui emmènerais autant de brioche au Nutella qu'il voudra.

— Cool. Rajoute un croissant aussi. Et un pain au chocolat.

Décidément, même après un accident aussi grave, il n'a pas perdu son appétit d'ogre.

— Ça marche, j'irais te chercher ça. Bon... À demain alors, je me rapproche de lui et me penche, dans la volonté d'embrasser sa joue. Lorsqu'on était enfants, il nous arrivait de le faire dans les moments difficiles, mais cela restait épisodique.