Chapitre 53

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J'arrête de prévenir quand mes chapitres sont très dépressifs, j'imagine que vous êtes habitués maintenant :)

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Newt avait arrêté de penser. Il avait trouvé un moyen pour ne plus rien ressentir, pour ne pas se concentrer sur autre chose que les cours, les devoirs, sa mère et la recherche d'une fac ou d'une école pour les études.


La musique avait été la solution.

Il écoutait quasiment en permanence de la musique. Excepté en cours, bien évidemment où il était obligé de garder les yeux fixés sur son cahier, à réciter chaque mot qu'il avait écrit dans sa tête pour oublier que Minho est assis à quelques mètres de lui. Être dans la même pièce que lui c'est insupportable. Même dans le même lycée, c'est intenable. Il le voyait partout. Et pour ne plus voir, ne plus entendre, ne plus rien ressentir, il récitait des paroles de musique dans sa tête, il pensait en anglais, il imaginait tout le bonheur que ressentaient les personnages de chanson dans leurs mots, toute leur tristesse, leur rage, leur haine, leur peur, leur amour, leur doute. Imaginer des histoires à tout bout de champ lui permettait d'oublier la sienne, qui ne revenait que la nuit, quand il était trop fatigué pour se concentrer et penser à autre chose que sa vie qu'on ne pouvait même plus appeler un drame ou une catastrophe tant c'était la merde.
Dans ces moments là, il se recroquevillait sur lui-même et plongeait à pieds joints dans les ténèbres qu'il n'arrivait plus à repousser. Un sentiment horrible lui envahissait le corps, coupant sa respiration, serrant sa gorge comme dans un étau, nouant ses organes, et lui retournait l'estomac.
Quand il s'endormait enfin, il avait un court moment de répit où son esprit allait s'égarer ailleurs, dans un sommeil remplis de rêves sur lesquels il n'avait aucun contrôle.

Et le lendemain, ça recommençait. Se lever, croiser sa mère dans le salon, supporter ses remarques sans montrer à quel point elles ne faisaient que le détruire un peu plus, partir pour les cours, se rappeler qu'il n'avait pas mangé, se dire que ce n'était pas grave, il mangerait à midi de toute façon, arriver au lycée, passer devant les gars qui avaient tabassé son - qui avaient tabassé Minho et qui n'avaient toujours pas payé pour ça, retrouver Elizabeth et Juliette qui essayaient de l'aider à aller mieux.
Soit en se comportant comme si de rien n'était, de manière naturelle, en enchaînant les discussions légères et les plaisanteries.
Ou en essayant la manière douce en tentant de converser sérieusement, en parlant avec délicatesse et du tact. Elles essayaient de le faire s'ouvrir à elles.
Devant l'absence de réaction de Newt, elle tentèrent de le bousculer avec des mots plus durs, des questions qui font mal et qui font réfléchir. Tout, n'importe quoi, juste quelque chose pour obtenir une réaction.
Mais Newt ne réagissait plus à rien. Il restait sourd aux appels d'Elizabeth et Juliette, demeurait aveugle face aux perches que lui tendaient ses amies, qui ne voulaient que l'aider à s'extirper de ce gouffre de tristesse dans lequel il s'était enferré. Son corps était présent, il ne pouvait aller nulle part ailleurs qu'en cours de tout manière, mais son esprit était loin de tout. Il était complètement perdu dans sa propre tête.

Et les jours passaient, toujours les mêmes. Les gens défilaient dans la rue, toujours les mêmes, Newt suivait sa routine, toujours la même.

Un soir, alors qu'il était allongé sur son lit en T-shirt et caleçon, sans rien faire, les yeux ouverts mais voyants un tout autre paysage que le plafond de sa chambre, un bruit le ramena à la réalité.
Il entendait les pas de sa mère montant les escaliers. Il ne bougea pas pour autant. Il perçut le grincement de la porte en bois, signe que Christelle s'était appuyée contre celle-ci. Un court silence s'installa et Newt ferma les yeux. Il savait que sa mère n'entrerait pas. Elle n'entrait jamais. À la manière d'une barrière magique de protection, la porte représentait pour elle un obstacle infranchissable.

Ah bah merde  (Minewt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant