39 - Noël - Maddie

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Retrouver sa mère, sa grand-mère, sa tante et surtout ses petites cousines et leur bonne humeur communicative fit un bien instantané à Maddie. Aussitôt, elle zappa Anthony et ses soucis.

Elle gagna sa chambre pour y déposer ses affaires et se jeta sur son lit, histoire de se reposer un moment après son long voyage. Ses cousines s'allongèrent à côté d'elle.

— Tu crois que le père Noël est prêt ? demanda June, inquiète.

Maddie lui sourit.

— Il a eu toute l'année pour se préparer donc je pense que oui.

Ava fit la grimace.

— Même s'il est prêt, June n'aura pas de cadeaux...

— Pourquoi ça ? s'étonna Maddie.

— Parce qu'elle avait promis dans sa lettre qu'elle ne mangerait plus ses crottes de nez et elle le fait toujours ! raconta Ava.

— C'est pas vrai ! hurla June en se jetant sur sa sœur.

Maddie les sépara :

— Du calme, les filles !

Maddie se tourna vers June.

— Je pense que le père Noël pourra te pardonner, June. Mais pas indéfiniment, donc plus tôt, tu arrêtes, mieux c'est.

Ava pointa le doigt sur sa sœur.

— En plus, c'est dégoûtant.

June lui tira la langue. Pour le plus grand soulagement de Maddie, quelqu'un toqua à la porte. Michelle passa la tête dans l'entrebâillement et invita les jumelles à la rejoindre pour préparer un gâteau. Tout de suite, les fillettes sautèrent de joie.

— Je pense que votre cousine a besoin d'un peu de tranquillité après son long trajet.

Ava se pencha vers Maddie et lui dit avec un air très sérieux :

— Je vais vérifier qu'elle ne met pas ce que tu sais dans le gâteau...

Maddie éclata de rire.

— Je compte sur toi !

Toute fière et emplie de sa mission, Ava trottina jusqu'à la porte. Michelle se baissa pour lui déposer un bisou sur la tête. Dans la seconde, June en réclama un aussi, alors Michelle attrapa ses deux petites filles et les couvrit de baisers. Les deux fillettes se tortillèrent en riant de plaisir. Maddie observait la scène, emplie d'un sentiment de bonheur. Il n'y avait vraiment rien de mieux qu'un moment en famille pour se ressourcer et oublier ses soucis. Elle était cependant loin de se douter de ce qu'elle allait apprendre... À peine sa grand-mère et ses cousines avaient-elles disparu de sa vue que Joanna apparut sur le seuil de la chambre.

— Je peux entrer ? s'enquit-elle avec un drôle d'air.

Elle paraissait gênée, hésitante. Maddie fronça les sourcils.

— Bien-sûr.

Et tandis que sa mère avançait jusqu'au lit sur lequel Maddie était toujours installée, elle demanda :

— Tout va bien ?

Joanna s'assit sur le bord du lit.

— Oui, oui. Il n'y a aucun souci, rassure-toi.

Mais vu la tête de sa mère, Maddie n'était pas rassurée.

— Je voulais te parler de quelque chose depuis un moment mais j'attendais le bon moment. Et surtout, je voulais t'en parler de vive voix.

— D'accord...

Joanna esquissa un petit sourire avant de continuer :

— Voilà, je... Je vois quelqu'un depuis quelque temps...

— Tu vois quelqu'un ? répéta Maddie mécaniquement, sans réfléchir aux mots qu'elle prononçait.

Joanna la fixa un instant.

— Oui. Je suis en couple.

Maddie resta sans voix. Elle ne s'attendait pas à entendre pareille nouvelle. Aucun homme n'avait jamais semblé graviter autour de Joanna. Elle et Maddie avaient toujours vécu que toutes les deux. Et Joanna n'avait jamais présenté personne ni semblé porter d'intérêt à qui que ce soit.

— Vraiment ? lâcha Maddie dans un filet de voix.

Joanna sourit face à la réaction incrédule de sa fille.

— Oui, vraiment.

— Depuis combien de temps ?

— Huit mois.

Maddie fit le calcul dans sa tête. Huit mois, ça voulait dire... avant l'été.

— Avant que je parte à la fac ?

— Oui, mais c'était tout récent. Je ne savais même pas si cela allait marcher entre nous.

Joanna prit les mains de sa fille entre les siennes, une ride d'inquiétude barrant son visage.

— Je ne me voyais pas t'en parler tout de suite, il fallait que je sois sûre de moi, tu comprends.

Le cœur de Maddie se serra.

Sa mère avait toujours tout sacrifié pour elle, pour son éducation, pour être là à chaque instant. Joanna s'était débrouillée du mieux qu'elle avait pu et elle méritait d'être heureuse. Elle méritait d'aimer et d'être aimé par une personne qui prendrait soin d'elle.

Maddie prit sa mère dans ses bras et la serra fort contre elle.

— Je suis heureuse pour toi, maman. Vraiment.

Joanna s'écarta légèrement de sa fille et prit son visage entre ses mains.

— Oh Maddie, ça me fait si plaisir d'entendre ça. Je ne veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous.

Maddie sourit.

— Ça ne changera rien du tout. Ça me rend juste encore plus heureuse car tu l'es aussi.

Joanna enlaça encore sa fille puis recula pour la regarder dans les yeux.

— Bien, j'espère que tu seras contente de le rencontrer demain...

— Quoi... Demain ?!

— Il vient déjeuner avec ses filles.

Maddie resta muette. Sa mère fréquentait quelqu'un depuis plusieurs mois et ce quelqu'un se pointerait chez eux demain, accompagné de ses deux filles ?! Ça faisait beaucoup d'informations à assimiler en peu de temps.

— Mais si ça te dérange, je lui dis non. Sois tranquille !

Maddie secoua lentement la tête.

— Non, ça ne me dérange pas.

Elle esquissa un petit sourire.

— Je crois que je suis curieuse de les rencontrer.

Qu'est-ce qu'elle n'avait pas dit ! Le lendemain, quand la sonnette retentit et que Joanna alla ouvrir, Maddie resta sous le choc. Face à elle se trouvait une de ses anciennes coéquipières du lycée. Mia, du trio des A. Mia Castez qui lui avait aussi mené la vie dure, tout comme Sally.

Maddie jeta un regard désespéré à sa mère qui, elle, n'avait d'yeux que pour le père de Mia et sa jeune sœur. Maddie maugréa intérieurement. Ce Noël n'était finalement pas synonyme de plaisir et de repos comme elle l'avait imaginé.





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