Chapitre 2

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Ce n'est qu'une fois dans mon grand appartement que je réalisai ce que cela signifiait. Je retournais à Kalispell, ma ville natale, là où j'avais tout laissé en plan sans un regard en arrière, sans explications. J'étais effrayée. Je l'avais tellement fui que pensais que demain à cette heure précise j'y serais me rendait particulièrement malade.

Je n'étais pas prête, pas encore or je n'avais pas le choix. Mon travail avait besoin que j'y retourne et j'avais beaucoup trop fait pour celui-ci pour que j'abandonne aussi facilement.

Je devais bien avouer que l'idée d'avoir Mia auprès de moi durant ce séjour me rassurait. Ça allait sûrement être la seule personne qui ne me détesterait pas.

Plus tard dans la soirée j'étais assise à la table de mon salon, il n'y avait qu'une petite lumière d'allumé afin d'éclairer un minimum l'espace autour de moi. Mon téléphone était posé sur la table et je ne cessais de le regarder, me demandant si je devais appeler ma mère, la prévenir. On a eu beaucoup de disputes juste ici néanmoins jamais elle n'avait été aussi loin, jamais elle ne m'avait reproché d'avoir été absente lorsque mon père était mort et je pensais qu'elle avait compris pourquoi, mais en fait pendant tout ce temps elle m'en voulait or elle ne m'avait jamais rien dit, sûrement parce qu'elle ne souhaitait pas me perdre pourtant je l'avais déçue, plus d'une fois.

Je décidai que mon appel pouvait attendre encore un peu, de toute façon demain je me présenterais devant sa porte, appel ou non.

A la place je préférai me resservir un verre de vin. Je jouai longuement avec le liquide rougeâtre, le faisant tourner dans le verre avec une simple rotation du poignet. Lui aussi faisait partie de mon cercle restreint de fidèles compagnons.

Je me demandais ce qu'ils étaient tous devenus, ceux avec qui j'avais passé les trois quarts de ma vie, mes plus proches amis que j'avais longtemps considérés comme ma propre famille. Je me demandais quel chemin ils avaient pris, est-ce que certains d'entre eux avaient quitté la ville aussi ? Ou étaient-ils toujours aussi proches les uns des autres ? Je me demandais s'ils m'en voulaient toujours, comment ils allaient réagir lorsque je me retrouverais devant eux. J'avais espoir que je pouvais retourner dans ma ville natale sans pourtant avoir à leur faire face pourtant je savais que c'était un espoir assez irréaliste ; à partir du moment où j'allai mettre le pied dans cette ville, la nouvelle allait courir jusqu'à chacune de leurs oreilles en l'espace de quelques heures.

Il y avait une boîte cachée en dessous de mon lit, j'étais allé la chercher et c'était la première fois que je le faisais depuis de nombreuses années. Je l'ouvrais que très rarement et vous vous demandez sûrement pourquoi je l'avais si elle ne me servait pas, et bien elle me rassurait. L'avoir me rappelait ce que j'avais autrefois vécu, le grand amour, les grandes amitiés, les folles sorties, les rires et les promesses. Cela me rassurait aussi sur le fait que je la gardais pour la remplir à nouveau un de ces jours et cette pensée me réconfortait énormément.

Il y avait toutes sortes de choses dans cette boîte, surtout des photos, mais aussi des objets, des bouts de papier où étaient griffonnées toutes sortes de phrases, de mots d'amours et de surnoms. À leur vue je me mis à sourire bêtement, ça avait été le début de tout, le début de mon premier, grand et dernier amour.

J'en pris un en particulier dans mes mains et je l'ouvris comme-si c'était la première fois ; ça avait été le premier de tous.

Je savais pertinemment qu'il y avait deux sortes d'adolescents au lycée ; Les premiers étaient ceux qui ne cessaient de se dire qu'ils ressortiraient de ces murs avec comme souvenirs les meilleurs de leur vie, de grandes amitiés, de grands projets parfois même les souvenirs de leur premier rencard, premier je t'aime et première fois... Ceux qui sont prêts à s'amuser et à profiter des moindres secondes de ces moments puis il y avait l'autre partie, celle qui était composée des personnes moins enthousiastes à ces années-là, qui vivaient un véritable enfer et qui n'attendaient que la suite, l'après, là où ils pourront partir et vivre autre chose autre part.

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