chapitre 18

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On est Samedi. Le jour le plus évacuant de la semaine. Sauf pour moi.

Je suis à la bibliothèque de l'école. En raison d'un exposé en physique, j'y suis contrainte. Je feuillette les pages de mon bouquin, lasse. 30 minutes ici, un samedi. Ce n'est pas le weekend de rêve auquel je pensais.

Les sujets sont diverses. Très variés. Une dame, portant des lunettes rondes divague dans la salle. Elle réclame au peu d'élèves présent, le silence.

Je n'arrive pas à me concentrer. Les dessins confus sur mon carnet peuvent en attester. La fatigue me disperse. Je crois que je suis entrain de m'exaspérer.

- Hey, qu'est-ce que tu fais là ?

Mon regard se porte sur mon interlocutrice. De son grand sourire, Camille s'assoit face à moi.

Je cligne des yeux, m'empêchant de somnoler.

- Physique, montrais-je le livre, et toi ?

- Aussi. Je dois finaliser mon travail.

J'acquiesce.

La rouquine détaille d'un œil l'entrée de la salle. Elle semble chercher quelque chose. Je fronce les sourcils, intriguée.

- Un problème ?

Elle hoche simplement la tête, distraite. Puis son regard s'illumine d'un coup, alors je regarde dans sa direction.

Et là, je suis sur pause. Un châtain aux cheveux presque blonds sous les reflets du soleil, vient d'entrer dans la bibliothèque. Il a toute mon attention. Et je surchauffe. Encore une fois, je ne me reconnais plus quand il est dans les parages.

Jake.

Camille d'un geste joyeux, lui intime de venir. Je la dévisage, déconcertée et perdue. Ça m'a pétrifié. Involontairement, ça m'a pétrifié.

Qu'est-ce qui se passe ?

- Tu connais déjà Jake ? mon cousin.

Hein ?

- Ton...cousin ? Répetais-je, abasourdie.

- Seulement par alliance.

Il s'assoit à ses côtés en me regardant. Je perds mes moyens. Les mains moites, je dévie mes yeux vers la petite rousse parsemée de tâches de rousseur.

- Ça ce n'est qu'un détail, renchérit t-elle.

- Un détail qui compte.

Elle soupire, puis fouille son sac.

Le beau châtain me fixe avec intérêt. Un intérêt qui me fait légèrement sentir toute petite. L'avoir aussi proche n'est officiellement pas quelque chose d'anodin.

- Salut, essayais-je d'un geste.

- On s'est déjà croisé, non ?

Oh, oui.

Je me racle doucement la gorge.

- La fille de la soirée, avouais-je, tu sais ? La solitaire.

C'est dingue. J'ai choisi la sincérité. J'aurais pu lui dire tout autre chose, mais un truc en moi a choisi de la jouer sincère.

Son regard devient persistant.

Ok, c'est un peu gênant. Un peu trop même. Me répétant que je suis stupide, je m'enfonce dans la physique chimie.

- Toujours autant amoureuse de la solitude ?

Je le sonde un instant. Il n'a pas l'air de mauvaise foi, au contraire il est plus relaxe même.

- On dirait bien...toujours aussi asociale ?

- Asociale ? C'est un peu exagéré.

Je souris. C'est crispé mais je souris. Malgré ma gêne et ma nervosité, je sens mon estomac devenir moins lourd.

- Vouloir être invisible s'y rapporte assez pourtant, confiais-je.

- C'est un doux euphémisme, commente doucement Camille, sur le côté.

- C'est vrai, mais être celui qu'on ne remarque jamais a quelque chose de plaisant.

Je ne peux pas m'empêcher de chercher à comprendre sa façon de penser. Il est si...peu commun. Sait-il au moins, qu'il est l'un des gars les plus appréciés de ce bahut, et ce sans faire le moindre effort pour ?

- La moitié des élèves d'ici s'intéresse plus à ta vie qu'à la leur, tu sais ?

- Argh, grimace t-il, non ils sont juste fascinés par les apparences, nuance. La perfection est illusoire, et ma vie n'en fera pas l'exception.

- Très poétiquement dit, complimentais-je.

- Tu as vu ça ?

Un petit rire interrompt la conversation. On dévisage Camille qui sourit en nous lorgnant tour à tour. Ce qui réussit à me mettre un peu mal, contrairement à Jake qui se contente de rouler des yeux.

***

- On peut te ramener, si tu veux ?

Les deux cousins me scrutent patiemment. Je soupire, vaincue puis nous montons tous dans la voiture du châtain. Moi, devant avec lui et Camille sagement à l'arrière.

Le paysage s'estompe sous mes yeux.

- Donc, entame t-il, tu es en première, c'est ça ?

Je hoche la tête, n'ajoutant rien de plus.

- Je suis étonné qu'on ne se soit jamais vu, à moins que je me trompe ?

- Moi je te vois, admis-je nerveusement, mais rarement.

- Je me sens con. C'est normal ?

Il est doué pour forcer les sourires. C'est un point important que je lui remarque. Et une qualité aussi.

- Donc le seul moyen pour moi de t'apercevoir, c'est à une soirée tardive ? Le concept est innovant.

- Le comble serait que je m'en aille à minuit, en te laissant une de mes baskets.

- C'est là qu'on découvre que tu es Cendrillon ? Ironise la rousse.

Je lui lance un clin d'œil et elle m'y répond avec une moue. Jake et moi finissons par discuter, souvent avec Camille. On parle des cours et de nos profs, tout le trajet jusqu'à ce que son véhicule se gare devant ma maison.

Le visage vers la vitre baissée, je m'empare de mes affaires et remercie mon chauffeur, ainsi que sa cousine par alliance.

- J'espère te revoir au lycée, alors ?

J'acquiesce, d'accord.

- Oui, moi aussi.

- Salut, Peyton, crie la fameuse cousine avant que la voiture ne roule.

Je sais que j'ai l'air stupide. Mais j'ai décidé d'en faire une totale abstraction car, je me suis mise à danser n'importe comment. Il n'y a que moi, la rue déserte et cette musique dans ma tête qui me fait bouger d'excitation.

Je vais exploser de joie. Échanger avec Jake, rire, sourire, tout ça, ça fait boum en moi. Je sursaute en réalisant que je viens de ridiculement renverser la poubelle des voisins, avec tout mon enthousiasme.

Oups.

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