Thorns Of Chaos - Taekook

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— On prend ma voiture, m'informait le grisé en se dirigeant vers le côté conducteur.

      Je ne bronchais rien et grimpais sur le siège passager de son véhicule à la peinture rouge. Il faisait vrombir le moteur le temps d'une seconde où mon cerveau s'était tâté à vouloir jeter un regard vers la maison derrière nous où j'avais laissé quelque chose d'important. Et pourtant, mon esprit ne m'en avait pas accordé la possibilité. Je me devais de revêtir mon masque, il le fallait, et je le savais plus que bien. Yoongi démarrait finalement et quittait l'allée de la bâtisse. Je n'avais pas pris de petit-déjeuner ce matin, mais j'avais l'estomac au bord du gouffre.

— J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

      Bien évidemment, Jungkook nous avait servis pendant des semaines. Mais parfois, ce que nos yeux connaissaient ne s'ancraient pas dans notre mémoire, simplement sur le tableau dans le salon de nos habitudes. Yoongi ne l'avait peut-être pas remarqué car il ne s'intéressait pas à ce qui, pour lui, ne faisait pas parti de l'essentiel. C'était sûrement ce qui lui manquait : le détail.

— Ce gamin, c'est ce pourquoi tu es passé en silence radio depuis quatre jours ?

— Ça n'a rien à voir, la batterie de mon téléphone était déchargé, je ne le consulte que lorsque j'entends la sonnerie alors je ne me suis douté de rien, mentais-je avec de très mauvais arguments.

      Bien que mon excuse n'avait aucun sens, il ne rétorquait rien et se contentait de conduire dans le silence. Je chassais loin de moi toutes les pensées qui me liaient à Jungkook pour les enfermer dans un des tiroirs de mon esprit le temps d'une journée. Ce n'était pas chose facile, c'était comme si toutes les images de son visage se glissaient sous mes paupières pour se faire une place parmi mes tortures.

      La pancarte de l'entrée de la ville de Séoul s'affichait après des dizaines de minutes pour nous accueillir. La capitale de notre pays autrefois dynamique n'était que vide et fade à ce jour. Les rues étaient désertés de tout signe de vies quelconque. Les vitrines de beaucoup de bâtiments étaient brisées ou vandalisées, sans même parler de l'intérieur où tout était sale et retourné. J'étais même convaincue qu'il était possible de retrouver des cadavres à l'intérieur de certains. Depuis le soir de la catastrophe, vivre loin d'ici avec Jungkook avait voilé le chaos qui régnait depuis un petit temps. Cependant, je l'avais protégé lui de toutes ces horreurs.

       Le véhicule ralentissait jusqu'à complètement s'arrêter en se rabattant légèrement sur le côté de la route.

— C'est là, m'indiquait-il en pointant une agence de voyage qui semblait avoir survécu au désastre.

      Je hochais lentement la tête en glissant ma main droite dans la poche de mon jean. Je ne prenais pas la peine d'attendre Yoongi, j'entendais ses pas résonner dans mon dos. Je poussais la porte du bâtiment tandis qu'un bruit de clochette retentissait pour annoncer notre présence. La tête d'un homme aux cheveux noir de jais se tournait alors vers moi, le visage éclairci par une joie apparente.

— Vous êtes enfin là, venez me rejoindre !

— Namjoon, le saluais-je. Heureux de te revoir.

      Il inclinait la tête et je m'asseyais sur une des deux autres chaises libres en face du noiraud autour d'une petite table blanche. Cette pièce devait sûrement être une salle de pause auparavant, d'où le mobilier. Namjoon ouvrait la bouteille de vin pour verser la boisson dans trois coupes sans qu'aucun de nous n'y touche pour autant. À vrai dire, boire de l'alcool à dix heures du matin n'était pas forcément ce dont je rêvais, mais l'idée de broncher ne me traversais pas pour autant l'esprit.