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      J'avais senti cette sensation dévorante m'envahir peu à peu. Elle me glaçait, me giflait, me torturait jusqu'à l'âme. J'avais cru un en pays fort et intouchable. Voir même immunisé du malheur de la noirceur. J'avais été naïf comme souvent. Les pièces du puzzle s'effondraient sous mes pieds sans me faire pour autant couler. Nous étions simplement finis, presque oubliés, et bientôt disparus. Il ne resterait que des ruines des vestiges de l'ancien temps, de jeunes mémoires qui s'effacerait avec le temps.

      La mort, la terreur, la puissance.

      Je n'avais rien d'une personne forte. J'étais assez frêle pour un garçon de vingt-et-un an. Mes émotions me dominaient facilement. La peur me domptait. Toutes perspectives d'avenir me concernant venaient de sombrer avec le pays. Le petit appartement dans lequel je logeais se trouvait près de l'université, les loyers étaient moins cher dans ce quartier, ça avait arrangé mes faibles économies. À présent, ils devaient se présenter en un tas de cendres. Qu'étais-je censé devenir ?

       Les clients avaient peu à peu disparu du bar, dans un même affolement, ils s'étaient dirigés vers la sortie alors que, pour ma part, j'étais resté figé. Mon regard arpentait le carrelage blanc dans lequel je pouvais apercevoir le reflet de mon regard vide.

      C'est à cet instant que le verre que je tenais encore dans ma main se brisait au sol et je retombais brusquement sur terre. J'étais désormais seul dans le noir.

— Qu'est-ce que tu fais encore là, gamin ?

      Je faisais volte-face, plaçant ma main sur mon cœur, j'avais presque frôlé l'arrêt cardiaque à cet instant. Mes orbes analysaient le visage sévère et les traits tirés de mon patron qui m'observait comme si j'étais le dernier des idiots. Il avait un sac sur son épaule dont la lanière tombait sur son dos. Il se préparait à partir à son tour.

— Tu ne devrais pas rester là, dans peu de temps les gens réaliseront, et à ce moment-là, il n'y aura plus de retour en arrière.

— M-mais...

— C'est un conseil, si tu as envie de te faire violer ou tuer c'est ton problème : je m'en fiche pas mal !

      Ces paroles me frappaient de plein fouet avec horreur. J'avais toujours su que l'homme qui m'avait embauché n'était pas mon ami, ni moins une connaissance. Mais il me riait au nez, comme si la situation n'engageait aucune forme de sympathie. Comme si sa cruauté se justifiait par le manque de considération pour ma personne. Ce n'était pas nouveau, rien ne changeait jamais. Je n'avais jamais été important pour personne. J'étais simplement une poussière qui se baladait sur laquelle on soufflait facilement.

— Vous êtes monstrueux, arrivais-je à souffler.

— Non, ce n'est pas moi qui vais te toucher, je n'en ai que faire. Je ne fais que t'avertir des crapules qui se promènent dans nos rues. Tu ne sais pas ce qu'une liberté telle que celle-ci donne comme idée, alors ne te plains pas de moi !

      Il marquait une pause, son index titillant son menton.

— Quitte le pays, c'est mon seul conseil, tu es jeune donc tu pourrais trouver une place en tant que militaire dans une armée, tout n'est pas perdu contrairement à ce que tu sembles penser.

— Et devenir un esclave, un soldat, un bout de viande ? Je ne crois pas non, ce...

      Un coup venait de s'abattre sur le haut de mon crâne. Mon patron venait de me frapper, pas vraiment fort, juste assez pour me faire taire.

Thorns Of Chaos - TaekookМесто, где живут истории. Откройте их для себя