Chapitre 3

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"Emmenez-nous directement au restaurant, avais-je ordonné à mon chauffeur."

La ville dans laquelle j'avais grandi n'avait pas changé, c'est comme-si le temps s'y était arrêté. J'aurai même juré avoir reconnu quelques personnes comme-si eux-mêmes n'avait pas quitté l'endroit. Comme-si j'avais été la seule à fuir.

Le goût amer de la nostalgie s'était installé au fond de ma gorge qui se faisait de plus en plus enrouée.

Je voyais défiler ma jeunesse à travers le paysage; que ce soit ma première fois à vélo ou l'endroit dans lequel mes amis et moi nous nous étions réfugiés lorsque nous avions séché le lycée pour la première fois. J'y revoyais même ce jour lorsque j'avais quitté la ville.

Cela faisait si longtemps que j'étais assise sur le toit de mon garage qui se trouvait être juste en dessous de la fenêtre de ma chambre, que les rayons de soleil en venaient à me brûler la peau, jusqu'au point que celle-ci devienne légèrement rougeâtre. Je ne trouvai néanmoins pas la force de m'en éloigner. J'étais bien là, assise sous cette chaleur que je trouvai chaleureuse et confortable.

J'imaginai que le soleil était présent dans ce vaste ciel bleu spécialement pour cette journée, pour ce qu'elle signifiait à ces centaines de personnes qui verraient leur vie prendre un nouveau tournant, pour moi.

Je l'imaginai exceptionnellement apprêté d'une cravate et d'une jolie veste qu'il ne sortait que pour les grandes occasions et qu'une fois dans la voiture qui m'amènerait à l'aéroport, il me tirerait son chapeau en guise d'au revoir.

Je savais bien que tout cela était un peu tiré par les cheveux, ce n'était qu'un astre, mais cela me rassurait, je me sentais mieux, moins seule.

L'alarme de mon téléphone se mit à sonner, me sortant de mes songes et me rappelant qu'il était temps pour moi de quitter la maison.

Je soufflai doucement et jetai un dernier coup d'œil à la pièce dans laquelle j'avais vécu toute ma vie.

C'était ma décision de partir, j'y avais longuement réfléchi et j'étais excitée à l'idée de ce que j'allai vivre, toutefois je ne pouvais empêcher la boule de tristesse de monter dans ma gorge. Tous mes bons et mauvais souvenirs étaient ici, entre ces quatre murs, dans ces petits m2. Tout cela me manquait soudainement, mon enfance, mes années d'insouciance où je ne faisais que jouer, ces bons moments passés avec ma famille, mon premier amour et toutes ces choses que j'ai vécues avec Lauren et mes amis. Tout cela me manquait et je me retrouvais à vouloir plus que tout de sauter dans le temps et y revenir, juste une fois, le temps de quelques minutes, pour revivre ce sentiment de bien-être et de joie, juste le temps de me souvenir.

"Camila, il est temps d'y aller maintenant."

Lorsque j'entrai dans le salon avec ma grosse valise, mon père se leva immédiatement de son siège pour m'approcher et m'encercler dans une étreinte douce et protectrice.

"Tu es sûre que tu ne veux pas assister à ta remise des diplômes ? Tu auras encore le temps de prendre ton train après, tu pourrais même rester quelques semaines et passer tes grandes vacances ici, avec nous, débita mon géniteur."

Je ne pouvais que lui sourire avec cet air désolé et secouer la tête de droite à gauche. Je voulais m'envoler maintenant, que la vie dont j'ai toujours rêvé commence maintenant, aujourd'hui. J'avais peur de me dégonfler en attendant encore ne serait-ce qu'une journée de plus.

"Allons-y alors.

- Je vous aime fort, dis-je abruptement en embrassant ma mère." Tu pourras donner ça à Lauren de ma part ?

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