4. Offrir

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Hey !

Voilà ma quatrième nouvelle, je l'aime beaucoup ❤. Bonne lecture !!

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Le vieil homme était assis à même le sol des heures durant. Son prénom, Jacques. Son nom, non seulement il ne s'en souvenait plus, mais pire, il n'en avait plus. Ses vêtements étaient troués, déchirés ou rapiécés, de véritables guenilles couvertes de crasse. Son visage ridé, sale et fatigué mais la tête haute, il faisait pitié à voir. Ses joues mal rasées, sa mauvaise odeur... Il dormait parfois dans des refuges, le plus souvent dans les rues. Pauvre, ah oui ça il l'était et tout autant affamé. 

Avec son antique chien noir pour unique compagnie, chaque matin il errait dans les allées et avenues de la ville qu'il avait mémorisées parfaitement depuis tant d'années. Ensuite, le plus souvent, en milieu de matinée, il s'installait à proximité d'un parc où il avait passé toute son enfance à jouer et à courir. Il s'y posait et mendiait en jouant ses quelques morceaux de musique, les chantant de sa voix enrouée par les maladies et le froid hivernal, battant une mesure rapide contre un tambour de fortune, il parvenait à gagner le peu qui lui était nécessaire pour survivre. 

Il ressassait ses souvenirs de jeunesse, heureux et mélancolique. Les années où il fut entouré d'amis chers à son cœur avec qui il finit par perdre contact au fur et à mesure de sa descente aux Enfers. 

Il en regrettait un seul, Hugo Mencoli, le dernier qu'il eut perdu de vue.

Régulièrement, lorsqu'il arrêtait de chanter, il faisait silence pour écouter les rires, les pleurs, les joies et les humeurs, des familles ou des amis qui passaient devant lui sans le voir. A l'occasion, lorsqu'il obtenait une pièce ou un billet, il offrait la seule chose qu'il possédait en retour, un immense sourire reconnaissant et des remerciements  qui valaient pour lui, tout l'or du monde. 

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Ce dénommé Hugo Mencoli, tout aussi ancien que Jacques, des pattes d'oie aux coins des paupières, dues aux nombreuses péripéties de  sa vie et le dos légèrement bossu. Bien habillé, élégant de la pointe des pieds jusqu'au sommet du crâne, le sourire aux lèvres et plein aux As. Habitant dans un spacieux appartement avec sa femme. Deux filles et déjà quelques petits enfants à venir, il était heureux.

Il avait tout pour lui. Le matin, il se levait avec le soleil, une habitude jamais perdue de ses années d'études, il petit-déjeunait frugalement, partait acheter un croissant pour Angèle et en cours de route, prenait son café dans un bar en bas de la rue. Il se rappelait le passé, les amis perdus et ceux gagnés, les sorties, les filles, les aveux, les plaisanteries... que de bons souvenirs. Et la perte de Jacques, celle de ses parents. Les trois lui manquaient beaucoup. 

L'après-midi, il se promenait dans son ancien quartier et écoutait un homme de son âge qui jouait dans la rue pour gagner sa vie. Il l'admirait beaucoup, son courage et sa détermination de vivre malgré les épreuves qu'il avait dû et devait encore combattre. Chaque fois, il lui offrait la seule chose qu'il pouvait vraiment lui donner, des sous. Et l'autre lui répondait par sa seule monnaie, il incurvait ses lèvres gercées vers le haut et hochait la tête avec sympathie avant que chacun ne continue à vivre sa vie.

A chacun sa façon d'offrir.

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Voici la citation imposée:

«On ne peut donner que ce qu'on a» de Dostoïevski

J'espère vraiment que tu as apprécié,

Dans tous les cas, laisse un avis en commentaire et un petit vote fair toujours plaisir !

Merci !

Amélie_lys

Défilé de nouvelles / OSWhere stories live. Discover now