This Town

Chapitre 7 partie I

Un être inconnu à un jour dit: "Dormir n'aide pas si c'est l'âme qui est fatiguée" et depuis vous pouvez trouver cette phrase naviguer un peu partout sur le net, au milieu de centaine d'autres qui, chacune, posera un jour son ancre chez l'un d'entre vous.
Comme ça avait été le cas pour moi, je ne m'étais jamais sentie autant concernée par une simple phrase. Même si le sommeil m'avait manqué durant cette nuit et que je n'avais probablement qu'une petite heure de somnolence à mon actif, je pensais que cela allait un minimum m'aider à appréhender cette journée qui était sur le point de commencer. Seulement, lorsqu'il fut l'heure pour moi de m'extirper de mon lit, mon état mental était au plus bas. Les craintes que j'avais eues la veille n'avaient rien à voir avec celles d'aujourd'hui et durant un petit instant cela m'effraya, est-ce que chaque réveil à Kalispell serait un peu plus difficile que la veille ?

Probablement pas, aujourd'hui était une exception. Aujourd'hui était important, non seulement pour mon séjour à Kalispell, mais aussi pour moi. C'était comme une invitation silencieuse à faire mes preuves. Je savais que beaucoup de monde allait m'observer, se demandant si en fin de compte tous mes prix, les dires des magazines, mon succès, étaient fondés. Ainsi mes inquiétudes étaient à leur paroxysme et contrairement à ce que je pensais, dormir n'avait rien aidé. Au contraire, j'étais d'autant plus effrayée que lorsque je me suis couchée.

La vision que le miroir renvoyait faisait peur, je faisais peur. Heureusement que le maquillage avait été inventé. Il était encore tôt, le soleil lui-même n'était même pas levé encore et j'avais de longues heures aux fourneaux qui m'attendaient ainsi j'appliquai seulement une crème ainsi que de quoi donner un peu de pigmentation à mon teint tout en camouflant mes cernes comme je le savais si bien le faire. J'accompagnai le tout avec une touche de mascara et j'étais fin prête. Étant donné que j'allais cuisiner, j'avais simplement attaché mes cheveux dans un chignon que j'arrangerai plus tard dans la journée ainsi qu'enfiler ma tenue fétiche, c'est-à-dire ma veste noire avec le logo de mes restaurants ainsi que mon nom et mon titre avec mon pantalon qui allait avec. Je me sentais toujours mieux dans cette tenue.

J'avais donné rendez-vous à l'équipe qui allait m'accompagner durant cette journée à neuf heures, je comptais y aller plus tôt par simple habitude, j'avais toujours besoin de me familiariser avec la cuisine avant d'y travailler et aussi parce que j'aimais commencer seule toutefois il n'était que sept heures, j'étais en avance et tant mieux. J'avais prévu de faire un détour de toute façon ainsi je quittai l'hôtel en prévenant Mia par message, elle devait sûrement dormir encore et il était inutile de la réveiller aussitôt. La seule autre personne debout dans cette ville était Edward qui n'avait jamais manqué un seul trajet en voiture que je devais faire.

"Bon matin, mademoiselle, vous avez bonne mine aujourd'hui, mon chauffeur entama tout en me jetant un regard dans son rétroviseur.

- Merci, Edward, quant à vous, votre barbe est impeccable aujourd'hui."

Celui-ci ne fit que sourire doucement ce qui en revenait à un énorme remerciement de sa part. Il montrait peu de réaction seulement au fil des années j'avais remarquées qu'il n'était pas si froid que cela, au contraire, il était très attachant. Je savais aussi qu'il remarquait chaque matin mes cernes, il voyait au-delà du camouflage que j'appliquais, tout comme Mia devait sûrement le voir aussi et je remerciais mes employés pour toujours fermer les yeux dessus.

L'adresse que je lui avais envoyée était déjà enregistrée dans son GPS, tout ce que j'avais à faire était d'attendre. Je savais que la route n'allait pas être longue, dix minutes tout au plus, mais intérieurement j'espérais pour que ce temps s'allonge; des embouteillages soudains, un arbre tombé sur la route, des animaux qui traversaient par-là et qui prenaient un temps fou à quitter le chemin. Quelque chose d'autre que ces routes complètement vides.