Campus

51 - De nouvelles perspectives

Maddie avait entraîné Nate à porter moult cartons de livres. Il s'était plié à ses demandes en faisant semblant de se plaindre. En réalité, il avait apporté son aide avec plaisir.

Nate était quelqu'un qui avait le cœur sur la main, aimant rendre service. Et il fallait dire qu'ils avaient bien ri. Nate appréciait le sens de l'humour de Maddie et depuis qu'ils avaient décidé de mettre de côté l'histoire du baiser, l'atmosphère entre eux était détendue.

En déposant le dernier carton, Nate plaqua une main sur son dos courbé.

— Papi n'en peut plus, lâcha-t-il d'une voix faussement chevrotante.

Maddie lâcha un rire.

— Navrée Papi ! Si j'avais su, j'aurais plutôt demandé de l'aide à une mamie...

Nate se redressa en fronçant les sourcils.

— Hum, jeune fille, un peu de respect pour vos aînés !

Maddie rit franchement.

— Veuillez m'excuser, vous ne m'y reprendrez plus.

— Je vous pardonne si vous venez donner de votre temps et de votre argent ce soir, à la collecte au Lancio. La soirée commence à 20h. Puis-je compter sur votre présence ?

Maddie jeta un œil sur sa montre.

— Je ne suis pas sûre d'être rentrée. J'ai rendez-vous hors du campus, donc...

— Si tu peux faire un petit passage, même tardif, ce sera toujours sympa. Toutes les présences et tous les dons sont les bienvenus.

Il accompagna ses mots d'un clin d'œil. Maddie lui sourit.

— OK, j'essayerai, répondit-elle avant de le remercier une nouvelle fois pour son aide et d'aller rassembler ses affaires.

Le temps que Maddie avait gagné grâce à Nate lui permettait de finir plus tôt que prévu et de faire un crochet par son dortoir pour prendre une douche et se changer.

Elle allait retrouver Anthony et elle devait reconnaître qu'elle appréhendait quelque peu. Ils étaient ex-petits amis, amis, ainsi que, désormais, dans une forme de séduction. Mais Maddie ne voulait pas se poser trop de questions, préférant se laisser porter par l'instant sans savoir où ça la mènerait.

Elle prit le bus et fut accueillie par Anthony à l'arrêt de Stanfild. Ils se saluèrent par une brève accolade, ce qui leur fit autant bizarre à l'un qu'à l'autre.

Ils étaient plutôt habitués à se dire bonjour en s'embrassant. Leur relation amicale était récente et leurs attitudes parfois hésitantes.

Ils échangèrent quelques mots avant que Maddie emboîte le pas à Anthony en direction de l'aile abritant les expositions.

Après avoir quitté la fraternité et en se retrouvant seul dans sa chambre, dans son nouveau dortoir, Anthony avait pris le temps de réfléchir à ce qu'il voulait faire. À comment il voulait passer ses années de faculté.

À Stanfild, les opportunités étaient nombreuses et Anthony avait réalisé combien il était dommage de n'en saisir aucune. Il avait longuement discuté par téléphone avec sa sœur et s'était décidé à s'ouvrir à de nouvelles activités.

Depuis le début du deuxième semestre, Anthony avait repris le sport en se mettant à la course et, surtout, il s'était inscrit à des cours de peinture.

Cette fin de journée-là, tous les élèves de son cours présentaient leurs premières créations dans une petite salle. Anthony n'avait pas hésité une seule seconde avant de convier Maddie à cette exposition.

Ils pénétrèrent dans le bâtiment, empruntèrent un long couloir puis passèrent le seuil d'une grande salle claire et lumineuse. Pas mal de personnes étaient présentes et de petits groupes dispersés dans l'espace discutaient joyeusement.

Maddie ne cacha pas son admiration en découvrant les créations exposées. Il s'agissait de paysages ou de portraits qui avaient tous en commun les couleurs utilisées : que des teintes vives. Anthony lui présenta le professeur ainsi que plusieurs étudiants du cours. Puis il invita Maddie à venir avec lui pour lui montrer son œuvre.

Sur le mur du fond, il pointa une toile du doigt, Maddie resta en admiration. Le tableau représentait une galaxie ; planètes, constellations et étoiles se mêlaient les unes aux autres.

— C'est superbe, souffla Maddie.

— J'adore l'espace, lâcha presque timidement Anthony, le regard rivé sur sa toile.

Maddie tourna la tête vers lui et le regarda du coin de l'œil.

— Je sais, répondit-elle avec un sourire.

Elle connaissait bien Anthony et si elle avait eu l'impression que ce n'était plus le cas après leur entrée à l'université, à cet instant, elle le retrouvait. Elle faisait de nouveau face au garçon passionné et passionnant dont elle était tombée amoureuse en terminale.

Maddie le félicita une nouvelle fois et prévint qu'elle sera la première à lui acheter un tableau quand il sera connu. Même avant d'ailleurs, car il allait prendre de la valeur, alors il valait mieux acquérir ses œuvres alors qu'il était encore inconnu !

— Si tu arrives avant ma mère, tu auras peut-être une chance d'en acheter, mais je ne te garantis rien !

Les parents d'Anthony étaient venus à Stanfild le matin-même pour découvrir l'exposition et soutenir leur fils. Anthony raconta à Maddie combien sa mère avait été émue en voyant son œuvre.

— Il a fallu que je m'énerve pour qu'elle ne touche pas le tableau au mur. Elle voulait repartir avec et l'accrocher dans leur salon !

Maddie lâcha un rire. Elle se représentait totalement la mère d'Anthony en train de repartir avec le tableau d'Anthony sous le bras.

Anthony et Maddie se servirent à boire et s'installèrent sur deux chaises dans un coin de la salle.

— Je suis contente que tu te plaises dans cette activité. Et tu as des capacités, visiblement !

Avec humilité, Anthony haussa les épaules et se mordilla les lèvres. Il préféra dévier le sujet de la conversation en demandant à Maddie des nouvelles de son travail à la bibliothèque. Rapidement, Maddie évoqua Sally. Anthony afficha un air surpris.

— Sally Smith qui squatte à la bibliothèque, qui l'eut crû ?

Maddie acquiesça avant de noter avec un léger sourire :

— Et toi qui te mets à la peinture, qui l'eut crû ?

Anthony fit une petite moue.

— Touché.

Ils échangèrent un sourire complice. Ils parlèrent de leurs cours respectifs choisis pour le deuxième semestre. Ils évoquèrent leurs nouveaux professeurs et les matières qu'ils préféraient jusque-là.

Le temps fila et alors qu'il était déjà tard, Anthony proposa à Maddie de la ramener à Felice. Maddie accepta avec plaisir, cela lui laissait un peu de temps en plus en compagnie d'Anthony.

En arrivant sur le campus, elle indiqua à Anthony comment rejoindre la résidence des Lancio. Alors qu'elle se confondait en explications sur le pourquoi de la soirée, comme si elle se sentait obligée de se justifier, Anthony se contenta de lui déposer un baiser sur la joue et de lui souhaiter une bonne soirée.

Surprise, Maddie resta muette, sentant ses joues rosir. Elle remercia Anthony puis le quitta avec un timide signe de la main.

Elle resta immobile quelques instants à regarder la voiture s'éloigner, avant de mettre le cap sur la résidence des Lancio.