70 - Se tourner vers l'avenir

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Je vous souhaite une bonne lecture du dernier chapitre de Campus ! Il restera ensuite l'épilogue et un post final  :)

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Le grand jour était arrivé. Celui de la représentation de la pièce de théâtre. Elle serait jouée dans moins d'une heure.

Sally faisait les cent pas. Les minutes passant, la fébrilité la gagnait. Elle réussit à faire baisser la pression lorsque Nate passa la voir. Il la calma avec des mots rassurants et encourageants. Ce garçon avait le pouvoir de l'apaiser.

Sally retrouva ensuite les comédiens qui se préparaient dans les loges. Certains enfilaient leurs costumes tandis que d'autres se maquillaient devant les miroirs.

Sally s'arrêta près de Marjorie qui était assise, les yeux fermés, et bougeait silencieusement les lèvres. En sentant une présence, Marjorie entrouvrit un œil.

— Je répète mes répliques dans ma tête, expliqua-t-elle en observant Sally qui piétinait. Dis donc, t'es une vraie pile électrique !

— M'en parle pas, j'ai l'impression d'être montée sur ressorts.

— Ça va bien passer, Madame la metteuse en scène !

Sally se mordilla nerveusement l'intérieur de la joue.

— J'ai peur d'être une piètre dramaturge en plus d'une terrible comédienne.

En prononçant ces mots, une onde d'angoisse lui parcourut le dos. Comment réagirait-elle si les gens détestaient sa pièce ? Marjorie lui prit la main.

— Ça ne risque pas. Tu n'es ni l'une ni l'autre. Tu crois que j'aurais accepté le rôle principal si ta pièce était mauvaise ?!

Elle lui envoya un clin d'œil complice. Sally répondit par un sourire crispé.

Elle avait travaillé dur sur cette pièce. Sally avait passé toutes ses soirées à lire, relire, corriger, annoter sa pièce, pour ensuite, chaque lendemain, la retravailler avec Leila.

Une fois toutes deux satisfaites, elles avaient présenté le texte à la troupe qui était enchantée de le jouer. La distribution des rôles s'était faite très facilement, les répétitions avaient démarré dans la foulée et s'étaient intensifiées les derniers jours. Tout le monde avait joué le jeu et s'était impliqué à fond.

Sally échangea encore quelques mots avec Marjorie, puis la laissa se concentrer. Ne tenant pas en place, Sally passa sur scène pour vérifier, une nouvelle fois, que tous les décors étaient en ordre.

À travers le rideau baissé, elle entendait le brouhaha de la salle. La curiosité étant trop forte, elle ne put s'empêcher d'aller jeter un œil à travers l'entrebâillement du rideau. Elle put voir que le public était déjà nombreux.

Sally s'attarda un instant à observer les mouvements. Les spectateurs entraient les uns après les autres et se plaçaient librement dans la salle qui se remplissait à vue d'œil. Elle savait que parmi tout ce monde se trouvaient des journalistes et critiques qui avaient décidés de venir découvrir la pièce de théâtre inédite jouée à Felice.

Son regard se posa soudain sur Anita, assise au tout premier rang, son carton d'invitation serré entre ses doigts. Sally sentit son rythme cardiaque accélérer, elle était euphorique, surexcitée. Elle espérait de tout cœur une chose : qu'Anita ne soit pas déçue. Au fond, elle souhaitait que personne ne le soit.

Elle retourna en coulisse, s'assura que tout était OK au niveau des accessoires. Elle y retrouva Leila qui faisait la même chose. Elles terminèrent ensemble de faire un rapide état des lieux, puis rejoignirent les comédiens.

Il était temps pour Leila de faire son traditionnel discours d'encouragement, mais cette fois-ci, elle demanda à Sally de se joindre à elle. L'ensemble de la troupe se rassembla.

Leila débuta en remerciant l'implication de chacun, en insistant sur la qualité de la pièce et des comédiens. Il était presque l'heure d'y aller quand Sally prit timidement la parole, les yeux brillants.

— Merci. Merci à chacun de vous d'avoir réservé un tel accueil à notre texte et d'avoir accepté avec enthousiasme de vous lancer dans cette aventure. On a tous fait un super travail en peu de temps et je sais que vous allez tout donner.

— Chassons le trac, proposa Leila, comme toujours dans les derniers instants avant que le spectacle démarre et que les comédiens entrent en scène.

Tous se donnèrent la main, fermèrent les yeux un court instant, inspirèrent et expirèrent lentement et profondément. Ils bougèrent leurs bras et jambes pour détendre leurs muscles, décontractèrent les épaules et le cou en faisant des mouvements d'étirement.

— On va tout déchirer ! lança Marjorie.

Le reste de la troupe acquiesça. Puis ils s'adressèrent les uns les autres de grands sourires. Il était temps d'y aller.

Les lumières s'éteignirent dans la salle et le silence se fit. Dans l'obscurité, les trois coups résonnèrent, puis les projecteurs s'allumèrent d'un coup et le rideau se leva dans un bruissement.

Marjorie fit un pas sur scène, suivie de près par Grayson et Luke. C'étaient à eux de jouer. Sally n'arrivait toujours pas à y croire ; elle avait réussi. Elle avait écrit une pièce de théâtre de A à Z et ses personnages prenaient vie sous les yeux de centaines de personnes.

Sally resta cachée sur le côté de la scène, à suivre la pièce, totalement absorbée. Le jeu des comédiens la bluffa, elle avait beau les avoir suivis jour après jour, elle restait émerveillée par leurs performances. Ils étaient tous entrés dans la peau de leurs personnages si aisément que cela la laissait sans voix.

Quand Sally entendit Marjorie prononcer la dernière réplique, elle réalisa que c'était fini. Déjà ! pensa-t-elle. Elle n'avait pas vu le temps passer.

Les comédiens sur scène s'inclinèrent, les spectateurs se mirent à les acclamer. Le reste de la troupe gagna la scène et tous ensemble, ils saluèrent le public.

Sally n'en revenait pas, une partie du public était debout et applaudissait vigoureusement. Ils avaient apprécié. Ils avaient aimé sa pièce. Un immense sourire éclaira son visage.

Sally sentit quelqu'un attraper sa main ; c'était Leila qui la tirait hors des coulisses, direction le devant de la scène. Elle se laissa entraîner par sa professeure, actionnant son fauteuil de sa main libre, le cœur battant à tout allure.

En les voyant arriver, les comédiens les félicitèrent et Marjorie les présenta au public. Une ovation suivit. Sally était rayonnante, incroyablement heureuse. Le cauchemar qu'elle craignait ne s'était pas produit, on ne l'avait pas huée, on ne s'était pas moqué de son travail.

En faisant la révérence, elle ne pouvait s'empêcher de sourire béatement. Elle balaya le public du regard, s'arrêta sur Anita qui était debout et tapait des mains au dessus de sa tête de toutes ses forces. Elizabeth était à côté d'elle et tout aussi enthousiaste. Sally rit en les voyant et leur adressa un petit coucou.

Juste derrière elles, Sally repéra Maddie, installée aux côtés d'Anthony. Les deux affichaient de grands sourires et applaudissaient avec vigueur. Sally ne le savait pas mais Maddie n'avait pas hésité une seule seconde à venir assister à cette pièce, tout comme elle n'avait pas eu de doute avant de se joindre aux applaudissements.

Maddie était consciente du chemin parcouru par Sally. L'adolescente impétueuse, perfide avait cédé à la place à une jeune fille heureuse, épanouie, bien dans ses baskets. C'était tout le mal que Maddie lui souhaitait.

CampusWhere stories live. Discover now